Résilience et facteurs de protection et de risque

Immigration internationale

L’immigration mondiale a connu une hausse importante entre 2010 et 2019. On passe de 249 millions de personnes déplacées en 2010 à 272 millions en 2019, ce qui signifie une augmentation de plus de 91,5% en 9 ans (Organisation internationale de la Migration [IOM], 2019). Le contexte actuel d’instabilité causé par les multiples conflits géopolitiques ne laisse pas envisager une diminution d’immigrants, surtout dans l’Union européenne, forçant les pays occidentaux à ouvrir leurs portes et à prendre en charge de nombreuses familles ayant besoin de soutien.  Au Canada Le Gouvernement du Canada (2020), classe les immigrants en quatre types de catégories migratoires. Le premier, l’immigration de type économique, regroupe les travailleurs qualifiés, les candidats des provinces et des territoires, les gens d’affaires, les travailleurs qualifiés du Québec et les membres de la catégorie de l’expérience canadienne, ainsi que leurs conjoints et leurs personnes à charge. Précisons que la catégorie des gens d’affaires inclut les investisseurs, les entrepreneurs et les travailleurs autonomes.

Immigration Canada indique que dans le cas de l’époux/conjoint du demandeur principal ainsi que les enfants à charge du demandeur principal font partie de cette catégorie. Le deuxième type correspond au regroupement familial, englobant les membres de la famille parrainés par un résident permanent ou citoyen canadien. Le troisième type correspond aux étudiants étrangers. On comprend pour cette catégorie un résident temporaire qui est autorisé légalement à étudier de façon temporaire au Canada. Enfin, le quatrième type comprend les réfugiés, qui sont des personnes ayant fait une demande d’asile acceptée par le gouvernement canadien. Précisons que dans le type d’immigration de réfugié, il y a : a) réfugiés parrainés par le secteur privé; b) réfugiés admis au Canada; c) réfugiés pris en charge par le gouvernement; et d) et les personnes à la charge des réfugiés (Gouvernement Canada, 2020) Il est reconnu que l’immigration joue un rôle démographique et économique important au Canada, et cela depuis ses origines. Depuis 2006, le gouvernement du Canada a par ailleurs maintenu le taux le plus élevé d’immigration dans l’histoire canadienne, et des projections démographiques indiquent qu’en 2031, plus de 11,4 millions de Canadiens (3 sur 10) appartiendront à une minorité visible et la proportion de citoyens nés à l’étranger va dépasser les 25 % (Statistique Canada, 2010).

En 2018, le Canada a accueilli 321 035 nouveaux résidents permanents qui se répartissent comme suit : 186 352 étaient issus de la catégorie des immigrants économiques (58 %), 85 179 provenaient du regroupement familial (26, 5 %), et 49 504 étaient des réfugiés et autres immigrants, comme les demandeurs d’asile non reconnus au Canada, les titulaires de permis de séjour temporaires, etc. (15,42%) (Ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada [IRCC], 2019). Entre 2017 et 2018, le Canada a connu une augmentation de 1.6 % du nombre d’immigrants pour des raisons familiales, passant de 82 467 en 2018 à 85 179 en 2018 (IRCC, 2019). De plus, en 2017, 55,6 % des personnes immigrantes admises correspondaient à la catégorie d’immigrants économiques (avec leurs conjoints ou partenaires et personnes à charge), dont 28,8 % des migrants admis au titre des migrations familiales (IRCC, 2019). L’augmentation de personnes immigrantes implique nécessairement des besoins à court terme reliés à l’accueil (Bagramyan, 2012; Vatz-Laaroussi et Bolzman, 2010), à l’intégration (Abraham, 2016; Arcand, Lenoir-Achdjian et Helly, 2009; Gauthier, 2013; Lester et Nguyen, 2010), à la reconnaissance d’acquis (Boudarbat, et Boulet, 2010; Castro et Villeneuve, 2017; Mulatris, 2010; Osorio, 2008; Pellerin, 2011; Guo, 2014) et à la barrière linguistique (Bonilla, 2014; Fontaine, 2010; Okrainec, Booth, Hollands et Bell, 2017; Veronis et Huot 2019; Violette, 2018; Watkins, Razee et Richters, 2012).

• 1.1.2 Au Québec Une distribution interrégionale plus équilibrée de l’immigration est devenue une préoccupation pour le Québec à la fin des années 1980. C’est dans ce sens qu’en 1992, le Québec s’est doté d’une politique de régionalisation dans le but de faciliter et promouvoir l’établissement des immigrants en dehors de la métropole de Montréal (Simard, 1996). L’objectif de la politique fut l’attraction et la rétention de l’immigration. Pour Vigneault (2016) et Simard (2016), cette politique de régionalisation a été conçue pour cibler davantage l’immigration économique ainsi pour répondre à une dénatalité́ et une pénurie de main d’oeuvre dans plusieurs régions du Québec comme le cas de l’Abitibi-Témiscamingue. Cette politique a facilité la mise en place dans la région d’Abitibi-Témiscamingue d’un service d’accueil partagé par la Ville de Rouyn-Noranda et l’organisme communautaire la Mosaïque. Il existe aussi pour la région, le Centre ressources jeunesse qui cible les immigrants de 15 à 35 ans, les centres locaux d’emplois et le service de francisation qui est offert par l’organisme Concep Alpha. En 2018, le Québec a accueilli 51 118 immigrants, dont 49,5 % sont des hommes et 50,5 % des femmes. Parmi ces immigrants admis, 29 190 étaient des immigrants économiques (57,1 %) et 12285 étaient admis pour motif de regroupement familial (24 %), 8832 étaient réfugiés (17,3%) et 811 appartenaient à d’autres catégories d’immigrants (1,6 %) (MIDI, 2019).

Les femmes immigrantes au Québec enregistrent le taux le moins élevé d’activité et le taux de chômage le plus élevé (Chicha, 2012) comparativement aux femmes et aux hommes immigrants de l’Ontario et de la Colombie-Britannique (Boudarbat et Boulet, 2010). À l’instar d’autres provinces au Canada, le Québec a adopté une approche dynamique des politiques publiques sur l’immigration, ce qui a permis l’adoption en 2015 d’une nouvelle politique en matière d’immigration, de participation et d’inclusion : Ensemble, nous sommes le Québec 1. Cette politique préconise une vision d’intégration fondée sur l’engagement partagé, c’est-à-dire l’engagement de toute la population immigrante et de la société d’accueil, dans le but de favoriser le processus d’adaptation et d’atteindre une pleine participation à la vie collective. La politique établit deux grands enjeux : (1) « un Québec misant sur la contribution de l’immigration à sa prospérité et à la vitalité du français »; (2) « une société inclusive et engagée à favoriser la pleine participation dans toutes les sphères de la vie collective de tous les membres de la société » (MIDI, 2015 : 4).

Dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue

L’Abitibi-Témiscamingue est une région relativement jeune. Ce n’est qu’en 1898 qu’elle est rattachée au reste du Québec. Cette région éloignée des grands centres urbains a comme moteur de développement économique des activités reliées aux secteurs minier, forestier et agroforestier (Desjardins études économiques, 2015; Morin et Blais, 2005; Proulx, 2014). Elle est l’une des régions les plus cosmopolites du Québec après Montréal (Beaudry-Gourd, 1995; Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue, 2010). La première vague de colonisateurs venant de l’étranger s’est déroulée entre 1925-1940, où quelque 1 500 immigrants en provenance d’Europe de l’Est sont venus s’installer dans la région afin de travailler dans les mines ou sur les chantiers, ou dans la construction (Beaudry-Gourd, 1995). D’ailleurs, les « Fros » (foreigners), comme ils étaient surnommés alors, formaient la main-d’oeuvre la plus importante de mineurs de fond de la région, et ce, jusqu’au milieu des années 1930. Selon Vincent (1995), la région a assisté à une seconde vague d’immigration internationale entre 1940 et 1955. Cette vague a été plus importante que la première en raison de la pénurie de main-d’oeuvre dans la région. Environ 2 400 immigrants, provenant d’un peu partout en Europe, sont alors venus s’installer en Abitibi-Témiscamingue. À cette époque, les compagnies minières recrutaient leur personnel dans le camp de personnes déplacées par la guerre en Europe.

Ces travailleurs immigrants, les « DP » (displaced persons), comme les appelaient les francophones, constituent une main-d’oeuvre totalement différente des immigrants de la première vague, car les immigrants de la deuxième vague sont embauchés directement par les compagnies minières témiscabitibiennes en Europe selon des critères plus précis. Elles recherchaient des hommes jeunes qui possédaient une formation technique et qui avaient un dossier politique et syndical vierge. Les trois décennies suivantes (1960 à 1990) ont vu un contingent d’immigrants beaucoup moins important, mais qui tend à se diversifier (Europe, nord de l’Afrique et Haïti). Selon l’Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue (2006), ces immigrants sont plus scolarisés et contribueront au déploiement des établissements de santé et d’éducation de la région. Depuis les années 2000, les personnes immigrantes ont investi les sphères publiques, politiques, culturelles ainsi que celles de l’innovation et de la recherche (Conférence régionale des élus d’Abitibi-Témiscamingue, 2011). En 2018, l’Abitibi-Témiscamingue a reçu 129 nouveaux immigrants, ce qui ne représente que 0,3 % du total admis en sol québécois. Les principales raisons pour lesquelles les gens ont immigré en Abitibi-Témiscamingue sont reliées au travail et au regroupement familial (MIDI, 2019).

Table des matières

LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES SCHÉMAS
LISTE DES ABRÉVIATIONS, DES SIGLES ET DES ACRONYMES
RÉSUMÉ
ABSTRACT
RESUMEN
INTRODUCTION
CHAPITRE I PROBLÉMATIQUE ET CADRE CONCEPTUEL
1.1 Immigration internationale
1.1.1 Au Canada
1.1.2 Au Québec
1.1.3 Dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue
1.2 Parcours migratoire des immigrants
1.2.1 Difficultés d’intégration
1.2.2 Résilience
1.3 Historique du concept de résilience
1.3.1 Résilience dans un contexte familial
1.3.2 Résilience et facteurs de protection et de risque
1.4 De la résilience aux stratégies adaptatives
1.5 Stratégies adaptatives familiales : synthèse des résultats
1.5.1 Structure familiale
1.5.2 Rapports familiaux
1.5.3 Ressources économiques et sociales
1.6 Question de recherche
1.6.1 Objectifs de recherche
1.7 Cadre conceptuel
1.7.1 Approche interculturelle systémique et modèle de résilience de Richardson
1.7.2 Pertinence du cadre conceptuel
CHAPITRE II MÉTHODOLOGIE
2.1 Devis de recherche
2.1.1 Procédure d’échantillonnage et de recrutement
2.1.2 Caractéristiques des répondants
2.1.3 Instruments de collecte des données
2.1.4 Stratégies d’analyse des données 4
2.1.5 Stratégies prévues pour assurer la rigueur du processus
2.1.6 Limites et difficultés rencontrées
2.1.7 Considérations éthiques
CHAPITRE III RÉSULTATS
3.1 Influence de la résilience et le parcours migratoire 1
3.1.1 Parcours pré-migratoire
3.1.2 Post-immigration 3
3.2 Facteurs internes qui favorisent la résilience et l’adaptation
3.2.1 Facteurs familiaux
3.2.2 Facteurs psychologiques des membres de la famille
3.2.3 Facteurs issus de la religion
3.3 Facteurs externes qui favorisent la résilience et l’adaptation
3.3.1 Facteurs protecteurs associés à la culture
3.3.2 Facteurs protecteurs issus des institutions d’enseignement
3.3.3 Facteurs protecteurs issus du réseau communautaire
3.3.4 Facteurs protecteurs issus du contexte social
3.3.5 Facteurs protecteurs économiques
3.4 Stratégies utilisées dans le processus d’immigration
3.4.1 Structure familiale
3.4.2 Rapports familiaux
3.4.3 Ressources sociales et économiques
HAPITRE IV DISCUSSION ET ANALYSE DES DONNÉES
4.1 Influence de la résilience et du parcours migratoire
4.1.1 Processus pré-migratoire
4.1.2 Processus post-migratoire
4.1.3 Parcours migratoire et résilience
4.2 Facteurs internes qui favorisent la résilience et l’adaptation
4.2.1 Facteurs familiaux
4.2.2 Facteurs psychologiques des membres de la famille
4.2.3 Facteurs issus de la religion
4.3 Facteurs externes qui favorisent la résilience et l’adaptation
4.3.1 Facteurs protecteurs issus de la culture
4.3.2 Facteurs protecteurs issus des institutions d’enseignement
4.3.3 Facteurs protecteurs issus du réseau communautaire
4.3.4 Facteurs protecteurs issus du contexte social
4.3.5 Facteurs protecteurs issus de l’économie
4.4 Stratégies gagnantes dans le processus d’immigration
4.4.1 Stratégies issues de la structure familiale
4.4.2 Stratégies issues des rapports familiaux
4.4.3 Stratégies issues des ressources sociales et économiques
4.5 Résilience familiale en contexte d’immigration : synthèse
CONCLUSION
ANNEXE 1 AFFICHE DE RECRUTEMENT ET D’INFORMATION
ANNEXE 2 LES QUATRE TYPES DE RÉINTEGRATION DU MODÈLE DE RICHARDSON
ANNEXE 3 GUIDE D’ENTREVUE (DONNÉES FACTUELLES)
ANNEXE 4 FORMULAIRE DE CONSENTEMENT
ANNEXE 5 CERTIFICAT ATTESTANT DU RESPECT DES NORMES ÉTHIQUES
ANNEXE 6 LETTRE À L’ORGANISME DEMANDANT UN APPUI POUR LA RECHERCHE
ANNEXE 7 LETTRE D’APPUI DE LA MOSAïQUE
RÉFÉRENCES

Cours gratuitTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *