LES DYNAMIQUES TERRITORIALES ET LES AGENTS DU CHANGEMENT

LES DYNAMIQUES TERRITORIALES ET LES AGENTS DU CHANGEMENT

Au terme de ce travail, nous nous interrogeons naturellement sur ses apports aux débats qu’il a suscités, et en premier lieu s’il a contribué à documenter suffisamment les hypothèses, qui sous-tendent cette thèse pour permettre de prendre position, soit dans le sens de leur confirmation, soit dans celui de leur infirmation. En passant en revue les trois groupes d’acteurs et leur rôle respectif dans la vérification des hypothèses, on mesurera aussi quelle est la nature de leur influence, en tant qu’agents du changement, sur l’organisation spatiale et quelles en sont les conséquences, directes ou indirectes, sur la dynamique des territoires.  La suite de ce chapitre est donc consacrée à l’exposition de chaque catégorie d’acteurs dans son contexte (capitalisme globalisé, contexte national et contextes locaux), de leur motivation  d’action et de leur impact sur l’organisation et les dynamiques territoriales. On abordera ensuite le thème du pacte de gouvernance qu’induisent les choix politiques fruits de nouveaux rapports de force.  Enfin pour compléter cette synthèse, on signalera que l’apport de cette thèse est aussi d’ordre méthodologique. C’est en cherchant à concilier l’analyse des formes spatiales et l’étude des acteurs qui ont produit ces formes que j’en suis venu à privilégier le recours aux modèles et à la modélisation.

Les acteurs de la sphère globale : agents des turbulences spatiales en provenance du centre

Qu’ils profitent de fractures spatiales existantes ou qu’ils les provoquent, les acteurs transnationaux s’en nourrissent. En Bolivie, les fractures territoriales ont une double nature. La plus grande fracture est celle qui sépare l’économie minière/urbaine extravertie, alignée sur les cordillères andines, et l’économie rurale andine qui implique de grandes masses amérindiennes. La seconde fracture sépare les Andes des vastes confins orientaux. Fractures territoriales, et plus généralement « périphérisation » de l’espace, sont des processus consubstantiels au système capitaliste. Les fractures servent alors à marginaliser et à exclure : exclusion de ceux qui n’ont pas le droit de participer à la vie politique, qui ne sont invités aux festins de l’économie qu’en qualité de main-d’œuvre sous-formée corvéable, marginalisation de ceux qui ne sont admis dans la vie culturelle et sociale que par des apports de touche exotique dans l’expression populaire226. Ces fractures sont régulièrement remises en cause par des révoltes. Les révoltes amérindiennes ont jalonné toute l’histoire de l’Amérique latine, depuis les premières soumissions coloniales jusqu’aux révoltes contre la marginalisation politique, économique, sociale et culturelle contemporaine. Les deux dernières révoltes, celle de 1952 et celle de 2000/2003 constituent les deux principaux repères dans la reconquête amérindienne de ses droits politiques et sociaux. Toutefois, cette reconqu te ne s’est pas  La marginalisation géographique des terres basses, jusqu’aux années 1950, a aussi suscité des luttes civiques pour obtenir une intégration à la communauté nationale ainsi que des ressources politiques et économiques pour se développer. L’inclusion de l’Orient a été beaucoup plus rapide et plus effective que celle des communautés amérindiennes qui souffrent toujours de problèmes de non-développement. La facilité de l’intégration de l’Orient bolivien à l’ensemble national s’explique essentiellement par le besoin de diversification d’une économie de rente minière qui s’essoufflait et des besoins de matières premières agricoles des marchés du Nord.

Évaluer l’impact des acteurs transnationaux sur la dynamique des territoires, c’est émettre un discours sur le rôle, positif ou négatif, des firmes multinationales et des institutions financières internationales (BM, FMI, et BID227 dans notre cas) sur leur croissance et leur développement économique. Un tel discours se nourrit de situations concrètes mais ne peut faire l’économie d’une théorie pour lui donner corps. Dans le domaine de l’économie spatiale globale (économie territoriale étatique), il existe deux grandes théories exclusives de la croissance et du développement :  Une théorie évolutive de l’économie territoriale : la théorie des étapes de la croissance économique de W.W. Rostow 1960 . L’auteur postule que le développement de chaque territoire (chaque État-nation) passe par des étapes qui le font passer d’un stade sous- développé à un stade développé. Il précise que les pays en développement peuvent bénéficier des investissements des pays déjà développés, sous forme d’investissements directs étrangers, pour « amorcer la pompe » de leur propre développement et en accélérer les étapes et les transitions. Une théorie structurale de l’économie territoriale : la théorie de la dépendance et du développement inégal est émise conjointement par Raul Prebisch et Hans Singer pour l’Amérique latine et Samir Amin pour l’Afrique Amin, 1973 . Une telle théorie se fonde sur le modèle centre-périphérie pour postuler que les positions acquises par les centres d’accumulation du capitalisme sont immuables et que ces centres entretiennent avec les périphéries des rapport de domination qui rendent impossible tout espoir de rattrapage dans le cadre du système tel qu’il est.

 

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