Le «RAVINTSARA» (Cinnamomum camphora )

La production d’huiles essentielles par les pays en voie de développement constitue 55% de la production mondiale (Koumaglo, 2004 ; Rakotovao, 2008) et nous assistons actuellement à une augmentation progressive de la demande. Madagascar s’est trouvé une place de choix parmi les pays exportateurs d’huiles essentielles avec une production régulière de plus d’une quarantaine d’huiles différentes (Raharinirina, 2009). Les cinq huiles essentielles les plus exportées sont : l’ylang-ylang (Cananga odorata), le niaouli (Melaleuca quinquenervia), le «ravintsara» (Cinnamomum camphora), la cannelle (Cinnamomum zeylanicum) et le girofle (Eugenia caryophyllata) (USAID, 2006).

La demande d’huiles essentielles vient surtout de cinq secteurs d’activité à savoir l’industrie pharmaceutique, l’industrie cosmétique, l’industrie agro-alimentaire, la parfumerie, l’aromathérapie et l’agriculture dans le cadre de la lutte biologique (Coleman, 2003). Les principaux pays importateurs d’huiles essentielles en provenance de Madagascar sont la France, les Etats-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni.

L’huile essentielle de « ravintsara » (Cinnamomum camphora) est fortement demandée sur le marché international (BAMEX, 2006). Elle est surtout prisée pour ses propriétés antivirales et immunostimulantes (Blanchard, 2007).

L’exportation d’huile de « ravintsara » représente 8,6% de la quantité totale d’huiles essentielles exportée par Madagascar (DVRN, 2010). Le prix FOB à l’exportation du litre d’huile de « ravintsara » est de 250 euros (french.news.cn, 2011). A plus petite échelle, un flacon de 10ml d’huile de « ravintsara » coûte autour de 10 euros et ce prix est de 26,90 euros pour un flacon de 30ml. Malheureusement, une baisse significative de la quantité annuelle exportée par Madagascar allant de 3342 à 1765 kg est notée entre 2004 et 2007 (DVRN, 2010). Ceci pourrait provenir d’une surexploitation de l’espèce liée à la récolte abusive des feuilles. En effet, le «ravintsara»» est exploité tout au long de l’année sans tenir compte de la période de reproduction de l’espèce ni de la période conseillée pour la récolte correspondant à la production optimale d’huile essentielle (Rasendramiadana, 2009). Pour pallier cette insuffisance de production, plusieurs plantations de «ravintsara» ont été mises en place aux alentours d’Antananarivo. De plus, de nombreux pépiniéristes ont intégré le «ravintsara» parmi les plantes proposées pour le reboisement durant la saison des pluies.

LE « RAVINTSARA » (Cinnamomum camphora) 

Historique et distribution géographique

Le «ravintsara» ou Cinnamomum camphora (L) J. Presl, est un arbre originaire de Chine, de Taiwan et de Japon (Azad et al., 2005 ; Ranarivelo, 2006) et fut introduit à Madagascar et aux îles Mascareignes dans la moitié du XIXème siècle (Rasoanaivo et De la Gorce, 1998; Behra et al., 2001). L’appellation «ravintsara» signifie «bonne feuille» en malagasy (Ravina : feuille et Tsara : bonne) à cause de ses multiples vertus thérapeutiques. A Madagascar, le «ravintsara» est rencontré sur les Hautes Terres aux environs d’Antananarivo ainsi que sur le versant Est et Sud-Est (Randevoson, 2004).

Données botaniques 

Position taxonomique 

Règne : VEGETAL
Embranchement : SPERMAPHYTES
Sous-embranchement : ANGIOSPERMES
Division : MAGNOLIOPHYTA
Classe : MAGNOLIOPSIDA
Sous-classe : MAGNOLIIDAE
Ordre : LAURALES
Famille : LAURACEAE
Genre et espèce : Cinnamomum camphora
Nom vernaculaire : «ravintsara» (Merina et Betsileo)
Auteur : (Linné), J. Presl ou Nees and Eberm
Le chémotype recontré à Madagascar est le chémotype cinéole .

Exigences écologiques 

L’arbre peut se développer à n’importe quelle altitude. Pour sa croissance, il requiert une pluviométrie annuelle de 1520 à 2540mm (www.imra-ratsimamanga.org) .Concernant le sol, l’arbre n’a pas d’exigence particulière (Rasolomanana, communication personnelle). La floraison se déroule durant les mois d’octobre et novembre et les fruits arrivent seulement à maturité en avril et mai (Rasendramiadana, 2009). Dans ses pays d’origine, les graines de Cinnamomum camphora sont disséminées par des oiseaux fructivores ou sont transportées par l’eau (PIER, 2002).

Technique culturale

La propagation de Cinnamomum camphora se fait généralement par des semis mais des essais de bouturage et de culture in vitro sont en cours de réalisation (Ramamonjiarisoa, 2004 ; Azad et al., 2005).

Les graines sont semées sur un sol composé de sable et de terre de forêt. Pour germer, les semences ont besoin d’ensoleillement et d’arrosage régulier. Vingt à trente jours après l’ensemencement, les jeunes plantules sont repiquées dans des gaines en plastique. Les plants de 3 mois sont prêts pour le rempotage ou pour la mise en terre. Le repiquage se fait pendant la période de pluies dans un trou de 1m de profondeur et de 1 x 1m de côté. La distance entre deux trous adjacents est de 5m. Le substrat est constitué préférablement d’un mélange de sable, de sol et de fumier ou compost biologique (20%, 40%, 40%) (Rasolomanana, communication personnelle).

Durant les premières années de croissance de l’arbre, le sol aux alentours doit être nettoyé pour éviter la concurrence des mauvaises herbes. Un amendement effectué une fois par an avec du compost biologique est aussi nécessaire (Raherimanjaka, 2006).

Maladies et ravageurs

La gale atteint la racine avec apparition de pustules à la surface des tissus externes. Les feuilles sont souvent atteintes d’anthracnose, maladie provoquée par des champignons et qui se manifeste par une tâche violette (Raherimanjaka, 2006).

Des acariens herbivores peuvent aussi habiter dans les domaties des feuilles de Cinnamomum camphora (Nishida et al., 2005).

Des symptômes de jaunissement ou de brunissement peuvent aussi apparaître sur les feuilles en plantation . De plus, des gaufrures au niveau des jeunes feuilles ont été constatées chez certains individus.

Utilisations

Dans ses pays d’origine, Cinnamomum camphora est réputé pour le camphre naturel extrait du bois utilisé pour des fins pharmaceutique (anti-inflammatoire, antirhumatismale) et culinaire (sucrerie) (Bruneton, 1993 ; Azad et al., 2005). L’odeur du camphre dans les bois d’ameublement construits à partir du camphrier aurait aussi une activité répulsive contre les insectes (mites et cafards).

L’arbre, introduit à Madagascar en tant que plante d’ornement, est devenu plus tard l’une des plantes aromatiques les plus utilisées en phytothérapie. En usage traditionnel, les feuilles fraîches ou séchées sont utilisées en inhalation ou en bain de vapeur contre les maladies infectieuses et les affections des voies respiratoires; ou en infusion contre les maux de tête, les maux d’estomac, de foie et même, en synergie avec d’autres plantes (« katrafay », « ravimboafotsy », « ravinakondro ») contre la grippe (Boiteau, 1999). Les feuilles sont ainsi vendues sur le marché d’Antananarivo comme remèdes traditionnelles.

Actuellement, l’huile essentielle extraite des feuilles de « ravintsara » (Cinnamomum camphora) est très prisée sur le marché international grâce à ses qualités à savoir l’absence de camphre et la richesse en 1,8-cinéole. Elle est surtout utilisée en aromathérapie et dans l’industrie cosméceutique.

Table des matières

INTRODUCTION
GENERALITES
I- LE «RAVINTSARA» (Cinnamomum camphora )
I. 1. Historique et distribution géographique
I.2. Données botaniques
I.2.1 Position taxonomique
I.2.2 Description
I.3. Exigences écologiques
I.4. Technique culturale
I.5. Maladies et ravageurs
I.6. Utilisations
II-L’HUILE ESSENTIELLE DE «RAVINTSARA»
II.1. Définition des huiles essentielles
II.2. Biosynthèse et localisation dans la plante
II.3. Propriétés thérapeutiques de l’huile de «ravintsara»
II.4. Méthodes d’obtention de l’huile essentielle
II.5. Critères de qualité
II.6. Les caractéristiques de l’huile de «ravintsara»
II.6.1 Caractéristiques organoleptiques et physico-chimiques
II.6.2 Composition chimique
II.7. «ravintsara» et « ravensara »
III-LA VARIEGATION DES FEUILLES
III.1. Définition
III.2. Origines
III.3. Types de variégation
III.4. Dysfonctionnements physiologiques et changements structuraux
III.5. Utilisation de la variégation
MATERIELS ET METHODES
I- Site d’étude
II- Matériel végétal
III-Caractérisation de la variégation
III.1. Détermination de la surface foliaire
III.2. Comptage des stomates
III.3. Dosage des pigments chlorophylliens
IV-Extraction de l’huile
IV.1. Rendement en huile essentielle
IV.2. Analyse de la composition chimique
V-Analyse des données
RESULTATS
I-Observations et tests préliminaires
II-Comparaison de la surface foliaire entre feuille normale et « variegata »
III -Densité des stomates
IV -Variation des teneurs en pigments photosynthétiques
V -Variation du rendement en huile essentielle
VI-Variation de la composition chimique de l’huile essentielle de «ravintsara»
VI.1. Les principaux groupes chimiques
VI.2. Les composants majeurs
DISCUSSIONS
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
WEBIOGRAPHIE
ANNEXES
RESUME

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