Réception, diffusion et préservation d’une culture

 Réception, diffusion et préservation d’une culture

Le rôle des associations

La création d’associations entretient un lien direct avec l’émigration qui est devenue très importante et qui a dépeuplé la plupart des villages de l’île de Kárpathos. En effet, sur chaque terre d’exil, le regroupement des émigrés grecs par leur lieu d’origine a entraîné la création d’associations ou d’amicales, appelées généralement en grec sýllogos (σύλλογος) ou adelfótita (αδελφότητα). Certaines associations regroupent les émigrés originaires de plusieurs villages de la même île, comme c’est le cas pour celle de Kárpathos, tandis que d’autres associations ne sont constituées que d’émigrés provenant du même village, comme l’on fait les personnes venant d’Ólympos. Ainsi, aux États-Unis, en Australie, mais également au Pirée et à Rhodes, des associations ont été créées par la réunion d’émigrés originaires de différents villages de Kárpathos. La création d’associations d’un village de l’île en particulier ou de l’île entière de Kárpathos, comme cela se pratique également dans toute la Grèce, est lié avant tout au souhait de ne pas perdre son identité locale, souvent plus importante que l’identité nationale. Ainsi, les habitants de Kárpathos sont karpathiotes avant d’être grecs, tout comme les habitants de la Crète sont crétois avant d’être grecs… On retrouve derrière cela la question de l’amour et de l’attachement porté au tópos, autrement dit à sa contrée. Les émigrés originaires de Kárpathos sont particulièrement désireux de ne pas oublier leurs coutumes dont ils sont fiers et qui font, selon eux, qu’ils se distinguent du reste de la Grèce : « Όμως πάνω από όλα ο σύλλογος λειτουργούσε και λειτουργεί ακόμα και σήμερα σαν κομβικό σημείο αναφοράς και αναστοχασμού. Να μην χαθούν, να μην χάσουν την πορεία τους, να μην αποξενωθούν στην ξένη χώρα, να μην ξεχαστούν και να μην ξεχάσουν την ταυτότητά τους, τον τόπο τους, την παράδοση, τα ήθη και τα έθιμα που τους ξεχωρίζουν από τους υπόλοιπους Έλληνες […] . » « Cependant, par-dessus tout, l’association fonctionnait et fonctionne encore aujourd’hui comme un point nodal de repère et de réflexion. Qu’ils ne se perdent pas, qu’ils ne perdent pas leur chemin, qu’ils ne s’isolent pas en terre étrangère, qu’ils ne s’oublient pas et qu’ils n’oublient pas leur identité, leur contrée, la tradition, les us et les coutumes qui les distinguent du reste des Grecs […]. » Par ailleurs, il y a eu en 1980 la création d’une grande association de Kárpathos qui a rassemblé presque toutes les associations existantes qui concernaient un village en particulier, sans toutefois que ces associations ne perdent de leur importance. Il s’agit de la « Fondation Pan-karpathiote » (to Pankarpathiakó Ídryma, το Παγκαρπαθιακό Ίδρυμα, ou Karpathian Foundation) créée dans le New Jersey, à l’initiative de la « Fédération des Karpathiotes ». En 1992, cette « Fondation Pan-Karpathiote » a créé un nouveau centre culturel, « la Maison de Kárpathos » (to Karpáthiko Spíti, το Καρπάθικο Σπίτι), qui accueille de nombreuses manifestations organisées par les différentes associations. Lorsqu’elle cite les raisons de la création de cette fondation, Irini Beïná précise que tout cela est bien sûr lié au fait que les personnes originaires de Kárpathos considèrent que leur identité est unique : « Οι Καρπάθιοι θεωρούν ξένους τους μη Καρπάθιους, είτε αυτοί είναι Αμερικανοί είτε Έλληνες από άλλη περιοχή της χώρας. Αναγνωρίζουν την ταυτότητά τους ως μοναδική και επιθυμούν να τη διατηρήσουν έτσι, αναλλοίωτη και μακριά από “ξένες” επιρροές274 . » « Les Karpathiotes considèrent comme étrangers ceux qui ne sont pas de Kárpathos, que ceux-ci soient Américains ou Grecs provenant d’une autre région de Grèce. Ils reconnaissent leur identité comme unique et désirent la préserver ainsi, immuable et loin des influences “étrangères”. » Cependant, je me limiterai dans cette étude aux associations qui regroupent uniquement des Olympiotes, et qui ont vu le jour dans les trois principaux lieux d’émigration, à savoir Le Pirée, Rhodes et Baltimore. Je me dois de rappeler ici que le concept de migration, ou d’exil – i xenitiá (η ξενιτιά) – comme les Grecs l’appellent, présente une particularité dans la pensée des Grecs. En effet, toute personne qui quitte le village où elle est née est considérée comme émigrée, même si elle va s’installer dans une autre région de Grèce. C’est la raison pour laquelle les Olympiotes considèrent qu’ils sont des émigrés lorsqu’ils vivent au Pirée ou à Rhodes. À travers la présentation de ces trois associations d’Olympiotes, que je mentionnerai dans l’ordre de leur création, j’expliquerai pour quelles raisons elles ont été créées, quel est le but qu’elles poursuivent et quelles sont leurs activités. 

Le Pirée

L’association qui est basée au Pirée a pour nom « la Confrérie des Olympiotes de Kárpathos dans le monde “i Dímitra” » (i Adelfótita ton Apantachoú Olympitón Karpáthou “i Dímitra”, η Αδελφότητα των Απανταχού Ολυμπιτών Καρπάθου “η Δήμητρα”). Elle a été créée en 1948 par des habitants du Pirée qui étaient originaires du village d’Ólympos. Une dizaine d’années après sa création, en 1959, l’association a pu construire un bâtiment pour l’accueillir, grâce à des dons de la part de ses membres. L’association ne cesse de s’agrandir et de prendre de l’importance, puisqu’elle compte aujourd’hui trois bâtiments qui lui appartiennent, dont deux sont des centres culturels, l’un est basé à Kallípoli et l’autre à Keratsíni.ette association, comme toutes celles qui existent en Grèce, a pu bénéficier des progrès technologiques et de communications qui se sont développés dans le monde. Ainsi, elle possède un site internet (www.e-dimitra.gr) où elle diffuse toutes ses informations, une adresse électronique qui leur permet de répondre aux éventuelles questions ou bien de rece351 voir des informations à diffuser ou des suggestions, ainsi qu’un compte Facebook (https://www.facebook.com/dimitra.olymbos/).

Baltimore

L’association basée à Baltimore dans l’État du Maryland a vu le jour en 1952. Elle s’appelle « Olympian Brotherhood of America “i Anagénnisi” » autrement dit « Association des Olympiotes d’Amérique “la Renaissance” » (Sýllogos Olympitón Karpáthou Valtimóris Amerikís “i Anagénnisi”, Σύλλογος Ολυμπιτών Καρπάθου Βαλτιμόρης Αμερικής “η Αναγέννηση”). Très souvent lorsqu’elle est mentionnée en grec, l’association voit le nom du village de Diafáni ajouté à celui d’Ólympos, puisque ce village n’est, en quelque sorte, qu’une extension du village principal d’Ólympos. Elle possède également un compte Facebook (https://www.facebook.com/olympianbrotherhood/) qui lui permet de transmettre de nombreuses informations. Par ailleurs, sur son site internet (www.olympianbrotherhoodofamerica.com), l’association déclare : « We were established to preserve the traditions of Olympos in America. » « Nous nous sommes constitués pour préserver les traditions d’Ólympos en Amérique. » À l’époque où les Olympiotes arrivaient de façon plus massive en tant qu’émigrés aux États-Unis, le principe du melting pot tendait à assimiler les différentes nationalités qui étaient représentées sur le sol américain. Dans ce contexte, les personnes venues d’Ólympos ont ressenti le besoin de créer une association qui leur permettrait de préserver leur identité, associée à toutes les coutumes qui les singularisent : « Οι Ολυμπίτες αυτής της περιόδου, με μεγάλη διορατικότητα, είδαν την ανάγκη ύπαρξης ενός φορέα ο οποίος να μπορεί να αντισταθεί σ’ αυτό το φαινόμενο ώστε να διατηρηθούν τα ήθη και τα έθιμά μας. Ταυτόχρονα ο φορέας αυτός θα μπορούσε να στηρίξει τους νέους μετανάστες που έφθασαν αλλά και να αποτελέσει βασική οργάνωση που σκοπό θα είχε την βελτίωση της ποιότητας ζωής τόσο στην Βαλτιμόρη της Αμερικής αλλά κυρίως στα χωριά της Βορείου Καρπάθου, στην Όλυμπο και Διαφάνι. »

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