Pleurésies de l’enfant

Les pleurésies ont été connues depuis Hippocrate et constituent un motif assez fréquent d’hospitalisation (depuis 1990) dans les services de pédiatrie qu’elles soient dans les pays développés ou ceux en développement [1, 2, 3, 4]. Elles sont un sujet d’actualité à l’échelle mondiale. Elles se définissent comme étant une inflammation aigue ou chronique de la plèvre qui se traduit par la présence d’une quantité anormale de liquide dans la cavité pleurale [5, 6]. La pleurésie reste un syndrome dont le diagnostic clinique ne pose pratiquement pas de problème mais dont l’étiologie est parfois difficile à préciser. Plusieurs examens paracliniques peuvent ainsi être réalisés, précédés dans tous les cas d’une imagerie thoracique afin de préciser la présence de l’épanchement liquidien. Les progrès en termes d’imagerie (tomodensitométrie et d’échographie thoracique) peuvent parfois être utiles. La ponction pleurale occupe une place importante dans la prise en charge diagnostique et thérapeutique. L’analyse histologique de la plèvre occupe parmi les examens à visée étiologique, une place très importante dans l’apport du diagnostic de certitude [6]. A l’heure actuelle, il n’existe pas de consensus sur sa prise en charge. Le traitement des pleurésies repose sur 3 volets : l’évacuation complète du liquide, la kinésithérapie respiratoire et le traitement étiologique. Sa morbidité est importante : durée d’hospitalisation prolongée, actes invasifs fréquents et parfois répétés et la survenue de certaines complications.

Données sociodémographiques 

Les incidences 

Dans la majeure partie du XXe siècle, l’incidence des pleuropneumopathies n’a cessé de diminuer dans les pays occidentaux, essentiellement en raison des progrès de l’antibiothérapie [7, 8]. Cependant, une augmentation du nombre de cas a été déclarée pour la 1ère
– L’augmentation de l’incidence des pleurésies purulentes a été signalée pour la première fois aux États-Unis par Hardie et al. [8]. qui ont colligé une série rétrospective de 50 cas hospitalisés dans un hôpital de l’Ohio 1988 à 1994 et ont constaté que 34% des cas étaient survenus dans les 12 derniers mois. fois par plusieurs équipes, au milieu des années 1990 [9]:
– Dans un travail récent conduit dans 4 hôpitaux de la région marseillaise, on observait une augmentation importante de l’incidence. Le nombre de cas est passé de 8 à 9 cas par an en 2001- 2003 à 22 cas par an en 2004 – 2005 [7].
– L’étude de Gupta et Crowley [10] portant sur l’ensemble des admissions dans les hôpitaux du Royaume-Uni montrait que le taux de pleurésies purulentes rapporté au nombre d’admissions pédiatriques croissait selon un modèle linéaire passant de 14 par million dans la période 1995–1996 à 26 par million en 2002–2003.
– L’étude de Schultz [11] a montré que l’incidence des pleurésies purulentes est passée de 5.8 pour 10000 hospitalisations en 1993 à 23 en 2000, puis 12.6 en 2001-2002 .

Dans notre étude, nous remarquons aussi une augmentation progressive des cas de pleurésie admis au service depuis janvier 2008 jusqu’au décembre 2013.

Les causes de cette augmentation d’incidence des pleurésies ne sont pas clairement identifiées. Trois principales hypothèses sont discutées dans la littérature pour expliquer le phénomène [3]:
➤ Des variations de virulence des bactéries pyogènes en cause ;
➤ Le rôle favorisant de co-infections virales ;
➤ Les thérapeutiques administrées pendant la phase préhospitalière de l’infection.

Répartition selon les années
Dans notre étude, nous remarquons que la fréquence hospitalière des pleurésies au cours de ces 6 années couvertes par l’étude a régulièrement progressé. Cette augmentation peut être expliquée d’une part par l’augmentation de l’activité du service et d’autre part à la possible modification de la répartition des bactéries en cause au profit d’espèces ou de souches plus virulentes. Cette augmentation au cours des années a été rapportée par différents auteurs .

Répartition selon le niveau socio-économique
La majorité de nos patients sont issus d’un bas niveau socio économique, rapporté aussi par Ndiaye [13].

Répartition selon les mois
L’influence saisonnière retrouvée dans notre étude, (67.5%) a été aussi signalée par Zeriouel (68.6%) [12]. Ce constat renforce l’hypothèse de co-infections virales responsables de l’augmentation de l’incidence des pleurésies infectieuses chez l’enfant. Le même constat est rapporté par Kouéta [1]. Lukuni [14] a rapporté aussi que la fréquence des pleurésies augmente durant la période entre septembre et mai.

Antécédents 

Les patients avaient leur statut vaccinal à jour selon le programme national d’immunisation (PNI) (98.5%) comme ce qui est rapporté par Kouéta [1] (98%); et loin de ce qui est rapporté par Alao (2) (77%). Cette couverture vaccinale pourrait être un facteur protecteur contre certains germes à savoir, le bacille de Koch (BK), l’Hémophilus inflenzae et le pneumocoque. L’augmentation d’incidence des pleurésies bactériennes de l’enfant était liée à une augmentation de fréquence des pleuropneumopathies à Streptococcus pneumoniae. La récente réduction du nombre de cas dans les pays ou la vaccination antipneumococcique par le vaccin héptavalent a été généralisée semble également en faveur du rôle prépondérant des Streptococcus pneumococcus (4, 11). Dans notre contexte (Maroc), la vaccination contre le pneumocoque a été introduite dans le PNI en octobre 2010. Il n’y a eu que 9.2% des patients qui ont reçu ce vaccin dans notre série. Une étude sur le profil bactériologique serait souhaitable à l’avenir pour évaluer son effet protecteur. Plusieurs études montrent une association entre les complications et les médicaments administrés dans la période précédant l’admission de l’enfant à l’hôpital. Deux de ces études montrent que les enfants hospitalisés pour pneumonie compliquée ont reçu significativement plus d’antibiotiques avant leur admission [15,16]. Mais il n’est pas possible de retenir une relation de cause à effet entre l’antibiothérapie préhospitalière et la complication à moins d’admettre que ces enfants n’ont pas bénéficié d’une prise en charge optimale et que l’antibiothérapie a pu améliorer les symptômes sans être suffisante pour prévenir les complications [3]. Byington et al. ont aussi montré que la prise de traitements anti-inflammatoires (ibuprofène) était plus fréquente dans le groupe d’enfants présentant une pneumonie compliquée [15]. Là aussi, il est impossible d’établir une relation causale entre cette prise médicamenteuse et la survenue d’une complication suppurative. Ces enfants ont pu recevoir davantage de traitements anti-inflammatoires parce qu’ils développaient une forme compliquée de pneumonie. Il a été aussi montré que cette molécule peut avoir un effet pro-inflammatoire, qu’elle peut induire la production de certaines cytokines, en particulier le tumor necrosing factor alpha, susceptible d’amplifier la réponse inflammatoire avec des effets défavorables [17, 18]. Mais aucun de ces arguments ne permet d’établir une relation causale entre l’administration d’ibuprofène et la survenue de pleurésies purulentes.

Table des matières

INTRODUCTION
MALADES ET METHODES
I.Type de l’étude
II.Population cible
III.Collecte des données
IV.Exploitation des données
RESULTATS
I.Données épidémiologiques
1.Fréquence des pleurésies
2.Répartition des cas selon les années
3.Répartition des cas selon le sexe
4.Répartition selon l’âge
5.Répartition selon le niveau socio-économique
6.Répartition selon l’origine géographique
7.Répartition selon les mois
II.Antécédents
1. Personnels
2.Familiaux
III.Aspects cliniques
1.Délai entre symptômes et hospitalisation
2.Motif de consultation
3.Répartition selon la durée d’hospitalisation
4.Signes fonctionnels
5.Examen clinique
IV.Aspects paracliniques
1.Imagerie thoracique
2.Ponction pleurale
3.Biopsie pleurale
4.Autres examens
V.Aspects étiologiques
1.Les pleurésies tuberculeuses
2.Les pleurésies purulentes
3.Moyens de confirmation du diagnostic étiologique
VI.Aspects thérapeutiques
1.Traitement étiologique
VII.Aspects évolutifs
1.Durée d’obtention d’apyrexie
2.Régression des symptômes respiratoires
3.Retour du poumon à la paroi
DISCUSSION
I.Données sociodémographiques
II.Antécédents
III.Aspects cliniques
1.Délai entre symptômes et hospitalisation
2.Motifs de consultation
3.Répartition selon la durée d’hospitalisation
4.Signes fonctionnels
5.Signes physiques
IV.Aspects paracliniques
1.Imagerie thoracique
2.Ponction pleurale
3.Biopsie pleurale
4.Autres examens biologiques
V.Aspects étiologiques
1. pleurésies tuberculeuses
2. pleurésies purulentes
3.Pleurésies d’origine néoplasique
VI.Traitement des pleurésies
1.Traitement étiologique
2.Traitement symptomatique
VIIAspects évolutifs
CONCLUSION 

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