Les arbres dans les systèmes agraires en zone sahélienne

Les arbres dans les systèmes agraires en zone sahélienne du Niger: mode de gestion, atouts et contraintes

Résumé

Au Sahel, l’arbre fait partie intégrante du système de production. La présente étude s’est penchée sur son mode de gestion, ses atouts et ses contraintes. Une enquête a été conduite dans 7 terroirs villageois de la partie sud-ouest du Niger suivant un gradient d’aridité sud-nord afin de comprendre le comportement des populations dans la gestion des arbres. L’objectif était d’analyser les systèmes, les modes de gestion de l’arbre, les bénéfices tirés et certaines contraintes. Les résultats montrent que les populations de la zone aride gèrent et préservent mieux les arbres dans leurs champs. La jachère est pratiquée par 87,91% des producteurs et la durée moyenne est de 4,4 ans. Le défrichement est pratiqué à plus de 98,9% et les pieds des arbres épargnés par champ, varient entre 8 dans la zone semi-aride et une vingtaine dans la zone aride. Les arbres sont utilisés pour la délimitation des champs, l’amélioration de la fertilité des sols, la pharmacopée traditionnelle et, la fourniture d’énergie, de bois d’œuvre et de service. Les habitudes socio-culturelles des populations constituent la principale contrainte de la gestion des arbres. Un effort de sensibilisation et de vulgarisation des nouvelles techniques de gestion de l’arbre doit être consenti surtout dans la zone semiaride.

Introduction

Dans les systèmes agraires du Sahel occidental nigérien, les arbres ont une importance capitale pour les populations. Ils leur procurent divers bénéfices: aliments, médicaments traditionnels, fourrage, bois de feu, bois d’œuvre et de service, etc. Au-delà de ce rôle pour le bien-être de la population, les arbres sont reconnus pour leur rôle fondamental dans le maintien de l’équilibre des écosystèmes. Plusieurs travaux scientifiques ont montré l’importance de l’arbre dans l’amélioration de la fertilité des sols et l’augmentation de la production des céréales (5). Traditionnellement, les populations sahéliennes gèrent les arbres dans les champs pour s’assurer que ces derniers sont préservés afin qu’ils continuent à jouer pleinement leurs rôles. L’entretien de la régénération naturelle, la plantation des arbres, la mise en jachère des parcelles, l’élagage et l’émondage sont les principales pratiques de gestion rencontrées sur le terrain. Les utilisateurs ont des conceptions différentes vis-à-vis de la préservation des arbres dans l’environnement sahélien. Ce problème sociologique et de comportement est partagé par les nomades et les sédentaires au Niger. Sur les plans sociologique et d’utilisation diverses, Bernus (1) se demande si le nomade est bien réellement ce destructeur de forêts, propagateur du désert, opposé au sédentaire attaché à son terroir, créateur d’une stratégie délibérée de mise en valeur.

Gestion des arbres dans les systèmes agraires

D’une manière générale, les données de l’enquête révèlent la prédominance des producteurs ne pratiquant pas la plantation des arbres (52,27%). En rapport avec les zones bioclimatiques, l’idée de plantation est légèrement plus accentuée dans la zone aride: 54,2% des producteurs interrogés plantent des arbres dans leurs champs alors que dans la zone semi-aride, ils constituent 48,7%. Sur l’ensemble des sites étudiés; 87,91% des chefs de ménages interrogés affirment pratiquer la jachère. Sa durée varie de 6 ans dans la zone semi-aride à 3 ans dans la zone aride. La moyenne générale, toutes zones bioclimatiques confondues, est de 4 ans. Cette moyenne décroît de la zone semi-aride vers la zone aride. Cette variabilité de la durée de la jachère est plus accentuée entre et au sein des sites d’une même zone bioclimatique. D’une manière générale, la même tendance est observée dans chaque zone bioclimatique (Figures 1a et 1b). Le défrichement est effectué par la quasi-totalité des producteurs interrogés: 98,9% déclarent pratiquer le défrichement lors de la préparation des champs. Cependant, les producteurs épargnent des arbres pour des raisons diverses dont, entre autres, la production d’ombrage, le prélèvement de bois de feu et de service en cas de besoin, et d’autres usages.

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