Les aspects théoriques et conceptuels relatifs à la contagion des crises financières

Dans un contexte de mondialisation où tous les pays entretiennent des relations économiques et accèdent à une certaine ouverture pour opérer à de diverses échanges, la globalisation financière (Brender et Pisani, 2010) ne manque pas de jouer un rôle dans l’interdépendance des marchés financiers au niveau international. Toutefois, cette interconnexion implique certains enjeux d’ordre économique. L’existence de crises affecte les économies mondiales, les crises bouleversent les structures économiques de façon à plonger l’économie dans une situation morose. Les crises financières ont débuté vers les années ‘20, le système financier international a été victime d’un nombre considérable de crises, les unes plus intenses que les autres. Certains pays ont été victimes des crises qui se sont propagées dans le monde. Depuis, des économies se sont confrontées à des crises financières résultant notamment des attaques spéculatives violentes sur certaines monnaies et des fluctuations considérables des cours sur les marchés dérivés (matières premières). Depuis l’effondrement du système de Bretton Woods, la fréquence des crises financières s’est notablement accrue. On peut constater également l’évolution de la nature de ces crises par leur ampleur, leur mode de contagion et leur vitesse de propagation. En 1992, on peut citer la crise du Système Monétaire Européen ; en 1994, la crise a d’abord frappé la Thaïlande puis s’est diffusée sur d’autres pays asiatiques dont la Malaisie, la Corée du Sud, l’Indonésie et les Philippines; en 1998, la crise financière qui a frappé la Russie a affecté les marchés financiers de l’Amérique Latine (Boyer et al, 2004, p33-34). Ces crises se sont intensifiées jusqu’à en provoquer la plus pire : « Le monde traverse la pire crise financière et économique qu’il ait connue depuis la grande dépression. Cette crise, en évolution constante et qui a débuté sur les principales places financières du globe, s’est propagée à toute l’économie mondiale et elle a de graves incidences dans les sphères sociale, politique et économique » (Nations Unies, 2009, p2). La plus récente est celle des crédits « subprimes » aux Etats Unis en 2007, qui fut d’une sévérité accablante, la crise des crédits immobiliers connue par l’économie américaine fut la plus coriace depuis celle des années 1930, elle a engendrée des perturbations dans les différents pays du monde (Matei, 2010). Ces transmissions de crises ont poussé les économistes à étudier ces phénomènes pour mieux les signaler et ainsi mettre en place des stratégies de prévention.

La rapidité de la propagation des turbulences financières d’un pays à l’autre, a fait renaître le débat sur la nature des crises financières de ces dernières années par rapport aux crises antérieures. Le résultat a été un profond travail de réflexion sur la question aussi bien par les autorités et institutions financières nationales et internationales que par les milieux académiques. Dans cette partie nous allons d’abord entamé avec quelques notions et concept nécessaire à la compréhension de notre étude, puis on exposera une revue de littérature sur le lien entre finance et croissance, enfin nous allons parler de la contagion, de ses théories et des canaux de transmission des crises.

Notion et concept relatif au secteur financier

La globalisation du secteur financier

Le système financier : définition et fonctions
Le système financier tient un rôle important dans la mobilisation des fonds vers les investissements des activités économiques. En d’autres termes, en fournissant un système de financement pour les acteurs économiques, il rend possible les transactions financières. Le système financier est le résultat d’un déséquilibre entre les agents économiques, ceux qui disposent plus de ressources mais qui en dépensent moins et ceux qui en disposent moins mais veulent consommer davantage que ce qu’ils détiennent.

Définition
Le un système financier consiste en des unités institutionnelles et de marchés qui interagissent, typiquement d’une manière complexe, dont le but de mobiliser des fonds vers les investissements, et fournir des facilités dont les systèmes de paiement, pour le financement des activités commerciales. (FMI, 2010).

Mishkin (2001) affirme dans son article : « A financial system performs the essential function of channeling funds to those individuals or firms that have productive intevestment opportunities ». Ainsi, les systèmes financiers, dont l’existence est justifiée par la nécessité d’optimiser l’organisation des transactions financières entre les épargnants et les autres agents qui ont besoin de financement, ont pour rôle principal de diriger l’épargne disponible vers les investissements ayant la plus forte rentabilité économique.

L’épargne constitue les excès d’argent non actuellement consommé par les agents économiques et qui sont mis de côté pour une consommation futur. L’épargne affecte la croissance économique dans la mesure où elle est utilisée pour financer les activités économiques. Selon Anton Brender (2004) : « Epargne sans financement affaiblit la croissance ». La réaffectation de l’épargne dans le circuit économique, permet l’enrichissement de l’économie et l’amélioration du bien-être des individus. « Plus notre système financier est efficace et plus un franc épargné permettra de connaître, sur le long terme, une croissance élevée » affirme l’auteur.

Stiglitz et Walsh (2004, p568) dans “Principes D’économie Moderne” affirme que le système financier compte sur toutes les institutions ayant pour rôle essentiel de mobiliser l’épargne des ménages et des entreprises dont les revenus sont supérieurs aux dépenses pour la transférer ensuite vers les ménages et les entreprises à capacités d’autofinancement insuffisantes.

De manière assez simple, un système financier peut être défini comme l’ensemble d’agents et de mécanismes assurant la conciliation des besoins et les capacités de financement.

Fonctions du système financier
Les institutions financières diffèrent généralement d’un pays à l’autre, pour un grand nombre de raisons, notamment la taille et la complexité des économies. Elles changent également au fil du temps. Le rôle des institutions financières dans le système est principalement l’intermédiation entre ceux qui disposent des fonds et ceux qui en ont besoins, et de manière secondaire la transformation et la gestion des risques (FMI, 2010).

La libéralisation financière et l’intégration financière
L’intégration financière
La mondialisation financière et l’intégration financière sont en principe deux concepts différents. La mondialisation financière est un concept global qui fait référence à l’interconnexion croissante du monde qu’opèrent les flux financiers internationaux (Knight, 1999). L’intégration financière fait référence aux liens d’un pays donné avec les marchés de capitaux internationaux. Il est clair que ces concepts sont étroitement apparentés (Prasad et al, 2003).

On parle d’intégration pour un marché financier, quand les activités sur ce dernier exercées par les investisseurs et l’ensemble des opérateurs, sont soumis à un ensemble cohérent et uniforme de règles régissant les échanges ; ont un accès non différenciés a l’ensemble d’instruments et services financiers et ; bénéficient d’un traitement équitable quand ils décident d’intervenir sur le marché (Bael et al, 2004).

Elle fait référence aux liens individuels des pays avec les marchés internationaux de capitaux. Elle se distingue de la globalisation financière qui fait référence à l’augmentation des liaisons entre les pays à travers l’échange des flux financiers (Prasad et al, 2003).

La globalisation financière est le degré d’intégration financière de chaque pays (Boyer et al, 2004). De toute évidence, plus le degré d’intégration financière est élevé moins il existe de barrière à l’entrée susceptible de réduire l’accès des concurrents éventuels au marché et d’empêcher l’exercice de la concurrence (OCDE, 2009). Elle se distingue également de la libéralisation financière qui désigne un processus de désintégration des règles ou des formes de contrôle, tant quantitatives que qualitatives, imposées par l’Etat sur les structures institutionnelles, les instruments et les activités des agents sur le secteur financier, au niveau national comme au à l’échelle mondiale (Boyer et al., 2004).

La libéralisation financière
Il est difficile de dater l’émergence de la libéralisation financière, mais il est généralement admis qu’elle est apparue d’abord aux Etats-Unis durant les années 70. Cependant, sa définition reste complexe et diffère avec le temps et les économies. De même pour son déclenchement, il peut être dicté par le marché ou par les institutions financières internationales.

Elle consiste à démonter le contrôle réglementaire sur les structures institutionnelles, les instruments et les activités des agents dans les différents segments du secteur financier (Ghosh, 2005). Selon McKinnon et Shaw (1973) : « La libéralisation financière est la solution idéale pour sortir du régime de gestion financière centralisée et le moyen simple et efficace pour accélérer le rythme de la croissance économique dans les pays en voie de développement ». D’après Chatelain et De Bandt (1997, p397) : « C’est la politique qui conduit à l’accroissement de l’épargne et à l’utilisation optimale des ressources financières disponibles pour l’investissement ». Selon Ucer (2000, p1) : « C’est un processus qui comporte un ensemble des procédures qui s’appliquent à la suppression des restrictions imposées sur le secteur financier et bancaire des pays en voie de développement, tels que ; la libéralisation des taux d’intérêt bancaires et la suppression des restrictions imposées aux opérations liées au compte de capital. L’objectif de ce processus est de réformer le secteur financier interne et externe de l’État » .

La libéralisation financière s’est rapidement propagée dans le monde et son rôle consiste à participer au développement financier qui, à son tour, participe au développement de l’économie. Elle conduit à des entrées de capitaux, augmente l’investissement et la croissance, et développe le marché financier national (Papaionnou, 2009). Toutefois, de nombreuses critiques ont été formulées à son égard. Ainsi, les crises bancaires sont plus susceptibles de se produire dans les systèmes financiers libéralisés à faibles supervision bancaire (Demirgüç-Kunt et Detragiache, 1998) puisque la libéralisation fiancière précède les crises bancaires de cinq années et parfois moins (Kaminsky et Reinhart, 1999).

Table des matières

INTRODUCTION
Partie I : Les aspects théoriques et conceptuels relatifs à la contagion des crises financières
Chapitre I : Notion et concept relatif au secteur financier
Section I : La globalisation du secteur financier
Section II : Les phénomènes de déséquilibres liés au système financier
Chapitre II : Revue de littérature sur la relation entre finance et croissance
Section I : Les partisans de la relation positive entre finance et croissance
Section II : Les effets controversés de la libéralisation financière sur la sphère réelle
Chapitre III : Contagion des crises financières
Section I : Les liens entre pays, source de transmission des crises
Section II : Contagion et propagation des chocs financiers
Partie II : Etude empirique du phénomène de contagion : cas de Madagascar
Chapitre I : Le secteur financier malgache
Section I : Etat du système financier malgache
Section II : L’évolution du secteur financier malgache
Chapitre II : Test économétrique de la vulnérabilité de l’économie malgache face à la crise mondiale
Section I : Outils empiriques pour traiter la vulnérabilité à la contagion des crises
Section II : Tests économétriques du modèle
Chapitre III : Analyse de la vulnérabilité de l’économie malgache face aux chocs financiers internationaux
Section I : La quasi-invulnérabilité de Madagascar face aux phénomènes de contagions
Section II : Retour par rapport aux études déjà existantes
CONCLUSION

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