L’émergence de l’Etat régulateur

L’émergence de l’Etat régulateur

La redécouverte de l’institutionnalisation et des institutions constitue le point de départ d’une relecture du politique ; elle conduit inévitablement à une nouvelle interrogation sur le rôle du politique dans les institutions et rend plus urgent un approfondissement de la nature et de la spécificité éventuelle de la régulation politique (Commaille & Jobert , 1998 : 11-32).

L’État devient de plus en plus le siège de profondes mutations, lesquelles engendrent d’importantes réorientations des pratiques de gouvernementalité2. Certains auteurs en tirent l’idée d’un évidement de l’État (Offe, 1979 : 47), de sa fragmentation, de sa dilution et de son retrait ; ces remises en cause multiples de l’État sont de plus en plus reliées aux transformations des politiques publiques en général et à leur tournant néolibéral en particulier (Jobert, 1994). La perspective de Jobert s’applique à l’Etat en France qui est le prototype de l’Etat fort et pose la problématique du transfert de modèle dans un contexte camerounais caractérisé par l’existence d’un Etat faible. L’Etat en France est l’aboutissement d’un lent mouvement d’extension des structures et des prérogatives de l’ordre politique amorcées avec le basculement de la féodalité vers la modernité. L’Etat au Cameroun en revanche, relève d’un legs colonial. Malgré ces trajectoires nationales particulières, l’approche en termes de régulation fait sens au Cameroun du moment où il faut comprendre l’Etat au Cameroun non par rapport aux dynamiques exogènes, mais par rapport à la société dans laquelle il s’insère. Sur cette base, l’Etat au Cameroun est un Etat qui revendique avec succès le monopole de la coercition légitime, qui contrôle et domine la société.

L’État régulateur se construit sur les ruines de l’État producteur au Cameroun. En effet, les limites des formes traditionnelles d’action étatique deviennent évidentes dès la fin des années 1980 ; celles-ci ont conduit à ancrer la croyance selon laquelle le véritable rôle de l’État dans l’économie n’est pas celui d’un acteur mais qu’il lui appartient de fixer les règles du jeu et d’en assurer le respect. Dans le même temps, la tendance internationale en faveur de la dérégulation et d’un recours grandissant aux mécanismes du marché pour réaliser les objectifs du secteur public est très claire. L’enjeu étant ici celui du renouvellement de la conception du rôle de l’État : l’État est appelé à revoir en profondeur ses modes d’administration et d’organisation. Désormais, il s’agit de faire valoir le principe du moins d’État, mais mieux d’État, le principe de l’État régulateur.

Giandomenico Majone, voit dans le déclin de la propriété publique comme mode traditionnel de gouvernance, un changement de paradigme de l’État positif ou interventionniste vers l’État régulateur (Majone, 1997 : 139-167). Sous la pression des développements technologiques, idéologiques et économiques, les modes traditionnels d’intervention et de contrôle gouvernementaux ont été démantelés et ce, en faveur de nouvelles formes d’intervention publique. Il y a une évolution du rôle de l’État : de producteur de biens et de services, l’État devient régulateur et sa fonction principale est d’assurer que les acteurs économiques jouent bien le jeu selon les règles établies.

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