Le passage d’un spectacle pour quelques-uns à un genre artistique voué à devenir un produit culturel pour tous

Le passage d’un spectacle pour quelques-uns à un genre artistique voué à devenir un produit culturel pour tous

« Ce qui m’a frappé dans tout ce qui a été dit depuis ce matin, c’est que personne n’a relevé que l’opéra souffrait, peut-être comme l’homme, d’un péché originel. Créé dans le salon d’un noble à Florence, il y a 400 ans, il était réservé à un petit nombre, aux amis du prince. Petit à petit, cet art a conquis un vaste public.  Je pense que personne n’a tiré les conséquences de cette transformation pour voir comment, dans la manière d’être conçu, géré, financé, un art créé pour un petit nombre pourrait devenir un art destiné à tout le monde. »  Chargées d’une responsabilité de service public, les Opéras sont intégrés à un monde où la structure, qui produit et diffuse les arts de la scène, intervient dans la construction d’une identité politique nationale en même temps qu’elle revendique, à travers une programmation ayant passé le jugement des pairs, à l’échelle des réseaux auxquels appartiennent les professionnels qui la dirigent, un universalisme artistique et administratif supposé la positionner sur un échiquier transnational. Pour ces organisations, cela suppose un important travail partenarial et une gestion de plus en plus « équilibriste », entre les demandes et les idéaux des uns et des autres et leurs propres besoins et intérêts et l’idée qu’elles se font de leur raison d’être. Cette gestion complexe des demandes s’ajoute aux efforts de mise en forme que ces impératifs exigent une fois mis à l’épreuve de la réalité du terrain et en rapport à l’autonomie à laquelle, expertes, elles tiennent. La dispersion et la recherche d’ententes spécifiques et temporalisées entre elles, l’État ou les diverses instances de gouvernance auxquelles elles sont liées, et la logique ascendante de projets imbriqués à divers réseaux et stratégies interorganisationnelles, complexifient encore cette recherche d’autonomie, de légitimité et de spécification de leur raison d’être.

Systèmes politiques et histoires nationales en matière de soutien aux arts

L’histoire politique et le système politique d’un pays qui en découle ont une incidence déterminante sur les politiques culturelles pour lesquelles le pays choisira d’opter et sur le lien qui l’unira aux Opéras dont il aura hérités de son histoire. Aucun modèle n’est transposable ou exportable de façon utile, et aucun ne sied à tous dans les mêmes rapports et les mêmes proportions. Chaque pays se doit de bâtir son propre modèle en demeurant au courant et en prenant leçon de ce qui se fait ailleurs, tout particulièrement dans un monde où ces politiques sont de plus en plus mesurées entre elles et confrontées à la dynamique et aux cadres internationaux. En Europe, dans les opéras financés à 80 % par une ou plusieurs organisations publiques, c’est à ces dernières qu’incombe le choix de la direction générale de la structure. Ainsi, dans la plupart des maisons allemandes financées par des villes ou par des Länder, les maires ou les ministres chargés de la culture dans les Länder assurent ces choix (Agid & Tarondeau 2010). son histoire35 et son choix de compter sur des subsides locaux, donne aux Länder indépendants qui composent son territoire et dans lesquels se trouvent aujourd’hui des municipalités qui leur sont indépendantes, avec une marge de manœuvre complète en matière de compétence culturelle. L’État, particulièrement décentralisé, qui compte plusieurs ministères de la culture, a inscrit à sa constitution la qualité « L’Allemagne compte à ce jour près de 90 théâtres dans lesquels sont présentés des spectacles d’opéra. En matière d’opéra, le pays jouit de la plus forte densité géographique au monde et produit un nombre conséquent (plus que tout autre pays européen) de jeunes chanteurs, qui y étudient et s’y forgent des carrières internationales magistrales, en plus de s’attirer les plus grandes voix. Le contexte politique des XVIIIe et XIXe siècles ayant morcelé le paysage théâtral laisse ce dernier moins structuré qu’en France. La musique y trône en reine, depuis les chapelles de la cour de Saxe, il y a 350 ans. Il n’existe pas de théâtre privé dédié à l’opéra en Allemagne et la confédération ne possède pas elle-même de théâtresymphoniques (70 consacrés au théâtre, les autres sont radiophoniques) jouent habituellement en Allemagne devant un public en augmentation. Après l’effondrement de la monarchie, l’État a pris en charge les structures théâtrales existantes. À l’heure actuelle, l’État, la ville ou la commune sont les gestionnaires majoritaires des théâtres et des opéras.

 

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