TOXICITE AIGUE ET SUBAIGUE DE L’EXTRAIT HYDROALCOOLIQUE DES RACINES DE CASSIA SIEBERIANA CHEZ LE RAT

TOXICITE AIGUE ET SUBAIGUE DE L’EXTRAIT
HYDROALCOOLIQUE DES RACINES DE CASSIA
SIEBERIANA CHEZ LE RAT

INTRODUCTION 

L’usage des plantes en médecine est très ancien et l’intérêt des populations pour la phytothérapie n’a cessé de croitre au fil des années car présentant de nombreux aspects positif : sa diversité, sa disponibilité dans de nombreuses parties du monde, son faible coût, son faible niveau de participation technologique, et son importance économique grandissante (OMS, 2002). On définit par plantes médicinales toute plante utilisée en médecine traditionnelle dont au moins une partie possède des propriétés médicamenteuses. Selon l’OMS la médecine traditionnelle est « l’ensemble de toutes les connaissances et de toutes les pratiques, explicables ou non, transmises de génération en génération, oralement ou par écrit, utilisées dans une société humaine pour diagnostiquer, prévenir ou éliminer un déséquilibre du bien-être physique, mental, social, moral et spirituel». Le continent africain regorge de plantes médicinales très diversifiées. En effet, sur les 300.000 espèces végétales recensées sur la planète plus de 200.000 espèces vivent dans les pays tropicaux d’Afrique et ont des vertus médicinales (Sahli et al, 2010).En Afrique de l’Ouest, comme dans le reste du continent, plus de 80 % de la population ont recours à la médecine et à la pharmacopée traditionnelle pour faire face aux problèmes de santé (Sahli et al, 2010). Ceci s’explique par le manque de médicaments essentiels, l’insuffisance des soins de santé, le coût élevé des médicaments et les habitudes socioculturelles des populations. Ces plantes ainsi consommées comme médicaments ou compléments alimentaires bénéficient de l’image d’une médecine douce, car naturelle. Cependant cet engouement manifeste pour la phytothérapie ne tient pas compte de certains aspects de celle-ci tels que l’innocuité et l’efficacité qui apparaissent encore pour la communauté scientifique comme des défis à surmonter. Dans les pays tropicaux, à côté des intoxications par plantes toxiques connues, de nombreuses intoxications sont dues à des plantes « médicinales » ingérées en trop grande quantité. 3 La toxicologie des végétaux est complexe, compte tenu de la grande diversité des plantes. Elle dépend à la fois du type de contact qu’il soit par ingestion ou cutané entre la plante et l’homme, et de la nature des toxiques : hétérosides, alcaloïdes, saponines… (Aubry, 2012) Ces intoxications par les plantes peuvent apparaître dans diverses circonstances soit lors de l’ingestion de végétaux frais considérés comme comestibles soit lors d’automédication par des drogues végétales ou par des médicaments en contenant. C’est pourquoi dans ce travail nous nous fixons comme objectif général – Promouvoir et valoriser les plantes médicinales au Sénégal. Et comme objectifs spécifiques : – Etudier l’innocuité de Cassia sieberiana 

CASSIA SIEBERIANA

 Systématique de la plante ·Règne -Végétal · Embranchement : -Spermaphytes · Sous embranchement : -Angiospermes · Classe : -Dicotylédones · Sous classe : -Dialypétales · Ordre : -Rosales · Famille : -Césalpiniacées · Genre : -Cassia · Espèce : -Sieberiana 

. Synonyme et noms vernaculaires : ( Pousset, 1989) · Synonyme = Cassia kotschynana · Français = Cassia de sieber ou glycine de brousse · Peulh = Sindia, Bossé · Wolof = Sendiegne ou senden · Diola = Busaheit ou Kaseit · Sérére = Salé ou Salum · Bassari = Akéjékejé 

 Caractères remarquables

C. sieberiana est un petit arbre de 8 à 10 m et souvent moins, à fût court, contourné, fréquemment près de la base. L’écorce est fissurée lamelleuse, foncée chez les vieux sujets, à tranche jaune ocre. Les feuilles sont composées pennées avec 6 à 12 paires de folioles oblongues lancéolées, largement acuminées mais obtuses au sommet, à poils apprîmes à la face inférieure. Les fleurs jaunes vif sont des longues grappes 6 pendantes apparaissant en saison sèche pendant la défeuillaison ou au commencement de celle-ci, pédicelles pubescents. Les gousses sont longues, cylindriques atteignant 60 cm de long sur 10 à 15 mm de diamètre, droites, brun-foncées ou noirâtres à maturité, persistant très longtemps sur l’arbre, avec une graine par loge (Kerharo et Adam, 1974 ; Pousset, 1989).

Habitat

Cassia sieberiana est une espèce très rustique se contentant des sols arides mais préfère toutefois les sols humides des galeries forestières bien drainées sous une pluviométrie de 500mm. Elle est très commune dans toutes les savanes boisées ou arbustes soudaniennes jusqu’en lisière de la forêt guinéennes en Casamance. Il est très rare dans le sud du Sahel ou il persiste encore dans les galeries sèches et les sols sablonneux du Cayor. Elle est retrouvée au Sénégal, en Guinée, au Mali, en Gambie, en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Nigéria, au Cameroun au Tchad et au Soudan (Fane, 2003). Figure1: arbre de Cassia sieberiana Figure 2: fleur de Cassia sieberiana Figure 3: écorce de Cassia sieberiana Figure 4 : racines de Cassia sieberiana

LA CHIMIE 

 Feuille

 La présence de l’oxalate de calcium en abondance, de minimes quantités d’acide cyanidrique, des dérivés anthraquinones et d’un hétéroside mal définie a été signalée par Balansard et Vignoli dans leurs premiers travaux (Balansard et Vignoli, 1940). Par ailleurs Cubukcu (1962) avait noté la présence de dérivés flavoniques et tanins catéchiques condensés : 4,2 % de catéchine et 10,8 % de tanins catéchiques. Duquénois et Anton (1968) ont décelé dans les folioles provenant du Mali : – des dérivés anthraquinoniques à fonction caboxylique : rhéine et rhéine-8- glucoside. – des dérivés flavonoides qui sont des O-flavonolosides avec des quantités notables de quercitrine et d’isoquercitrine. – une leuco-anthocyane. – des tanins catéchiques en faible proportion

Racines

 Balansar et Vignoli ont signalé l’existence d’oxalate de calcium, de mucilage, de stérols, de tanins, d’anthraquinones. Taylor Smith (1966) en a isolé le ß sistostérol. Paris et Chepar ont étudié les racines de l’espèce ivoirienne qui contiennent en effet de petites quantités de dérivées anthracéniques (0,15%), des leucoanthocyanes et notamment du leucopélargonidol, de l’epicatéchol et des flavonols voisins, gallate de l’epicatéchol et traces de gallocatéchol.

 PHARMACOLOGIE 

Cassia sieberiana contient de l’oxalate de calcium en abondance. Les feuilles contiennent des flavones (quercitrine, isoquercitrine),une anthraquinone (rheine) et des tanins (Schmelzer et Gurib-fakim, 2008). Duquenois et Anton (1968) estiment aussi que la composition des folioles peut expliquer leur 8 emploi empirique car elles sont légèrement purgatives par leur dérivés anthracéniques et surtout diurétiques par la prédominance de leur flavonoïdes. Les racines contiennent des tanins jusqu’à 17%, des anthraquinones, et des stérols. L’action purgative de ces racines peut être attribuée aux anthraquinones (Schmelzer et Gurib-fakim, 2008). Duquenois et Anton considèrent également que les stérols, les mucilages, les nombreux polyphenols catéchiques ajoutent leurs effets à ceux des dérivés rhéiniques et des flavonoïdes. Les flavones provoquent la diurèse et ont une activité antibactérienne et anti-inflammatoire (Schmelzer et Gurib-fakim, 2008 ; Paris et Chepare, 1967). Un essai visant à rechercher une activité antivirale contre le virus de Herpès simplex virus type 1 (HSV-1) a montré que les extraits de C. sieberiana avaient une activité significative contre ce virus par contre les essais in vitro n’ont montré qu’une faible activité des extraits contre le trypanosome (Schmelzer et Guribfakim, 2008). Les extraits de fruits murs montrent une certaine activité insecticide. Les extraits éthanoliques et aqueux des racines de C.sieberiana ont également une activité analgésique, anti-inflammatoire, antiparasitaire, myorelaxante et antispasmodiques (Duwiejua et al, 2008; Sy et al, 2009.). Des études faites au Centre de recherche scientifique sur les plantes médicinales(CSRPM), MampongAkwapim, au Ghana, ont montré que l’écorce de racine broyée de la plante est utilisée pour le traitement de diverses affections de la douleur y compris la douleur associée à l’ulcère de l’estomac et de la menstruation (Donkori et al, 2014). Des Travaux antérieursontmontréquelesextraitsdeC.sieberianasontantimicrobien, antifongique, anti-oxydant et anti-ulcérogène (Silva et al, 1997a;Silvaet al, 1997b;Asaseet al, 2008; Nartey et al, 2012). 

EMPLOIS 

La plante entière présente des vertus purgatives et diurétiques (Malgras, 1992). En Ouganda, la poudre de différentes parties du végétale s’applique sur les dents pour 9 soigner les douleurs dentaires, mélanger à du beurre ça permet de soigner les maladies de la peau. Au Sénégal et au Burkina fasso, on prescrit un bain de vapeurs de rameaux feuillés bouillis dans l’eau pour aider à lutter contre les crises de paludisme (Fane, 2003). Ces rameaux sont utilisés au bénin pour lutter contre la maladie du sommeil. L’infusion est utilisée dans les douleurs d’estomac, la diarrhée, et l’ulcère. Des femmes éteintes de gonorrhée sont traitées à la poudre de feuille (Schmelzer et Gurib-fakim, 2008). Les racines bouillies dans l’eau serviraient à traiter les hémorroïdes, la bilharziose, la lèpre et la dysenterie sanguine. L’infusion d’écorce de racines s’emploi contre les maladies vénériennes, la stérilité et la dysménorrhée (Kerharo et Adam, 1974). Après trempage des racines dans l’eau le liquide s’utilise pour les bains contre la fatigue et pour masser le corps. On prête à la décoction des vertus aphrodisiaques. Au Burkina fasso, les gélules à base d’écorce de racines sont prescrites contre le sida (Schmelzer et Gurib-fakim, 2008). Cassia sieberiana est très connu et très estimé dans tout le Sénégal où il est employé comme tel en médecine populaire et comme purgatif de dérivation en médecine de guérisseurs (Kerharo et Adam, 1974). Mais il est surtout prescrit dans les constipations opiniâtres, anurie, dysurie et aussi dans les cas d’entéralgies, parasitismes intestinaux, œdèmes, maladies vénériennes impuissance, stérilité, douleurs rénales, courbatures fébriles (Kerharo et Adam, 1974). Ce sont presque toujours les racines qui entrent dans les préparations d’où le nom de Saba Sinda, c’est à dire racine de Sinda, donné au Cassia sieberiana quand on parle de l’espèce en tant que drogue médicinale. L’amertume des préparations est généralement masquée par du sucre ou du miel, et on a alors à faire à des mellites simples ou composés avec d’autres espèces actives telles que kinkéliba, tamarinier, Burkea africana (Kerharo et Adam, 1974). Les rameaux feuillés (macérés ou décoctés en bain de bouche) sont plus spécialement réservés à la médecine infantile en qualité de purgatif, fébrifuge, anti anémique et anti kwashiorkor (Kerharo et Adam, 1974). 10 Cassia sieberiana a été utilisé dans des préparations galéniques au niveau de l’Institut National de Recherche sur la Pharmacopée et Médecine Traditionnelle (INRPMT) comme le GASTROSEDAL n°1, 2, 3, et 4 et le DYSENTERAL n°2 (Adjanohoun et coll., 1981).

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIEREVUE BIBLIOGRAPHIQUE
I. CASSIA SIEBERIANA
I.1. BOTANIQUE DE
I.1.1. Systématique de la plante
I.1.2. Synonyme et noms vernaculaires : (Pousset, 1989)
I.1.3. Caractères remarquables
I.1.4. Habitat
I.2. LA CHIMIE
I.2.1. Feuille
I.2.2. Racines
I.3. PHARMACOLOGIE
I.4. EMPLOIS
II. NOTION EN TOXICOLOGIE
II.1. LA TOXICITÉ AIGUË (À COURT TERME)
II.2. LA TOXICITÉ CHRONIQUE (À LONG TERME)
III. MANIFESTATIONS PAR ORGANES CIBLES
III.1. L’hépatotoxicité
III.2. La néphrotoxicité
III.3. La toxicité cardiovasculaire
IV. QUELQUES ALTERATIONS BIOCHIMIQUES
IV.1. Hyperglycémie- hypoglycémie
IV.2. Transaminases
IV.3. Créatininémie
IV.4. Glycosurie
IV.5. Protéinurie
IV.6. Cétonurie
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL EXPERIEMENTAL
I. CADRE D’ETUDE.
II. MATERIELS ET METHODES
II.1. Préparation de l’extrait
II.2. Préparation de la solution d’essai
II.3. Les animaux
II.4. Protocole expérimental
II.4.1. Toxicité orale aiguë
II.4.2. Toxicité orale subaiguë
RESULTATS
III.1. Rendement
III.2. Toxicité aiguë
III.3. Toxicité subaiguë
DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES

 

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