STEREOCHIMIE ET MEDICAMENTS

STEREOCHIMIE ET MEDICAMENTS

 

  1. Etude d’un document scientifique

Document : La Thalidomide. Lorsque l’histoire doit éclairer l’avenir. Ph Eucher

Le document intégral est donné en annexe.

Voici quelques extraits :

L’ÉMERGENCE D’UN HYPNOTIQUE

Bien que l’histoire connaisse quelques variantes dans la littérature, il ressort qu’en 1953, la firme suisse CIBA, ayant synthétisé la thalidomide, ne lui trouva aucune utilité lors d’essais cliniques et l’abandonna. En 1954, une petite société pharmaceutique allemande dont les ambitions commerciales dépassaient la rigueur scientifique, la Chemie Grünenthal, reprit à son compte les recherches sur cette molécule, la testant sans résultat comme antigrippal, antiépileptique, antihistaminique, antibiotique, … Le seul effet réellement constant de la substance semblait résider dans le profond sommeil paisible qu’expérimentaient les volontaires. Le produit paraissait par ailleurs incroyablement sûr, aucun effet secondaire n’ayant été observé sur les animaux de laboratoire.

Sachant qu’à l’époque les hypnotiques sont essentiellement représentés par les barbituriques dont la sécurité est moindre, la firme Chemie Grunenthal décide de commercialiser la thalidomide à cet usage, sous l’appellation de Contergan®.

Les nausées matinales du début de la grossesse représentent une autre indication officielle du médicament qui peut être consommé également par les femmes durant l’allaitement et pour calmer les enfants « difficiles ». Suite à une vaste campagne publicitaire (50 revues médicales, 50 000 circulaires thérapeutiques, 250 000 lettres aux médecins en Allemagne), le produit, commercialisé le 1er octobre 1957, devient rapidement un best-seller.

En 1959, on estime à un million le nombre d’utilisateurs quotidiens en Allemagne, la firme écoule une tonne de thalidomide par mois, et le produit est le troisième médicament le plus vendu en Europe. Une compagnie anglaise, la Distillers Company, acquerra la licence et commercialisera la thalidomide sous le nom de Distaval®, stipulant à son tour dans la notice qu’elle pouvait être prise sans risque par les femmes enceintes. In fine, la molécule sera vendue dans 46 pays, par une bonne douzaine de compagnies sous licence, en Europe mais aussi en Asie, en Australie et en Afrique, sous une quarantaine de noms différents (dont le Softénon® en Belgique) ; dans bon nombre de formulations, la thalidomide sera mélangée à de la quinine, à de la vitamine C, (…) ou de l’aspirine, et même à des barbituriques.(…)

Assez rapidement également, les centres allemands de néonatalogie constatèrent une augmentation du nombre de nouveau-nés ayant des malformations rares et graves touchant surtout les membres (agénésie ou hypogénésie des bras et/ ou des jambes), mais également absence d’oreilles et surdité, paralysie faciale, lésions oculaires, anomalies cardiaques, digestives, urinaires et génitales. Faute de communication adéquate et d’enquête épidémiologique (rendues difficiles par l’absence de prescription obligatoire), chaque centre se croira victime de la fameuse loi des séries liées au hasard, d’autant plus que beaucoup de femmes enceintes avaient pris le médicament durant leur grossesse sans que cela n’entraîne de malformations. Aussi, et bien que le premier bébé atteint par la thalidomide soit né le 25 décembre 1956 (malformation des oreilles, le bébé était celui d’un employé de la firme qui avait reçu des échantillons …), il faudra attendre le 16 septembre 1961 pour que Wiedeman publie (dans le Journal of the American Medical Association) 27 cas de phocomélie et suggère qu’une des nouvelles substances sur le marché en soit responsable. Dès lors, le Dr Lenz, chef du service de pédiatrie à l’hôpital universitaire d’Hambourg interrogera les mères des enfants mal formés et collectera, notamment par voie de petites annonces dans la presse, quatorze cas supplémentaires ayant pour dénominateur commun la prise de thalidomide. Au moment même, à l’autre bout de la terre, un obstétricien australien qui avait prescrit la thalidomide à ses patientes, le Dr Mc Bride arrive aux mêmes conclusions. Grâce à la divulgation au grand public des conclusions du Dr Lenz, les firmes Chemie Grunenthal et Distillers Co accepteront finalement, fin 1961, après des semaines de dénis obstinés, de retirer la thalidomide des marchés allemand et anglais. (…)

Chez l’Homme, la molécule est tératogène du 35e au 50e jour après les dernières menstruations, une période précoce où la femme peut encore aisément ignorer qu’elle est enceinte. Un seul et unique comprimé durant cette période suffit ! (…)

LA POURSUITE DES RECHERCHES

En 1964, un patient grabataire, atteint d’une forme de lèpre particulièrement douloureuse, l’érythème nodulaire, est présenté au Dr Jacob Sheskin (…) Ses souffrances sont telles qu’il n’a plus dormi depuis des semaines! A tout hasard, Sheskin lui administre deux comprimés de thalidomide et constate que le patient s’endort pendant vingt heures et qu’il est capable ensuite de sortir du lit. Six autres patients similaires obtinrent des résultats identiques; une étude en double aveugle au Vénézuela, suivie d’une étude à grande échelle par le WHO (organisation mondiale de la santé) confirmèrent un taux élevé de succès. Le WHO stipula que seules les femmes ménopausées pouvaient être exposées à la thalidomide. En 1991, le Dr Kaplan de la Rockfeller University démontre le mécanisme responsable de cette action bénéfique : la thalidomide diminue la TNF-α (tumor necrosis factor), une protéine responsable de l’inflammation tissulaire dont les taux sont élevés chez certains lépreux. Elle suggéra aussi d’utiliser la thalidomide pour combattre la cachexie des patients tuberculeux, une autre mycobactérie. De son côté, la jeune firme pharmaceutique américaine Celgene tente dès 1987 de développer un médicament qui puisse combattre le problème croissant de la tuberculose chez les patients atteints du SIDA. Après contact avec le Dr Kaplan, Celgene décide d’étudier la thalidomide et démontre qu’elle stimule la réponse des lymphocytes T. Parallèlement, les chercheurs de Harvard University démontrent que la thalidomide inhibe le développement des nouveaux vaisseaux sanguins, confirmant par la même son action tératogène sur la croissance des membres. Or, l’idée germe que cette action anti-angiogénésique pourrait freiner le développement des cancers. En 1999, le Dr Barlogie (Université d’Arkansas) publie des résultats encourageants dans le traitement du myélome, une tumeur caractérisée entre autres par une angiogenèse accrue.

 

Etude de la molecule.

Travail par groupe de 4 : Utiliser les modèles moléculaires (ou un logiciel de simulation) pour fabriquer et visualiser cette molécule puis répondre aux questions suivantes :
Q1/ Comment s’appelle la représentation utilisée dans la partie I (problématique). Cette représentation permet-elle de rendre compte de la géométrie dans l’espace de la molécule ?
Q2/ Quelles sont les fonctions organiques présentes dans la molécule ?
Q3/ Comparer votre molécule avec celle des autres groupes. Avez-vous tous le même arrangement dans l’espace ? Visualiser les deux formes possibles. Pour passer de l’une à l’autre il faut casser une liaison !
Faire l’activité préparatoire n°1 sur les structures chirales puis répondre aux questions suivantes :
Q5/ La thalidomide possède-t-elle un ou plusieurs carbone(s) asymétrique(s). Le (ou les) mettre en évidence par une étoile *.
Q6/ Les deux formes mises en évidence sont elles : chirales ?, stéréoisomères ?, énantiomères ?, diastéréoisomères ?
Faire l’activité préparatoire n°2 sur les configurations R et S puis répondre aux questions suivantes :
Q7/ Numéroter les substituants liés au carbone asymétrique en utilisant les règles (CIP)
Q8/ Identifier la molécule R et la molécule S
Si besoin consulter le « coupe de pouce » de la fiche d’aide.

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