L’alimentation de la femme enceinte

Il est difficile d’avoir un discours universel en ce qui concerne l’alimentation de la femme enceinte, toutefois, un des objectifs majeurs des praticiens est de s’assurer que la femme enceinte ait une maîtrise de son poids. Pour ce faire, la femme enceinte, dont l’alimentation est équilibrée, n’a pas besoin de bouleverser son alimentation. En effet, une alimentation équilibrée et adaptée couvre ces besoins, d’autant plus qu’il existe une adaptabilité physiologique du métabolisme maternel.

D’autre part, certains facteurs rentrent aussi en compte, notamment la corpulence de la mère avant la grossesse, l’IMC, qui se définit comme l’instrument de mesure de la corpulence, il a une influence prépondérante sur le déroulement de la grossesse, de l’accouchement et du poids de l’enfant [1]. Il faut donc, lorsque l’on conseille une femme sur la prise de poids gestationnelle, tenir compte de son IMC. C’est l’OMS qui a défini l’IMC (Indice de Masse Corporel) ou indice de Quételet ou BMI (Body Mass Index) comme le standard pour évaluer les risques liés au surpoids chez l’adulte. Il s’agit d’un moyen simple et fiable pour dépister l’obésité chez l’adulte, chez l’homme comme chez la femme entre 18 et 65 ans. Cet indice est universellement utilisé en pratique clinique et en épidémiologie du fait de sa simplicité de calcul. Il ne peut être calculé qu’à partir du poids de base de la femme (poids pré conceptionnel), cet indice perd sa pertinence lorsqu’on le calcule pendant la grossesse. C’est le rapport du poids (exprimé en kg) sur le carré de la taille (exprimée en mètre) [2].

IMC = poids / taille2

La valeur de l’ IMC est ensuite interprétée de la façon suivante :
– pour IMC < 18,5, le sujet est dit maigre et présente un risque de dénutrition
– pour 18,5 < IMC < 25, l’IMC est considéré comme normal
– pour 25 < IMC < 29,9, le sujet présente un surpoids
– pour IMC > 30, le sujet présente une obésité
– pour IMC > 40, le sujet présente une obésité morbide.

Le coût énergétique de la grossesse 

La prise de poids pendant la grossesse dépend directement de la ration énergétique de la mère. Le coût énergique théorique de la grossesse est estimé à environ 80 000 Kcal [1]. Cette énergie permet de couvrir les besoins du fœtus et des annexes (10000 Kcal), d’entretenir les nouveaux tissus (35 000 Kcal) et de mettre en réserve les lipides dans le tissu adipeux maternel (35 000 Kcal). On observe divers modes d’ajustement physiologiques pour répondre à cette demande notamment une diminution des pertes urinaires et intestinales, une augmentation de l’absorption digestive, une modulation du métabolisme de base… Il existe donc une remarquable adaptabilité, si l’alimentation de la femme enceinte est trop abondante les réserves adipeuses ont tendances à augmenter et au contraire si les apports sont insuffisants elles diminuent. Il est classique de recommander aux femmes enceintes d’augmenter leur ration de 150 kcal par jour pendant le premier trimestre et de 350 kcal par jour aux deuxième et troisième trimestres même s’il existe des grandes variations interindividuelles et qu’il semble difficile de fixer une norme.

La prise de poids de la femme enceinte 

Il est courant de dire que la prise de poids de la femme enceinte est de 12kg, en France. Ce lieu commun est inexact, car il n’existe pas de prise de poids idéale valable pour toutes les femmes, elle est directement dépendante de la corpulence de la femme avant la grossesse c’est-à-dire de son IMC. En effet, l’Institute of Medecine a proposé des recommandations de prise de poids pendant la grossesse, en fonction de l’IMC pré gravidique.

La répartition des kilos se fait entre le fœtus, le placenta, le liquide amniotique, l’augmentation du volume de l’utérus, l’augmentation du volume des seins, l’augmentation du volume sanguin et le tissu graisseux [3] [4] [5]. Non seulement le nombre de kilos est important mais aussi la période où ceux-ci ont été pris. Pendant les deux premiers mois la prise de poids doit être négligeable (voir peut diminuer de 1 à 2 kg, conséquences des troubles digestifs du premier trimestre). A mi-grossesse, la prise de poids doit être d’environ 4 kg, à six mois de 6 kg et à terme d’environ 12kg.

Les besoins de la femme enceinte 

Les protéines
Les protéines ont pour rôle de construire, d’entretenir et de renouveler tous les tissus du corps du fœtus et de la mère. Les besoins sont calculés d’après la quantité de protéines affectée au fœtus et à ses annexes par l’organisme maternel : entre 925g et 992g soit 3,3g à 3,5g par jour répartis sur l’ensemble de la grossesse. Cette affectation se fait de façon progressive, elle est de 0,7g par jour au premier trimestre, de 3,3g par jour au deuxième trimestre et de 5,8g par jour au troisième trimestre.

Les apports nutritionnels conseillés, en tenant compte de l’efficacité de conversion des protéines alimentaires en protéines tissulaires, sont augmenté de 0,7g par jour au premier trimestre, de 3,3g au deuxième trimestre et de 5,8g au troisième trimestre. Les protéines doivent représenter 14% de la ration énergétique totale. Les sources sont d’une part d’origine animale c’est-à-dire les viandes, les abats, les poissons, les œufs, le jambon, les fromages et les produits laitiers et d’origine végétale c’est-à-dire le pain, les céréales, les légumes secs.

Les lipides
Les lipides sont impliqués dans de nombreux processus biologiques : dans l’inflammation du fait de la synthèse de prostaglandines à partir de l’acide linoléique et alpha linoléique, dans l’agrégation plaquettaire, dans la formation de thromboxane A2, et ceux sont des constituants de la membrane de toutes nos cellules. Les lipides constituent une source de réserve énergétique pour le fœtus utilisable dès la naissance. De plus, certains acides gras sont indispensables au bon fonctionnement du système nerveux. Le transfert des lipides au fœtus n’est pas uniforme tout au long de la grossesse, en effet l’essentiel de ce transfert s’effectue en fin de grossesse. A ce moment là, il est probable que l’alimentation ne suffise pas à les couvrir, c’est alors que les ressources acquises au cours des six premiers mois de grossesse jouent un rôle important. Les lipides, surtout sous forme de graisses alimentaires, contiennent certains acides gras dont dépendent la formation et le fonctionnement du système nerveux central (oméga n-3 et n-6). Les apports nutritionnels recommandés, en dehors ainsi que pendant la grossesse sont de 30 à 35% de ration énergétique totale. Les sources sont d’un part les graisses de constitution des aliments c’est-à-dire des viandes, des poissons, des abats, des œufs, du jambon, des fromages et des produits laitiers et d’autre part des graisses d’apport c’est-à-dire de l’huile, du beurre, des margarines, de crème fraîche, de saindoux. Il est conseillé de varier la consommation de graisses animales et végétales.

Les glucides
Les glucides sont la source essentielle d’énergie pour le fœtus. Les deux premiers trimestres sont caractérisés par un hyperinsulinisme qui permet la constitution de réserves énergétiques maternelles au niveau du tissu adipeux. Au cours du troisième trimestre lorsque les besoins du fœtus sont maximaux, il y a une insulino résistance qui se met en place afin de détourner le glucose maternel au profit des tissus fœtaux. Les apports nutritionnels recommandés pendant la grossesse sont de 50 à 55% de la ration énergétique totale. Les sources sont d’une part les sucres complexes (sucres lents) comme le pain, les féculents (riz, pâtes, riz, pomme de terre, légumes secs, céréales, légumes verts) et d’autre part les sucres simples (sucres rapides) comme les fruits, les produits sucrés (les confitures, les bonbons, les confiseries, les gâteaux, les laitages sucrés, les boissons sucrées). On conseille de privilégier les sucres complexes.

Table des matières

Introduction
Partie 1
1. l’alimentation de la femme enceinte
1.1. Le coût énergétique de la grossesse
1.2. La prise de poids de la femme enceinte
1.3. Les besoins de la femme enceinte
1.3.1. Les protéines
1.3.2. Les lipides
1.3.3. Les glucides
1.3.4. Les besoins spécifiques en minéraux, oligoéléments et vitamines
1.3.5. Le sodium et les apports liquidiens
2. les causes de la prise de poids excessive
2.1. Le mythe manger pour deux
2.2. Les facteurs environnementaux
2.2.1. L’âge
2.2.2. La parité
2.2.3. La situation familiale
2.2.4. Le niveau socio-économique
2.2.5. Le tabac
2.2.6. L’activité physique
2.2.7. Les habitudes alimentaires
2.3. Le groupe ethnique
3. les complications liees a la prise de poids excessive
3.1. Les complications maternelles
3.1.1. Le diabète gestationnel
3.1.2. Les complications cardio-vasculaires
3.1.3. L’obésité à long terme
3.2. Les complications néonatales
3.2.1. La macrosomie
3.2.2. La morbidité néonatale
3.2.3. Les complications pour l’enfant
3.3. Les complications obstétricales
3.3.1. La dystocie
3.3.2. Les extractions instrumentales
3.3.3. La naissance par césarienne
3.3.4. L’allongement de la durée du travail
3.3.5. Le déclenchement du travail
4. les complications liees au surpoids et a l’obesite
4.1. Pendant la grossesse
4.2. Période périnatale
4.2.1. L’accouchement
4.2.2. Les complications néonatales
4.3. Après la grossesse
Partie 2
1. PRESENTATION DE L’ETUDE
1.1 L’objectif de l’étude
1.2 Population et méthode utilisée
1.2.1 Caractéristiques de l’étude
1.2.2 La population étudiée
Le recueil de données
L’outil de recueil de données
2. ANALYSE DES RESULTATS
2.1 Les caractéristiques générales de la population
2.2 Le déroulement de la grossesse
2.3 La mise en route du travail
2.4 Le travail
2.5 L’accouchement
2.6 La délivrance
2.7 Le périnée
2.8 Le nouveau-né
3. CONCLUSION DE L’ETUDE
Partie 3
1. analyse des resultats
1.1 Les résultats de l’étude
1.2 Conclusion générale sur l’étude
1.3 Les limites de l’étude
2. DISCUSSION ET PROPOSITIONS
Conclusion

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