Les anomalies chromosomiques dans les syndromes dysmorphiques et malformatifs

La pathologie malformative est un problème de santé publique qui concerne 3% des naissances et un tiers des hospitalisations en pédiatrie. La dysmorphologie clinique est l’étude du développement humain anormal avec un intérêt particulier pour les syndromes rares s’accompagnant de malformations ou d’anomalies morphologiques [1]. De nombreuses causes sont impliquées dans les syndromes dysmorphiques, environ 20% des malformations congénitales sont génétiquement transmises par une anomalie monogénique, 5 à 10% sont dues à des anomalies chromosomiques et 2 à 10% sont dues à des causes environnementales. Dans environ 60%, la cause est inconnue et présumée multifactorielle [2]. On estime actuellement que près de 1% des nouveau-nés vivants ont une anomalie chromosomique et que près de la moitié d’entre eux ont un retentissement phénotypique. En pathologie humaine, les anomalies chromosomiques constitutionnelles sont fréquentes ; elles sont responsables d’un grand nombre d’avortements spontanés, de mort-nés, la naissance de malformations congénitales et de retard mental. De même elles jouent un rôle dans la genèse des troubles du comportement et de la reproduction. L’impact des anomalies chromosomiques sur la morbidité et la mortalité est loin d’être négligeable. Leur diagnostic a bénéficié des progrès de la génétique moderne puisque des syndromes bien individualisés cliniquement mais d’étiologie inconnue se sont avérés être des microremaniements chromosomiques [3].

Syndromes dysmorphiques et malformatifs

Généralités 

Le terme de dysmorphologie a été introduit en 1966 par l’américain David Smith pour décrire l’étude des malformations congénitales [1]. Le terme dysmorphologie ou en anglais « dysmorphology », est dérivé du terme grec « dys » (désordre) et « morph » (forme) [5]. Les malformations résultent d’un processus pathologique pendant la période embryonnaire, et ce processus pathologique peut-être intrinsèque, extrinsèque ou la combinaison des deux [6]. La pathologie malformative peut intéresser n’importe quelle partie du corps et survient dans les trois premiers mois de la vie intra-utérine [7]. La dysmorphologie connait actuellement un développement grandissant grâce à l’identification de nombreux gènes de développement impliqués dans le déterminisme de syndromes dysmorphiques. Actuellement il y a au moins 3500 syndromes distincts, bien que plusieurs nouveaux syndromes dysmorphiques soient décrits chaque année [8].

Classification des syndromes malformatifs 

Les anomalies de la morphogenèse sont regroupées en deux groupes : les anomalies dites isolées et les anomalies dites multiples.

Les anomalies isolées :
On peut distinguer   :
• Une malformation : défaut morphologique d’un organe résultant d’un processus intrinsèque anormal de développement (Agénésie, polydactylie).
• Une déformation : secondaire à l’action des forces mécaniques exogènes ou
endogènes (Pied bot).
• Une disruption : défaut morphologique d’un organe résultant d’une interruption exogène (brides amniotiques).
• Une dysplasie : organisation anormale d’un tissu (maladie d’Ehlers-Danlos).

Les malformations
Les malformations sont des anomalies du développement embryonnaire normal, elles sont classées soient en anomalies mineures ou majeures en fonction de la gravité. Le terme « malformations majeures » englobe tous les défauts structurels isolés ou combinés tels les séquences, les associations et les syndromes [2]. Les malformations majeures ont des conséquences médicales et sociales. Leur incidence apparait plus élevée dans les produits d’avortements, chez les morts nés et faible chez les nouveaux nés. Les anomalies mineures n’ont pas de conséquences médicales ou sociales, mais la présence de deux ou plusieurs anomalies mineures est un indicateur de la présence d’anomalies majeures. Le risque d’avoir une malformation majeure augmente avec le nombre de malformations mineures présentes. Il n’y a pas de distinction claire existante entre les variations normales et les anomalies mineures ou entre anomalies mineures et malformations majeures, de ce fait Holmes-Gang sépare les variations normales des malformations mineures en considérant comme normale certaines modifications qui surviennent chez 4 % de la population [6].

Les déformations
Les déformations sont habituellement réversibles en postnatal et dépendent de la durée et le degré de croissance au moment de la compression. Les déformations sont dues à des forces extrinsèques mais peuvent également entrainer un œdème qui peut exercer des forces de compression intrinsèque [6].

Les disruptions  
Les disruptions résultent d’un processus anormal qui altère la fonction normale des structures pendant et après leur formation. Un large éventail de changements morphologiques peut–être secondaire aux disruptions y compris les modifications de forme et de configuration, la fusion des parties qui ne sont pas habituellement divisées ou la perte d’une partie précédemment présente. Les causes des disruptions sont habituellement environnementales mais les causes génétiques sont aussi possibles. Ces critères de désignation de malformation, de disruption ou de déformation ont été modifiés par Spranger et Al, qui ont présenté un travail sur la nomenclature des erreurs de morphologie. Selon leur définition les malformations sont toutes d’origine génétique ; les disruptions se produisent pendant ou après l’organogenèse et les déformations sont causées seulement par des facteurs extrinsèques [6].

Les anomalies multiples
Regroupent :
– Associations : Ensemble d’anomalies concomitantes, non fortuites et sans lien [2]. Par exemple l’association VACTERL :
• V anomalies Vertébrales
• A atrésie Anale
• C anomalies Cardiaques
• T anomalies Trachéo-oesophageales
• E fistule oesophageale
• R atrésie Rénale
• L anomalies des Membres (Limb defect)
– Séquences : anomalie primitive associée à des anomalies structurales secondaires. Par exemple la séquence de Pierre Robin (Micrognathie, Glossoptose, Fente palatine) qui est l’anomalie primitive de la mandibule.
– syndrome : Ensemble de malformations primitives liées à une étiologie commune. Par exemple : Le syndrome de Patau (la trisomie13) .

Table des matières

INTRODUCTION
PATIENTS ET MÉTHODES
I. Objectifs de l’étude
II. Type d’étude
III. Critères d’inclusion
IV. Critères d’exclusion
V. Recueil des données
VI. Considérations éthiques
RÉSULTATS
I. Fréquence des anomalies chromosomiques
II. Age
III. le sexe
IV. Fréquence selon l’âge maternel
V. Les données généalogiques
VI. Fréquence selon le motif de consultation
VII. Les principaux signes cliniques retrouvés
1. Examen dysmorphologique
2. Développement psychomoteur
VIII. Fréquence des malformations associées
DISCUSSION
I. Syndromes dysmorphiques et malformatifs
1. Généralités
2. Classification des syndromes malformatifs
3. Etiopathogénie des syndromes dysmorphiques et malformatifs
4. Diagnostic des syndromes dysmorphiques et malformatifs
II. Les anomalies chromosomiques
1. Epidémiologie
2. Etude des chromosomes
3. Les types d’anomalies chromosomiques
4. Conseil génétique
5. Diagnostic prénatal
III. Discussion des résultats de l’étude
1. La fréquence des anomalies chromosomiques
2. L’anomalie chromosomique et âge maternel
3. Selon les données généalogiques
4. Selon la tranche d’âge
5. Selon le sexe
6. Selon le développement psychomoteur
7. Selon les malformations associées
CONCLUSION 

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