Localisation des activités économiques et son impact sur  l’étalement urbain

Localisation des activités économiques et son impact sur  l’étalement urbain

Pourquoi l’aire urbaine?

Une aire urbaine est un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle urbain (unité urbaine) de plus de 10 000 emplois, et par des communes rurales ou unités urbaines (couronne périurbaine) dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui‐ci7 . L’aire urbaine ainsi définie constitue par conséquent un territoire idéal pour étudier des facteurs liés à l’emploi. Dans cette optique, l’aire urbaine semble être le territoire le plus pertinent concernant l’analyse de la localisation des activités économiques et son impact sur l’étalement urbain. Echelle spatiale émergente, ce grand territoire n’est jamais institutionnalisé à cette échelle et est généralement constitué d’un ensemble fragmenté de juridictions territoriales, en particulier, dans le cas français, des communautés (urbaines, d’agglomération ou de communes) dont le point commun est d’avoir comme premières compétences obligatoires l’aménagement de l’espace et le développement économique. Considérer la région urbaine pose donc la question de la coordination des stratégies entre des territoires interdépendants mais distincts institutionnellement. 

Méthodologie

Afin d’étudier la localisation des activités économiques sur chaque territoire, de nombreuses sources ont été rassemblées. Les données INSEE m’ont permis d’analyser l’évolution démographique et les données générales relatives à l’emploi. Le problème majeur rencontré a été de trouver des données exploitables concernant l’étalement urbain, et en particulier l’étalement dit « économique », ainsi que des données concernant la nature des activités en expansion. Corine Land Cover8 est une base de données européenne d’occupation biophysique des sols. Le projet est piloté par l’Agence européenne de l’environnement et couvre 38 états. La limite de cette base de données est sa relative imprécision puisque les rendus sont réalisés avec des pixels d’une précision de 20 à 25 mètres.  Cependant, dans le cas de mon étude, l’échelle large des territoires étudiés me permet d’utiliser cette base de données et d’en tirer des résultats relativement fiables, du moins afin de dégager des ordres de grandeurs acceptables. Mais ce manque de précision dans les données a tout de même quelques conséquences. Dans la littérature, de nombreux auteurs9 séparent les causes de l’étalement urbain en 3 principaux secteurs, à savoir l’habitat, l’activité et les VRD. Le pas de 25 mètres de la base de données Corine Land Cover ne permet ainsi pas de comptabiliser la majeure partie des routes: ces dernières ont en général une largeur de 8 à 15 mètres dans un espace urbain. La grande partie des VRD va donc être directement incorporé dans d’autres catégories. Ainsi, dans un lotissement où 30% de la surface totale est due aux voies automobiles et piétonnes, la base de données Corine Land Cover comprendra le tout comme un espace uniquement artificialisé en raison de l’habitat. Ce raisonnement est valable pour les zones d’activités ou encore les campus. Dans ce sens, même s’il existe bien un poste ‘Réseaux routier et ferroviaire et espaces associés’ (poste 122) dans la base de données CLC, ce lui‐ci ne comprend que les réseaux suffisamment larges pour êtres susceptibles d’être comptabilisés, notamment les autoroutes. Et inversement, lorsque je calcule un espace dont 35% de la surface urbanisée totale est due à l’habitat, il faudra penser que ce chiffre est en réalité surement inférieur vu que la surface comptabilisée dans la catégorie ‘habitat’ comprend probablement en réalité des réseaux routiers ou même des petits commerces. Ainsi, pour mieux comprendre ce travail, il faudra désormais considéré un espace urbanisé dû à l’habitat comme un espace urbanisé où l’habitat prédomine.   3 versions de données Corine Land Cover sont mises à disposition du public. Les données sont regroupées en différents postes10 en fonction de l’occupation biophysique du pixel, allant de 5 postes au niveau 1 jusqu’à 44 postes pour le niveau 3, le plus précis. J’ai ainsi travaillé à partir du niveau 3 sur les 4 territoires d’étude, puis recréé 4 groupes d’entités: ‐ Zone urbanisée due à l’habitat: postes 111 (tissu urbain continu) et 112 (tissu urbain discontinu) ‐ Zone urbanisée due à l’activité: poste 121 (zones industrielles et commerciales) ‐ Zone urbanisée, divers: postes 122 à 142 (décharges, aéroports, parcs publics urbains, équipements sportifs et de loisirs, …) ‐ Zone non‐urbanisée: postes 211 à 523 (forêts, zones agricoles, plages, étangs, …) Après traitement, les données statistiques m’ont permis de dresser un bilan général pour chaque territoire d’étude et de dégager les évolutions et l’impact relatif de l’activité sur l’étalement urbain général. Dans un second temps, j’ai réalisé en travail cartographique en transférant les couches SIG sur le logiciel ArcMap afin de donner un aperçu visuel des tendances de l’étalement urbain général, et de l’étalement économique, entre 1990 et 2006.   Cependant, les données Corine Land Cover regroupent l’ensemble de l’activité en un seul tenant et il n’est pas possible de différencier les différents secteurs d’activités occupant l’espace. Dans cette optique, je me suis procuré les données Sitadel2. Ces dernières recensent annuellement la surface autorisée en locaux généraux (activité, service public, enseignement, …)par commune, en les classant en 13 catégories. Au final, je n’ai retenu que 7 d’entre elles afin d’étudier la part de chaque secteur d’activité: ‐ Locaux d’hébergement hôtelier ‐ Locaux de commerce ‐ Locaux de bureaux.

Etude des 4 territoires

Le programme FRANG étudie 4 territoires français sur la question de la localisation des activités économiques et de son impact sur l’environnement: ‐ l’aire urbaine d’Aix‐Marseille ‐ les aires urbaines de Nantes et St‐Nazaire ‐ l’aire urbaine de Rennes ‐ l’aire urbaine de Tours J’ai décidé de prendre en compte les mêmes territoires afin de bénéficier des études déjà réalisées et d’apporter ainsi des compléments de réponse au programme, à la seule exception que je considère l’aire urbaine de Nantes, et non les aires urbaines de Nantes et de St‐Nazaire comme une entité unique, qui sont à mon sens deux espaces différents bien que très proches. Je me restreins donc à la définition INSEE de l’aire urbaine qui considère donc 2 aires urbaines sur ce territoire. Je ne prends donc pas en compte l’aire urbaine de St‐Nazaire dans cette étude. En revanche, le territoire d’étude d’Aix‐Marseille est inchangé, car il s’agit bien d’une seule et même aire urbaine au sens de l’INSEE.     Les aires urbaines de Marseille, Nantes, Rennes et Tours sont respectivement classées 3ème, 8ème, 11ème et 18ème en termes de population en 2008. La hiérarchie entre ces 4 territoires semble être fixe. En effet, leur poids démographique semble pour chacun différent de l’autre.   Marseille est une ville à influence européenne et méditerranéenne, avec une population presque 4 fois supérieure à l’aire urbaine tourangelle, qui n’a qu’une influence régionale. Les aires urbaines de Nantes et Rennes semblent au final être les plus proches, étant toutes les deux d’importants pôles nationaux, même si le poids supérieur de l’aire urbaine nantaise sur sa voisine reste indéniable, notamment grâce à son aéroport.   Pour autant, l’ensemble des 4 territoires, à l’image de la France de manière générale, a connu une croissance démographique positive entre 1990 et 2006. En particulier, l’aire urbaine de Rennes est la deuxième aire urbaine française la plus dynamique derrière Toulouse11, avec un taux d’évolution de 26,5% entre 1990 et 2006. Nantes est elle aussi très dynamique avec un taux de croissance supérieur à 20% durant la même période, ce qui d’après les prévisions amènera l’aire urbaine à dépasser la barre du million d’habitant d’ici à 2020.12 Bien que moins dynamique en termes de croissance, l’aire urbaine marseillaise reste le territoire qui a gagné le plus de population parmi les 4 cas, avec une augmentation de plus de 180 000 habitants depuis 1990. Derrière, l’aire urbaine de Tours est à la fois la moins peuplée des 4 aires urbaines mais aussi la moins dynamique en termes de croissance (juste après Marseille). Elle reste cependant elle aussi compétitive avec un taux de croissance de la population de 13% depuis 1990, soit près de 55 000 nouveaux habitants.

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