Etude des relations hôte – parasite
Les Microsporidies
Toutes les Microsporidies que nous avons observées au cours de nos prospections provoquent la formation de xénomes au niveau des tissus parasités. C’est le cas de : Microsporidium sp1 au niveau des muscles adducteurs branchiaux chez Tilapia guineensis (Fig.12), de Microsporidium sp2 au niveau des filaments branchiaux de Oreochromis niloticus (Fig.14), de Microsporidium sp3 au niveau du mésentère et de la sous muqueuse intestinale de Tilapia guineensis (Fig.16) et de Microsporidium sp4 au niveau du rein de Sarotherodon melanotheron (Fig.19).
Les Myxosporidies
Au cours de nos travaux, nous avons répertorié 17 espèces de Myxosporidies qui provoquent deux types d’infections chez leurs hôtes : une infection diffuse marquées par des spores libres isolées ou groupées en amas ; une infection localisée sous forme de kystes. Ces deux types d’infections ont été observées dans divers organes : branchies, cœur, estomac, foie, intestin, rate, rein, vésicule biliaire.
Infections diffuses
Ce type d’infection est le fait des Myxosporidies dites coelozoïques dont les spores sont directement observées dans les tissus parasités. Elle a été mise en évidence dans plusieurs organes : le rein, l’intestin, la rate, le foie et la vésicule biliaire.
Les affections rénales
Dans le rein, les spores sont en contact direct avec les tissus de l’hôte. Elles peuvent se regrouper en amas ou plages de taille variable. Des spores ont été observées dans des centresmélanophores ou isolées dans les tissus. Les espèces de Myxosporidies que nous avons répertoriées sont : Myxobolus brachysporus chez Oreochromis niloticus niloticus et chez Sarotherodon galilaeus, M. israelensis chez Hemichromis fasciatus, O. niloticus, S. galilaeus et Tilapia guineensis, M. dossoui chez H. fasciatus, O. niloticus et S. melanotheron, M. agolus chez O. niloticus, S. melanotheron, S. galilaeus et T. guineensis, M. galilaeus chez S. galilaeus et M. Oreochromisi chez O. niloticus et T. guineensis.
Nous avons remarqué que les reins parasités l’étaient sévèrement. Le rein est l’organe préférentiel de certaines espèces de Myxosporidies
Les affections intestinales
Nous avons observé 2 espèces de Myxosporidies affectant cet organe. Il s’agit de : Myxobolus brachysporus chez Oreochromis niloticus niloticus et chez Sarotherodon galilaeus, M. galilaeus chez Sarotherodon galilaeus.
Les affections spléniques
La rate héberge également beaucoup d’espèces de Myxosporidies ; elles s’y présentent sous forme de spores isolées ou groupées par petits amas. Dans cet organe, les espèces observées au cours de ce travail sont : Myxobolus brachysporus chez Oreochromis niloticus niloticus et chez Sarotherodon galilaeus, M. israelensis chez Hemichromis fasciatus, Oreochromis niloticus, Sarotherodon galilaeus et Tilapia guineensis, M. dossoui chez Hemichromis fasciatus, Oreochromis niloticus et Sarotherodon melanotheron, M. agolus chez Oreochromis niloticus, Sarotherodon melanotheron, Sarotherodon galilaeus et Tilapia guineensis, M. heterosporus chez Oreochromis niloticus et Sarotherodon galilaeus et M. galilaeus chez Sarotherodon galilaeus.
Les affections hépatiques
Lors de nos prospections, 2 espèces de Myxosporidies dites coelozoïques responsables de ce type d’affection ont été décelées. Il s’agit de : Myxobous dossoui chez Hemichromis fasciatus, Oreochromis niloticus et Sarotherodon melanotheron et Myxobolus heterosporus chez Oreochromis niloticus et Sarotherodon galilaeus.
Les affections de la vésicule biliaire
Au cours de nos prospections nous avons observé Myxobolus galilaeus en infiltration diffuse dans la vésicule biliaire de Sarotherodon galilaeus.
Infectionslocalisées
Ce type d’infection a été observé au niveau de plusieurs organes au cours de ce travail : les branchies, l’estomac, l’intestin, l’ovaire et le rein.
Si pour les espèces ceolozoïques les affections qu’elles provoquent sont généralement moins pathogènes, celles dues aux espèces histozoïques sont susceptibles d’occasionner des lésions considérables, pouvant être mortelles. Les effets pathogènes de ces Myxosporidies sont surtout mécaniques (l’évolution des kystes aboutit à des compressions, traumatismes et irritations des tissus affectés). Les kystes observés au cours de ce travail apparaissentgénéralement blanchâtres et de taille variable, logés au niveau de différents organes.
Les branchies
Les Myxosporidies répertoriées dans cet organe s’observent à différents niveaux des branchies et n’entraînent pas les mêmes réactions de la part de l’hôte. Dans la plupart des cas, le parasite se présente sous forme de kystes. Cependant il nous est arrivé de constater exceptionnellement des amas parasitaires en infiltration diffuse dans les tissus cartilagineux de l’arc branchial provoqué par Myxobolus senegalensis chez Sarotherodon galilaeus C’est dans cet organe que nous avons observé de nombreuses espèces occupant différentes régions des branchies. L’arc branchial est occupé par exemple par Myxobolus homeosporus chez Tilapia guineensis, M. fotoi chez Sarotherodon galilaeus et M. senegalensis chez Sarotherodon galilaeus. Les lamelles branchiales sont infestées par M. charii chez Tilapia guineensis, M. oreochromisi chez Oreochromis niloticus, M. cichlidae chez Sarotherodon galilaeus et Henneguya ghaffari chez Tilapia guineensis.
Le Rein
Nous avons mis en évidence une seule espèce de Myxosporidie formant des kystes au niveau du rein ; il s’agit de Myxobolus beninensis dont les kystes apparaissent ovoïdes et de couleur blanchâtre.
L’ovaire
Au cours de nos prospections, deux Myxosporidies ont été décelées dans les ovocytes. Il s’agit de : Myxobolus galilaeus et M. diamaensis chez Sarotherodon galilaeus.
Histopathologie
Nous n’avons pas abordé ici l’étude histopathologique exhaustive des espèces inventoriées dans ce travail ; simplement à travers ces exemples, nous avons voulu montrer quelques aspects de la pathologie liés à la présence des parasites dans les tissus hôtes. ► Le premier exemple est celui de Myxobolus senegalensis qui parasite les branchies de Sarotherodon galilaeus. Les actions pathogènes sont visibles sur les coupes histologiques réalisées sur l’arc branchial parasité : désorganisation du tissu conjonctif, lyse progressive du cartilage et son remplacement par des spores libres en infiltration ou sous forme d’amas parasitaires entre les fibres musculaires déstructurées. Les spores libres sont en contact direct avec les fibres du tissu conjonctif (Fig.62).
Discussion
Le nombre de xénomes observés au niveau de l’intestin de Tilapia guineensis et du rein de Sarotherodon melanotheron ne peut pas être considérés comme inoffensifs pour leurs hôtes. Des études détaillées des pathologies occasionnées par ces parasites nous permettrons de tirer une conclusion quand au pouvoir pathogène de ces microsporidioses. Fig. 63 : Coupe histologique de l’ovaire de Tilapia guineensis montrant un kyste (K) de Myxobolus diamaensis (x 500).
Au cours de nos travaux, nous avons décelé plusieurs cas myxosporidioses branchiales. Nos observations rappellent celles réalisées par d’autres auteurs sur ces affections branchiales. Les effets pathogènes apparents ou soupçonnés de certaines Myxosporidies parasites des branchies sont différents suivant le type d’implantation.
Dans le tissu cartilagineux, Myxobolus cartilaginis provoque la liquéfaction du cartilage de la tête chez Lepomis macrochirus (HOFFMAN, PUTZ et DUNBAR, 1965). Thelohanellus nikolskii détruit les rayons branchiaux et entraîne la cassure des nageoires (DYKOVA et LOM, 1988). Au cours de nos observations, nous avons noté une infiltration diffuse dans les tissus cartilagineux sous forme d’amas parasitaires provoquée par Myxobolus senegalensis chez Sarotherodon galilaeus. Nos observations confirment celles de SAKITI et al. (1991) qui ont rencontré ce type d’implantation accompagné de liquéfaction du tissu cartilagineux chez Sarotherodon melanotheron et Pagrus coupei, respectivement parasités par Myxobolus sarotherodoni et Myxobolus coupei.
OBIEKEZIE et ENYENIHI (1987) font état d’infections sévères par Henneguya chrysichthyi (jusqu’à 10.000 kystes par poisson parasité) provoquant la distorsion des lamelles branchiales ; ces auteurs ont estimé à environ 40% la surface respiratoire non fonctionnelle chez de tels poissons. Nous n’avons pas observé autant de kystes chez un même individu au cours de ce travail, mais un nombre élevé de kystes volumineux provoquant l’écartement considérable des lamelles branchiales chez Oreochromis niloticus parasité par Myxobolus oreochromisi, d’où des actions pathogènes similaires.
Des myxosporidioses ovariennes ont été rapportées par plusieurs auteurs. C’est le cas en Europe où KUDO (1920) signale 3 Myxosporidies hébergées dans les ovaires de poissons : Myxobolus müelleri Bütshili, 1882 chez Leucicus phoxinus, M. pfeifferi Thelohan, 1895 chez Barbus fluviatilis et M. hylae Johson et Bancroft, 1918 chez Hyla aurea. En Afrique SIAU (1971) observe M. dahomeyensis dans l’ovaire de Synodontis ausorgii des eaux douces du Bénin ; FOMENA (1995), décrit M. kainjiae, espèce hautement pathogène, au niveau des ovaires des Cichlidés camerounais ; SAKITI (1997) décrit des actions pathogènes dues à M. dahomeyensis au niveau des ovaires de Sarotherodon melanotheron et Tilapia zillii. Toutes ces actions pathogènes sont similaires à celles que nous avons mises en évidence au cours de ce travail au niveau des ovaires de Tilapia guineensis parasité par Myxobolus diamaensis.