Modèle de Cox concernant la mortalité

Chiens opérés pour corps étrangers

Concernant plus spécifiquement les chiens atteints de corps étrangers, l’association entre l’albuminémie et la mortalité est ajustée sur l’âge par le modèle de Cox : tableau 15.
Tableau 15 : Association entre l’albuminémie pré-opératoire et la mortalité par le modèle d’analyse multivariée de Cox chez les chiens opérés de corps étrangers aRR (95% IC) : risques relatifs ajustés sur les variables pré-opératoires citées et leur intervalle de confiance à 95%
En conclusion :
– RR non ajusté = 10,3 [1,3-82] (p<0,05)
– RR ajusté = 8,7 [1,1-71] (p<0,05)
→ Indépendamment d’autres variables, un chien hypoalbuminémique présenté pour corps étranger a 8,7 fois plus de risque de mourir pendant les 30ers jours postopératoires après une chirurgie digestive.

Etude de la morbidité

L’étude de la morbidité concernera dans un premier temps l’ensemble des carnivores domestiques, puis les chiens et les chats séparément. Au vu de l’importante prévalence des corps étrangers (71,3%), on étudiera également spécifiquement la mortalité lors des chirurgies concernant cette indication.

Analyse descriptive de la morbidité

– Morbidité globale
Général (chiens et chats confondus)
Sur l’ensemble de l’étude la morbidité atteint 46,7% (70/150). La première complication apparaît en moyenne à 2,8±0,07 jours post-opératoires.
Chiens
Elle est chez les chiens de 51%, avec 52 animaux ayant présenté une complication dans le mois qui a suivi la chirurgie. La moyenne de survenue est de 2,6±0,07 jours.
Chats
Chez le chat elle est de 37,5%, avec 18/48 cas. La moyenne de survenue est de 3,5±0,3 jours.
Corps étrangers
Lors de corps étranger la morbidité est de 41,1% avec 44/107 cas. La différence est significative par rapport à la morbidité lors d’autres indications chirurgicales (p=0,03) : il y a moins de complications post-opératoires lors de corps étranger.
Chez le chien le taux est de 44% et chez le chat de 34,4%. La différence n’est pas significative (p=0,3) : un chien ne présente pas plus de complications lors d’un corps étranger qu’un chat après une chirurgie. On réalisera une étude univariée pour les deux espèces, et multivariée seulement pour le chien.
Sur l’ensemble des corps étrangers le taux est de 43,8% lors d’entérotomie et de 50% lors d’entérectomie. La différence entre les deux n’est pas significative (p=0,1) : il n’y a pas plus de complications lors d’entérectomie que d’entérotomie lors d’un corps étranger.
Concernant les corps étrangers gastriques le taux de morbidité est de 24,1%, et de 44,8% lors de corps étrangers intestinaux. Le taux est le plus important lors de corps étranger linéaire : 55%.
– Complications
Général (chiens et chats confondus)
Parmi les 70 animaux ayant présenté une complication quel qu’elle soit :
– 45 ont présenté une complication digestive (63,4%), survenant en moyenne à 2,7±0,1 jours post-opératoires. On compte 7 déhiscences de suture digestive, 29 péritonites et 28 vomissements/diarrhées.
– 23 ont présenté une complication relative à la laparotomie (32,4%), survenant en moyenne à 4,7±0,2 jours post-opératoires.
– 30 ont présenté une complication à répercussion systémique (42,3%), survenant en moyenne à 2±0,01 jours post-opératoires. On compte 15 chocs septiques, 15 chocs hypovolémiques et 5 CIVD.
– 12 ont nécessité d’une réintervention (16,9%), en moyenne à 4±0,5 jours postopératoires.
Les 12 animaux étaient hypoalbuminémiques, et le taux de mortalité atteint alors 50%.
Chiens
Parmi les 52 animaux ayant présenté une complication quel qu’elle soit :
– 37 ont présenté une complication digestive (69,8%), survenant en moyenne à 2,4±0,1 jours post-opératoires. On compte 6 déhiscences de suture digestive, 23 péritonites et 24 vomissements/diarrhées.
– 16 ont présenté une complication relative à la laparotomie (30,2%), survenant en moyenne à 4,9±0,4 jours post-opératoires.
– 21 ont présenté une complication à répercussion systémique (39,6%), survenant en moyenne à 1,7±0,2 jours post-opératoires. On compte 12 chocs septiques, 9 chocs hypovolémiques et 5 CIVD.
– 11 ont nécessité d’une réintervention (20,8%), en moyenne à 4,4±0,6 jours postopératoires.
Les 11 chiens étaient hypoalbuminémiques, et le taux de mortalité atteint alors 45,5%.
Chats
Parmi les 18 animaux ayant présenté une complication quel qu’elle soit :
– 8 ont présenté une complication digestive (44,4%), survenant en moyenne à 3,9±0,4 jours post-opératoires. On compte 1 déhiscence de suture digestive, 6 péritonites et 4 vomissements/diarrhées.
– 7 ont présenté une complication relative à la laparotomie (38,9%), survenant en moyenne à 4,3±06 jours post-opératoires.
– 9 ont présenté une complication à répercussion systémique (50%), survenant en moyenne à 2,7±0,7 jours post-opératoires. On compte 3 chocs septiques et 6 chocs hypovolémiques.
– 1 a nécessité une réintervention (5,6%), à 1 jour post-opératoire. Le chat était hypoalbuminémique, et est décédé en post-opératoire.
Corps étrangers
Parmi les 107 cas de corps étrangers :
– 28 ont présenté une complication digestive (26,2%). On compte 6 déhiscences de suture digestive, 19 péritonites et 17 vomissements/diarrhées,
– 17 ont présenté une complication relative à la laparotomie (15,9%),
– 17 ont présenté une complication à répercussion systémique (15,9%). On compte 10 chocs septiques, 7 chocs hypovolémiques et 2 CIVD,
– 8 ont nécessité d’une réintervention (17,8%). Les 8 animaux étaient hypoalbuminémiques, et le taux de mortalité atteint alors 50%.
Chez les 75 chiens présentés pour corps étrangers, on compte :
– 24 cas de complications digestives (68%), avec 6 déhiscences de suture digestive, 17 péritonites et 15 vomissements/diarrhées,
– 12 cas de complications relatives à la laparotomie (16%),
– 12 cas de complications à répercussion systémique (16%). On compte 9 chocs septiques, 3 chocs hypovolémiques et 2 CIVD,
– 8 cas qui ont nécessité d’une réintervention (23,5%). Les 8 animaux étaient hypoalbuminémiques, et le taux de mortalité atteint 50%.
Chez les 32 chiens présentés pour corps étrangers :
– 4 ont présenté une complication digestive (12,5%). On compte 2 péritonites et 2 vomissements/diarrhées,
– 5 ont présenté une complication relative à la laparotomie (15,6%),
– 5 ont présenté une complication à répercussion systémique (15,6%). On compte 1 choc septique, 4 chocs hypovolémiques,
– il n’y a aucune ré-intervention.
On se limitera pour les groupes de complications à une analyse univariée.

Association brute morbidité/albuminémie pré-opératoire

– Association brute de la morbidité globale avec l’albuminémie pré-opératoire
Général (chiens et chats confondus)
On étudie deux courbes de Kaplan-Meyer chez les 150 carnivores. L’une correspond à une albuminémie normale (>28g/L) et l’autre à une hypoalbuminémie (<28g/L). On les compare ensuite pour savoir si elles sont significativement différentes (figure 22).
Figure 22 : Courbes de Kaplan-Meyer (albuminémie normale/basse) concernant le taux de morbidité globale chez les carnivores domestiques
Courbes de Kaplan-Meyer concernant la morbidité toute cause stratifiée par l’albuminémie chez 150 carnivores domestiques.
La courbe des sujets hypoalbuminémiques est inférieure à celle des sujets normoalbuminémiques : les sujets hypoalbuminémiques sont plus rapidement sujets aux complications que les autres au cours du suivi. Par exemple à t=5jours, 35% des sujets hypoalbuminémiques n’ont pas encore présenté de complication contre 78% des sujets normoalbuminémiques. Autrement dit à t=5 jours 65% des sujets hypoalbuminémiques ont présenté une complication contre seulement 12% des sujets normoalbuminémiques.
Plogrank=0,001, soit <0,05, l’albuminémie est significativement associée à la morbidité globale.
Le risque relatif non ajusté correspondant (par modèle de Cox) est de 3,9 [2,3-6,5] (p<0,05) : sans prise en compte des facteurs de confusion, un sujet hypoalbuminémique a 4,2 fois plus de risque de présenter une complication en post-opératoire.
Chiens
On étudie deux courbes de Kaplan-Meyer chez les 102 chiens. L’une correspond à une albuminémie normale (>28g/L) et l’autre à une hypoalbuminémie (<28g/L). On les compare ensuite pour savoir si elles sont significativement différentes (figure 23).
Figure 23 : Courbes de Kaplan-Meyer (albuminémie normale/basse) concernant le taux de morbidité globale chez les chiens
Courbes de Kaplan-Meyer concernant la morbidité toute cause stratifiée par l’albuminémie chez 102 chiens.
La courbe des chiens hypoalbuminémiques est inférieure à celle des chiens normoalbuminémiques : les chiens hypoalbuminémiques sont plus rapidement sujets aux complications que les autres au cours du suivi. Par exemple à t=5jours, 34% des sujets hypoalbuminémiques n’ont pas encore présenté de complication contre 76% des sujets normoalbuminémiques. Autrement dit à t=5 jours 66% des chiens hypoalbuminémiques ont présenté une complication contre seulement 14% des chiens normoalbuminémiques.
Plogrank=0,0001, soit <0,05, l’albuminémie est significativement associée à la morbidité globale.
Le risque relatif non ajusté correspondant (par modèle de Cox) est de 3,5 [1,9-6,6] (p<0,05) : sans prise en compte des facteurs de confusion, un chien hypoalbuminémique à 3,5 fois plus de risque de présenter une complication en post-opératoire.
Chats
On étudie deux courbes de Kaplan-Meyer chez les 48 chats. L’une correspond à une albuminémie normale (>28g/L) et l’autre à une hypoalbuminémie (<28g/L). On les compare ensuite pour savoir si elles sont significativement différentes (figure 24).
Figure 24 : Courbes de Kaplan-Meyer (albuminémie normale/basse) concernant le taux de morbidité globale chez les chats
Courbes de Kaplan-Meyer concernant la morbidité toute cause stratifiée par l’albuminémie chez 48 chats.
La courbe des chats hypoalbuminémiques est inférieure à celle des sujets normoalbuminémiques : les chats hypoalbuminémiques sont plus rapidement sujets aux complications que les autres au cours du suivi. Par exemple à t=5jours, 38% des chats hypoalbuminémiques n’ont pas encore présenté de complication contre 82% des chats normoalbuminémiques. Autrement dit à t=5 jours 62% des chats hypoalbuminémiques ont présenté une complication contre seulement 18% des chats normoalbuminémiques.
Plogrank=0,001, soit <0,05, l’albuminémie est significativement associée à la morbidité globale.
Le risque relatif non ajusté correspondant (par modèle de Cox) est de 4,1 [1,6-10,4] (p<0.05) : sans prise en compte des facteurs de confusion, un chat hypoalbuminémique à 4,1 fois plus de risque de présenter une complication en post-opératoire.
Corps étrangers
On étudie deux courbes de Kaplan-Meyer pour les 107 cas de corps étrangers. L’une correspond à une albuminémie normale (>28g/L) et l’autre à une hypoalbuminémie (<28g/L).
On les compare ensuite pour savoir si elles sont significativement différentes (figure 25).
Figure 25 : Courbes de Kaplan-Meyer (albuminémie normale/basse) concernant le taux de morbidité globale pour les cas de corps étrangers
Courbes de Kaplan-Meyer concernant la morbidité toute cause stratifiée par l’albuminémie pour 107 cas de corps étrangers carnivores domestiques.
La courbe des sujets hypoalbuminémiques est inférieure à celle des sujets normoalbuminémiques : les sujets hypoalbuminémiques sont plus rapidement sujets aux complications que les autres au cours du suivi. Par exemple à t=5jours, 36% des sujets hypoalbuminémiques n’ont pas encore présenté de complication contre 84% des sujets normoalbuminémiques. Autrement dit à t=5 jours 54% des sujets hypoalbuminémiques ont présenté une complication contre seulement 16% des sujets normoalbuminémiques.
Plogrank=0,001, soit <0,05, l’albuminémie est significativement associée à la morbidité globale lors de corps étranger.
Le risque relatif non ajusté correspondant (par modèle de Cox) est de 4,8 [2,6-9] (p<0.05) : sans prise en compte des facteurs de confusion, un sujet hypoalbuminémique a 4,8 fois plus de risque de présenter une complication en post-opératoire lors d’un corps étranger.
Chiens opérés pour corps étrangers
Concernant les chiens opérés pour corps étrangers, on comptabilise 75 cas avec un taux de morbidité de 44%. Les analyses uni- et multivariée sont envisageables.
La courbe de survie des chiens hypoalbuminémiques est inférieure à celle des chiens normoalbuminémiques, avec un Plogrank=0,001. L’albuminémie est donc statistiquement associée à la morbidité chez les chiens présentés pour corps étranger.
Le risque relatif non ajusté correspondant (par modèle de Cox) est de 4,4 [2,1-9,5] (p<0,05) : sans prise en compte des facteurs de confusion, un chien hypoalbuminémique opéré pour corps étranger a 4,4 fois plus de risque de présenter une complication en postopératoire.
Chats opérés pour corps étrangers
Concernant les chats opérés pour corps étrangers, on comptabilise 32 cas avec un taux de morbidité de 34,4%. Seule l’analyse univariée est envisageable, les effectifs étant trop faibles.
La courbe de survie des chats hypoalbuminémiques est également inférieure à celle des chats normoalbuminémiques, avec un Plogrank=0,003. L’albuminémie est donc statistiquement associée à la morbidité chez les chats présentés pour corps étranger.
Le risque relatif non ajusté correspondant (par modèle de Cox) est de 4,9 [1,4-16,4] (p<0,05) : sans prise en compte des facteurs de confusion, un chat hypoalbuminémique opéré pour corps étranger a 4,9 fois plus de présenter une complication en post-opératoire.
– Association brute de la survenue de complication digestive avec l’albuminémie préopératoire
Général (chiens et chats confondus)
Complication digestive globale
On étudie deux courbes de Kaplan-Meyer chez les 150 carnivores domestiques. L’une correspond à une albuminémie normale (>28g/L) et l’autre à une hypoalbuminémie (<28g/L). On les compare ensuite pour savoir si elles sont significativement différentes (figure 26).
Figure 26 : Courbes de Kaplan-Meyer (albuminémie normale/basse) concernant les complications digestives chez les carnivores domestiques
Courbes de Kaplan-Meyer concernant la survenue de complications digestives stratifiée par l’albuminémie chez 150 carnivores domestiques.
La courbe des sujets hypoalbuminémiques est inférieure à celle des sujets normoalbuminémiques : les sujets hypoalbuminémiques sont plus rapidement sujets aux complications digestives que les autres au cours du suivi. Par exemple à t=3jours, 52% des sujets hypoalbuminémiques n’ont pas encore présenté de complication contre 76% des sujets normoalbuminémiques. Autrement dit à t=3 jours 48% des sujets hypoalbuminémiques ont déjà présenté une complication digestive contre 24% des sujets normoalbuminémiques.
Plogrank=0,01, soit <0,05, l’albuminémie est significativement associée à la survenue de complication digestive.
Le risque relatif non ajusté correspondant (par modèle de Cox) est de 4,9 [2,4-9,7] (p<0,05) : sans prise en compte des facteurs de confusion, un sujet hypoalbuminémique à 4,9 fois plus de risque de présenter une complication digestive en post-opératoire.
Déhiscence de plaie, péritonite et vomissement/diarrhée
On étudie maintenant les courbes de Kaplan-Meyer pour chaque type de complication digestive (figure 27).

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