PROBLEMATIQUES POUR LA RECHERCHE EN GENIE INDUSTRIEL

PROBLEMATIQUES POUR LA RECHERCHE EN GENIE INDUSTRIEL

Notre intervention se situe dans le cadre d’une recherche action à caractère exploratoire, au sein du Laboratoire Conception de Produits Nouveaux de l’ENSAM. Ce laboratoire appartient au département Génie Industriel et Production de l’ENSAM. Il couvre trois domaines d’activité :Nos activités d’enseignant chercheur au sein de ce laboratoire nous ont amené à considérer que l’Innovation est une stratégie des entreprises industrielles mettant en oeuvre de multiples techniques et nécessitant une ouverture vers les besoins des clients. Ces besoins et les solutions permettant de les satisfaire n’étant généralement pas stables dans le temps, l’innovation est donc une activité soumise à aléas. La mise en place de démarches qualité issues de la production vers les activités de conception de produit amène les concepteurs et chefs de projets à justifier leurs méthodes de travail par rapport aux exigences de bien faire du premier coup. Cette opposition entre la nature intrinsèquement risquée de la conception de Dans un premier temps, cette partie introductive situe l’enjeu de l’innovation en tant que volonté stratégique de prise de risques, qui peut être l’objet de recherches selon des approches variées. De cette diversité, nous présentons les éléments qui nous ont amené à élaborer la problématique de notre recherche.

produits nouveaux et les exigences des démarches qualité définit le champ de notre problématique. L’analyse épistémologique de la Qualité nous permettra de formuler l’hypothèse que la qualité en conception ne peut se limiter à des activités de contrôle des résultats mais doit être analysée de manière préventive sous l’angle des défaillances. Pour cela, la Conception de Produits Nouveaux doit être considérée comme un processus pouvant être modélisé car « nous raisonnons toujours sur des modèles » 5. « Modéliser pour comprendre » [LE MOIGNE (1991)] pour prévoir et pour agir sur la réalité dont nous nous sommes fait une représentation. Comme le précisent CHVIDCHENKO et CHEVALLIER (1994) « le mot « prévision » est associé à l’idée d’incertitude et d’aléatoire : « aléatoire » veut dire soumis aux « aléas », c’est à dire à des actions extérieures non prévisibles ; prévoir un événement n’est donc pas assurer qu’il surviendra. La notion de prudence attachée au mot prévision est d’autant plus valable pour les projets qu’ils comportent une large part de nouveauté et de découverte ». Comme tout processus, l’activité de conception est soumise à des défaillances. L’objet de cette recherche est donc défini en prenant comme hypothèse que ces défaillances sont, au moins en partie, prévisibles et gérables ; sous réserve de disposer d’un modèle de représentation du processus de Conception de Produits Nouveaux. Nous validerons cette hypothèse dans notre troisième partie, dans le cadre de notre proposition de méthode de fiabilisation du processus de Conception de Produits Nouveaux. Cette méthode sera appliquée à des cas réels de projet de Conception de Produits Nouveaux. Nous proposerons auparavant, dans notre deuxième partie, un modèle de ce processus, issus d’une analyse fonctionnelle du système d’innovation de l’entreprise. Cette analyse sera confortée par l’analyse de cas réels de gestion de projets industriels.

Innover : une volonté stratégique de prise de risques

Selon MILLER (1985), « l’innovation est un processus intra et inter-organisationnel par lequel l’entreprise améliore sa position économique par rapport à son environnement de marché grâce à l’application de développements de procédés et de produits ». Il ajoute que « ces développements comportent un risque et sont qualitativement nouveaux par rapport à la technologie existante (…) ». H. HEYVAERT (1973) précise que « l’innovation est un processus délibéré de réduction de l’incertitude comportant un risque technique (au moins subjectif) et visant à l’introduction dans l’entreprise de nouvelles pratiques constituant par rapport à sa fonction de production antérieure une rupture qualitative ou quantitative ». Cette définition nous semble trop restrictive et, en accord avec RIGNY (1967), nous pensons qu’en plus des risques techniques, il existe des risques commerciaux, financiers, de dévalorisation de l’image de marque, de désorganisation de l’entreprise …CHOFFRAY J.M. et DOREY F. (1982), par exemple, distinguent trois étapes d’évaluation des probabilités de succès des produits nouveaux (cf. Figure 1 : Probabilité de succès des produits nouveaux à différentes étapes de leur développement, page 17) identifiant ainsi implicitement deux temps forts de risque projet : avant la commercialisation du produit et après la commercialisation. * Le produit est conçu, fabriqué et vendu. Ses performances « catalogue » font que le produit répond aux besoins au moment de la vente. Mais sa « Sûreté de fonctionnement » (fiabilité, disponibilité, maintenabilité, et sécurité) n’est pas satisfaisante. Sous réserve de pouvoir remédier rapidement au problème, le produit est mis hors service et sa production (dans le cas d’un produit de série) est arrêtée. C’est plutôt un échec d’ordre technique.

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