L’analyse de la situation africaine face au nouveau contexte actuel de la mondialisation

Comprendre la mondialisation et l’économie de l’information

L’ère contemporaine marquée par les progrès technologiques rapides et la révolution de l’information est porteuse d’une caractéristique essentielle: le changement continu. Celui-ci marque de son empreinte l’ensemble des domaines de l’activité humaine et agit sur les structures de la plupart des types d’organisation, y compris ceux des ONG et des institutions spécialisées. Nombre d’organisations s’efforcent d’arrêter des lignes directrices compatibles avec les exigences de la mondialisation.
Dans ce domaine, toute recherche a ses limites. La première tient au fait que l’étude de cette question recouvre un domaine extrêmement vaste et revêt un caractère pluridisciplinaire. Elle couvre un grand nombre d’éléments et de disciplines telles que l’économie, l’histoire, la sociologie, la science politique, l’éducation et les relations internationales. La deuxième limite principale de l’étude – qui se rapporte au caractère pluridisciplinaire de la réflexion – est qu’elle s’adresse à un large public plutôt qu’à une communauté de spécialistes.
Malgré ces limites, les conclusions de l’étude devraient contribuer à mieux cerner les perspectives et les enjeux qui se dessinent pour l’Afrique dans un monde façonné par la mondialisation et l’économie de l’information.
Ces deux dernières expressions – mondialisation et économie de l’information – sont aujourd’hui communément utilisées dans les milieux scientifiques et des affaires et même par les moyens de communication de masse. Elles demeurent souvent mal définies et recouvrent des images très diverses. Il est donc important de commencer par examiner les définitions de la mondialisation et de l’économie de l’information dans le but de mieux cerner ces questions.

Le contexte de la mondialisation

Le terme « mondialisation » est aujourd’hui particulièrement contesté en ce sens qu’il renvoie à des significations très différentes selon les personnes. La définition étroite qu’en donnent beaucoup de personnes se rapporte essentiellement à l’intégration financière ou, peut-être, en allant plus loin, correspond à un synonyme du terme « américanisation ». A la suite de nombreux théoriciens dans de nombreux domaines, l’étude adopte une définition plus large et plus ouverte permettant à chacun de prendre conscience des perspectives et des enjeux qui s’attachent à la mondialisation. Selon cette thèse, la mondialisation est définie comme:
Un phénomène mondial en cours caractérisé par l’articulation de la présence ou de l’absence d’événements et de relations sociales, leur entrecroisement « à distance », le tout étant subordonné à un contexte local donné.
Ce phénomène est mis à jour à travers une série de processus sociaux, économiques, politiques et culturels mondialement interdépendants par lesquels les événements, les décisions et les activités dans différentes parties du monde se conjuguent pour exercer des effets importants sur les individus, les communautés, les entreprises et les structures politiques dans des régions du monde éloignées les unes des autres.
Le phénomène est facilité par une multiplicité de relations et d’interconnexions représentées par des institutions qui établissent des liens entre les pratiques locales et des relations sociales mondialisées de façon à transcender les Etats-nations (et par conséquent les sociétés) pour constituer le système mondial.
La mondialisation ne se rapporte donc pas seulement à l’approfondissement des marchés financiers. Elle est aussi porteuse d’une multiplicité de phénomènes sociaux, politiques, économiques et culturels. Ce processus est à la fois mis en œuvre et facilité par les progrès considérables réalisés dans le domaine des technologies d’information et de communication (TIC). Il n’est pas déterminé par la technologie. Le développement des nouvelles technologies à ce moment particulier de l’histoire n’est pas le produit du hasard. Il résulte de la forte augmentation des investissements de recherche-développement dans le secteur des nouvelles technologies d’information et de communication et des sciences qui en constituent l’assise.
Nombre de compagnies s’emploient à l’heure actuelle à mettre en place les mécanismes leur permettant d’asseoir leurs activités de développement, de production, de distribution, de gestion, de marketing et de financement sur une base mondiale .

L’économie de l’information et du savoir

Ce bref examen de la question de la mondialisation a permis de définir le contexte global dans lequel nous étudierons l’économie de l’information et du savoir. Ces deux expressions ont fait l’objet d’un très large débat intellectuel sur leur signification et leur importance pour expliquer cette période de l’histoire. Les expressions « économie de l’information » et « économie du savoir » sont souvent utilisées de façon interchangeable. Dans un sens très strict, le concept d’économie de l’information pourrait renvoyer aux «contributions économiques d’un nombre limité d’industries» alors que l’on peut considérer que l’économie du savoir inclut « l’ensemble du tissu industriel de l’économie ».
Tout en se félicitant de la tenue de ce riche débat, les auteurs ont décidé d’utiliser ces deux expressions quasiment comme synonymes. Nous soutenons que l’économie de l’information se rapporte à une nouvelle structure économique mondiale dans laquelle la production de biens et de services d’information est prédominante dans la création de richesses et d’emplois et repose sur l’utilisation des technologies d’information et de communication (TIC) et d’une infrastructure mondiale d’information. Dans notre définition très large, de l’information, nous affirmons, tout comme Shapiro et Varian, que « toute ce qui peut être numérisée – codée en flux d’éléments binaires, constitue de l’information ». Dans cette optique, nous affirmons que les résultats sportifs, les livres, les bases de données, les revues, les films, la musique, les cotations de la bourse et les pages web sont tous des produits d’information. Cependant, lorsque nous évoquerons l’ensemble des entreprises économiques engagées dans la production et la distribution de produits d’information, nous emploierons l’expression Industries de l’information.
La présente étude tient donc compte tout autant de l’intérêt étroit des économistes pour les définitions que de l’éventail des innovations technologiques et des transformations économiques structurelles qui, de plus en plus, pèsent sur l’Afrique dans la sphère économique mondiale. Sachant que cette méthode éclaire un peu plus le champ des définitions et donc permet d’explorer les enjeux et les perspectives qui s’attachent à cette nouvelle économie, on s’emploiera tout d’abord à analyser brièvement les transformations structurelles profondes affectant le modèle techno-économique de l’économie mondiale.

La transformation fondamentale de l’économie mondiale

Le « modèle techno-économique » peut être compris comme le cadre de principes et d’accords (formels et informels) définissant le mode d’emploi de la technologie en vue d’appuyer les objectifs de développement de l’économie. L’ancien modèle techno-économique qui soutenait l’économie mondiale s’appelait Fordisme/Taylorisme et reposait sur les principes définis par Henry Ford (la chaîne de montage) et Frederick Taylor (la gestion scientifique). Ce système a connu son apogée dans les années 50 (ce que l’on a appelé « l’âge d’or » du capitalisme) sous la domination des Etats-Unis. Le modèle de développement Fordiste-Tayloriste reposait sur trois piliers.
La production de masse dans un système industriel en constituait le premier pilier. La production de masse a permis d’accroître la productivité au détriment de la diversité et donc du choix offert au consommateur.
Le deuxième pilier était la stricte application des principes de gestion de Taylor, connus sous l’appellation de « gestion scientifique ». Dans la gestion scientifique, un strict cloisonnement est établi entre le travail mental et le travail physique (la direction et les employés).
Enfin, le troisième pilier était la chaîne de montage qui a aggravé l’aliénation de la main d’œuvre. Les travailleurs qui auparavant étaient des artisans capables de participer à toutes les phases de fabrication du produit, ont été forcés à travailler sur un seul élément du processus de fabrication, devenant ainsi de simples rouages humains dans la machine industrielle.
Le modèle techno-économique a commencé à caractériser les économies industrielles dès qu’elles ont assis leur domination sur l’économie mondiale aux XIXe et XXe siècles. Au cours de cette période, les économies africaines étaient reléguées à la périphérie du système mondial (par l’esclavagisme, le colonialisme et d’autres facteurs) et forcées à s’orienter essentiellement vers la production de produits de base.

Gestion de l’économie de l’information : politique générale et cadre réglementaire

L’économie de l’information suppose une discipline stricte. En raison des interdépendances qui la caractérisent, toute «mauvaise» décision est immédiatement sanctionnée et toute «bonne» décision récompensée avec la même célérité. Dans ce contexte de mondialisation et d’interdépendance, il est crucial d’élaborer, au niveau mondial, des mécanismes appropriés de gestion de l’économie de l’information, le nouveau système mondial d’échanges.
Tout comme le modèle techno-économique a connu de profondes mutations, le système commercial mondial présente des composantes anciennes et nouvelles. L’ancien système commercial mondial avait pour fondement l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) dont l’un des principes généraux était la promotion du commerce multilatéral, l’accent étant mis sur les biens corporels (matériels). Le GATT n’était pas une organisation internationale à proprement parler, mais plutôt un secrétariat international chargé du suivi et de la mise en œuvre de l’accord. Ses mécanismes d’application étaient relativement limités, si bien que les «resquilleurs» pouvaient tirer de nombreux avantages de l’accord sans en supporter les coûts. Le nouveau système commercial mondial repose sur le successeur du GATT, l’Organisation mondiale du commerce (OMC). L’accès au marché est un des principes clés qui le définissent. Si le GATT mettait l’accent sur les biens corporels, l’OMC en revanche traite aussi bien des biens corporels que du commerce immatériel des services. L’OMC a été créée en tant qu’organisation internationale à part entière et jouit du même statut international que la Banque mondiale et les autres institutions de Bretton Woods. Il y a deux différences essentielles entre l’ancien système commercial mondial et le nouveau : les questions relatives aux accords ayant force obligatoire et la résolution des différends (1998).

Table des matières

INTRODUCTION
Partie I : Approche théorique de l’économie de l’information 
A- L’imperfection de l’information 
1- les défaillances d’information : la théorie des marchés contingents
2- la sélection adverse
3- l’aléa de moralité
4- le modèle principal agent
B- La nouvelle économie keynésienne et la nouvelle micro-économie 
1-les fondements de la nouvelle micro-économie
• dépasser la micro-économie standard
• la théorie des jeux et l’étude des interactions stratégiques
• la micro-économie classique et la nouvelle micro-économie
2-caracéristiques et programme de recherche de la nouvelle économie keynésienne
• liens entre la nouvelle micro-économie et la nouvelle économie keynésienne
• l’analyse des rigidités nominales et ses implications macro-économiques
• bilan sur la nouvelle économie keynésienne
Partie II : L’économie de l’information et l’Afrique dans le contexte actuel de la mondialisation 
A-Définitions 
1-comprendre l’économie de l’information et la mondialisation
2-le contexte de la mondialisation
3-l’économie de l’information et du savoir
4-la transformation fondamentale de l’économie mondiale
5-la gestion de l’économie de l’information : politique générale et cadre réglementaire
B-L’économie de l’information et l’Afrique 
1-examen des défis et des opportunités présentés à l’Afrique dans l’économie de l’information
2- l’impératif de l’infrastructure de l’information et des communications
3- mise en valeur des ressources humaines : Education et Emploi
4-l’environnement économique africain et l’économie mondiale
5-opportunités de l’économie de l’information pour l’Afrique
6-importance stratégique des industries de l’information
7-les nouvelles industries
8-développement de contenu
9-commerce électronique et PME
10-connaissances, éducation et apprentissage
11- éléments du nouveau cadre
C- Coopération et coordination dans un contexte mondial
1-chemin à suivre par la région dans le contexte mondial
2-planification et mise en œuvre au niveau national
3-coopération au niveau sous régional
4- coordination au niveau régional
5- collaboration au niveau mondial
6-promotion de la coopération et du commerce intra-africain.
7-mise en valeur des ressources humaines
CONCLUSION

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