Les limites à l’implantation d’un projet culturel

Les limites à l’implantation d’un projet culturel

Bien que les projets culturels aient tendance à se multiplier et à être reconnus par lřinstitution hospitalière, certaines difficultés persistent et se posent comme frein à leur développement. Il convient alors de sřinterroger sur la nature de ces limites. Sont-elles liées à lřorganisation hospitalière, aux modalités de mise en application du programme ou à une réticence des professionnels de santé ? Les études menées précédemment nřont pas particulièrement abordé ce questionnement, cřest ce que se propose de faire ce chapitre. Pour première explication, nous avons relevé la dimension financière, qui reste importante dans le climat actuel de restrictions budgétaires. Lřallocation dřun budget culturel nřest pas toujours comprise et la réception du projet par les équipes soignantes peut se révéler source de conflits. Mais pensant que cette explication nřétait pas suffisante, nous avons prolongé notre terrain de recherche en décidant dřinterroger des personnes ne participant pas au projet culturel. Dès lors, les perturbations organisationnelles et personnelles que peuvent générer un projet culturel sont aussi apparues comme un « obstacle » à son développement. Il arrive même quřil entre en concurrence avec les projets de service. Enfin, un autre niveau est apparu comme limite potentielle au développement des projets culturels, il sřagit de la persistance des procédés rituels dans lřinstitution hospitalière. Parce que le projet risque de les bouleverser et de redéfinir les contours territoriaux, il peut représenter une menace et à ce titre être laissé volontairement à la marge.

Il arrive que des difficultés dřordre budgétaire contraignent certains projets culturels. En effet, les financements accordés par la DRAC et lřARH nřont pas eu que des effets positifs. Cřest parfois le phénomène inverse qui se produit. Certaines directions, comptant outre mesure sur ce financement extérieur, ont tendance à ne définir aucun budget précis. Les chargés de communication (ceux tenant la fonction de responsable culturel) avancent sans réelle visibilité dans leurs propositions, contraints quřils sont de nřeffectuer que des demandes ponctuelles : « Et puis le gros souci moi je pense que c’est le fait que l’on n’ait même pas de budget alloué, ça nous bloque pour beaucoup de choses. On n’a aucune projection sur l’année, ce n’est pas comme si l’on pouvait se faire une programmation culturelle, car on ne sait pas. C’est un petit peu au petit bonheur la chance et au bon vouloir des services éco et logistiques. Là ce n’est pas vraiment évident, peut-être qu’avec le nouveau directeur ça va changer, je ne sais pas, espérons. Du moins à chaque fois que les personnes nous contactaient pour monter des projets, j’en parlais au directeur et il était plutôt d’accord, généralement si c’était des choses offertes gracieusement c’était très bien, maintenant quand il fallait rémunérer l’artiste ou quoi, là ça posait Les questions financières entraînent également des difficultés dans les interactions entre les membres du personnel. Les cadres, représentant la direction à lřéchelle de leur service, peuvent poser des refus à des demandes de financements. Des problèmes dřincompréhension apparaissent alors ou se renforcent. Les cadres sont davantage perçus par le personnel comme des managers, des gestionnaires, que comme des soignants. Généralement, ils répondent favorablement aux demandes concernant des aides logistiques (prêt de véhicule, mise à disposition de locaux…) néanmoins, pour les demandes de moyens financiers les réponses sont plus fermées : « Ensuite au niveau de l’institution quand la chose elle est organisée au niveau de la prise en charge et qu’elle a du sens dans le soin on a quand même l’institution qui appuie. C’est-à-dire que nous par exemple on a besoin d’avoir des véhicules pour se rendre à l’activité, on réserve des véhicules pour ça, on n’a jamais eu de soucis (…) Après c’est sûr qu’au niveau de l’organisation c’est plus simple que ça se passe à  l’intérieur de l’hôpital, ma foi à une époque où les coûts sont tirés au maximum ça peut avoir du sens (…). C’est un peu ça le discours de l’institution, c’est-à-dire que les réunions où l’on se retrouve infirmiers, soignants face à des cadres supérieurs on se rend compte que c’est une scène. Finalement, c’est une scène où nous, l’on parle de travail et en fait le seul retour que l’on a, les seules choses que l’on nous renvoie c’est : Oui, mais l’institution elle n’a pas ci, elle n’a pas ça etc.135 »

 

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