LES CONCEPTS D’APPROPRIATION ET DE DEVELOPPEMENT LOCAL

LES CONCEPTS D’APPROPRIATION ET DE DEVELOPPEMENT LOCAL

Le lien entre le développement local et une véritable appropriation des stratégies de développement est évident mais revêt certaines dimensions à travers des projets qui contribuent au développement socio-économique des bénéficiaires et des communautés concernées. Ces dimensions ne peuvent être appréhendées correctement sans les précisions concernant le contexte caractérisant les projets de développement.

Notions sur les Programmes et Projets de développement

L’économie du développement a fait son apparition comme nouvelle branche de la science économique dans les années 1950. De nombreux pays en Afrique et en Asie ont accédé à l’indépendance d’où l’émergence du Tiers-monde ce qui explique l’intérêt pour l’étude des économies en développement. Dans cette perspective, les institutions internationales ont tenu des rôles dominants dans la définition des différents plans pour la réduction de la pauvreté. 

Politique et programme de développement 

Les stratégies de développement ne sont pas seulement définies par les grandes institutions internationales mais nécessitent la participation des pays respectifs. Pour ce faire, les politiques nationales sont constatées dans un document officiel du gouvernement. Il précise les orientations politiques et stratégiques, dans le cadre de développement, susceptibles de concerner toutes les interventions relatives aux différents secteurs clés du pays. Concernant Madagascar, il s’agit du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté ou DSRP. Partant de ce document, la formulation des programmes détermine la coordination des interventions des différents partenaires nationaux et internationaux afin d’obtenir une synergie des actions de développement régionales ou nationales. Selon le PNUD (1997) « L’approche programme est un processus qui permet aux gouvernements d’articuler les priorités nationales et de réaliser les objectifs de 7 développement humain durable dans un cadre cohérent et participatif. L’approche programme est bien plus qu’un simple moyen de réunir des projets exécutés en un lieu donné dans un « programme », c’est une approche logique qui intègre les processus de planification et de gestion de tout effort de développement national, aux niveaux macro-économique, mésoéconomique et micro-économique » 

Projet de développement

Le principal objectif de l’économie de développement s’avère être le développement humain. Toutefois, le développement renvoie à des changements économiques, sociaux, politiques et culturels. Les projets sont élaborés pour répondre aux besoins précis des communautés. Ils sont délimités dans un temps défini à l’avance et visent le court et le moyen terme. Un projet de développement est constitué par la synergie entre la population, les agents d’exécution du projet, les agences d’aide et les dirigeants du pays. Les projets visent l’amélioration de tous les secteurs économiques et sociaux. Par conséquent, ils sont intégrés aux réalités des pays concernés. Toutefois, les initiateurs priorisent la participation de la population à l’identification et à l’élaboration des projets de développement afin que la population devienne un élément actif et non seulement bénéficier de l’existence des projets. 

Contexte général des projets de développement ruraux à Madagascar

Les politiques du Gouvernement Malagasy concernant le développement rural sont définies dans le DSRP en 2003, document qui a été élaboré afin de permettre à Madagascar de bénéficier de l’IPPTE ou l’Initiative pour les Pays Pauvres Très Endettés. Ces politiques nationales et orientations du Gouvernement se traduisent en trois axes stratégiques d’intervention à travers lesquels les programmes opérationnels interviennent sur les principales dimensions de la pauvreté. La mise en œuvre des programmes du développement rural s’inscrit dans le cadre de l’axe stratégique n°2 du DSRP : 2 PNUD, Guide pour la mise en œuvre de l’approche-programme, mai 1997 3 Source : Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté – DSRP 8 – axe stratégique n°1 : restaurer un Etat de droit et une société bien gouvernancée ; – axe stratégique n°2 : susciter et promouvoir une croissance économique à base sociale très élargie ; – axe stratégique n°3 : susciter et promouvoir des systèmes de sécurisation humaine et matérielle et de protection sociale élargis Le schéma suivant résume la présentation du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté.En référence au DSRP, un processus permettant l’élaboration d’un cadre de conception, de définition et d’orientation des stratégies de développement rural à Madagascar a été retenu, c’est le « Plan d’Action pour le Développement Rural » ou PADR. Un « Plan d’Action » détermine la façon dont on s’organise pour atteindre les objectifs définis dans une politique. Ainsi le PADR précise cinq orientations requises de toutes les actions relatives au développement rural à Madagascar4 . L’approche adoptée pour le développement rural à Madagascar est effectuée au travers des projets conçus et menés par les Ministères centraux. Dans ces conditions le Gouvernement a concrétisé sa politique par la promulgation de décret n°99-022 du 20 janvier 1999 afin de définir le cadre organisationnel du PADR. Le PSDR découle de l’orientation n°2 de ces actions du PADR. La relation entre le DSRP, le PADR et le PSDR peut être décrit dans le schéma suivant.

Appropriation des projets de développement

 On constate aujourd’hui que les notions d’appropriation, de développement durable sont au cœur des stratégies de développement local, régional et national. De surcroit, les agences d’exécution cherchent toujours la meilleure façon d’élaborer et d’exécuter les programmes et projets de développement. 

Précisions concernant l’appropriation 

 De nouvelles approches qui se fondent sur les microréalisations sont actuellement optées afin que le processus d’appropriation puisse être effectif pour les bénéficiaires. Afin de comprendre cette démarche, nous avons retenu quelques réflexions du concept d’appropriation du point de vue des bailleurs. Pour la Banque mondiale : « L’expérience lui a appris que la réussite des programmes de développement est liée à un sens profond d’appropriation des actions de développement par le pays emprunteur tout entier. Lorsqu’une telle appropriation existe, l’ensemble des acteurs nationaux s’engage entièrement dans la conception et l’exécution des programmes, une dynamique qui améliore grandement les chances de succès» 5 . Selon l’Union Européenne : «L’appropriation d’un projet est la mesure dans laquelle les groupes cibles et bénéficiaires du projet ou programme participent à sa conception et sont impliqués. Le projet obtient alors leur appui et est viable une fois le financement terminé» 6 . D’après l’Organisation des Nations Unies (ONU) : « Il s’agit de passer, pour les donateurs, d’une attitude paternaliste à une véritable collaboration et d’accepter que les compétences extérieures viennent en complément et non en remplacement des compétences locales ». 7 Ces différents extraits ne donnent pas une définition précise de l’appropriation mais ils tentent plutôt de présenter ce qui se passe quand il y a appropriation des actions de développement par les bénéficiaires. Considérant ces réflexions, l’appropriation est vue comme une démarche des bénéficiaires, de la population locale qui cherchent à maîtriser les changements dans lesquels ils se sont engagés en vue de continuer et pérenniser les actions appuyées par les bailleurs. En d’autres termes, la notion d’appropriation conduit la population au niveau des communautés de base à être le maître de leur destin. Pour telle raison, l’appropriation devrait être le principal objectif de tous les programmes et projets de développement. On peut constater que le fonctionnement des actions de développement est assuré quand l’encadrement est effectué, le financement offert et l’évaluation conduite. Toutefois, en dehors de cet environnement contrôlé, le risque que les actions de développement ne puissent subsister est important. L’appropriation incite l’engagement de la population cible en réalisant qu’elle est la première concernée par les actions de développement. La population doit être capable de déterminer ses besoins et ses objectifs afin de gérer les ressources à leurs dispositions et se défaire progressivement de l’assistance extérieure. De ce fait, l’appropriation est une approche du développement qui favorise la capacité des paysans à décider des choix qui peuvent être effectués à leur niveau. Un groupement qui s’est approprié les initiatives de développement est capable d’analyser une situation afin de négocier et décider ensemble la réalisation des orientations pour le développement. Alors l’appropriation se traduit par la participation des bénéficiaires qui évoluent vers la responsabilisation et la prise en charge de leur développement. Généralement, les méthodes appliquées pour les actions de développement dans les projets sont complexes car étant élaborées par des experts et parfois reproduites d’un pays à l’autre ou d’un projet à un autre. L’appropriation dépend particulièrement de la disposition des paysans bénéficiaires à prendre ou non les initiatives conduites par les projets. La complexité des méthodes appliquées se heurtent parfois au faible niveau d’instruction de la population, surtout rurale qui est le premier bénéficiaire du développement. Toutefois, les deux entités ne sont pas nécessairement en opposition. Il s’agit plutôt d’un manque de compréhension entre les bénéficiaires qui veulent obtenir les financements et les bailleurs qui veulent mener au lieu d’accompagner. Ainsi, force est d’admettre que les initiateurs des projets de développement sont obligés de trouver des solutions pour faire face à cette réalité. Par ailleurs, les difficultés à l’appropriation des projets de développement résident essentiellement dans la limite de participation des bénéficiaires et l’intervention inappropriée de l’Etat. Une stratégie d’appropriation doit alors instaurer un dialogue entre tous les acteurs 14 impliqués dans les actions de développement qui sont les dirigeants, les techniciens et la population.

Les conditions essentielles pour une véritable appropriation

Comme l’appropriation se traduit par la prise en charge de la population locale de leur développement, des conditions essentielles sont à considérer pour favoriser une appropriation effective des initiatives de développement apportées par les intervenants externes. L’appropriation est une démarche complexe qui s’opère à plusieurs niveaux : (i) organisationnel car l’appropriation des actions de développement doit, en premier lieu, inclure l’intégration d’un groupe cible et par la suite de toute la communauté de base, (ii) instrumental parce que des nouvelles techniques devraient être adoptées, (iii) conceptuel car il s’agit de la représentation de nouveaux principes pour orienter les actions de développement. Par conséquent, l’appropriation s’effectue pendant toute la durée de l’initiative et non pas seulement vers la fin de l’appui au développement

Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I : CADRE CONCEPTUEL
Chapitre 1 : Les concepts d’appropriation et de développement local
Chapitre 2 : Les critères d’appréciation de l’appropriation
Chapitre 3 : L’approche du Projet de Soutien au Développement Rural – PSDR
PARTIE II : ETUDE DE CAS : COMMUNE RURALE ANKADINONDRY SAKAY
Méthodologie
Chapitre 1 : Présentation de la Commune Ankadinondry Sakay
Chapitre 2 : Description des sous-projets, objet de l’analyse
Chapitre 3 : Analyse des aspects de l’appropriation des appuis du PSDR
Chapitre 4 : Recommandations relatives à l’appropriation des sous-projets
CONCLUSION GENERALE
Références bibliographiques
Annexes

projet fin d'etude

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