NOTES ET MEMOIRE DE GUERRE de Fernand Farssac dit Toutyva

NOTES ET MEMOIRE DE GUERRE de Fernand Farssac dit Toutyva

Les vacances de juillet ont commencé, alors que la tension internationale s’accentue. Dans les milieux militaires l’avis qui domine généralement est que le conflit évité in extremis l’an dernier, est maintenant tout proche. En Allemagne, des bruits de bottes résonnent partout. Les « Nazis », (les membres du parti National Socialiste, qui ont amené Adolf Hitler à la tête de l’Etat) avec leur police interne au parti, la Gestapo, et ses unités militaires indépendantes de l’armée, les S.S. (Abréviation de Schutz-Staffel) (échelon de protection en français) et les Waffen SS, unités spéciales qui mélangées aux unités de l’armée régulière, la Wehrmacht, les encadrent et ont tout les pouvoirs. Les pouvoirs civils : ils ont dissous le parlement et ils dictent les lois ; la police est à leurs ordres. Les pouvoirs judiciaires : ils contrôlent tous les magistrats. Les pouvoirs militaires : tous les officiers supérieurs doivent appartenir au parti pour être maintenus en activité. Le parti contrôle également les religieux qui ont dû faire allégeance pour être tolérés. Les discours d’Hitler sont de plus en plus virulents et menaçants. Il réclame maintenant la ville de Dantzig, seul port Polonais sur la Baltique, et un couloir pour accéder à ce port. L’Union Soviétique a rompu le traité d’alliance avec la France et l’Angleterre et vient de signer un pacte de non-agression avec les Allemands ! Août 1939 C’est dans ce contexte alarmant que nous partons tout de même en congés, comme prévu, dès le premier août.

Ma permission est signée, Ernestine est en vacances, rein ne justifie que nous différions nos congés. Ces vacances nous conduisent suivant nos prévisions en Cerdagne où mon ami Burlatz nous a invités. Anciennement gendarme à Lautrec, il est maintenant chef de brigade à Saillagouse. Sur la frontière d’Espagne, les troupes franquistes ont remplacé les républicains ; la tension est d’autant plus sensible que les troupes républicaines se sont réfugiées en France où elles ont été désarmées. Gardes républicains et gardes franquistes se regardent à travers les barbelés sur le pont du Ségre (La frontière), sans aucune trace de sympathie. Après un parcours par Argelès, Port-Vendres, bien que permissionnaire jusqu’au 25 août, devant les informations alarmantes de la presse et de la radio, nous avons décidé de repasser par Lautrec avant de poursuivre nos vacances qui devaient nous mener en Bretagne. D’une part, c’est sur notre route et cela nous évitera deux jours à l’hôtel, d’autre part, j’ai besoin de connaître les dernières répercussions des évènements internationaux sur les actions internes de la gendarmerie. Nous sommes arrivés chez nous à Lautrec le quatorze au soir ! Mardi 15 août J’ai parlé avec les gendarmes de l’évolution de la situation internationale et j’ai pris connaissance des diverses notes venues de la section durant mon absence.

Dans la nuit 15 au 16 août le téléphone réveille la brigade à deux heures du matin. Un avis urgent nous est transmis : toutes les permissions sont annulées. Il faut sans délais rappeler les permissionnaires. J’ai pris le message et accusé réception. Tous les gendarmes sont venus au bureau et nous commentons la situation, lorsque vers trois heures un nouveau message nous est transmis : il faut dès maintenant amorcer la phase IV du plan de mobilisation. C’est la réquisition des chevaux ! Nous devons convoquer sans délais les paysans propriétaires de chevaux figurant sur notre fichier : c’est la réquisition qui commence. Nous avons déjà vécu une période semblable l’année précédente, ce n’est pas bon signe. Dés cinq heures je préviens par téléphone Monsieur Delga, le maire de Lautrec et l’informe de la situation. Il va venir aussitôt que possible : son domicile est à quatre kilomètres de Lautrec, au château de Vincennes, prés de Brousse. Il passe à la brigade vers cinq heures et demie et va aussitôt à la mairie. Lui aussi va avoir du travail, la préfecture aura des consignes à transmettre. Pour faire parvenir rapidement les fascicules de réquisition, j’ai besoin de l’aide de personnes extérieures à la brigade. Notre voisin Edouard Oulmiéres, garagiste à coté de la gendarmerie, informé parmi les premiers, se met immédiatement à notre disposition avec sa voiture pour transporter un gendarme qui remettra les fascicules dans les fermes concernées. Les deux instituteurs de l’école laïque, Charles Martel et Klébert Sablayroles, qui possèdent tous deux une voiture se mettent spontanément à notre disposition. Tous les gendarmes sont envoyés remettre les fascicules.

 

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