Le dimensionnement d’une comptabilité environnementale étendue

Le dimensionnement d’une comptabilité
environnementale étendue

L’estimation des coûts environnementaux 

Comme nous l’avons noté lors de la présentation de l’étude préliminaire que nous avons réalisée (1.1 – p105), l’estimation des coûts environnementaux d’un site industriel est possible à partir des documents généraux, mais nécessite la consultation d’un nombre non négligeable d’acteurs. En revanche, cette estimation globale ne permet généralement pas la mise en avant des enjeux stratégiques. Il convient toutefois de s’attacher à distinguer les coûts environnementaux tels qu’ils sont définis dans la démarche EMA (Environmental Management Accounting) : • Coûts d’achat des matières incluses dans les produits. • Coûts d’achat des matières ne constituant pas un sortant sous la forme d’un produit. • Coûts de gestion et de contrôle des déchets, effluents et émissions. • Coûts de la prévention et du management de l’environnement. 

La mise en avant des enjeux stratégiques 

La mise en œuvre sur un périmètre précis d’une comptabilité de flux de matières permet d’exactement estimer les catégories de coûts précédentes, et surtout, permet une exploitation très poussée des données. Il convient cependant de noter que le déploiement d’une comptabilité des flux de matières exhaustive nécessite une étude poussée des données historiques enregistrées. Une fois cette étape réalisée, il est possible d’étudier comment les coûts évolueront dans le futur, notamment du fait des variations du niveau de production. L’un des principaux atouts de cette méthode est qu’elle permet l’identification et la quantification des paramètres qui lient performances environnementale et économique. Il est dès lors possible, à partir de ces résultats, de réorganiser le système comptable afin qu’un suivi automatique des paramètres clés et de leurs effets soit mis en œuvre. Ce dernier doit en outre permettre la consolidation des estimations réalisées par l’intermédiaire des données historiques, et nécessite certainement la mise en place de mesures supplémentaires. Parmi les enjeux stratégiques, les coûts qui sont susceptibles d’être induits par les risques liés aux procédés considérés, viennent compléter les facteurs liant performances environnementale et économique. Ces risques, qui peuvent être chroniques, accidentels, judiciaires, de marché, ou réglementaires, sont estimés par déploiement d’outils d’analyse de risques spécifiques et sont caractérisés par la mise en avant d’événements (scénarios) dont les probabilités d’occurrence et les conséquences, traduites monétairement, sont estimées. Les scénarios sélectionnés, sont finalement liés à des coûts plus intangibles. Les évènements définis dans les scénarios constituent des enjeux stratégiques à suivre. Ce suivi ne peut cependant se faire par l’intermédiaire des documents comptables et nécessite un appui poussé des veilles réglementaires et de marché. Nous remarquons que les enjeux stratégiques observés pour un procédé particulier et sur un site industriel spécifique, seront logiquement les mêmes pour des procédés similaires mis en œuvre sur d’autres sites. 

La mise en avant des voies d’améliorations

 Les enjeux stratégiques qui ont été identifiés sont donc de deux types. D’un côté il y a les paramètres qui lient performances environnementale et économique, et d’un autre côté il y a les évènements identifiés comme susceptibles de survenir au cours du temps (accidents, maladies, procès, interdictions, augmentations des prix d’achat, etc.). Les voies d’améliorations pourront donc avoir deux types d’effets, selon qu’elles induisent simplement une amélioration des facteurs liant les deux performances, ou qu’elles permettent une diminution des risques. Il reste que la comptabilité environnementale ne permet pas d’identifier précisément les actions induisant des améliorations et que pour cela, une veille technologique poussée est nécessaire. En revanche, les informations issues d’une démarche de comptabilité des flux de matières et d’énergie, facilitent la mise en avant des paramètres qui permettent les améliorations les plus significatives. Enfin, il est aisé de quantifier, par l’intermédiaire des données économiques obtenues, les investissements maximums que peuvent supporter des actions d’amélioration pour être rentables.

La prise de décision 

 L’impact sur la performance environnementale

La modélisation des flux de matières et d’énergie effectuée nous a permis de connaître très précisément les relations qui existent entre le facteur de production et les performances environnementales de l’OAC. Grâce à l’identification et l’estimation des facteurs stratégiques, il nous a de plus été aisé de quantifier l’amélioration de la performance environnementale directe du nouveau procédé : diminution des consommations d’énergies thermique et électrique, diminution des consommations d’eau, diminution des déchets générés, suppression des émissions de Cr(VI), augmentation de la consommation en produits chimiques utilisés pour le montage des bains (Figure 63 – p293). Nous n’avons cependant pas pu tirer de conclusions solides quant à l’impact induit par la substitution sur la performance environnementale, lorsque tout le cycle de vie est pris en compte (3.1.1.2 – p294). Il est néanmoins clair, que les émissions de chrome hexavalent sont totalement supprimées. Nous conjecturons également que les consommations en énergies thermiques sont fortement réduites. 

Le calcul de rentabilité du projet

Notre approche consiste à intégrer les paramètres environnementaux dans les cadres décisionnels et financiers de l’entreprise. Nous avons donc cherché à traduire monétairement les enjeux environnementaux que l’entreprise considère comme stratégiques, puis à les intégrer dans une analyse de rentabilité. Les résultats obtenus, démontrent que les outils que nous avons utilisés sont effectivement applicables, et traduisent de manière effective le fait que le projet de substitution de l’OAC est rentable. De plus, les conditions de cette rentabilité peuvent être étudiées très précisément et nous avons pu mettre en avant des intervalles de confiance pour cette dernière. 

L’analyse de la rentabilité du projet

Les résultats obtenus permettent d’analyser très précisément les paramètres sur lesquels la rentabilité du projet repose. La rentabilité de la substitution du procédé OAC repose pour 2/3 sur un évitement de destruction de valeur. Ainsi, environ 69% des économies anticipées, appartiennent aux catégories « risques réglementaires », « risques judiciaires », « risques de marchés » et « coûts intangibles liés aux risques », et proviennent de l’évitement de ces risques par la mise en place du nouveau procédé (Figure 71 – p307).

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