LES ENQUÊTES MUSÉALES

LES ENQUÊTES MUSÉALES

ont très peu à voir avec les logiques muséales. »206 L‘évaluation des politiques publiques, l‘évaluation marketing, l‘évaluation gestionnaire désignent autant de réalités différentes et autant de points de vue différents sur un même objet. Dans l‘un des premiers ouvrages publiés en France sur l‘évaluation muséale, Hana Gottesdiener insistait pourtant sur le fait que « dans toute recherche, une réflexion s‘impose sur le processus de mesure lui-même »207. Par ailleurs, l‘évaluation d‘exposition fait exploser le spectre des usages du terme tant l‘exposition engage d‘expériences différentes. Les préalables essentiels, si l‘on s‘intéresse à la compréhension de l‘interaction entre exposition et visiteur, semblent de penser l‘évaluation par rapport à la spécificité de l‘expérience muséale et/ou expositionnelle ainsi que de considérer les modèles de la relation entre objets, visiteurs, savoirs et institution que chaque type d‘évaluation convoque. La première section de ce chapitre portera sur les enquêtes dans le contexte des musées et des expositions, elle proposera d‘en dresser un inventaire non pas exhaustif, mais qui devrait permettre de donner des repères sur la façon dont l‘évaluation engage toujours une certaine façon de considérer le lien entre visiteur et objet culturel. La deuxième section de ce chapitre propose, à l‘aide d‘exemples méthodologiques et théoriques, de poser des jalons pour l‘une des problématiques qui forment le cœur de la thèse : le rôle du corps dans les processus d‘interprétation de l‘interaction médiatisée.

beaucoup évolué et s‘est notamment accélérée depuis une vingtaine d‘années. Dans cette première partie, nous retracerons d‘abord l‘histoire des enquêtes dans le contexte des musées et des expositions ; puis nous proposerons un arrêt sur images concernant les études des parcours dans les lieux d‘exposition, dans la mesure où la démarche d‘enquête développée pour la thèse en est largement tributaire. Dans la bibliographie raisonnée des études et recherches sur les visiteurs de musées, que Bernard Schiele et Denis Samson publient en 1989, très peu de références françaises apparaissent avant les années quatre-vingt, qui voient fleurir, à partir de cette date-là, des analyses sur les visiteurs et les musées, notamment publiées par l‘association Expo-Média. C‘est donc plutôt avec l‘histoire de l‘évaluation dans le contexte nord-américain que l‘on peut commencer cette présentation des études muséales, en nous appuyant notamment sur différents travaux qui ont recensé et analysé ces études209. Posons néanmoins, tout de suite, que le regard porté sur l‘histoire de l‘évaluation dans le contexte muséal ne peut être complet s‘il ne saisit pas, dans le même temps, les relations constituantes que l‘évaluation entretient avec l‘évolution conjointe de l‘exposition, de la notion de visiteur et du champ de la communication. L‘article de Bernard Schiele, « L‘invention simultanée du visiteur et de l‘exposition », montre comment les quatre pôles exposition, communication, visiteur et évaluation doivent être pensés ensemble tant la réflexion et la formalisation de théories sur chacun d‘eux sont articulées. « C‘est la transformation de la perception du rôle et des fonctions de l‘exposition qui a ouvert un espace dans lequel s‘est logé le discours de la communication et sur lequel s‘est greffée

l‘évaluation comme actualisation de ce discours »210, l‘évaluation dessinant, en creux, une relation entre une exposition qui pourrait parvenir à répondre aux attentes de ses visiteurs et ces derniers. En effet, l‘évolution des courants ainsi que des méthodes qui ont permis de formaliser peu à peu les évaluations montre, par exemple, que la mesure et la vérification des apprentissages qui ont connu beaucoup de succès dans les années soixante-dix, sont mises de côté peu à peu, au profit de l‘analyse des pouvoirs de rétention et d‘attraction d‘une exposition et de son message, de l‘observation de l‘évolution du comportement du visiteur et de la segmentation des publics. Comme l‘explique Schiele, on ne peut pas comprendre la place accordée au visiteur si on ne saisit pas que ce souci de l‘efficacité de l‘exposition s‘accompagne, au même moment d‘une réflexion sur l‘exposition elle-même en tant que situation de communication spécifique (dont les liens particuliers avec le musée seront

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