Le retour de l’économie keynésienne

LE RETOUR DE L’ECONOMIE KEYNESIENNE

 Les dysfonctionnements des économiques révélés par la crise

Huit années après le début de la crise des subprimes commencée en 2008 aux Etats-Unis, la terne convalescence économique cache une divergence des conjonctures entre les pays. Si les Etats-Unis ont durablement retrouvé un taux de chômage faible (avec un taux d’emplois faible, il est vrai) et connaissent une croissance élevée, la croissance dans la zone euro est poussive, et la croissance chinoise connait un ralentissement marqué. Cette hétérogénéité des situations économiques est perceptible au sein de l’union européenne. Les taux de chômage anglais et allemand sont de l’ordre de 5%, le taux de chômage français est le double. Le taux de chômage espagnol est plus de deux fois le taux de chômage français. Cette hétérogénéité est aussi le résultat des politiques économiques menées dans les différentes régions du monde3. Les Etats-Unis ont mené tôt des politiques budgétaires et monétaires très accommodantes. La dette publique des Etats-Unis ou de la Grande-Bretagne rapportée au PIB a crû de plus de 40% entre 2007 et 2014, alors que la dette publique de la France a cru de l’ordre de 30% pendant la même période4. De même, la politique monétaire de Quantitative Easing, consistant en un rachat massif de dettes publiques par les banques centrales, a commencé dès 2009 aux  Cette période a-t-telle changé en profondeur la façon dont les économistes comprennent le fonctionnement des économies de marché? De nouvelles théories ont-elles émergé pour rendre compte soit de l’instabilité macroéconomique de 2008, soit de la lenteur et de la diversité des rythmes de rétablissement? La recherche économique a fait preuve d’une très grande diversité des approches après la crise de 2008, qui n’est pas perçue par le grand public. Que ce soit le rôle de l’irrationalité des acteurs financiers dans l’instabilité financière (Schleifer et Visnhy 2010, Dubbecq, Mojon Ragot 2014), le rôle des inégalités dans la macroéconomie (notamment les travaux de T. Piketty ou de Kumhof Rancière et Winant 2015), la prise de risque excessive du secteur bancaire du fait du soutien implicite des états (Farhi et Tirole 2012), le rôle de la dérive de l’endettement comme facteur de crise (Schularick et Taylor 2012), de nombreuses pistes sont aujourd’hui explorées. A la diversité des sujets, s’ajoutent la diversité des méthodes, comme l’analyse des données des ménages ou d’entreprises, les données historiques, ou les modèles théoriques. Cette diversité, voire profusion, peut donner l’image d’une dispersion de la pensée et de la perte de cohérence. Parmi tous ces mécanismes, qu’est-ce qui est important pour la macroéconomie? La hiérarchisation des mécanismes et des modèles est essentielle pour l’analyse économique car les implications de politiques économiques peuvent être contradictoires ou, difficulté additionnelle, peuvent renvoyer à des temporalités différentes. La dette publique est un exemple particulièrement important. La question n’est pas tant le niveau optimal de dette publique mais le rythme de convergence d’un niveau observée vers un niveau optimal. Malheureusement les modèles de long terme n’incluent pas des mécanismes de court-terme. Il faut donc prendre l’ensemble des modèles produits de l’analyse économique pour les penser ensemble. Chaque modèle doit être pensée comme un mot qui aide à produire une narration expliquant la situation économique dans toute sa complexité. L’enjeu n’est pas seulement intellectuel, il s’agit plus prosaïquement de ne pas faire d’erreur de politique économique, ou de ne pas promettre l’impossible.

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