L’ACUPUNCTURE PARMI LES THERAPIES COMPLEMENTAIRES

L’ACUPUNCTURE PARMI LES THERAPIES COMPLEMENTAIRES

L’acupuncture fait partie des quatre « médecines alternatives et complémentaires » reconnues par le Conseil national de l’Ordre des médecins avec l’homéopathie, la mésothérapie et l’ostéopathie (1). Les médecines alternatives et complémentaires sont définies comme étant « des approches, des pratiques et des produits de santé qui ne font pas partie de la médecine conventionnelle » (1). Les termes qui les décrivent sont en constantes évolution. Elles sont parfois appelées «médecines parallèles, médecines douces, médecines naturelles ». Cela représente les modifications de leurs représentations et considérations dans les soins des patients, ainsi que dans le système de santé. Le Ministère de la Santé utilise à présent le terme « médecines ou pratiques de soins non conventionnelles » (2). L’OMS dans son dernier rapport sur ces pratiques l’a remplacé par « médecines traditionnelles, médecines complémentaire » (3). Le National Center for Complementary and Alternative Medicine est le centre de référence pour l’études des médecines alternatives et complémentaires aux Etats-Unis. Il a changé de nom en 2015, et s’appelle désormais National Center for Complementary and Integrative Health. Il utilise depuis le terme de « médecines alternatives, complémentaires, ou intégratives » (4). Dans un rapport en 2013, l’Académie nationale de médecine (5) propose d’utiliser le terme de « thérapies complémentaires » car « il évite l’appellation tout à fait injustifiée de « médecines » et implique que ces pratiques ne sont que de possibles compléments aux moyens de traitement qu’offre la médecine proprement dite, à laquelle elles ne sauraient se comparer ni se substituer. ». Ce terme est également le libellé MeSH (complementary therapies en anglais). Selon la MIVILUDES, ces appellations communes regroupent 400 pratiques différentes (6). Ces pratiques sont diverses, et la sémantique utilisée pour les décrire est imprécise (thérapies complémentaires, médecines complémentaires) ou inadaptée (médecines naturelles, douces, parallèles, alternative). Cela peut être source de confusions entre les pratiques, et peut altérer les perceptions des professionnels de santé ou patients sur l’utilisation de chaque thérapie.

Un intérêt grandissant pour les thérapies complémentaires

Le recours aux thérapies complémentaires est en augmentation depuis plusieurs années (7). 40% des français ont recours à ces thérapies (6), et 100 millions de citoyens européens semblent les utiliser régulièrement (8). Pour les patients atteints de cancer, les études menées retrouvent un recours pour 34% (9) à 60% (10) d’entre eux en France. Ce taux varie en fonction de la définition des médecines complémentaires et alternatives et du type de population étudiée. Certains suggèrent qu’un contexte particulier a favorisé leur émergence : l’esprit du « retour au naturel », la mutation du rôle du patient qui veut s’impliquer dans sa prise en charge et reprendre le contrôle de sa santé, la globalisation et la circulation de modèles et d’informations, ou encore les doutes à l’égard de la médecine technico-scientifique (1,11). C’est surtout la compatibilité des approches proposées par les thérapies complémentaires avec les valeurs philosophiques, croyances, représentations de la santé et de la maladie des patients qui constitue un facteur important au recours. (11) En continuité, l’anthropologie apporte une explication au mode de fonctionnement des patients qui combinent différents systèmes médicaux. Deux modèles explicatifs des représentations de la maladie ont été théorisés. Ils permettent d’éclairer sur les différentes façons d’appréhender la maladie .

– Le deuxième modèle propose une approche interne, fonctionnelle de la maladie : la maladie est alors le signal d’un déséquilibre interne au sujet. Il n’y a pas d’intrusion externe, il s’agit d’une modification de la relation du sujet avec son environnement ou en lui-même. L’action thérapeutique passe par une réflexion personnelle et/ou guidée du sujet, et vise à maintenir l’état d’équilibre ou de le rétablir. Dans ce contexte, l’approche que propose l’acupuncture est la plus bénéfique pour assurer l’amélioration ou le maintien de la santé. En fonction des représentations de chaque individu sur sa santé, du vécu de certaines pathologies ou d’états, le patient s’orientera vers l’approche qu’il considère la plus bénéfique, dans un contexte précis.

PRESENTATION DE L’ACUPUNCTURE

Principes fondamentaux L’acupuncture correspond à la stimulation de points précis du corps humain (« points d’acupuncture ») par divers moyens physiques à visée thérapeutique. Les aiguilles sont le mode de stimulation le plus connu. Etymologiquement, « acupuncture » est issu du mot latin « acus » qui signifie « aiguille » et « punctura » qui signifie « piqûre » (14). D’autres modes de stimulation existent tels que la chaleur (moxibustion), l’électricité (électroacupuncture), la stimulation laser, ou plus simplement la stimulation manuelle (l’acupression) (15). L’acupuncture est une branche thérapeutique de la Médecine Traditionnelle Chinoise (16). La MTC comprend cinq disciplines : la diététique, l’acupuncture et moxibustion, les massages (Tuina), la pharmacopée (phytothérapie chinoise et utilisation de minéraux et de substances animales) et les exercices énergétiques (Qigong). Le principe de base de la médecine traditionnelle chinoise se fonde sur la notion de « Qi ». Cette notion peut se traduire par « souffle » ou par « énergie ». Cette énergie se caractérise par un équilibre constant entre « yin et yang ». Ces deux formes caractérisant chaque élément du corps et de l’environnement sont inséparables, opposées et complémentaires. Une autre notion fondamentale est le système des cinq éléments, ou des cinq mouvements (le Bois, le Feu, la Terre, le Métal, l’Eau). Des correspondances se font entre ces cinq éléments et les phénomènes naturels et humains au travers de ces éléments. Chacun de ces éléments possède des propriétés caractéristiques. Et tout ce qui possède ces caractéristiques est mis en relation avec cet élément (une couleur, une saison, un climat, un élément terrestre, une saveur, une partie du corps humain, une émotion…) (17). Ils sont interdépendants, et reliés par des règles de fonctionnement précises qui permettent d’obtenir un équilibre entre eux. Le « Qi » qui circule dans l’univers, faisant alterner le jour et la nuit ou les saisons, circule aussi dans le corps humain, normalement de façon harmonieuse, sans blocage ni contresens. Le « Qi » circule le long de trajets spécifiques appelés « méridiens » qui parcourent l’ensemble de l’organisme en se connectant les uns aux autres, et qui sont en relation avec les différents organes et structures du corps (18). La médecine chinoise perçoit donc le corps humain comme un ensemble dynamique où tout est harmonieux et équilibré si l’on est en bonne santé.

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