Les économies émergentes, moteurs de la demande mondiale d’ici 2030

Les économies émergentes, moteurs de la demande mondiale d’ici 2030

Loin d’être circonscrite aux deux grands géants Inde-Chine, l’émergence de zones qui représentent 85% de la population mondiale pourrait bien constituer une rupture de type systémique à l’échelle mondiale. Elle se traduit déjà par des phénomènes de croissance beaucoup plus rapide des marchés et de glissement très sensible des lieux de production de biens et services que la crise ne semble pas remettre en cause. Mais quelle visibilité sérieuse a-t-on sur un horizon de 25 ans ? A quoi peuvent ressembler les économies émergentes en 2030 en termes de PIB et de PIB par habitant ? Que faut-il penser des prévisions démographiques qui constituent un élément assez central des projections les plus citées et donc de leurs conséquences économiques ? Quelles sont les hypothèses en termes de rattrapage technologique qui sous-tendent une convergence historiquement très rapide et que donnent des scénarios plus contrastés ? Enfin, quelles sont les déformations possibles de la carte mondiale des industries et services ?Au fil des décennies, le monde se transforme radicalement. A titre d’exemple, un différentiel de croissance de 1% par an entre deux économies entraîne au bout de 50 ans un écart de revenu de 62%. Un différentiel de 3 points – comme c’est le cas en ce moment entre les grandes économies émergentes et l’Europe – conduit à un écart de 320%. Ceci a d’importantes conséquences pour les entreprises, en termes de choix de marchés d’investissement à long terme. La conséquence de ceci est la difficulté des projections à long terme. Qu’en sera- t-il de l’économie brésilienne dans 10 ou 15 ans ? Va-t-elle continuer sur cette trajectoire très rapide ? La prospective est un travail difficile mais nécessaire, car on a besoin de repères et d’une vision à long terme de nos économies. Le CEPII réalisant des projections de croissance à partir de prévisions démographiques est donc particulièrement intéressé par les présentations des prévisions des dif- férents intervenants de cette session.

La fenêtre d’opportunité démographique

Tout d’abord, le sujet ici abordé de la « fenêtre démographique » doit être repla- cé dans le contexte plus général de la transition démographique. Nous sommes passés d’un régime où la mortalité était très forte et où il fallait avoir beaucoup d’enfants pour contrebalancer cette mortalité, à un régime où le taux de mor- talité est très faible et à peine équilibré par un taux de natalité faible. Durant la transition de l’un à l’autre, on a assisté à un fort accroissement démographi- que, car la baisse de la mortalité a généralement précédé celle de la fécondité. Parallèlement, la structure par âge de la population a été bouleversée, en trois temps. Dans un premier temps, la population a rajeuni en raison de la baisse de la mortalité alors dominée par celle de la mortalité infantile. Dans un second temps, la fécondité, diminuant à son tour, a produit à l’inverse un vieillissement de la population par le bas (réduction de la part des jeunes). Dans un troisième temps, enfin, ce vieillissement par le bas, dû à la baisse de la fécondité, a été renforcé par un vieillissement par le haut lié à la montée de l’espérance de vie désormais dominée par la baisse des taux de mortalité aux âges élevés.

Aujourd’hui, deux discours existent au sujet de ce bouleversement des structu- res, notamment sur les pays en développement. Le premier consiste à dire que le vieillissement démographique que connaissent actuellement les pays déve- loppés n’est rien par rapport à ce que vont prochainement connaître les pays en développement. Ceux-ci ont en effet eu une transition démographique accélé- rée et le vieillissement y sera autrement plus rapide et les problèmes qu’il pose d’autant plus aigus. L’autre discours consiste au contraire à dire que les pays en développement arrivent au stade où la fécondité a déjà baissé, où la proportion de jeunes s’est beaucoup réduite, mais qu’ils n’en sont pas encore au stade où la proportion de personnes âgées a augmenté. Loin d’être confrontés aux pro- blèmes du vieillissement, ils vont bénéficier d’une phase exceptionnellement fa- vorable au développement économique et social, la « fenêtre démographique », au cours de laquelle la proportion de personnes d’âge actif va passer par un maximum exceptionnellement élevé, facilitant l’investissement et le développe- ment. Loin d’être contradictoires ces deux discours sont partiellement justes et complémentaires.

 

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