Résidus d’antibiotiques dans les denrées alimentaires d’origine animale

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Limites de la technique d’échantillonnage

La recherche de résidus de macrolides a porté sur 94 échantillons de lait. Ce nombre d’échantillons a été déterminé selon la formule de Schwartz. Il est valable statistiquement pour une précision de 10% et un intervalle de confiance de 95%. Ces paramètres statistiques furent également utilisés dans une étude menée à l’Ecole Inter-Etats des Sciences et Médecine Vétérinaire en 2017 pour l’étude des résidus d’antibiotiques dans le lait et les œufs par BEDEKELABOU, et par une étude menée à l’institut pasteur de Dakar en 2004 pour l’étude des résidus d’antibiotiques. Cependant la taille de ces échantillons peut paraitre faible en tenant en compte la quantité de lait consommée à Ouagadougou.
Les échantillons étaient composés de 32 échantillons provenant de fermes et 62 échantillons de lait de vaches commercialisé dans différents points de vente (marchés, boutiques, laiterie, …). La provenance de ces échantillons reflète ainsi les lieux d’achat de lait destiné à être consommé. En effet, la consommation de lait non transformé dans les laiteries occupe une grande proportion de la consommation laitière ; seuls 2% du lait de vache sont collectés dans le circuit formel des laiteries (COMMISSION DASME UEMOA, 2013). Ainsi, 80% de la traite de lait des fermes laitières est destinée à l’autoconsommation (HAMADOU et SANON, 2005) mais aussi à la vente de lait dans les marchés et plusieurs points de vente sans passer dans le circuit des laiteries. Les prélèvements se sont déroulés durant les mois d’octobre et de novembre. Cette période correspond aux périodes fortes productions laitières car elle se situe à la fin des pluies ; il y a donc une grande disponibilité d’herbe pour le pâturage (KABORE, 2003). L’élevage bovin du Burkina Faso est à 80% traditionnel (HAMADOU et SANON, 2005). L’alimentation des bovins étant en grande partie basée sur le pâturage, la production laitière est à son pic durant cette période.
Quant au questionnaire, nous avons été confrontés à l’indisponibilité de certains éleveurs, le refus de collaboration ou le refus de répondre à certaines questions du questionnaire. Ainsi sur une liste de 44 élevages recensés, seuls 31 questionnaires ont été remplis. Notons que sur cette liste d’élevage, certains élevages n’existaient plus.

Résultats de l’enquête

Le passage d’agents de santé au sein des fermes est effectué dans 90,23% des exploitations rencontrées mais à des fréquences variables. Ce passage est principalement accompli par des techniciens supérieurs (61,29%). Ce fort taux de suivi par les techniciens supérieurs s’explique par la présence d’agents d’élevage dans chaque zone d’exploitation. Au niveau de ces zones, ces agents d’élevages de zone sont principalement des techniciens supérieurs. La majorité des éleveurs font donc directement appelle à ces agents de zone pour le suivi de leur exploitation. Cela explique leur présence sur les fermes surtout lorsque les exploitants notent la présence de maladies sur leur exploitation (45,16% des fermes). Ce pourcentage est en dessous des résultats de SAMDOULGOU en 2016 qui stipulent que 68,84% de fermes font appel aux vétérinaires lors de maladies. Le suivi régulier des exploitations par des agents compétents en santé et production animale reste très faible dans ces différentes zones. En effet, seuls 19,34% des fermes possèdent un suivi sanitaire bien établi avec 3,22% des fermes laitières possèdent un agent compétent attitré à la ferme laitière à plein temps et 16,12% d’entre eux des agents venant chaque semaine. Ce pourcentage de suivi sanitaire est assez faible comparé à ceux de BEDEKELABOU (2017) dans les régions de Thiès et de Dakar au Sénégal qui est de 84% pour les élevages intensifs et semi-intensifs et 32% (uniquement par des techniciens d’élevage) pour les élevages extensifs. Cette différence est très marquante car les élevages rencontrés à Ouagadougou sont en majorité de type traditionnel (75,61 %) comme l’a démontré BAGRE en 2015. Ce faible taux de suivi de ferme de manière constante et régulière est source d’automédication. En effet, 74,19% des exploitants reconnaissent administrer eux-mêmes les médicaments vétérinaires à leurs animaux. Ce phénomène d’automédication dans la zone péri-urbaine de Ouagadougou est largement supérieur à celui noté dans les régions de Dakar et de Thiès qui est de 48% (BEDEKELABOU, 2017) et de 44% dans le Gorgol en Mauritanie (GARBA, 2012). Ce taux d’automédication est tout de même similaire aux résultats de SAMANDOULGOU (2016) qui a trouvé que 74,6% des éleveurs en général (de fermes laitières et autres types de fermes) pratiquent l’automédication au Burkina Faso.
Il en ressort comme principale cause de ce phénomène la non disponibilité de l’agent de zone mais aussi les pratiques anarchiques qui consistent à administrer les médicaments vétérinaires lors de petites maladies de leurs animaux. Cette automédication est encouragée par le fait que les éleveurs prétendent connaitre les maladies et leurs traitements. Ainsi, peu d’entre eux (38,7% des fermes) font recours à un agent d’élevage pour prendre des conseils préalables vis-à-vis de leur situation. C’est alors que plusieurs élevages font face à l’utilisation anarchique des antibiotiques. Les exploitants admettent tous (100%) acheter les médicaments en pharmacie ou clinique vétérinaire ou chez les grossistes mais 09,67% d’entre eux utilisent également des médicaments non officiels. En Afrique, l’utilisation de ces produits non officiels peut atteindre 50 à 70% des produits vétérinaires malgré que ces médicaments soient de qualités très douteuses (SIDIBE, 2001). Cependant, la grande partie des médicaments vétérinaires sont éliminés par voie mammaires. Un délai d’attente doit être impérativement observé. Cette notion de délai d’attente est connue par 87,09% des exploitants. Ce pourcentage de connaissance de délai d’attente est largement supérieur à celui recueilli en 2016 par SAMANDOULGOU qui s’élevait à 65,7%. En effet, la grande majorité des exploitants rencontrées prétendent respecter ce délai d’attente. Ce haut taux de connaissance s’explique surtout par les différentes formations et sensibilisations organisées par les groupements d’éleveurs, les différentes structures d’aide à l’élevage laitier, les groupements de laiteries mais également par le fort taux de cadres et d’éleveurs alphabétisés. Seules 02 exploitations (06,45% des exploitations) reconnaissent ne pas appliquer ce délai d’attente. Toutefois, la compréhension réelle de la notion de délai d’attente est très faible avec un taux de 12,9%. Sachant que les exploitations sont en majorité de type traditionnel à 75,61% (BAGRE, 2015), et selon l’étude de TALNAN en 2013 dans la zone péri-urbaine de Dakar, toutes les fermes de type extensif (100%) ont reconnu ne pas respecter le délai d’attente. Cette différence de reconnaissance d’application du délai d’attente dans la zone périurbaine de Ouagadougou et dans la zone périurbaine de Dakar est alors due à la faible compréhension de cette notion de délai d’attente à Ouagadougou.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I: LA PRODUCTION LAITIERE AU BURKINA FASO
I. Présentation du Burkina Faso
II. Filière bovine au Burkina Faso
1. Effectif du cheptel bovin
2. Systèmes d’exploitation
a. Système traditionnel rural
b. Système pastoral sédentarisé
c. Système péri-urbain
III. Production et transformation du lait au Burkina Faso
1. Production du lait
2. Transformation du lait
CHAPITRE II : LE MEDICAMENT VETERINAIRE
I. Marché et législation du médicament vétérinaire au Burkina Faso
1. Marché du médicament vétérinaire au Burkina Faso
a. Approvisionnement
b. Distribution
2. Législation du médicament vétérinaire au Burkina Faso
II. Les antibiotiques vétérinaires
1. Définition d’antibiotique
2. Classification des antibiotiques
3. Utilisation des antibiotiques et notions de base pour leur usage
a. Utilisation des antibiotiques
b. Délai d’attente (DA)
c. Limite Maximale de Résidus (LMR)
d. Dose Journalière Admissible (DJA)
e. Dose Sans Effet (DSE)
4. Les antibiotiques macrolides
CHAPITRE III : LES RESIDUS D’ANTIBIOTIQUES
I. Résidus d’antibiotiques dans les denrées alimentaires d’origine animale
1. Définition de résidu
2. Origine des résidus
3. Dangers liés aux résidus
II. Méthodes de détection de résidus d’antibiotiques dans le lait
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
CHAPITRE I : Zone et période de l’étude
I. Zone d’étude
II. Période d’étude
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES
I. Matériel
1. Matériel de déplacement
2. Matériel de prélèvement
3. Matériel biologique
4. Matériel d’enquête
5. Matériel de détection de résidus
a. Matériel de laboratoire
b. Matériel et réactifs du Charm Test
II. Méthodes
1. Echantillonnage
a. Taille de l’échantillon
b. Choix des sites de prélèvements des échantillons
c. Méthode d’enquête
2. Recherche de résidus de macrolides par le Charm Test II
a. Principe du test
b. Méthode de recherche de résidus de macrolides dans le lait
3. Analyse des résultats
CHAPITRE III : RESULTATS, DISCUSSION ET RECOMMANDANTIONS
I. Résultats
1. Résultats de l’enquête des fermes laitières
2. Taux de présence de résidus de macrolide antibiotique dans le lait
a. Résultats des contrôles négatifs et établissement du « control point
b. Résultats de la recherche de résidus de macrolides provenant des fermes laitières
c. Résultats de la recherche de résidus de macrolides provenant des points de vente de produits laitiers
d. Résultat global de la recherche de résidus de macrolides dans
Ouagadougou
II. Discussion
1. Limites de la technique d’échantillonnage
2. Résultats de l’enquête
3. Résultats des analyses d’échantillons
III. Recommandations
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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