Les crises de change

Les crises de change

Les années 1990 ont été marquées par une succession de crises de change d’une grande violence dans les économies en voie de développement récemment intégrées à la finance internationale. Au Mexique, en 1994, puis, en 1997, en Thaïlande, en Malaisie, en Indonésie, aux Philippines et en Corée, au Brésil en 1999 et en Argentine en 2001, les marchés des changes ont été pris de panique et le cours des monnaies nationales a brusquement chuté, les capitaux financiers ont inversé leur mouvement et fuit ces économies dans lesquelles, peu avant, ils affluaient encore en masse, l’activité économique s’est effondrée. Les économies les plus gravement touchées ont vu un grand nombre de leurs entreprises faire faillite et leur système bancaire s’écrouler.Les développements théoriques de la littérature relative aux crises de change conduisent à distinguer trois types de modèles. Les modèles théoriques de première génération se sont développés en réponse aux crises de change ayant touché les pays d’Amérique latine au début des années quatre-vingt. Ils tentent, en règle générale, de repérer les situations de déséquilibres macroéconomiques qui rendent inévitable l’abandon de l’objectif de change fixe par les autorités monétaires. Partant de ces modèles, de nombreuses approches empiriques se sont développées, validant l’influence des fondamentaux dans le déclenchement des crises de change.Dans les modèles de deuxième génération, l’évolution des fondamentaux peut être cohérente avec le régime de change, mais la parité peut être abandonnée car les autorités se basent, rationnellement, sur d’autres variables que les seules réserves de change. Les agents privés auront alors tendance à intégrer dans leurs anticipations le fait que la politique des autorités n’est pas linéaire, mais qu’elle répond à la conjoncture économique au sens large. Dans ce cadre, c’est la soudaine dégradation des anticipations du marché qui provoque la crise, validant ainsi les anticipations des agents.Les crises de troisième génération apparaissent avec la crise asiatique de 1997. Ces modèles combinent des séquences de crises déjà spécifiées dans les deux générations précédentes. Cette inflexion touche la nature des chocs ou des déséquilibres susceptibles d’enclencher une attaque spéculative tout en privilégiant l’imperfection sur les marchés financiers et la fragilité des systèmes bancaires plutôt que les distorsions macro-économiques.En particulier, ces modèles apportent un éclairage supplémentaire à la compréhension des crises financières à travers la notion de « crises jumelles ». Cette notion marque un déplacement de l’analyse vers la sphère bancaire tout en soulignant la place qu’occupent les mouvements internationaux de capitaux dans les entrées excessives de capitaux et le déroulement des crises. La particularité des modèles de troisième génération consiste, dés lors, à analyser une dynamique d’instabilité financière sur la base des problèmes de liquidités et d’imperfections de l’information.

Crise financière

Les crises financières sont souvent associées à des crises de balance de paiements, mais pas automatiquement. Un pays dont l’économie et le système financier sont complètements fermés peut être en proie à une crise financière, mais l’absence de transactions en devises lui évitera une crise de la balance des paiements. De nos jours, les deux types de crises surviennent souvent d’une façon concomitante. C’est en partie parce qu’une crise financière pousse les investisseurs nationaux et étrangers à sortir leur argent du pays. Si le pays ne possède pas suffisamment de réserves pour couvrir ces sorties de fonds et d’autres obligations comme le service de la dette, une crise de balance de paiement peut se produire. Le retrait de capitaux internationaux peut aggraver les difficultés des entreprises et des banques, incapables de reconduire les anciens prêts ou d’obtenir de nouveaux financements. Ces facteurs peuvent avoir pour effet d’exacerber une crise préexistante ou de plonger un système financier affaibli dans un état de crise.Cependant, de nombreux auteurs pensent que les mouvements de capitaux ne peuvent conduire à eux seuls une crise financière. Au coeur des crises financières de la dernière décennie du siècle dernier, la crise asiatique a été marquée par les comportements spéculatifs des investisseurs internationaux, ainsi que par des brusques revirements de leurs anticipations. Cela a conduit à un enchaînement violent de crashs qui a commencé par l’effondrement du Baht thaïlandais en juillet 1997. L’Indonésie (août 1997), les Philippines (août 1997), la Malaisie (août 1997) et Singapour (septembre 1997) ont ensuite été affectés successivement par la crise. Au début du mois d’octobre de la même année, des pressions spéculatives ont ébranlé Taiwan, menaçant alors de se propager vers HongKong et la Corée du sud. Effectivement, Hong-Kong était en crise à la fin du mois d’octobre 1997 et le won coréen se dépréciait de plus de 25 % en novembre 1997.Cependant, les faits stylisés des crises financières des années quatre-vingt-dix (particulièrement la crise asiatique) et récemment la crise financière de 2008 montrent la diversité des facteurs déclencheurs des crises financières et la complexité de ces derniers en matière de modélisation. Les économistes ont créé, à partir de divers critères, un certain nombre de modèles qui tentent d’aider les responsables publics à prévoir les crises à venir, mais ils n’ont obtenu jusqu’à présent que des résultats mitigés. Des tests effectués sur quatre modèles empiriques créés pour l’essentiel avant la crise asiatique ont montré que le meilleur d’entre eux était capable de prévoir la moitié des crises «à l’intérieur de l’échantillon» et un tiers des crises «au-dehors de l’échantillon». Les fausses alertes étaient nombreuses : dans plus de la moitié des cas où tous ces modèles prévoyaient l’arrivée d’une crise, aucune crise ne s’est produite.Les modèles ont également mis en lumière les variables qui sont les déterminants les plus importants des crises. Toutes les approches testées démontrent que la probabilité d’une crise monétaire augmente lorsque le taux de change réel est surévalué relativement à la tendance, et lorsque la croissance du crédit intérieur et le ratio de la masse monétaire M2 par rapport aux réserves sont élevés. Les amples déficits extérieurs courants et les pertes de réserves accroissent la probabilité d’une crise dans les modèles qui intègrent ces variables. On constate également que des ratios élevés de dette à court terme par rapport aux réserves conduisent à une probabilité accrue de crise

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