Les choix professionnels et l’efficacité de soi

Hackett et Betz (1981) étaient les premiers à appliquer la théorie socio-cognitive de Bandura (1986) aux choix professionnels. Ils se centrent sur l’efficacité de soi pour expliquer les choix professionnels traditionnels réalisés par les femmes. Ils expliquent qu’une perception de soi basse pourrait expliquer la palette réduite des choix professionnels de ces dernières. Cette hypothèse fut testée empiriquement sur des élèves du collège. On notait que les élèves masculins avaient une efficacité de soi plus élevée pour les occupations masculines, tandis que les femmes avaient une efficacité de soi plus élevée pour les occupations féminines.
Lent et al. (1991) se réfèrent aussi à la théorie sociocognitive de Bandura (1986). Ils pensent que les intérêts professionnels et les intentions professionnelles chez les hommes et les femmes sont en partie le résultat de l’efficacité de soi et des issus visées. Il paraît que l’efficacité de soi joue le rôle de médiateur entre les expériences primaires et la motivation (Lent et al., 1991; Lent et al., 1993).Super (1953, cité dans Dupont et al., 1979) considère le choix professionnel comme une actualisation du concept de soi. Les intérêts professionnels reflètent l’efficacité de soi du sujet et les attentes professionnelles relatives au but que le sujet espère atteindre. L’efficacité de soi et les attentes professionnelles pour leur part influencent les objectifs choisis et les actions (Fouad & Smith, 1996).

Les traits de la personnalité dans les choix professionnels

Holland (1973, cité dans Dupont et al., 1979) postule que les individus tendent à choisir une profession, qu’ils perçoivent comme compatible avec leur type de personnalité. L’auteur crée des catégories en fonction des traits de la personnalité. Il pense que les conduites d’orientation sont issues de l’interaction entre la personnalité de l’individu et son environnement psychologique. Il décrit différents types de personnalité : les types réaliste ou concret (R), intellectuel ou chercheur (I), artiste (A), social (S), entreprenant (E), et enfin, le type conventionnel (C) ou organisateur.
Les femmes s’intéressent davantage aux lettres, aux sciences humaines et aux sciences culturelles et les hommes aux sciences naturelles et aux branches techniques. Selon les dimensions de Holland (1997, cité dans, Abel & Tarnai, 2000), les plus grandes différences existent au niveau des orientations pratiques/techniques (R) vers lesquelles les hommes s’orientent davantage et au niveau de l’orientation artistique/littéraire (A) et de l’orientation sociale (S), dans lesquels les femmes sont majoritaires. Dans l’orientation intellectuelle/recherche (I) et dans l’orientation conventionnelle (C), les hommes sont légèrement plus nombreux et il n’existe pas de différences pour l’orientation entreprenant (E).Les hommes qui ont des intérêts professionnels traditionnellement masculins, non personnels et réalistes, choisissent davantage des carrières traditionnelles au sexe, tandis que les hommes aux intérêts traditionnellement féminins, interpersonnels et sociaux, choisissent davantage des carrières non traditionnelles (Tokar & Jome, 1998). Chusmir (1990) a montré que des hommes, qui ont choisi des professions dominées par des femmes, présentent probablement en majorité les mêmes traits de personnalité que les femmes dans ces mêmes professions. Même lorsque les hommes obtiennent des scores moins élevés sur l’échelle des traits masculins du questionnaire de BEM (Bem, 1974), ils se sentent généralement à l’aise dans leur peau et avec leur sexualité masculine. Une théorie similaire a été élaborée par Tokar, Fischer et Subich (1998, cité dans Guichard & Huteau, 2001). Ils ont mis les professions en relation avec les traits de la personnalité et ils ont observé des corrélations modérées entre la personnalité et les aspirations professionnelles. La figure suivante montre comment se fait la sélection des préférences professionnelles (Huteau, 1982, cité dans Guichard & Huteau, 2001, p.80)