LES FLUX MIGRATOIRES ET STRATEGIES D’INSERTION DES RESSORTISSANTS

LES FLUX MIGRATOIRES ET STRATEGIES
D’INSERTION DES RESSORTISSANTS

LEPROCESSUS DES FLUX MIGRATOIRE DES RESSORTISSANTS DE MEDINA SABAKH

 L’intérêt de l’étude du processus migratoire de ces ressortissants de MEDINA SABAKH réside dans le fait que cette région du SALOUM qui était autrefois un foyer d’immigration très attractif au temps de la traite arachidière, est de nos jours le théâtre de migration extraordinaire en ville et plus précisément vers Dakar. A cet effet, la mobilité géographique de ces gens ne provient pas d’un néant historique autrement qu’elle ne constitue pas un fait sans précédent de l’histoire ; et d’autre part, que cette mobilité géographique obéit à une conjonction de facteurs.

 DYNAMIQUE HISTORIQUE DES FLUX MIGRATOIRES

 Chronologiquement, les flux migratoires des ressortissants de MEDINA SABAKH est fondamentalement liée à l’expansion de la crise agricole engendrée par les années de sécheresse sur le bassin arachidier. Rappelons que la communauté rurale de MEDINA SABAKH appartient au bassin de l’arachide qui correspond à l’ancienne province du rip. Et cette région est en majorité musulmane, les mourides et les tidianes y occupent largement la première place. Il convient par conséquent de nous référer aux migrations mourides et tidianes pour comprendre la portée historique de l’afflux de ces gens de médina Sabakh vers Dakar. A partir de 1850, on peut schématiquement distinguer trois séries de facteurs concomitants à son expansion . — La crise larvée des systèmes politiques wolof dont la faiblesse est un signe de détérioration sociale. — Les péripéties de la conquête politico-militaire française. — Le développement de la culture de l’arachide (et le rôle de l’impôt de capitation).. A cet effet, ces gens de s’offraient des métiers qui présentaient moins de difficulté d’insertion et ne demandaient pas une certaine qualification professionnelle comme le colportage et les métiers de manoeuvre ou de manutention. Mais de nos jours, le commerce demeure, leur principale activité. Mais cette migration urbaine des ressortissants de MEDINA SABAKH plus connues et à juste titre, sous le vocable d’exode rural, s’est beaucoup amplifiée, depuis 55 les années 1970, et qui continue de vider les villages de leurs populations (cf. graphique 3). Celui-ci n’est pas synonyme ici, comme ailleurs — en Europe notamment —, de dépeuplement des campagnes au profit des villes. Il constitue au contraire une des stratégies de maintien de leur peuplement. -DES FLUX SAISONNIERS ET EVENEMENTIELS Donc, il est opportun d’examiner les facteurs qui régissent cette poussée vertigineuse vers Dakar. Ces flux migratoires correspondent à des périodes déterminées de l’année .0n peut noter quatre périodes distinctes où les mouvements des flux prennent des sens inverses selon la période. Ces périodes sont : LE NOOR, LE NAVETE, LE LOLI ET LE SEEBETE. LE NOOR qui correspond aux mois de JANVIER, février et mars représente la période où les paysans de la communauté rurale de MEDINA SABAKH ont plus de temps, ils viennent de terminer les travaux champêtres et la vente des produits. C’est le moment où l’on note les flux les plus importants vers la commune des HLM. Dés le début du mois de avril des mouvements inverses sont noter et cette période correspond aux mois de AVRIL, MM, JUIN : c’est le seebete (moment de préparatifs des champs)à cette période ,les flux prennent le sens inverse et la commune plus précisément le marché des HLM se vide de ses marchands ambulants et autres tabliers. Il y a aussi le LOLI (de octobre à décembre) qui est période répit pour les paysans on note très peut de mouvements si elle ne coïncide pas aux moments d’événements comme la TABASKI ou LA KORITE ou l’ouverture des CLASSES que ses ressortissants ratent rarement. Le dernier période est la NAVETE qui coïncide aux travaux d’hivernage et que les flux sont rares voir inexistants, cette période aussi aux mois de JUILLET, AOUT, SEPTEMBRE moment où même l’économie paysanne vit des périodes de soudures avec la rareté de vivres où les cultures ne sont pas encore récoltées. Donc on peut conclure que les flux obéissent aux réalités du milieu de départ qui active ou désactive les vagues migratoires aux moments propices. Les mouvements migratoires des ressortissants de la communauté rurale de MEDINA SABAKH se réalisent de manière périodique. 56 Les flux migratoires des originaires de MEDINA SABAKH sont circulaires et saisonniéres.La saison sèche est la période dont les fréquences des flux se déroulent de façon remarquable qui correspond au NOOR moment de répit des paysans pour les travaux agricoles. Lorsqu’on analyse les réponses des personnes enquêtées sur les moment où ils effectuent la navette entre la commune des HLM et la communauté rurale de MEDINA SABAKH on s’aperçoit clairement que le NOOR et LE LOLI jumelées aux moments d’événements comme la TABASKI ?LA KORITE ET L’OUVERTURE DES CLASSES représentent les séquences temporelles où les flux sont plus importants et plus frappant.  

LES FACTEURS DE MIGRATION DES RESSORTISSANTS DE MEDINA SABAKH

 Nous ne prétendons pas, dans cette étude des facteurs de la migration, saisir des relations générales et constantes entre des phénomènes, ni même envisager ou sous-entendre de telles relations, dans le cadre desquelles se situeraient nos conclusions, mais nous verrons incidemment que les causes essentielles de cette migration sont celles qui précisément déterminent la plupart des migrations. La description que nous avons faite des structures socio-économiques de cette zone, caractérisée par un sous développement prononcé, suggérait déjà que, parmi les causes de la migration, les facteurs économiques devaient être en bonne place. A ce titre, nous avons posé la question suivante aux personnes interrogées : quelle était votre occupation au village avant votre migration ? Nos enquêtés ont quasi répondu unanimement en désignant l’agriculture comme activité principale. Or comme nous l’avons fait remarquer plus haut, la communauté Rurale de MEDINA SABAKH (Région de KAOLACK) qui est essentiellement agricole, est soumise à des conditions climatiques péjorées qui ont mis à nu la fragilité du système. Et, dans cette zone sahélo soudanienne, caractérisée par une alternance d’une courte saison pluvieuse de juin à octobre et une longue saison sèche d’octobre à juin, laisse sa population en majorité des agriculteurs, désoeuvrée sur une longue période. Ceci fait apparaître l’importance de la migration de saison sèche dans cette partie du bassin de l’arachide, à la fois par le nombre de personnes concernées et par le caractère de nécessité des revenus monétaires additionnels de saisons sèches créées à l’occasion des déplacements. Cet appoint saisonnier est lié à la faiblesse du revenu agricole. Etant donné que, « le faible prix de l’arachide, les faibles rendements de l’agriculture, la courte durée du cycle agricole, le manque de possibilités d’obtenir un revenu en argent au moyen d’autres activités, et la montée des prix des produits industriels, qui fait que le revenu des paysans croit encore moins »15. Ainsi, ces déplacements saisonniers des ressortissants de MEDINA SABAKH trouvent d’abord leur finalité dans le besoin de revenu additionnel. Le retour des migrants pendant la saison des pluies s’accompagne souvent d’apport de nourriture au moment où les greniers sont vides et où la soudure s’est déjà installée. De plus en plus, les mauvais résultats de l’agriculture amènent certains migrants à prolonger leur séjour. 15Pieter Van Dijk, 1986, Sénégal : le secteur informel de Dakar. Harmattan, Paris . 58 En effet, la dégradation du rapport démo-économique, particulièrement dans cette région arachidière est une conséquence directe de l’engouement exagéré pour l’arachide. Et depuis plus de deux décennies, la filière arachidière traverse une profonde crise dont les principales causes sont les suivantes : la sécheresse des années 1970 et 1980 qui a sévèrement compromis sa productivité ; le recul dans la gestion de la fertilité de l’essentiel des parcelles (81%) ; le déficit en semences sélectionnées certifiées ; enfin, la délicate privatisation des activités commerciales et de transformation de la graine. Pendant ce temps, la croissance démographique et l’urbanisation rapide ont influencé les comportements et elles ont surtout déstabilisé les sociétés rurales productrices’6. A cet effet, l’incapacité à mobiliser un surplus monétaire ainsi que le faible niveau d’instruction et de formation des paysans limitent encore les possibilités d’innovation et de progrès, tant au niveau des techniques que dans la gestion de l’exploitation. Il est évident que pour faire face à cette crise de subsistance dans un contexte de pauvreté paysanne, il faut partir ailleurs trouver les ressources monétaires indispensables. Ces paysans ont cru que seule la migration restait désormais la voie royale pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. De cet état de fait, ces gens de MEDINA SABAKH, furent contraints de se reconvertir en maintenant une partie de leur force de travail, dans le terroir ancien et nettement appauvri, et en déversant une autre partie en ville. Ainsi, on voit de plus en plus, les parents encouragent le départ du jeune surtout lorsqu’on sait que les ressources migratoires sont la seule garantie pour faire face aux besoins familiaux. A cet effet, 69% des migrants de MEDINA SABAKH de notre échantillon affirment d’être venue à Dakar sous la direction de leurs parents (père, mère, oncle, frère, etc.). À cet effet, la migration de ces gens de MEDINA SABAKH à Dakar est une stratégie familiale. «Sans nul doute, les villes moyennes de l’intérieur peuvent-elles offrir des occasions de revenu, mais elles jouent surtout le rôle de villes relais pour les migrations vers Dakar » 17. Donc, au total, la mobilité dans le bassin de l’arachide doit être mise en relation avec une certaine rupture d’équilibre entre la population et les ressources disponibles. Avec une population nombreuse et le caractère spéculatif de l’agriculture arachidière (baisse de la jachère et augmentation des défrichements), conjugué avec la péjoration climatique de ces  dernières années causent l’épuisement des sols et une baisse sensible des rendements. A cet effet, selon Bara Mboup : « dans le vieux bassin arachidier, la cause principale des migrations était liée à une donnée structurelle : la terre (par sa pénurie ou son appauvrissement) ; mais le phénomène migratoire s’est amplifié en fonction de données conjoncturelles (sécheresse, nouvelles opportunités de revenus) et s’accélère sous l’impulsion d’agents économiques qui interviennent pour en tirer profit, et pour aider les migrants à franchir les différents obstacles qui se dressent devant eux ». Ainsi, la migration est devenue une norme au niveau de cette zone.

 CARACTERE ET PROFIL DES RESSORTISSANTS DE MEDINA SABAKH EVOLUANT DANS LA COMMUNE DES HLM

 Dans cette partie, nous évoquerons les caractéristiques sociodémographiques des ressortissants de MEDINA SABAKH opérant dans le territoire communal des HLM DAKAR 1. Age La structure par âge des ressortissants de MEDINA SABAKH opérant dans la commune des FILM est largement dominée par les jeunes. La tranche d’âge des ressortissants de MEDINA SABAKH aux HLM est répartie comme suit : Graphique 13 : Répartition des ressortissants de MEDINA SABAKH aux HLM selon l’âge CLASSE D’AGE . L’étude de cette figure montre que 52% des ressortissants de MERDINA SABAKH opérant dans le territoire communal sont des jeunes dont l’âge varie de 15 à 34 ans. Les jeunes sont aussi la couche la plus importante du pays par leur nombre. Cependant, les adultes représentent une part importante de notre échantillon avec un taux de 39% dont leur âge varie de 35 à 54 ans. Il faut aussi préciser que l’exode rural intéresse surtout les jeunes et les adultes qui viennent principalement en ville pour s’investir dans le secteur informel face à la difficulté de trouver un emploi dans le formel. A cet effet, les plus de 55 ans sont moins présents avec un taux de représentation de 9%. Cela traduit l’ancienneté de cet exode rural vers Dakar et l’entreprenariat rural. Par ailleurs, aucun élément de sexe féminin n’a été signalé, ce qui implique par conséquent que les départs pour la ville intéressent surtout les hommes. Ceci peut être s’expliquer aussi par des réalités sociales qui relèguent la femme au deuxième rang. En effet, les femmes sont souvent sommées de rester à la maison pour assurer les travaux domestiques et surtout l’éducation des enfants.

Ethnie

Leur lieu d’origine influe généralement sur l’appartenance ethnique des migrants. Etant des originaires du Saloum, cette région est fortement dominée par l’ethnie wolof. Graphiquel5 : Répartition des ressortissants de MEDINA SABAKH selon l’ethnie ETHNIE am SERERE Tableau n°16 : Répartition des ressortissants de MEDINA SABAKH selon l’ethnie Fréquence  A cet effet, l’ethnie Wolof est fortement représentée au sein des ressortissants de MEDINA SABAKH dans la commune des HLM avec un pourcentage de 61% de notre échantillon. Elle suivie de l’ethnie Sérère avec 39% de l’échantillon. Deux hypothèses se dégagent : soit les wolof sont plus mobiles que les autres ethnies, soit parce qu’ils sont majoritaires de la zone d’origine. Les deux hypothèses sont valables. Cette situation est liée au fait que « les wolof partent plus facilement que les sérère, malgré une densité inférieure et un niveau de vie supérieur… les wolof acceptent moins volontiers les effets de la pression démographique »18. Il faut aussi rappeler que les wolofs représentent 66,7% de la population de la région de KAOLACK selon le RGPH  Source : SIDY DIAGNE, 2010 Graphique n°18 : Répartition des ressortissants de MEDINA SABAKH évoluant dans la commune des HLM selon la situation matrimoniale Notre enquête révèle que 73% des ressortissants de MEDINA SABAKH opérant dans le territoire communal des HLM enquêtés déclarent être mariés. L’explication se trouve sur l’origine rurale de ces ressortissants. En effet, si le taux de célibat est d’une manière générale élevée en ville, le cas des ruraux venus travailler en ville en est une exception. Dans les campagnes, le mariage des jeunes est très fréquent et ce groupe social venu en ville a sans doute gardé ses habitudes rurales. Il faut aussi préciser que la plupart d’entre eux ont laissé leur femme au village ce qui selon eux amoindri les dépenses en milieu urbain où le fait de vouloir regrouper toute sa famille en ville constituent une charge lourde. A cela, s’ajoute le fait que ces jeunes sont en activité et perçoivent au moins une somme qui leur permet d’assurer la dépense quotidienne. 63 4. Niveau d’instruction Graphique 19 : Répartition des ressortissants de MEDINA SABAKH opérant dans la commune des Jll,M selon leur niveau d’instruction.

Table des matières

REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
CADRE DE REFERENCE
PREMIERE PARTIE : CADRE DE L’ETUDE : PRESENTATION DE LA ZONE DE
DEPART (C.R DE MEDINA SABAKH) ET L’ATTRACTIVITE DE DAKAR ET DE LA
COMMUNE DES HLM LIEU D’ACCUEIL
CHAPITRE I Présentation de la zone de départ (C.R. de MEDINA SABAKH)
CHAPITRE II : L’attractivité de la région de Dakar
CHAPITRE III : LA COMMUNE DES HLM ZONE D’ACCUEIL
DEUXIEME PARTIE : LES RESULTATS DE L’ETUDE : LES FLUX MIGRATOIRES
ET STRATEGIES D’INSERTION RESSORTISSANTS DE MEDINA SABAKH DANS
LA COMMUNE DES HLM
CHAPITRE I : LE PROCESSUS DES FLUX MIGRATOIRES DES RESSORTISSANTS
DE MEDINA SABAKH 55
CHAPITRE II : LES STRATEGIES D’INSERTIONS DE RESSORTISSANTS DE MEDINA
SABAKH
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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