Les aspects épidémiologiques clinique et évolutifs de 139 cas d’oedèmes aigus du visage

Les aspects épidémiologiques clinique et évolutifs de 139 cas d’oedèmes aigus du visage

Représentativité 

Durant une période de 13 mois, nous avons colligé 139 cas d’œdème aigu localisé ou diffus du visage, dans les Services de dermatologie HALD et de l’IHS, à Dakar. Les limites de notre travail étaient la non réalisation systématique des tests allergologiques pour tous les cas de suspicion de dermatite atopique, de dermatite de contact ou d’angioedème et le nombre important de malades perdus de vue au cours de notre étude. Notre étude nous a permis de noter une fréquence hospitalière de 1,93% à l’HALD, 1,51% à l’IHS avec une nette prédominance des causes immunoallergiques représentant 84,7% des cas, suivies des causes infectieuses (12,94%), et des maladies systémiques à type de dermatomyosite (2,87%). Parmi les causes immuno-allergiques, l’eczéma de contact était la plus fréquente (24.49%), suivie de la dermatite atopique (20,4%), des dermites irritatives (17,26%), des angioedèmes (11,51%), des toxidermies à type de DRESS syndrome (2,87%) et de PEAG (2,15%). Les causes infectieuses étaient représentées par le zona (10,79%) et l’herpès (2,15%).

 Les aspects épidémiologiques

 La prévalence hospitalière globale au niveau des 2 structures de l’œdème aigu du visage durant les 13 mois était de 3,44%. Peu d’études dans la littérature ont été centrées sur cette symptomatologie topographique, ce qui rend la comparaison et l’estimation de notre prévalence hospitalière difficile. La prédominance des affections immuno-allergiques à type d’eczéma de contact, de dermatite atopique, de dermite caustique a été notée. Ceci peut être expliqué par la recrudescence des maladies immuno-allergiques due à l’industrialisation massive ou le changement de mode vie .Ces facteurs 31 environnementaux jouent un rôle majeur dans la physiopathologie même si cela n’est pas encore clairement identifié [15]. Une étude réalisée sur le profil des dermatoses immuno-allergiques au service de dermatologie du CNHU-C au Bénin sur 2 437 dossiers avait trouvé une augmentation de la fréquence des dermatoses immuno-allergiques qui est passé de 37,1 % en 2000 a` 45,2 % en 2009[16]. Des études réalisées en Europe avaient observé, depuis quelques années, un plateau de prévalence de 10 à 20% des dermatoses immuno-allergiques dans les pays industrialisés avec un maximum de 20% atteint en Europe du Nord. Ceci suggère que les facteurs environnementaux exercent, dans ces pays, une « pression » maximale sur les facteurs génétiques [17,18]. Au Sénégal, la fréquence de l’eczéma de contact et de la dermatite atopique est aussi aggravée par l’insuffisance des allergologues et l’inaccessibilité des explorations allergologiques [19]. L’eczéma aigu du visage avec œdème a représenté 49,64 % des cas. Pour l’étude de Niang et al, l’eczéma du visage a été noté dans 53,1% des cas [20]. Les deux études de Warshaw et Zouhair, faites respectivement sur 10061 et 340 cas, avaient montré une localisation de DCC au visage dans 42% des cas [21]. Au cours de l’eczéma, l’œdème du visage est dû à l’inflammation cutanée secondaire à l’activation des lymphocytes T (LT) spécifiques d’allergène au niveau du derme et de l’épiderme [15]. Les angioedèmes présentaient 0.19% des consultations globales dans notre période d’étude, ceci montre qu’il s’agit d’une pathologie peu fréquente comme ce qui est rapporté dans la littérature. Selon Ghorbel et al, la prévalence de l’AO a été estimée à 0,28% [4]. Dans les études d’Hacard et al [22] et Faisant et al. [23], l’incidence de l’AO dans la population générale a été estimée à 0,05%. En fait, le nombre réel de cas pourrait bien être plus élevé puisque certains malades ne consultaient pas à cause du caractère spontanément régressif de l’AO. Dans les OA, la cellule clé est le mastocyte, dont l’activation a pour conséquence un relargage brutal d’histamine, puis de leucotriènes, de prostaglandines, et enfin de cytokines et 32 de chimiokines, responsables d’une activation excessive des vaisseaux entraînant une vasodilatation et un œdème cliniquement visible. Le plus souvent, les mastocytes sont activés par différents facteurs non immunologiques, alimentaires, médicamenteux, psychologiques, physiques et environnementaux [4]. La dermatomyosite était la seule connectivite dans notre série avec une fréquence de 2,87% des cas. L’œdème périorbitaire constitue un signe classique de la dermatomyosite aigue, il est souvent la circonstance de découverte comme l’a démontré Diatta dans 1,56% des 76 cas de dermatomyosite à Dakar [24]. L’OAV dans les dermatomyosites est inflammatoire, dû à une microangiopathie médiée par le complément et le complexe d’attaque membranaire provoquant des phénomènes ischémiques, eux-mêmes à l’origine de la réaction inflammatoire observée. Cette réaction, impliquant des lymphocytes T, est induite et entretenue par les cellules dendritiques plasmacytoïdes matures. Ces cellules présentatrices de l’antigène se retrouvent à des concentrations élevées dans l’infiltrat inflammatoire périvasculaire . Le zona et l’herpès ont été les seules pathologies infectieuses responsables d’OAV dans notre série dans, respectivement, 10,8% (dont 7,19% de localisation ophtalmique) et 2,15% des cas. Boucheta et al [7] et Mahdi et al [13] avaient montré, dans leurs études, que le zona ophtalmique représentait 10 à 25 % des éruptions zostériennes. Nos malades étaient d’âge mur puisque notre moyenne d’âge était de 37,22 ans, et le maximum de nos malades avait entre 20 et 40 ans. Pour les maladies immuno-allergiques, la moyenne d’âge était de 33,7 ans représentant la tranche d’âge la plus jeune dans notre série du fait de la présence des dermatites atopiques spécifiques de l’enfant et du sujet jeune, suivies des causes infectieuses avec 47,3 ans comme moyenne d’âge. Pour la dermatomyosite, la moyenne d’âge était de 55,5ans avec une tranche d’âge de 36 à 65 ans la plus dominante. 

Les aspects cliniques

Le délai de consultation était court pour les causes infectieuses (2 jours) ce qui pourrait être expliqué par la présence des douleurs au cours du zona et de l’herpès. Pour les causes immuno-allergiques, le délai de consultation était moyen (3 jours), ceci pourrait être lié à la gêne, l’anxiété du patient et le prurit insupportable au cours des eczémas aigus. Par contre, ce délai était plus long dans les cas de dermatomyosite (20jours) du fait de l’absence des signes fonctionnels associés à l’œdème du visage ce qui retarde la consultation. Le prurit était le signe fonctionnel le plus fréquent dans 57% des cas, notamment d’origine immuno-allergique (les eczémas aigus et les angioedèmes).Il peut s’expliquer par la libération d’histamine et des cytokines dans les cas des angioedèmes [32].et par l’inflammation du derme superficiel ou de l’épiderme dans les cas d’eczéma [33] L’œdème aigu de visage était diffus dans la moitié des cas (52,2 % des cas). Pour les maladies immuno-allergiques, le caractère diffus était noté dans 1/3 des cas d’eczéma et localisé dans environ 2/3 des cas surtout au niveau des joues et des paupières avec 27,3% des localisations .Ceci peut être expliqué par l’utilisation des femmes de produits cosmétiques à type de crème, de maquillage (fard à joues, crayon pour les yeux). Dans de nombreuses études, cette localisation était élective [12, 20,21]. L’angioedème était localisé dans 37,5% des cas surtout au niveau des paupières et des lèvres, selon l’étude de Ghorbel et al sur les angioedèmes. Selon Javaud et al, la topographie la plus fréquente était les lèvres [4,34]. Un œdème laryngé peut compliquer une atteinte de la face ou de la langue dans 30% des cas si 35 celle-ci n’est pas traitée [4]. Dans les dermatomyosites, l’OAV était localisé dans ¾ des cas, lié au caractère périorbitaire de l’œdème au cours des dermatomyosites qui est un signe classique de la maladie [35,36]. Pour le zona et l’herpès l’œdème était localisé dans tous les cas. Parmi les 15 cas de zona, la localisation ophtalmique était notée dans 10 cas. D’ailleurs le zona ophtalmique représente 10 à 25 % des éruptions zostériennes [26]. La présence de lésions extra-faciales à type d’œdème, d’urticaire, de lésions érythémato-vésiculeuses, de lésions vésiculo-pustuleuses étaient un des éléments d’orientation dans plusieurs cas. 

Table des matières

INTRODUCTION
NOTRE ETUDE
Méthodologie
1-Type et période d’étude
2-Cadre d’étude
3-Critères d’inclusion
4-Critères de non inclusion
5-Déroulement pratique de l’étude
6-Ethique
7-Saisie et analyse des données
RESULTATS
1-Etude descriptive
1-1-Les aspects épidémiologiques
1-1-1-Répartition des cas en fonction du lieu de recrutement
1-1-2-Répartition des cas en fonction des groupes nosologiques
1-1-3-Répartition des cas selon le sexe
1-1-4-Répartition des cas en fonction de l’âge
1-1-5-Répartition des cas selon la profession
1-1-6- Répartition des cas selon la situation matrimoniale
1-1-7- Répartition des cas selon les antécédents, le terrain et le mode de vie
1-1-8- Répartition des cas selon le délai de consultation
1-2-Les caractéristiques cliniques de l’œdème
1-2-1-Les signes fonctionnels
1-2-2- Les lésions élémentaires associées à l’œdème
1-2-3-La distribution de l’œdème du visage
1-2-4- Les signes associés à l’œdème du visage
1-3-Les examens paracliniques
1-4- Les aspects thérapeutiques
1-5-Les aspects évolutifs
DISCUSSION
2-Les aspects cliniques
3- Les aspects étiologiques
4- Les aspects évolutifs
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES
ANNEXES

 

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