LE PROCESSUS DE LIBÉRALISATION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE

LE PROCESSUS DE LIBÉRALISATION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE

La libéralisation financière s’accompagne également d’un processus ininterrompu d’innovations financières privées et publiques. Quelles sont les raisons qui poussent aux innovations financières? Situation de monopole (Schumpeter 1952) Situation de concurrence (Arrow 1962) Echapper à des contraintes (Gurley et Shaw, 1960 et W. Silber et Ben Horim, 1975) Demande de caractéristiques (R. Sylla, 1982 et M. Desai et L. Low, 1987) Théorie des jeux (R.W Anderson et C.J Harris, 1985).

Libéralisation et instabilité financière 

Selon certains auteurs, les périodes d’instabilité financière correspondent aux changements d’état du système financier. Tout comme le système industriel, le système financier est actuellement soumis à la logique de la nouveauté induite par les technologies de l’information. Cette approche peut être étendue à l’évolution récente du système financier. Celle-ci a pris la forme du processus de « globalisation financière ». Les deux moteurs de cette globalisation sont les innovations et la libéralisation financières qui ont engendré simultanément un accroissement de l’efficacité et de l’instabilité du système financier international. 

  • La concurrence entre les fournisseurs de services d’intermédiation financière s’est intensifiée en raison des progrès technologiques et des politiques de libéralisation et déréglementation financières. • Dans la plupart des pays, y compris dans les économies émergentes, les gouvernements ont modifié les règles régissant l’intermédiation financière pour permettre à un plus large éventail d’institutions de fournir des services financiers. • De nouveaux types d’institutions financières non bancaires, y compris les investisseurs institutionnels, sont apparus. Les banques d’investissement, les maisons de titres, les gestionnaires d’actifs, les fonds communs de placement, les compagnies d’assurances, les sociétés de financement spécialisé et de crédits commerciaux, les fonds d’arbitrage et même les entreprises de télécommunication, de logiciel informatique et de produits alimentaires se sont mise à fournir des services semblables à ceux offerts traditionnellement par les banques.
  • Les banques font de plus en plus passer les risques financiers (en particulier les risques de crédit) de leur bilan vers les marchés de valeurs mobilières— par exemple, en regroupant des actifs et en les convertissant en valeurs mobilières négociables ou en effectuant des swaps de taux d’intérêt et autres opérations sur dérivés — en réaction à des incitations réglementaires, telles que les normes de fonds propres, et à des incitations internes pour améliorer le rendement corrigé du risque de l’investissement des actionnaires et être plus compétitives. C’est ce que l’on appelle la titrisation et qui a été appliquée à grande échelle dans la crise des « subprimes ». • Les entreprises et les pouvoirs publics recourent aussi davantage aux marchés financiers nationaux et internationaux pour financer leurs activités. Enfin, un groupe croissant et plus varié d’investisseurs sont prêts à détenir divers risques de crédit et autres risques financiers, car les améliorations des technologies de l’information ont rendu ces risques plus faciles à surveiller, à analyser et à gérer. 
  • Exacerbation de la concurrence sur les marchés financiers nationaux et internationaux entre les banques et les institutions financières non bancaires pour collecter l’épargne des ménages et financer les entreprises, poussant à la baisse les prix des instruments financiers. Les ménages délaissent les dépôts bancaires pour se tourner vers des produits financiers à rendement élevés— tels que les fonds communs de placement — émis par des institutions qui sont mieux en mesure de diversifier leurs risques, de réduire la charge fiscale et de tirer parti d’économies d’échelle; ces institutions se sont développées de manière spectaculaire en taille et en complexité. •Face à cette concurrence, les Banques étendent leur champ d’action et s’engagent dans le placement, la gestion d’actifs et les assurances pour diversifier leurs sources de revenus et leurs risques. Les banques se mettent à lever des fonds sur les marchés financiers pour leurs propres activités d’investissement vers les marchés dérivés de gré à gré et gérer leurs risques.
  • Du fait de cette concurrence qui fait tomber leurs marges de profit sur les activités traditionnelles, les banques ont donc été forcées de trouver de nouvelles sources de revenus, de nouveaux moyens de drainer des capitaux et des activités générant des commissions (prêts aux entreprises financés par des dépôts à faible coût par exemple). •En Amérique du Nord et au Royaume-Uni, les banques fusionnent avec d’autres banques, ainsi qu’avec des maisons de titres et des compagnies d’assurances, en vue d’exploiter les économies d’échelle, de rester compétitives et d’accroître leur part de marché. Ce qui n’est pas le cas en Europe. 
  • La titrisation rend l’évaluation du coût et l’affectation du capital plus efficientes, parce que les variations des risques financiers apparaissent beaucoup plus vite dans les prix des actifs et les flux de capitaux que dans les bilans des banques. L’inconvénient, c’est que les marchés sont devenus plus volatils, et cette volatilité pourrait menacer la stabilité financière. •Pour préserver la stabilité financière, il faut mieux comprendre comment la mondialisation de la finance a modifié l’équilibre des risques sur les marchés financiers internationaux et assurer que les pratiques de gestion du risque dans le secteur privé prémunissent contre ces risques. 
  • A l’inverse de la crise mexicaine de 1994–95 qui est restée relativement localisée au continent sud et nordaméricain, les crises asiatique et russe de 1997–98 puis des subprimes en 2007-2008 ont montré l’importance et le caractère dévastateur du risque de la contagion internationale. • Les crises des années 90 soulignent la nécessité d’une gestion prudente de la dette souveraine, d’une libéralisation bien échelonnée des mouvements de capitaux, ainsi que d’une bonne réglementation et d’un renforcement des systèmes financiers intérieurs, pour assurer la stabilité des marchés de capitaux nationaux et internationaux. 

La résurgence de politique dans la sphère financière

  • Contrôlés par les Etats « créditeurs institutionnels », les fonds souverains représentent aujourd’hui plus que les fonds spéculatifs (2500 milliards de $). Ils pourraient atteindre 12 000 milliards de $ en 2015. •Jusqu’à présent cantonnés dans l’achat de bons du Trésor des Etats développés endettés, ils s’intéressent désormais aux entreprises stratégiques à haute valeur technologique et menacent la sécurité économique des nations dans lesquelles ils investissent. •Les gouvernements (dont la France) mettent en place des stratégies réglementaires et financières défensives visant à protéger le cœur de leurs systèmes productifs.

L’emergence dun nouveau capitalisme de l’état

  • Quelles seront les conséquences de ce nouveau protectionnisme financier sur la mobilité internationale des capitaux (IDE, IEP)? •L’intrusion du politique, du religieux et de l’idéologique (fonds éthiques) dans la sphère financière risque de faire resurgir des conflits nationaux. •Comment définir les intérêts nationaux dits stratégiques à protéger? Risque de transfert technologique et de pillage industriel, menaces sur la souveraineté nationale. •Comment dépasser les mesures unilatérales, sources de conflits potentiels financiers, commerciaux et politiques, par une réglementation multilatérale négociée? 

Le patréotisme économique

  • La géoéconomie avait marqué la prééminence de la conquête des marchés sur celle des territoires sans faire disparaître pour autant les conflits militaires régionaux. •La géopolitique avait entériné l’idée du dépassement d’un monde unipolaire marqué par l’hégémonie américaine vers un monde multipolaire pacifié par la libéralisation/globalisation commerciale et financière. •La géofinance marquera-t-elle le retour du patriotisme, du nationalisme et du protectionnisme et in fine d’un capitalisme d’Etat en opposition ou en accompagnement d’une globalisation financière régulée et maîtrisée? UNC Février 2013 •Le «retour de l’Etat» emprunte des voies nationales différentes selon l’histoire et la culture des pays. Les Etats sont amenés à prendre des mesures défensives à court terme alors même que l’ampleur de la crise devrait conduire à des orientations stratégiques de long terme qui anticipent les évolutions de l’économie mondiale. •L’Etat national n’est plus apte à répondre aux défis de la planète et son «retour» peut s’avérer encore plus dangereux que les excès du libéralisme s’il se traduisait par une résurgence du protectionnisme, du populisme et du nationalisme xénophobe.

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