L’UNE DES PREMIERES CHARTREUSES FEMININE DE L’ORDRE

Télécharger le fichier original (Mémoire de fin d’études)

La constitution du domaine.

L’étude des domaines de la chartreuse de Prémol pourrait à elle seule suffire à un sujet de mémoire, tant les sources sont importantes les concernant. C’est peut-être l’un des domaines de l’histoire cartusienne où la recherche a été la plus poussée ; les thèses de Sylvain Excoffon55 et d’Emilie-Anne Pépy56 illustrent ce propos.
Libéralités et donations ont permis à la chartreuse d’émerger du sol. Seulement, l’accompagnement jusqu’au sevrage total d’une aide externe fut un peu long. Plusieurs phases sont visibles dans l’analyse des acquisitions foncières : une première vague consistant en la « finition » du désert et une deuxième vague portée sur le capital foncier hors-désert, ce qui sera appelé plus tard les domaines. L’étude de ces domaines est extrêmement intéressante, mais la présence de plusieurs toponymes similaires dans une région restreinte s’inscrit de manière négative dans une vision globale que l’on souhaiterait plus claire. Plusieurs tableaux ont été réalisés afin de faciliter l’approche et éviter un fastidieux catalogue chronologique de diverses possessions du monastère de Prémol. De plus ils nous permettront d’étudier les phases d’acquisitions selon différentes modalités (dons, achats, échanges…), mettant parfois en lumière les volontés des dirigeants cartusiens.

La finition du désert.

Le désert cartusien est « un périmètre privilégié, à l’intérieur duquel la paix nécessaire à la prière est garantie, et où l’on peut trouver les subsistances nécessaires à la vie du petit groupe monastique57. » Il est donc primordial qu’il soit suffisamment grand, constituant ainsi une zone tampon, protégeant les chartreux de l’intrusion de laïcs. En 1260, Guigues Alleman (fils d’Odon) remit au frère Ponce les terres allant « de la montagne du Recoin, depuis le col des Laux jusqu’à Chamrousse »58. Il y ajouta sa protection et l’acte, passé à Uriage, fut scellé par l’évêque de Grenoble et le prévôt de Saint-André de cette ville. La zone cédée était mitoyenne à la montagne et à la forêt de Prémol, du côté Est, approximativement au lieu actuel de Roche-Béranger jusqu’à la localité de l’Arselle59. Cette donation ne semble pas agrandir à proprement dit le « désert » dans son sens cartusien, même si les terres étaient mitoyennes. Le « désert » n’est bien sûr pas cité en tant que tel dans les textes des Cartusiennes, nous obligeant dès lors à établir des conjectures. Or il est plus probable que ces terres aient été utilisées comme lieux de transhumance pour les troupeaux du monastère, et nous pensons notamment aux brebis, nombreuses à Prémol au XIIIe siècle si l’on en croit la dotation de Parménie.60
Le 21 mai 1681, les habitants de Livet cédèrent en faveur des moniales les droits qu’ils possédaient sur la montagne de l’Infernet61, qui faisait à priori partie de la dotation initiale de Béatrix. Le fait que la commune de Livet y possédait des droits acquis par la chartreuse quatre siècles après sa fondation incite à penser que ces terres ne font pas partie du désert mais ce n’est pas un fait certain. Certaines libertés des communautés voisines sur la montagne de Prémol ont même perduré tout au long de l’existence de la chartreuse si l’on en croit « Etat estimatif des Revenus de la Chartreuse de Prémol »62. Il semblerait donc que ces terres à l’Est de Prémol, pour la plupart des pâturages, soit attenantes à ce dernier mais l’interrogation reste posée quand à la limite du désert, du fait de la présence des droits des habitants de Livet.
Finalement, il n’y a peut-être qu’un acte où l’on puisse être certain qu’il s’agisse de l’agrandissement du désert ( la date, tardive au vu de la fondation, distille néanmoins un léger soupçon) daté du 8 Juillet 1340 63 ou le Seigneur de Séchilienne Jean Alleman abandonna aux moniales le pré des Mouilles et le bois joint, jusqu’au Rocher de Pissevieille et le ruisseau Rambert, ainsi que la partie supérieure du pré dit des lessives ; sans doute ainsi nommé parce qu’il servait à l’étendage du linge du monastère. Ce pré des Mouilles semble être situé à quelques centaines de mètres au sud du monastère si l’on en croit la carte réalisée à la Révolution Française64. Il est clair que cette donation fut d’importance pour le monastère tant le lieu est proche des bâtiments ; rien ne nous dit cependant si les droits65 appliqués aux déserts cartusien le furent à cette endroit. D’autant plus que nous avons constaté auparavant l’existence de droits des communautés avoisinantes jusqu’en 1790…
Le cumul des cessions de droits illustre en effet un phénomène fondamental : la transformation des « déserts » en véritables domaines. L’ordre des chartreux s’étant développé dans la région depuis plus d’un siècle, il est probable que la donatrice connaissait les besoins d’une fondation cartusienne. Notamment ceux du « désert ».
Par leur dotation les puissances laïques et ecclésiastiques environnantes ont permis à la chartreuse de naître, elles contribuèrent ensuite au maintien et à l’accroissement de leur temporel de divers moyens, par des dons fonciers bien sûr (les domaines seront examinés plus en aval du développement) mais aussi par des dons financiers, sous forme de rentes. Un tableau66 a été réalisé avec les principaux dons que M. Pilot a répertorié dans son ouvrage. Il n’est donc pas exhaustif mais nous éclaire sur ce phénomène.
Les Chartreux refusaient les fondations de messes67, cependant les donateurs avaient la possibilité d’indiquer à quoi l’argent serait dévolu ; ce sont des contre-dons en quelques sortes. Si les dons étaient en monétaires, ce n’était surement pas parce que la lignée des Dauphins n’avait pas les moyens de leur céder des biens fonciers68, puisqu’elle l’avait déjà fait et qu’elle albergeait même en 131269 les eaux du lac de la plaine Saint-Laurent pour les moniales de Prémol. On constate cependant une augmentation du nombre de dons du début du XIVe au milieu du XIVe siècle. Peut être faut il y voir le signe d’une prise d’autonomie de la chartreuse en ce qui concerne l’orientation de son temporel. Une piste à compléter avec l’étude de l’acquisition des domaines de la chartreuse.

Accroissement du domaine.

Deux tableaux ont été réalisés pour faciliter l’étude de l’acquisition des possessions terrestres de la chartreuse de Prémol. Le premier porte sur les dons fonciers70, depuis la fondation ; les donations « franches » sans aucune contrepartie et les donations-ventes, qui étaient des dons déguisés en achat afin de donner plus de valeur à la transaction et par la même établir de manière plus concrète l’autorité du nouveau propriétaire. Le deuxième tableau concerne les achats réalisés par les moniales cartusiennes71. Ces deux tableaux sont loin d’être exhaustifs ; certains actes sans grande importance ont été même sciemment omis. Nous nous intéresserons plutôt au positionnement géographique et à la qualité des terres mentionnées… On peut une nouvelle fois constater, lorsqu’on regarde la liste des donateurs, l’aide qu’apportèrent les différents Dauphins à la Chartreuse au XIIIe et XIVe siècles. Il est d’ailleurs intéressant de constater que dons financiers et dons fonciers semblent correspondre à des dates à peu prés similaires, ne dépassant cependant pas la chronologie médiévale. Ils semblent importants au XIIIe et XIVe siècles mais ont ensuite tendance à s’étioler. Une fois l’influence de la famille Alleman amoindrie72, ce ne furent plus que les notables aisés qui effectuèrent quelques donations monétaires ou foncières à l’époque Moderne.
Au côté des terres acquises par donations, la chartreuse de Prémol, s’ingénia cependant assez rapidement à promouvoir et améliorer elle-même son capital foncier, et ce dès 1241 où elle échangea des biens aux Alberges possédés par les chanoines du chapitre Saint André de Grenoble73. Quinze ans plus tard, elle effectua une importante transaction en achetant elle-même le domaine de Mantonne situé à la Tronche qu’elle garda jusqu’à la Révolution Française74. Elle effectua par la suite plusieurs achats moins importants de vignes et de terres proches du domaine initial. Marguerite Peyllard réalisa en 1327 la donation du tènement de Montfleury, situé à la Tronche, or d’après M. Pilot75 ladite terre était attenante à celle des moniales. Il est intéressant ici de constater avec ces deux exemples la complémentarité des dons et des achats. Les cartusiennes se démenèrent pour agrandir leur terre, seulement 7 ans après la fondation de Prémol. La donatrice Peyllard agrandit en 1327 par sa donation, la possession achetée par les moniales. Et l’on peut constater que ce « dialogue » a pu faire intervenir plusieurs acteurs dans le cas du Lac de Bourg d’Oisans. Ce dernier faisait partie de la donation initiale de Béatrix de Montferrat. De 1280 à 1292, Prémol effectua plusieurs achats de terres situées dans cette région76. En 1312, Jean II leur albergea les eaux du Lac de la plaine Saint-Laurent contre des cens et redevances. Les moniales ont amplifié les possessions léguées lors de la fondation, tandis que le descendant de Béatrix effectua à son tour une donation concernant ces terres.
Il y avait donc réellement une mise en valeur des domaines, qu’ils soient acquis par dons ou par achats par le monastère. Les dons de fonciers n’étaient pas des dons pour des dons. Il était plus simple d’effectuer une donation en argent, la seule complication étant parfois une volonté particulière du donateur pour l’utilisation de son don77. Les dons fonciers demandaient un peu plus de réflexion, et l’on s’imaginerait volontiers que les puissances donatrices ne devaient pas avoir trop de remords à glisser au sein des donations des terres incultes, qui ne pouvaient être mises en valeur que difficilement, ou situées trop loin pour une gestion convenable. Concernant Prémol on peut constater une certaine logique, un fil conducteur à propos des divers dons et achats du monastère. En 1240, Guigues céda la Mendria (située dans le voisinage de Romans78) ; un tènement relativement éloigné de Prémol. 12 ans après, du fait de cette distance trop importante, il l’échangea avec le domaine de la Mure ; plus à la convenance des religieuses… La complémentarité censée des dons et achats permit à la chartreuse d’acquérir un domaine important et de gagner ainsi un peu plus d’autonomie. A la fin de l’époque médiévale, ce domaine ne resta cependant pas figé et le monastère augmenta inéluctablement l’étendue des ses possessions.

Des achats onéreux de terres à la fin du XVIIe siècle.

Avant de terminer cette sous-partie par l’étude des domaines de au 17e et 18e siècles, un point va être effectué sur le 15 e et 16 e siècles. Il semblerait en effet que durant cette période, il y ait eu beaucoup moins d’achats de terres de la part de la chartreuse79. Nous pouvons noter l’achat de l’étang des Fauries, mais il semblerait qu’il s’agisse de l’agrandissement d’un domaine acheté auparavant80. Il semble en tout cas qu’il n’y ait pas eu d’achats de grands domaines du XVe à la fin du XI siècle. L’absence de données n’étant pas une preuve, les archives ayant pu disparaitre au cours des siècles ; une exploration méthodique des fonds de la série 17 H des Archives Départementales de l’Isère dans cette optique de recherche pourrait peut-être s’avérer fructueuse. Nous en serions néanmoins enclins à penser que l’histoire événementielle du monastère et de la région n’est pas étrangère à ce « vide ». Le monastère brûla à plusieurs reprises, fut saccagé durant les guerres de religion et abandonné par les moniales lors de périodes instables81.
Au XVIe siècle, on peut constater une reprise des achats82. Plusieurs terres achetées entre 1592 et 1596 contribuèrent à augmenter la donation située à Moras83 sur la paroisse de Saint-Saturnin ; tandis que les fonds au Gua, acquis début 16e furent agrandis84 de manière similaire. En 1676, la chartreuse acheta à François Galland le domaine de Saint-Bruno85 pour la bagatelle de 17.000 livres ! C’était une somme extrêmement importante au vu du montant du revenu annuel du monastère, estimé en 1730 à 8030 livres, 17 sols et 7 deniers selon la Déclaration faite à l’Assemblée Générale du Clergé de France86. D’autant plus que 18 ans après, l’investissement se porta sur le domaine de Girouds87, appelé aussi de Sainte-Roseline, pour la somme de 23.200 livres. C’est une nouvelle phase d’achat qui débute. Ce ne sont plus les terres du Moyen-âge acquises morceaux par morceaux à des propriétaires différents… Prémol a pu se permettre le « luxe » d’acheter en peu de temps deux domaines complets, qui semblent déjà productifs tout en faisant une demande de prêt en 1683 pour des « necessiter urgentes »88. Il apparait peu probable qu’un monastère comme Prémol ait pu réaliser cela tout seul. Il est possible que la Grande-Chartreuse ait participé à ces investissements, d’autant plus qu’Innocent Le Masson (prieur de 1675 à 1703) fut général de l’Ordre de 1675 à 1703 et qu’il semble avoir eu des affinités particulières avec les moniales cartusiennes, en particulier Prémol.89 Il est vrai cependant qu’en 1676, année d’achat du domaine de Saint Bruno, le monastère de la Grande Chartreuse brûla. Les travaux titanesques de reconstruction furent réalisés grâce à l’aide de l’ensemble des chartreuses de l’Ordre…Il devait donc être difficile pour la Grande Chartreuse d’aider financièrement Prémol pour l’achat du domaine à cette période à moins que sa fortune ne fut vraiment très importante. Cette situation apparait plus probable en 1695 pour le domaine des Girouds.

Les guerres de religion : syndrome d’un cache-trouble.

A l’orée du XVIe siècle, la bonne santé de l’ordre s’affichait par son nombre de maisons. Sans doute 196 chartreuses d’hommes et 6 de femmes90, mais la période troublée des Guerres de Religion n’épargna ni les chartreux, ni le Dauphiné. En 1562 la Grande Chartreuse elle-même fut envahie par les troupes du baron des Adrets ; le monastère fut pillé et brûlé, les chartreux en fuite91 ; c’est le symbole de l’ordre qui a été meurtri. De manière plus pragmatique, plus de la moitié des chartreuses ont été touchées par les violences qui « accompagnent et souvent cristallisent les changements religieux »92. La vallée de Vaulnaveys connut elle aussi les prêches des réformateurs protestants au milieu du XVe siècle, notamment par le biais de Guillaume Farel 93. Bruant estime même que Vaulnaveys haut et bas étaient acquis à la « Religion Prétendument Réformé » en 156394. Rajoutant cependant à la suite qu’elle ne figure pas en 1567 dans la liste des églises réformées du Dauphiné et soulignant de ce fait son caractère éphémère… On peut en conclure que les deux factions religieuses étaient bien présentes localement. Le pillage du couvent de Prémol durant cette période ne semblerait cependant pas être de leur fait…

Dévastation de Prémol par des Huguenots de l’Oisans.

Des Huguenots de l’Oisans dévastèrent le couvent en 156395, et les moniales se réfugièrent au sein de leur famille. L’aversion des protestants pour le monachisme n’est plus à prouver ; cependant l’origine géographique des assaillants et les liens difficiles qu’entretenait la chartreuse de Prémol avec les habitants de Bourg d’Oisans (au sujet du lac en partie situé sur les domaines de la chartreuse) tendent à penser que ce sont plutôt ces liens « difficiles », plus que la foi catholique qui ont été à l’origine de l’épisode de 156396.
Il semblerait tout de même étrange que les gens de Bourg d’Oisans se soient déplacés loin97 de leur terre, afin de porter atteinte monastère de Prémol ; alors que d’autres Huguenots étaient présents à Vaulnaveys et qu’ils ne devaient pas non plus porter le monastère dans leur cœur. Nous serions plutôt portés à croire que le fait d’être Huguenots ou Catholiques n’a eu finalement que peu d’impact sur ces péripéties et que le conflit religieux servit de prétexte aux habitants de Bourg d’Oisans pour exercer cette violence, au relent de vengeance, sur les propriétaires d’une partie du lac de Bourg d’Oisans. Les troubles religieux engendraient de plus une certaine impunité pour les auteurs du forfait, acquérant la valeur d’un fait de guerre pour un Huguenot ou comme une des expressions malheureuses du conflit pour un catholique. On ne peut le comparer avec l’invasion de la Grande-Chartreuse par les hommes du baron des Adrets par exemple. Le terme « d’expédition punitive » semblerait être celui qui a le plus de sens si l’on souhaitait résumer en deux mots cet acte.

Table des matières

PARTIE 1 – UNE CHARTREUSE EN BELLEDONNE
CHAPITRE 1 – L’UNE DES PREMIERES CHARTREUSES FEMININE DE L’ORDRE
1. La fondation de la chartreuse de Prémol
2. La constitution du domaine
3. Les guerres de religion : syndrome d’un cache-trouble
CHAPITRE 2 – LES PREMIERS BATIMENTS : DE LA FONDATION A LA FIN DES GUERRES DE RELIGIONS
1. Le premier monastère de Prémol
2. Maison basse et obédience
3. Le couvent à la fin des troubles religieux
CHAPITRE 3 – LA COMMUNAUTE MONASTIQUE
1. Mode de vie de la chartreuse de Prémol
2. La direction du monastère à travers les comptes
3. Le monastère à la fin des troubles religieux
PARTIE 2 – UNE FRENESIE D’AMENAGEMENTS
CHAPITRE 4 – LES GRANDS TRAVAUX DE CONSTRUCTIONS DE LA FIN DU XVIIE SIECLE A LA FIN DU XVIIIE SIECLE
1. Les grandes phases de constructions
2. Les raisons du choix ou le choix de la raison
CHAPITRE 5 – LES PHASES D’ENTRETIENS DE LA CHARTREUSE
1. 1715-1735 : une première phase (B2) paisible dans les réparations
2. 1758-1778 : les proportions grandissantes des réparations
CHAPITRE 6 – LE NERF DE LA PIERRE
1. Les recettes extraordinaires extérieures aux actions de la chartreuse
2. Les recettes extraordinaires de l’apothicairerie
PARTIE 3 – UN PALAIS EN MONTAGNE ?
CHAPITRE 7 – LA COMPOSITION VISUELLE DU MONASTERE
1. La carte de la Grande Chartreuse : de l’utile à l’idéal
2. Quelques éléments d’analyses fiables
3. L’intérieur de la chartreuse pièce par pièce
CHAPITRE 8 – LES MATERIAUX
1. Les ardoises
2. Les matériaux courants
CHAPITRE 9 – LES ARTISANS ET LA CHARTREUSE
1. Le paiement d’un savoir-faire
2. Les artisans du bâti au cas par cas

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *