Le contenSYNDROME CORONARIEN AIGU AVEC SUS-DÉCALAGE PERSISTANT DU SEGMENT ST
Les risques de la procédure
Les complications de l’angioplastie primaire ont diminué avec l’expérience des opérateurs et l’évolution du matériel utilisé (notamment la diminution de la taille des cathéters). Les complications locales comme les hématomes, les pseudoanévrismes et les fistules artério-veineuses sont observées dans 2 à 3% des cas quand on utilise l’abord fémoral. Les saignements au point de ponction ont diminué du fait d’une meilleure gestion du traitement héparinique adjuvant. La néphropathie induite par le produit de contraste est observée dans 2% des cas notamment chez le sujet âgé, en cas de néphropathie sous-jacente et en cas de choc cardiogénique. Les troubles du rythme ventriculaire peuvent survenir au cours et au décours de la procédure, mais ne semblent pas modifier le pronostic des patients. L’utilisation des stents a réduit le risque de survenue d’une réocclusion du vaisseau dilaté en traitant les dissections résiduelles après une simple dilatation au ballon. Le no-reflow peut survenir lors de la procédure et il correspond à une absence de reperfusion tissulaire malgré la reperméabilisation du vaisseau sous-épicardique. Il est lié à une embolisation distale du thrombus et des débris de plaque, à une dysfonction endothéliale et à un œdème cellulaire. La survenue du no-reflow aggrave le pronostic des patients et il peut être prévenu par la réduction des délais de prise en charge des IDM, par l’utilisation des anti-GpIIbIIIa et des systèmes d’aspiration ou de protection distale [6].
Le traitement médicamenteux
Les antiagrégants plaquettaires
L’aspirine (acide acétylsalicylique) L’aspirine est un inhibiteur irréversible de la cyclo oxygénase 1 (COX1). La COX1 permet la synthèse du thromboxane TxA2, agoniste vasoconstricteur et 70 puissant inducteur de l’agrégation plaquettaire. En bloquant la COX1, l’aspirine permet le blocage irréversible de l’une des voies d’activation plaquettaire [106]. L’étude ISIS 2 (1988) a montré pour la première fois une nette diminution de la mortalité lors de la prise précoce de 160 mg d’aspirine [38]. En 2012, l’ESC recommande (classe I, niveau B) une administration de 150 à 300 mg par voie orale ou 80 à 150 mg en intraveineux (IV) d’aspirine quel que soit la stratégie de reperfusion mise en place [130]. Les thiénopyridines Il s’agit d’une famille d’inhibiteurs du récepteur plaquettaire P2Y12. Ce sont des prodrogues rapidement absorbées par l’intestin après une administration orale. Une transformation hépatique (voie du cytochrome P450) est nécessaire pour former leur métabolite qui viendra inhiber le récepteur P2Y12 en se fixant au site de liaison à l’ADP [127]. Le clopidogrel Thiénopyridine de seconde génération, il subit un passage hépatique important puisqu’au maximum 15% de la prise est active. Le clopidogrel a longtemps été la référence dans la double antiagrégation plaquettaire avant sa remise en question au vu d’une variabilité interindividuelle trop importante du taux de métabolites actifs résiduel après transformation hépatique [120]. L’ESC propose dans ses dernières recommandations (classe I, niveau C), l’utilisation du clopidogrel à la phase aiguë du STEMI si les autres inhibiteurs du récepteur P2Y12 ne sont pas disponibles [130]. En 2013, le clopidogrel reste une recommandation de classe I et de niveau B pour l’AHA [8]. L’étude CURRENT-OASIS 7 propose, en l’absence de contre-indication, l’association d’un bolus d’aspirine à 600 mg de clopidogrel par voie orale pour tout patient allant bénéficier d’une angioplastie primaire [97]. 71 L’étude CLARITY-TIMI 28 a quant à elle, montré l’intérêt d’une association d’un bolus d’aspirine à une dose de charge de 300 mg de clopidogrel par voie orale pour les patients bénéficiant d’une reperfusion coronaire par thrombolyse [141]. Le prasugrel Thiénopyridine de troisième génération [145], il s’agit également d’une prodrogue nécessitant un passage hépatique pour être activée. Toutefois l’effet antiplaquettaire est plus rapide, plus puissant qu’avec le clopidogrel et l’inhibition de l’agrégabilité plaquettaire est moins variable et plus prédictible in vitro [144, 128, 120]. L’absorption du prasugrel est complète et rapide. L’ensemble du prasugrel absorbé participe à la libération du métabolite actif qui va venir se fixer de manière irréversible sur le site de liaison de l’ADP du récepteur P2Y12. L’étude TRITON TIMI 38 a montré que l’association d’un bolus d’aspirine à une dose de charge orale de 60 mg de prasugrel réduisait plus efficacement le risque de survenue d’évènements ischémiques dans les suites d’une angioplastie percutanée par rapport au clopidogrel [144]. En 2012, dans le management du STEMI, l’ESC recommande (classe I, niveau B) l’administration d’une dose de charge orale de 60 mg de prasugrel couplée à un bolus d’aspirine pour les patients présentant un STEMI et allant bénéficier d’une angioplastie primaire [130]. Le ticagrélor Premier inhibiteur oral réversible du récepteur P2Y12 appartenant à la classe des cyclopentyl-triazolo-pyrimidine (CPTP). À l’inverse des autres thiénopyridines, le ticagrélor n’est pas une prodrogue et ne nécessite pas d’activation métabolique pour inhiber le récepteur P2Y12 [138]. 72 En 2012, dans le management du STEMI, l’ESC recommande (classe I, niveau B) l’administration d’une dose de charge orale de 180 mg de ticagrélor couplée au bolus d’aspirine pour les patients présentant un STEMI et allant bénéficier d’une angioplastie primaire [130]. Les anti GP IIb/IIIa La glycoprotéine IIb/IIIa [79] constitue un récepteur pour le fibrinogène, exprimé à la surface des plaquettes. Lorsque les plaquettes sont activées, le nombre de récepteurs augmente et la fixation de fibrinogène permet la formation des ponts entre les plaquettes à l’origine des thrombi plaquettaires. Les inhibiteurs de la Gp IIb/IIIa empêchent la formation des ponts inter plaquettaires et donc des thrombi par inhibition de la fixation de l’adénosine diphosphate (ADP) à son récepteur plaquettaire et donc l’activation du complexe Gp IIb/IIIa provoqué par l’ADP de sorte que l’agrégation plaquettaire est inhibée (figure 17).
INTRODUCTION |
