les stéréotypes dans la société 

Notre travail va porter sur l’influence des stéréotypes de genre sur les discriminations entre les élèves du second cycle. En effet, il nous a été possible d’observer ce genre de phénomène durant les stages, et par l’expérience que nous avons vécue en tant qu’élève au cycle d’orientation et au collège.

Les stéréotypes étant issus de représentations sociales qui, elles-mêmes, sont des construits sociaux, sont différents en fonction des cultures et de l’éducation qui nous ont été transmises. Nous pouvons constater, à la lumière des écrits de Daréoux (2007), que les divers stéréotypes, notamment ceux concernant le genre, construisent un cadre de représentations pour l’enfant et que celles-ci sont importantes pour « délimiter » la sphère environnementale. Or, il semble qu’il y ait un paradoxe. En effet, un des buts de l’éducation serait d’inciter les enfants à adopter une position critique, alors que Daréoux mentionne que les stéréotypes sont, de prime abord, importants pour l’enfant. Il faudrait donc procéder à une construction de normes genrées pour ensuite les déconstruire et adopter un recul plus critique et éclairé. Ainsi, pour avoir une représentation critique de son environnement, il serait nécessaire de passer par une compréhension délimitée par des barrières fixes afin de mieux les remettre en question de manière critique.

En outre, ceci atteste l’importance de la sensibilisation aux limites des stéréotypes de genre dans le cadre scolaire. Il est donc nécessaire, pour le corps enseignant, de rester vigilant et sensible à tous ces éléments au sein de la classe en vue de mieux sensibiliser les élèves à ces thématiques.

Les récentes études dans le domaine montrent que le taux de suicidalité est bien plus élevé et les troubles mentaux bien plus fréquents chez les personnes s’identifiant comme non-conformes aux normes de genre et de sexualité. Selon Häusermann (2014), la plupart de ces troubles ont leurs origines durant l’enfance ou durant l’adolescence. Nous pouvons également remarquer qu’1/3 des jeunes homosexuels, bisexuels ou transgenres commettent une tentative de suicide contre 1 individu hétérosexuel sur 34.

Nous pouvons donc constater les liens entre l’apparition des divers symptômes d’anxiété, de dépression et d’idées suicidaires avec la première prise de conscience de sa sexualité ou de son identité de genre , vers 12 ans, et la première annonce à son entourage (coming out) qui en moyenne s’effectue vers 17 ans. En effet, les premiers signes d’anxiété apparaissent vers 10 ans, les premiers symptômes liés à la dépression vers 16 ans et la plupart des tentatives de suicide sont commises avant l’âge de 20 ans (Häusermann, 2014).

Il convient également de noter que l’expérience personnelle de l’identité de genre et de l’orientation sexuelle ne relève pas d’un choix individuel. Ainsi, un enfant qui s’identifiera comme homosexuel, bisexuel, transgenre ou intersexe se rend compte de sa différence mais n’a pas les mots ou ne sait pas décrire ce qu’il ressent. De ce fait, ces enfants grandissent avec la sensation de ne pas être comme les autres et que ses sentiments ne sont pas conformes aux attentes de sa famille. C’est pourquoi ces troubles anxieux sont souvent issus de deux sources principales de stress : l’appartenance à une minorité sexuelle discriminée et l’abandon d’un statut social « supérieur » pour un statut social dévalorisé et stigmatisé, ce qui signifierait de passer du côté du « sexe faible » pour la population masculine (Häusermann, 2014).

L’appartenance à une communauté stigmatisée et l’abandon d’un statut social perçu comme « supérieur » engendrent un certain désespoir et une certaine anxiété quant à la réaction de l’entourage proche. En effet, cette orientation sexuelle ou cette identité de genre sont souvent considérées comme non-conformes aux attentes et aux normes préalables de la société. Par conséquent, une réaction qui tend vers le rejet et la nonacceptation peuvent générer des symptômes de dépression, voire des idées suicidaires du fait de ce nouveau statut difficile à assumer. Il en est de même pour ce qui concerne les relations interpersonnelles. En effet, une rupture amoureuse ou le deuil de certaines amitiés peuvent facilement fragiliser une personne en voie d’acceptation de son identité, si celle-ci est, de plus, vulnérable en raison de ces circonstances.

En conséquence, il est nécessaire que ces thématiques soient abordées de manière éclairée et bienveillante par les enseignants. La sensibilisation est, en effet, un facteur clé de résilience pour les enfants concernés par cette problématique.

Le premier écrit fondateur qui ouvre la porte à l’étude du « genre » est l’essai existentialiste Le deuxième sexe (1949) de Simone de Beauvoir (Collet & Dayer, 2014). En effet, elle considérait, en ce qui concerne la gent féminine, que les femmes ne naissent pas femme, mais le deviennent. Dès le début des années 1970, nous pouvons remarquer un engouement notoire pour ce modèle, abordant les idées « de la contraception, de l’avortement ou encore de l’égalité des sexes dans le travail» (Martel, 2005, p.64). En questionnant donc la place et les droits des femmes dans la société, de Beauvoir essaie de donner une nouvelle définition de la femme qui, selon elle, n’a toujours été « définie que par rapport à l’homme » (Martel, p.68).

De même, historiquement, les femmes homosexuelles ont été gommées de la réalité, tout comme des révoltes féminines « en étant incluses comme des versions femelles de l’homosexualité masculine » (Eribon, 2003, p. 191). La reine Victoria d’Angleterre avait déclaré en 1885 à propos des amours saphiques : « It can’t exist (cela ne peut exister) » (Eribon, p. 33), assignant un statut inexistant aux amours saphiques pendant longtemps. De par leur mode de vie indépendant, elles intriguent et questionnent les catégories homme et femme, car elles ne répondent pas à certains critères de féminité, tels que la maternité. C’est pourquoi le masque de l’hétérosexualité au sein des courants féministes a été un moyen de prouver la légitimité de leurs actions en s’affirmant d’abord en tant que femmes, puis en tant que lesbiennes. Si leur mouvement avait été uniquement assimilé au militantisme lesbien, elles auraient été délégitimées en tant que femmes et délégitimées dans leur lutte pour le droit des femmes vu qu’elles ne rentrent pas dans les normes sociétales (Clair, 2013).

L’homosexualité féminine sera ainsi considérée par beaucoup comme scandaleuse en tant que mode de vie, car « la sexualité entre femmes est considérée souvent comme secondaire et utilisée de manière réductrice dans la pornographie où elle devient objet de voyeurisme pour les hommes hétérosexuels » (Tin, 2003, p.262). Ceci les entraîne dans une boucle réflexive entre honte et déni, ne pouvant pas vivre leur situation de manière naturelle.

Table des matières

1) Introduction 
2) Problématique : les stéréotypes dans la société 
2.1 Présentation du phénomène étudié
2.2 Importance de ce phénomène
2.3 Contexte historique et social
2.4 Etat des savoirs sur le sujet
2.4.1 Impact du système hétéronormé en milieu scolaire
2.4.2 L’importance des stéréotypes et leurs limites
2.5 Orientation disciplinaire
3) Cadre conceptuel 
3.1 Le genre
3.1.1 Le sexe et le genre
3.1.2 Différences entre le sexe et le genre
3.1.3 L’identité de genre
3.1.4 Le modèle cognitivo-développemental de Kohlberg
3.1.5 Les rôles et rapports sociaux de sexe
3.2 La sexualité
3.2.1 L’orientation sexuelle
3.2.2 L’identité sexuelle
3.2.3 L’enfant et la sexualité
3.3 La discrimination
3.3.1 Les stéréotypes
3.3.2 Les préjugés
3.3.3 L’hétérosexisme
3.3.4 L’homophobie
3.4 L’école
3.4.1 L’engagement du système éducatif suisse
3.4.2 L’engagement des enseignants romands
3.4.3 Impact de l’homophobie à l’école
4) Questionnement 
5) Dispositif méthodologique 
5.1 Contexte de la recherche
5.2 Considérations éthiques
5.3 Objectifs et méthode de la recherche
5.4 Échantillon
5.5 Outil méthodologique
5.5.1 Images
5.5.2 Situations à analyser
5.6 Grille d’analyse
6) Analyse des données 
6.1 Activité avec les images
6.1.1 Synthèse de la sélection d’images
6.2 Activité sur les différentes situations
6.1.2 Synthèse des différentes situations
7) Interprétation des données 
7.1 La « dérangeante » nudité féminine
7.2 L’apparence trompeuse
7.3 L’habillement et la coiffure
7.4 Le métier
7.5 Synthèse de notre interprétation
7.6 Retour sur les hypothèses de travail
7.6.1 Première hypothèse de travail
7.6.2 Deuxième hypothèse de travail
7.7 Retour sur la question de recherche
8) Conclusion

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