L’évolution variable des pratiques agronomiques orientée par divers facteurs

L’EVOLUTION VARIABLE DES PRATIQUES AGRONOMIQUES ORIENTEE PAR DIVERS FACTEURS

Dans le domaine privé et dans le domaine public la gestion est très différente, notamment au niveau du management de l’équipe. Dans le privé comme à Villandry le personnel exécute ce qu’on lui demande, dans le public la justification est sans cesse nécessaire. Dorénavant la pénibilité est beaucoup moins acceptée par les jardiniers. Des techniques plus efficaces et moins fatigantes sont apparues, alors les jardiniers peuvent se demander pourquoi repartir en arrière et travailler de nouveau à la binette. Dans le domaine public les choix de ce type demandent des justifications et une certaine persuasion afin de faire accepter ce choix, alors que dans le domaine privé les décisions sont prises et exécutées par le personnel, il n’y a pas cette contrainte de justification. C’est une remise en question du travail et du rôle de jardinier qui pousse à évoluer. « Aujourd’hui on embellit, ce qui signifie tout concevoir, on ne se limite pas à fleurir. On obtient les mêmes voire meilleurs résultats qu’auparavant en adaptant pratiques et paysage» (THEBAULT.M, 2010). La réflexion actuelle est davantage portée sur comment aménager un espace vert pour l’embellir, mais également pour qu’il nécessite le moins d’entretien et qu’ils soient les plus respectueux possible de l‘environnement. La mise en place de nouvelles pratiques plus respectueuses de l’environnement dépend en fait de l’approche de chacun.

En effet la politique d’entretien des espaces verts dépend des villes, de ses élus et de leur volonté. A Tours si les élus donnent de grandes directions chaque équipe est maîtresse de l’entretien de ses espaces. Et quand on observe les différences attribuées à un même vocabulaire par différents agents de maîtrise on pressent déjà que la volonté de chacun influence l’évolution. Par exemple un gazon de prestige sera une pelouse sans aucune fleur pour certains, alors que pour d’autres ce sera à l’inverse une pelouse avec fleurs et biodiversité. Au jardin Botanique par exemple le personnel est dans les tendances environnementales, la volonté des agents est déjà bien présente. A l’inverse l’optique de l’équipe du jardin du Musée des Beaux-Arts est de désherber, de mettre la priorité à l’esthétisme avant tout autre chose. De même pour les espaces naturels les volontés des équipes et les façons de penser diffèrent. Prenons l’exemple de la gare où les arbres sont malades. Pour répondre à ce problème certains agents interrogés voient le traitement chimique comme solution à appliquer alors que d’autres pensent plutôt à remplacer l’espèce qu’ils pensent inadaptée au vu de la maladie.

On observe à première vue, deux opinions qui s’affrontent. Certains défendront le fait qu’avec de la volonté et les nombreuses techniques qu’il existe, il n’y a que peu de contraintes que l’on ne puisse dépasser même si l’on doit se plier aux besoins des plantes. Alors que d’autres interrogeront davantage le rôle et l’identité des jardins et de la ville, ils défendront l’idée d’un esthétisme à rechercher avant tout et ne changeront leurs pratiques qu’à condition que l’efficacité reste la même. Ces discours qui s’opposent sont à corréler avec un personnel interrogé qui assure la gestion de sites dont le type et la localisation sont généralement opposés. Si à première vue deux manières de penser les choses s’opposent chacun reconnait en réalité qu’il est plus ou moins facile d’évoluer selon la typologie et la localisation du site. Malgré des volontés plus ou moins prononcées pour l’évolution des techniques d’entretien, tous sont d’accord de dire que la contrainte majeure, difficilement surmontable est celle de la mentalité des personnes.

L’acceptation de la population, contrainte majeure

Une question récurrente soulevée, est celle de l’évolution des mentalités. « En effet la gestion différenciée se heurte encore à des obstacles culturels» (FAYOLLE Pascal, 2004). Dans la société actuelle la beauté est forgée à l’immuable, ainsi les changements d’aspects des espaces verts sont difficiles à faire accepter car ils sont vus comme de la négligence ou un abandon de l’entretien. Malgré une évolution du terme de « mauvaises herbes » en « plantes indésirables » puis « plantes spontanées », le terme de mauvaises herbes est toujours fréquemment utilisé. De la même manière on retrouve souvent les deux notions de « propre » et « sale ». Il est important de nuancer ces termes. (SABATIER.G, 2010). En effet un jardin dit « propre » définit généralement pour la population un jardin 100% net sans aucune plante indésirable, et un jardin est rapidement dit « sale » non pas parce qu’il n’est pas entretenu mais parce qu’il paraît comme tel au regard des usagers qui aperçoivent quelques défauts inhabituels. Les visiteurs tout comme certains agents ne sont pas prêts à abandonner un jardin avec une « propreté » parfaite pour un jardin avec quelques fleurs indésirables. Si les usagers ont connu des jardins « propres » durant des années il est difficile de revenir en arrière et les changements sont vite perçus comme un abandon d’entretien du jardin. Pourtant le passage en gestion différenciée ou adaptée, a pour conséquence inévitable le passage d’un jardin dit « propre », à un jardin avec quelques défauts, mauvaises herbes, ou maladies temporaires qui entrainent des tâches sur les feuilles et qui renvoient à l’idée de friches, de jardin non entretenu dit « sale ».

La plus grande contrainte qui fait donc obstacle à l’évolution des techniques d’entretien dans les parcs et jardins reste celle de la tolérance de la population aux changements et au « non propre ». La notion de propreté esthétique est très Française, nos voisins Européens du Nord notamment, ne semblent pas choqués par des herbes à la base des arbres ou sur les trottoirs. La « netteté » d’une surface se traduit par la présence de résidus d’herbicides retrouvés dans les nappes aquatiques, ce qui donne matière à réfléchir sur la notion de « propreté ». Mais les discussions se heurtent sans cesse à la question de l’acceptation par les usagers. (COTTU.Y, 2003). Plus volontiers que nous, les peuples anglo-saxons acceptent l’hétérogénéité liée à la liberté d’un traitement plus respectueux de l’environnement et plus adapté. Laisser pousser l’herbe ou moins la couper ne choque absolument pas dans ces pays. En France nous ne sommes pas encore dans un état d’esprit où nous acceptons un minimum de plantes spontanées, qui ne sont pas forcément acceptées par la population. Ainsi face à une certaine prestation paysagère et esthétique on n’adapte pas ou peu le paysage, mais avec les pratiques nombreuses pouvant s’adapter à ces contraintes à l’exemple des divers types de paillage, on essaye tout de même d’opérer un certain nombre de changements. Mais la mentalité des personnes évolue difficilement surtout face aux habitudes. Alors même certains changements de pratiques visibles comme le paillage sont parfois difficilement acceptés, mais la présence de plantes spontanées reste le problème majeur.

 

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