Revue exploratoire de littérature et rencontres professionnelles

Concepts de la maltraitance et de la violence conjugale

L’accent a été mis sur le concept de la maltraitance puis plus particulièrement sur la violence conjugale, élément clé de la problématique. La définition de la maltraitance selon le dictionnaire consiste à dire que cela relate d’un mauvais traitement envers une catégorie de personnes (enfants, personnes âgées, etc.) (Petit Larousse, 1995, p. 625). Cette définition étant passablement large, d’autres définitions plus complètes permettent également de préciser ce concept. En effet, selon Boissières-Dubourg (2011), « Maltraiter une personne revient donc à ne pas « traiter » correctement cette personne, ne pas s’en occuper, ne pas en prendre soin et faire preuve avec elle de brutalité, de sévérité et de rigueur excessive » (p.33). Par cette définition, la maltraitance concerne également l’absence de « traitement », aspect qui n’est pas relaté dans la définition du dictionnaire. Corbet (2000) quant à elle, relatant des concepts de violence et de maltraitance, indique : Dans une première approche, disons tout d’abord qu’il s’agit de faits inscrits dans une relation dans laquelle l’un des protagonistes exerce une force sur un autre, et/ou dans une relation de dépendance, voire également dans une relation de protection comme l’est une relation éducative, mais dont la dimension de protection s’est trouvée niée ou pervertie.

Il s’agit d’actes (ou des absences d’actes) subis par des personnes dépendantes et/ ou vulnérables. (p. 20) Elle définit ainsi davantage le type de personnes subissant de tels actes ainsi que la relation les liants contrairement aux définitions précédentes. Une dernière définition peut éclairer le concept de la maltraitance. Il s’agit de celle du conseil de l’Europe (rapport de la commission « violence au sein de la famille », 1987) et l’Organisation mondiale de la Santé (Abuse of elder persons. Rapport du secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, 2002) : La maltraitance est une situation pathologique dans laquelle une personne ou un groupe de personnes inflige de mauvais traitements à une autre personne. Elle peut conduire à son décès ou être à l’origine de préjudices tels que l’atteinte à son intégrité corporelle ou psychique, à sa dignité, à sa vie sociale, au développement de sa personnalité, à la jouissance de ses biens, de ses ressources ou de ses libertés individuelles. (p. 3)

Elle provoque volontairement ou non une souffrance chez la personne maltraitée, autant sur le plan physique que psychologique. Elle se distingue des autres formes de violences ou de nuisances à autrui par la relation de dépendance, le plus souvent d’interdépendance qui unit la personne maltraitée et la personne maltraitante. Cette relation, qui devrait être tournée vers l’aide, le soutien, les soins, l’attention à autrui, dérive vers une relation de nuisance. Ces diverses définitions nous permettent de réaliser la complexité du phénomène de la maltraitance. En effet, il n’existe pas de définition univoque, car toute personne en a sa propre représentation qui elle, est influencée par l’environnement qui l’entoure. De plus, les formes diverses de maltraitance et leur subtilité augmentent davantage cette complexité. On voit ainsi que la maltraitance est en lien avec le fait de traiter une personne souvent dépendante de manière incorrecte, ce qui provoquera des conséquences négatives sur la personne. Ces éléments permettent d’inclure la violence conjugale comme l’une des formes de maltraitance. Nous allons ainsi préciser ce phénomène. Selon Cox, Bota, Carter, Bretzlaff-Michaud, Sahai et Rowe (2004), la violence domestique est mentionnée comme l’agression conjugale, la violence entre partenaires intimes, l’abus sur les femmes, la violence sur les femmes et les syndromes des femmes battues.

La plupart des chercheurs définissent la violence domestique comme des menaces ou des dommages corporels réels, des coups, des claques, des coups de poing, des coups de pied et des préjudices avec armes ou toute autre blessure sur un partenaire intime (p. 91) [traduction libre]. Voici deux définitions de la violence conjugale : […] un processus de domination de l’autre, avec contrainte. Cette contrainte peut s’exercer de différentes manières : verbalement, comme des insultes, menaces ou brimades notamment en présence d’autrui, sexuellement, en réduisant l’autre au rang d’objet sexuel, avec des rapports imposés, des pratiques pornographiques… (on entre alors dans les qualifications d’agression sexuelle, voire de viol, qui ne sont pas notre propos ici), économiquement, avec contrôle des moyens d’existence, qui fragilise encore plus la victime sur le plan matériel et bien sûr physiquement, comme les coups, le plus souvent à mains nues, à l’origine de toutes les lésions rencontrées en médecine légale dans le cadre des coups et blessures volontaires. (Bernard 2004, p. 100) On entend par violence entre partenaires intimes tout comportement au sein d’une relation intime qui cause un préjudice ou des souffrances physiques, psychologiques ou sexuelles aux personnes qui sont parties à cette relation. Il s’agit, entre autres, des comportements suivants : des actes d’agression physique, comme des gifles, des coups de poing, des coups de pied et des volées de coups, de la violence psychologique, comme le recours à l’intimidation, à l’humiliation et au rabaissement constant, des rapports sexuels forcés et autres formes de coercition sexuelle et divers comportements autoritaires ou tyranniques, comme d’isoler une personne de sa famille et de ses amis, de surveiller ses faits et gestes, et de limiter son accès à toute aide ou information. (OMS, p. 99)

Théorie de la transition de Meleis (2010)

Selon Meleis (2010), la transition dure un certain temps et désigne le passage entre deux périodes de vie relativement stables. Elle est déclenchée par des événements qui provoquent une crise ou un bouleversement. Les transitions, choisies ou imposées, peuvent être plus ou moins bien vécues selon l’adaptation de la personne et induisent une augmentation de la vulnérabilité. Il est ainsi important de pouvoir anticiper ces transitions et aider les patients lors de ces passages afin qu’ils se réalisent le plus sainement possible. Cette théorie se centre donc sur la personne et les soins, elle est de type intermédiaire, ce qui la rend applicable. [traduction libre] Ces éléments expliquent notre choix d’utiliser cette théorie pour illustrer à notre question de recherche. En effet, une situation de violence conjugale permet l’utilisation de la théorie de la transition de Meleis (2010), car la personne vivra une transition dès le moment où elle décide de faire face à cette violence et d’y mettre fin. Une personne se rendant dans unservice d’urgence pour demander de l’aide afin de ne plus revivre une situation de violence, vivra alors un changement qui lui permettra de retrouver un état stable.

Il faudra ainsi qu’elle s’adapte aux changements que cette transition provoquera. Les infirmières contribuent à aider et faciliter le processus de transition de différentes manières tel qu’en effectuant de la prévention. En utilisant cette théorie, elles doivent être attentives à l’augmentation de la vulnérabilité qui peut provoquer des effets entravants au bon déroulement de ce passage entre deux périodes de vie ainsi qu’au ressenti et au vécu de la personne. En effet, chaque transition est diverse, complexe et vécue de manière personnelle. Elles doivent ainsi être capables de situer la personne en fonction de sa transition, cela permettra d’évaluer l’engagement de la personne face à celle-ci. La transition vécue par la femme victime de violence conjugale sera donc le passage entre une période de vie où elle subit des violences à une période où celles-ci cessent. Description et application de la théorie. La théorie de la transition est divisée en quatre dimensions afin d’anticiper, évaluer les risques et favoriser les transitions saines. Nous allons décrire cette théorie en effectuant des liens avec les violences conjugales.

Nature des transitions.

La première dimension est la nature des transitions qui est divisée en trois parties; les types, les modèles et les propriétés. Quatre types de transition sont décrits dans cette théorie. Il y a d’abord l’événement relié au développement, par exemple une naissance, une grossesse ou d’autres étapes de vie. Ensuite, la transition situationnelle comprend le changement de profession, le placement en EMS (Etablissements médicaux sociaux) ou encore le passage à la retraite. La transition entre la santé et la maladie correspond à l’annonce d’un diagnostic ou d’une rupture de santé. Pour finir, le type organisationnel est en lien avec les maladies chroniques et les soins à domicile, les changements structuraux dans la maison. Meleis (2010) décrit par la suite différents modèles, un simple et un multiple. Pour le premier, cela concernera une transition unique. Le modèle multiple est lui-même divisé en mode séquentiel ou simultanée. Le premier concerne une transition qui en induit d’autres et ainsi de suite, alors que le second désigne plusieurs transitions qui se produisent en même temps, sans qu’elles n’aient de lien entre elles. Les propriétés de l’expérience de la transition se portent sur divers points. Tout d’abord, il y a la prise de conscience qui englobe la perception, les savoirs et la reconnaissance d’une expérience de transition. Ensuite, le niveau d’engagement sera lié à la prise de conscience et correspond au degré d’investissement dans le processus. Toute transition nécessite un changement, que ce soit au niveau de l’identité, du rôle ou de la relation. Il faut également prendre en compte que la perception du monde diffère selon les personnes. La caractéristique d’une transition est le mouvement qui la suit, du début jusqu’à la fin. Pour finir, il y a des points critiques associés à un événement marquant, tels qu’une hospitalisation ou la perte d’un être cher.

Table des matières

Résumé
Problématique
Concepts abordés
Méthode
Résultats
Mots clés
Remerciements
Chapitre 1 : Introduction
Nature du travail
Plan de travail
Chapitre 2 : Problématique
Manière dont la question de départ est survenue
Pertinence de la question de départ avec les soins infirmiers
Les métaparadigmes
Soins infirmiers
Environnement
Individu
La santé
Les savoirs
Le savoir esthétique
Le savoir personnel
Le savoir empirique
Le savoir éthique
Revue exploratoire de littérature et rencontres professionnelles
La prévention
Interventions infirmières
Les associations disponibles
Solidarité femme, région Neuchâtel
Centre LAVI (Loi sur l’Aide aux Victimes d’Infractions
Les lois
Structure policière
Structures dans les hôpitaux
Les urgences
Conséquences
Les coûts
Statistiques
Contact avec les professionnels
Concepts retenus
Concept de la maltraitance
Définition
Définition de la violence à l’encontre des femmes
Définition de la violence conjugale
Les différents types de violences conjugales
Concept de la prévention
Définition
Les quatre types de prévention
Prévention primaire
Prévention secondaire
Prévention tertiaire
Prévention quaternaire
Définition des types de lésions
Voies de faits
Lésions corporelles simples
Lésions corporelles graves
Perspectives et propositions pour la pratique
Question de recherche
Question PICOT
Chapitre 3 : Concepts et théorie
Concepts de la maltraitance et de la violence conjugale
Concept de la prévention tertiaire
Le concept des interventions infirmières
Concept du taux d’incidence
Théorie de la transition de Meleis (2010
Description et application de la théorie
Nature des transitions
Les conditions de la transition facilitantes ou entravantes
Les modèles de réponse
Indicateurs de résultats
Les interventions infirmières
Chapitre 4 : Méthodologie
Question PICOT
Type de questions selon Melnyk et Fineout-Overholt (2013
Recherches d’articles
Critères de sélection des articles
Analyse d’articles avec la Grille de Fortin (2010
Chapitre 5 : Synthèse des résultats
Synthèse des résultats par article
Factors influencing identification of and response to intimate partner violence : a survey of physicians and nurses
Intimate Partner Violence and the Health Care Response :
A Postmodern Critique
Intimate Partner Violence screening and treatment : the importance of nursing care behaviors
Care for emergency department patients who have experienced domestic violence : a review of the evidence base
Intimate partner violence : a clinical review of screening and intervention
Emergency deparment care of women exeriencing intimate partner violence : are we doing all we can
Minimizing the risk of intrusion : a grounded theory of intimate partner violence disclosure in emergency departments
Intimate Partner Violence : implications for Critical Care nursing
Intimate Partner Violence Victimization : identification and response in primary care
Survivors of Intimate Partner Violence : implications for Nursing Care
Développement des résultats en lien avec la question PICOT
Perspectives et propositions pour le futur
Conclusion
Apport du travail de Bachelor
Limites
Perspectives pour la recherche
Références
Appendice A
Appendice B
Appendice C
Appendice D
Appendice E
Appendice F
Appendice G
Appendice H
Appendice I
Appendice J
Appendice K
Appendice L
Appendice M
Appendice N
Appendice O
Appendice P

Cours gratuitTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *