Les déterminants du marché du travail en Algérie analyse quantitative

Les déterminants du marché du travail en Algérie analyse quantitative

 Evolution de l’emploi et du chômage en Algérie

Nous proposons dans cette section une lecture historique de l’évolution de l’emploi et du chômage en Algérie à partir de l’indépendance. Trois périodes distinctes peuvent construites : une première période commençant au milieu des années 1960 et s’étend jusqu’au milieu des années 1980, caractérisée par un processus de développement important, basé surtout sur les ressources tirées des hydrocarbures et un chômage enregistrant des taux les plus bas ; la deuxième période débute précisément en 1986 et se termine en 1998, marquée par une dégradation totale du marché du travail et une montée continue du chômage ; et enfin la troisième période observée à partir de 1999 couvrant la phase d’après le plan d’ajustement structurel distinguée par le retour à l’emploi et la baisse du chômage. 

L’emploi et le chômage avant 1986

La stratégie d’industrialisation, menée par l’Algérie avant dès les années 1960- 70 a contribué manifestement à une importante croissance de l’emploi résultant une baisse continue du taux de chômage (tableau n°22). En moyenne, la croissance de l’emploi a été de 4,4 % par an – soit 100.000 nouveaux postes de travail, entre la fin des années soixante et la fin de la décennie soixante-dix [Boufenik, 2003]. La création nette d’emploi hors agriculture, durant la période 1966-1985, peut être évaluée à deux millions d’unités [Musette et Hammouda, 1998]. En effet, l’emploi hors agriculture est passé de 730 000 en 1966 à 1309 000 en 1973 puis à 1 725 000 en 1977 – ce qui représente en 1977, 45 % de la population active hors agriculture (population estimée à 3 740 000 personnes). 

Au cours de la première moitié des années quatre-vingts, et malgré un ralentissement du taux d’investissement (33% contre 40 à 45% en moyenne au cours des années 1970), il a été créé selon le CNES 140 000 emplois environ par an. Cette évolution a entraîné une baisse significative et régulière du taux de chômage. Il est passé de 32,9% en 1966 à 22% en 1977 puis à 16,3 % et 13,1 % en 1982 et 1983. Cependant, il est passé à 9,7% en 1985, suivant l’enquête Main d’œuvre (M.O.D) [ONS, 1999]. La politique de création massive d’emplois dans le secteur public, en dehors de son effet très positif dans le recul du taux de chômage, s’est également traduite par une augmentation de la proportion des salariés permanents. Leur pourcentage représentait approximativement le tiers de l’emploi en 1966, et constituait 72,2% en 1977 [R.G.P.H, 1977]26 . L’augmentation des recettes des hydrocarbures à partir de 1973 a entraîné un accroissement sensible du pouvoir d’achat moyen des salariés, estimé à 42 % entre 1969 et 1980. Ceci a ouvert un large marché intérieur et dynamiser le marché du travail. C’est en effet, au cours de cette 26 R.G.P.H, 1977, Répartition de la population occupée selon la branche d’activité économique. 83 période, que l’émigration s’est arrêtée et que, pour longtemps, la structure de la population active s’est marquée par un contenu social et culturel nouveau, induit par les politiques de scolarisation massive et de médecine gratuite [CNES, 2002].

Selon le CNES (2002), le rythme accéléré de créations d’emplois a permis de faire reculer le taux de chômage de plus de dix points en dix années, malgré le maintien d’un fort taux de croissance démographique (3% par an environ) et d’un accroissement de la population active de 5% par an. Cette réduction sensible du taux de chômage s’est effectuée dans un contexte marqué par la prédominance du secteur public dans la création d’emplois, le rôle important joué par l’industrie et l’émergence de l’emploi féminin et l’emploi qualifié [A.Djamal, 2000]. Dans le début des années 1980, le rythme de croissance de l’emploi public a poursuivi sa tendance, passant de 71 % 74 % entre 1980 et 1984 [Kharfi, 1991], et ce pour les raisons suivantes : le volume important des “ restes à réaliser ” des programmes antérieurs continuait à agir sur la croissance de l’emploi, permettant la création de 140 000 emplois nouveaux par an, soit un accroissement annuel moyen de l’ordre de 4,2%. En premier lieu, l’administration et les BTP, avec un pourcentage positif de 33% pour chacun de ces deux secteurs, suivis par le secteur des services, avec 24%. Concernant le secteur industriel, il a participé avec un pourcentage inférieur à 12%, tandis que le secteur agricole a continué sa stagnation à celle observée antérieurement ; – la très forte augmentation des prix des hydrocarbures au début des années 1980 a masqué les effets de ce ralentissement.

L’emploi et le chômage de 1986 à 2000

Partant de la seconde moitié de la décennie 1980, qui correspondait au second plan quinquennal (1985-1989), la chute sévère des ressources financières externes dues au choc pétrolier de 1986 a eu des retombées négatives sur l’économie [Bahloul, Hamel, 1992]. Elle a entraîné une dégradation progressive de l’ensemble des indicateurs économiques du pays. La baisse de l’investissement s’est traduite par un taux de croissance très faible, inférieur à 1% et le taux d’accroissement de l’emploi qui était au dessus de 4 % est tombé à 1,9 %, soit la création de 75000 emplois nouveaux par an. Ce taux a continué sa descente pour atteindre 1,2 % à la fin de 84 la première moitié de la décennie 90 (graphique n°23). Cette tendance a affecté la totalité des secteurs, hormis l’agriculture.

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