L’histoire des barrages

L’histoire des barrages

Il ne s’agit pas en quelques pages de faire le tour de l’histoire des barrages, mais de découvrir à travers l’histoire de l’humanité, pourquoi et comment l’homme a toujours cherché à retenir l’eau, la dériver, ou s’en protéger pour son plus grand bénéfice. Cette activité a commencé quasi simultanément dans toutes les civilisations, à des périodes très reculées, dans des zones très éloignées les unes des autres, sans qu’aucune communication puisse faire penser à un quelconque transfert technologique. Certaines réalisations ont donc pu être oubliées, ou mentionnées sans développement. Un éclairage particulier a été donné à ce qui s’est passé en France, dont le territoire est plus familier à beaucoup de ceux qui consulteront ce site.

Aux environs de 2900 av JC, le Pharaon MENES, fondateur de la première dynastie Egyptienne aurait dérivé le Nil à Koseish, pour construire sa capitale Memphis derrière des remparts qui la mettaient à l’abri des crues du Nil. Cet ouvrage en pierres de taille pouvait avoir 15m de hauteur et 450m de longueur en crête. L’homme avait fait confiance, peut-être pour la première fois, pour résister à la pression de l’eau, à une structure gravitaire. Près de 5000 ans seront nécessaires avant que de telles structures soient conçues et dimensionnées sur la base d’une connaissance aussi rigoureuse que possible du comportement des matériaux utilisés.

Pareillement le barrage de SADD EL KAFARA, construit sur l’oued Garawi, à 30 km au sud du Caire sous les 3ème et 4 ème dynasties (2 650-2 645 av JC) consistait en 2 murs de maçonnerie de moellons de 24 m d’épaisseur à la base, enserrant un noyau de terre de 36 m d’épaisseur (figure 1). L’ouvrage de 12 m de hauteur et de 108 m de longueur, fut très rapidement ruiné par submersion, car il ne possédait pas d’évacuateur de crues. Cette erreur s’est malheureusement répétée de nombreuses fois jusqu’à nos jours. Il n’a pas toujours été compris qu’un exutoire était nécessaire à la rivière et lorsque cet exutoire était prévu, son dimensionnement a été souvent insuffisant par manque de connaissances appropriées. Cette première rupture historique connue de barrage a-t-elle détournée les ingénieurs égyptiens d’une semblable entreprise ? Le fait est que le seul autre barrage construit sous le règne de SETHI 1ER (1 319 -1 304 av JC) sur le Nahr El Asi près de HOMS en Syrie, est du type en enrochement. Il a 6 m de hauteur et 2000 m de long et il est encore en service aujourd’hui.

On ne citera que pour mémoire, l’énorme et énigmatique barrage de MOERIS construit aux environs de 300 av JC dans une dépression naturelle du Fayoum à 80 km au sud du Caire. Cet ouvrage faisait le tour de la dépression. L’alimentation du réservoir ainsi créé et sa vidange étaient réglées seulement au moyen de barrages temporaires, alternativement construits et démolis.

Bien que la construction des barrages semble avoir été développée à une époque relativement plus récente qu’en Egypte dans la vallée du Tigre et de l’Euphrate, la mise en valeur de ces dernières fut rendue possible par la maîtrise de nombreux aménagements hydrauliques à partir du 3ème millénaire avant notre ère. Le raffinement des civilisations de cette région s’est appuyé sur le développement et la pérennité de l’alimentation en eau. Une première étape a consisté à retenir l’eau dans les réceptacles aménagés, mouilles en fond de rivières ou citernes. Mais l’étape décisive a consisté à barrer le flot, détourner l’eau et irriguer les cultures. Enfin la dernière étape a été de comprendre l’intérêt de disposer d’une réserve d’eau importante en saison sèche pour développer de nouveaux usages : forces motrices à l’avènement de la roue hydraulique, navigation, recharge de nappes (figure 2).

En Irak, vers 2 100 av JC, lors de la 3ème dynastie d’Ur, quelques tablettes mentionnent des équipes de femmes employées à la construction de barrages de roseaux. Cet emploi de roseaux est aussi mentionné au sujet de barrages que MARDUK, roi de Babylone, probablement le NEMROD biblique, fit construire sur le Tigre, en amont de Samarra, en vue de détourner la rivière vers un nouveau lit. Cet ouvrage aurait été ruiné vers 1 200 av JC. Cependant aucune trace n’est visible actuellement, ce qui n’est pas surprenant si l’ouvrage avait été construit en terre et roseaux.

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