Niveau d’activité physique mesuré par accéléromètre et par PAQ-C

 Niveau d’activité physique mesuré par accéléromètre et par PAQ-C

INTRODUCTION

La transition économique observée au cours des dernières années dans les pays en développement s’est accompagnée d’une urbanisation poussée, d’un changement de comportement et du style de vie des populations. Cette transition se retrouve dans les habitudes alimentaires, par la consommation d’aliments à forte densité énergétique, à teneur élevée en graisses. En même temps, on constate une baisse de la dépense énergétique, qui est associée à la sédentarité (transports motorisés, appareils ménagers d’un maniement facile,disparition des travaux manuels physiquement pénibles et loisirs consacrés essentiellement à des passe-temps peu exigeants sur le plan physique) (Al-Hazza et al., 2010). A cause de cette situation, les maladies non transmissibles (MNT) notamment l’obésité, le diabète sucré, les maladies cardiovasculaires, l’hypertension, les accidents vasculaires cérébraux et certains types de cancer deviennent des causes de plus en plus importantes d’incapacité et de décès prématurés tant dans les pays industrialisés que les pays en développement, ce qui représente un poids supplémentaire pour des budgets de santé nationaux déjà surchargés. L’Afrique subsaharienne n’est pas épargnée, les maladies métaboliques telles que le diabète de type 2,l’hypertension artérielle et l’obésité ont considérablement augmenté ces dernières années(Feuzeu et al., 2008 ; Mbanya et al., 2010). Selon l’OMS, en 2020, les MNT représentent environ trois quarts des décès dans les pays en développement (OMS, 1997 ; Neupane et al.,2014). Des études ont montré que le manque d’activité physique est associé à un risque accru de morbidité et mortalité toutes causes confondues de ces MNT (Bénéfice et al., 1998 ; Hu et al., 2003 ; Sugiyama et al., 2008 ; Healy et al., 2008 ; Katzmarzyk et al., 2009 ; Patel et al., 2010 ; Assah et al., 2011). Les résultats d’Owen (Owen et al., 2010) aux Etats-Unis ont montré qu’une sédentarité de plus de 9 heures par jour constitue un facteur de risque de maladies chroniques indépendamment de la durée de l’activité. L’activité physique est définie comme tout mouvement corporel produit par la contraction des muscles squelettiques entraînant une augmentation de la dépense énergétique au-dessus de la dépense énergétique de repos (Platat, 2005). Elle est reconnue comme étant un comportement positif associé à une réduction de toutes causes de morbidité et mortalité ainsi que de maladies chroniques liées aux modes de vie (Lambert et al., 2005). Elle a longtemps été considérée comme ayant un effet bénéfique à long terme sur la santé des enfants et des adolescents (CDC, 1997 ;Bénéfice et Cames, 1999 ; Al-Nuaim et al., 2011).

 Pour prévenir le risque de MNT à l’adolescence et à l’âge adulte, l’OMS recommande la pratique quotidienne de 60 minutes d’activité physique d’intensité modérée à soutenue chez les enfants âgés de 5 à 17 ans (OMS, 2010). Une étude récente menée au Canada montre que les enfants et les jeunes canadiens consacrent par jour en moyenne 8,6 heures de leur temps à des activités sédentaires (Colley et al., 2011). Ces comportements inadéquats sont perceptibles dans la plupart des pays africains avec une prévalence élevée de l’inactivité physique comprise entre 65% et 92% (Gutzold et al., 2010). Chez les enfants, l’inactivité physique est souvent liée aux temps consacrés aux médias tels que la télévision et l’ordinateur(Kreuzer et al., 2013). En Afrique subsaharienne, des études récentes menées au Ghana et au Nigéria révèlent que les enfants s’adonnent de plus en plus à des activités sédentaires (Amid Et al., 2013 ; Akintoye et al., 2014). L’étude d’Amis a également montré que 76,6% des enfants en surpoids/obèses au Ghana se rendent à l’école en voiture ou en moto et consacrent la majeure partie de leurs temps à des jeux informatiques contrairement aux enfants non en surpoids et non obèses (Amidu et al., 2013). Et selon Daboné (Daboné et al., 2011), le transport passif et le temps consacré aux médias est plus important chez les enfants scolarisés vivant en zone urbaine que chez les enfants des écoles périurbaines.Au Sénégal, très peu d’études ont mesuré le niveau d’activité physique chez les enfants scolarisés en milieu urbain. Une étude menée au Sénégal en 1998 révèle que les enfants passent 50% de leur temps en activités sédentaires et que les filles passent moins de temps en activités modérées à intenses que les garçons (Bénéfice, 1993 ; Bénéfice, 1998). En 2004,l’étude menée dans la zone de Niakhar chez les adolescentes révèle que ces dernières s’adonnent plus à des activités d’intensité faible (Bénéfice et al., 2004). Plus récemment, une étude portant sur la comparaison de l’aptitude à l’effort physique chez les enfants sénégalaisen zone urbaine montre que les enfants en surpoids/obèses sont significativement moins aptes à la pratique de l’activité physique que les enfants qui ne sont ni en surpoids ni obèses(Djigué, 2012). Par ailleurs aucune étude menée au Sénégal ne fait état des recommandations de l’OMS sur la pratique de l’activité physique chez les enfants.Pour mesurer l’activité physique, plusieurs méthodes existent telles que l’observation directe du comportement, les questionnaires (Kowalski et al., 2004), la podométrie (DeCocker et al., 2007 ; Naylor et al., 2014), l’accéléromètre (Ndiaye, 2004 ; Troiano et al.,2008) et la dilution isotopique aux isotopes stables de l’hydrogène et de l’oxygène (IAEA,2010).

L’accéléromètre, l’une des méthodes proposée pour la mesure du niveau d’activité physique chez les enfants a été utilisée dans quelques études menées au Sénégal (Bénéfice et al., 2001 ; Ndiaye, 2004) et récemment en Afrique du Sud et au Nigéria (Craig et al., 2012 ;Oyeyemi et al., 2014). Elle est capable de fournir des données précises sur l’activité physique et le comportement sédentaire des personnes (Carver et al., 2008 ; Colley et al., 2011).L’utilisation des accéléromètres de type ActiGraph a été validé pour mesurer l’activité physique chez les enfants (Puyau et al., 2002 ; Freedson et al., 2005 ; Mattocks et al., 2007; Evenson et al., 2008 ; Pulsford et al., 2011). Ce sont des appareils fiables, très avantageux mais leur utilisation est limitée par leur coût et la nécessité d’une expertise technique pour l’exploitation des données recueillies.Les questionnaires constituent une méthode alternative d’estimation du niveau d’activité physique moins coûteuse et fréquemment utilisée dans les études épidémiologiques (Kowalski Et al., 2004 ; Freedson et al., 2005). Un questionnaire international de mesure de l’activité physique en anglais, International Physical Activity Questionnaire (IPAQ) a été développé par un groupe d’experts de l’OMS en 1998 pour faciliter la surveillance de l’activité physique sur la base d’une norme mondiale (Craig et al., 2003 ; Oyeyemi et al., 2014). Il a été validé dans douze pays développés (Craig et al., 2003) et traduit en différentes langues (français,espagnol, italien, chinois) et récemment en haoussa, langue locale nigériane (Oyeyemi et al.,2014). Ce questionnaire initialement développé chez les adultes a été ensuite adapté pour les enfants pour devenir le PAQ-C (Physical Activity Questionnaire for Older Children) qui permet de mesurer le niveau d’activité physique chez les enfants âgés de 8 à 14 ans. C’est un outil de terrain facile à administrer, moins coûteux et adapté uniquement pour la mesure du niveau d’activité physique des élèves durant l’année scolaire (Kowalski et al., 2004), mais ce questionnaire adapté est peu utilisé en Afrique subsaharienne. Ainsi, dans cette présente étude, nous nous proposons de comparer la mesure de l’activité physique effectuée par accéléromètre à celle mesurée par PAQ-C chez des enfants sénégalais d’âge scolaire en zone urbaine à Dakar, au Sénégal.

Mesure de l’activité physique par accéléromètre

Le niveau d’activité physique des élèves est mesuré par accéléromètre à l’aide du moniteur Actigraph GT3X+ (ActiGraph, Pensacola, USA). C’est un accéléromètre de type triaxial (axe Y, axe X, axe Z) qui pèse 19 g et dont les dimensions sont égales à 4,6 x 3,3 x 1,5cm comme l’indique la Figure 1. Le moniteur ActiGraph GT3X+ est composé d’un système intégré qui fournit des informations sur l’environnement de l’appareil notamment sur les mouvements corporels et l’intensité de l’activité physique quotidienne effectuée par le sujet durant ses heures d’éveil. Le moniteur peut résister à une immersion d’eau d’une profondeur d’1 m pendant 30 minutes. Il est doté d’une grande capacité de stockage (512 Mégabits). Si la batterie est complètement chargée avant le début de la collecte, l’appareil peut stocker les données recueillies sur une période de temps allant de 16 à 40 jours. Du fait de son caractère non invasif et peu encombrant, ActiGraph offre une grande liberté de mouvement au sujet et peut être placé à différents endroits du corps notamment au niveau du poignet, de la cheville,de la ceinture ou de la cuisse (Figure 1).

 Principe de fonctionnement

Le principe de fonctionnement de l’accéléromètre est basé sur les propriétés de la céramique piézo-électrique. En effet, l’accéléromètre détecte directement les accélérations du corps à chaque mouvement suivant trois axes : vertical, horizontal et médio-latéral. Le moniteur ActiGraph GT3X+ détecte aussi l’angle d’inclinaison quand la personne se tient debout, assise, couchée ou allongée. L’accéléromètre est muni d’un microprocesseur qui émet un signal électrique (différence de potentiel) à chaque accélération et/ou décélération et intègre ces signaux sur une période de temps donnée (secondes, minutes ou heure) avant de les transformer en données numériques exprimées en coups par minute (cpm) c’est-à-dire en nombre de mouvements par unité de temps. ActiGraph enregistre également le temps (en pourcentage et en minutes) passé en activités sédentaires, faibles, modérées et intenses. Iltotalise le nombre de minutes par jour passé en activités modérées et en activités intenses pour donner le nombre total d’AMI (Activité Physique Modérée à Intense).

Initialisation du moniteur

Le moniteur est présenté avant d’être remis au sujet. Pour cela, le moniteur doit avoir un niveau de charge supérieur à 3,1 volts. L’initialisation consiste à rentrer les données relativesau sujet en l’occurrence, le nom et le prénom du sujet, le sexe, le poids, la taille, la date denaissance, la race, l’emplacement (poignet, ceinture, cheville, cuisse) et la position (cotégauche ou droit) du moniteur sur le corps. Les heures et les dates de début et de fin de collecte correspondant à la durée exacte de la mesure sont également incluses.

 Mesure

Pour mesurer le niveau d’activité physique, l’élève porte l’accéléromètre pendant 7 jours consécutifs. L’appareil est initialisé de telle sorte que la collecte de données commence à minuit (00h) le 1er jour (c’est-à-dire le jour suivant le jour où le moniteur est remis à l’élève)et se termine le 7ème jour à minuit. Le moniteur ActiGraph est inséré dans une ceinture élastique et est placé directement sur la peau au-dessus de la hanche droite de l’élève à hauteur de l’os iliaque pendant toute la durée de la collecte (Figure 1). A ce niveau, la ActiGraph mesure et enregistre avec horodatage les accélérations du corps engendrées par les mouvements verticaux (axe Y), horizontal (axe X) et médio-latéraux (axe Z). Sur un intervalle d’une minute, l’appareil intègre toutes les accélérations enregistrées au niveau des trois axes indiquant ainsi l’amplitude du mouvement (l’intensité de l’activité physique).

 

Table des matières

I. INTRODUCTION
II. SUJETS ET METHODES
1. Type d’étude
2. Sujets
3. Approbation éthique
4. Sensibilisation
5. Méthodes
5.1. Mesures anthropométriques
5.1.1. Le poids
5.1.2. La taille
5.1.3. Le tour de taille
5.2. Calcul des indices anthropométriques
5.3. Mesure de l’activité physique par accélérométrie
5.3.1. Principe de fonctionnement
5.3.2. Initialisation du moniteur
5.3.3. Mesure
5.3.4.Classification des niveaux d’activité physique selon
l’accéléromètre
5.4. Mesure de l’activité physique par questionnaire (PAQ-C)
5.4.1. Classification des niveaux d’activité physique selon le
questionnaire (PAQ-C)
6. Analyses statistiques
III. RESULTATS
1. Caractéristiques anthropométriques et état nutritionnel des élèves
2. Modes de vie et habitudes alimentaires des élèves
2.1. Modes de vie des élèves
2.2. Habitudes alimentaires des élèves
3. Activité physique des élèves mesurée par accéléromètre
3.1. Nombre de jours (jours valides) et d’heures (heures valides)
nécessaires pour valider les mesures
3.2. Variation journalière de l’activité physique

3.3. Niveau d’activité physique moyen des élèves
3.3.1. Niveau d’activité physique moyen selon Puyau et al. (2002)
3.3.2. Niveau d’activité physique moyen selon Evenson et al. (2008)
3.4. Temps passé aux différents niveaux d’activité physique
3.4.1. Pourcentage de temps passé aux différents niveaux d’activité
physique
3.4.2. Nombre de minutes par jour passé aux différents niveaux
d’activité physique selon Puyau et al. (2002)
3.4.1. Nombre de minutes par jour passé aux différents niveaux
d’activité physique selon Evenson et al. (2008)
4. Activité physique des élèves mesurée par questionnaire (PAQ-C)
5. Comparaison du niveau d’activité physique des élèves mesuré par
accélérométrie et par PAQ-C
IV. DISCUSSION
V. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
VI. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
RESUME

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