Un système économique de type dual

 Un système économique de type dual 

La planification revisitée et le mixte plan hors plan (3e plan quinquennal 1981-1986)

Cette période est la plus complexe de la transformation économique vietnamienne post réunification, mais elle est déterminante dans la ré-orientation du système économique dix ans plus tard. Comment expliquer les difficultés du pays et comment les résoudre? Telles sont les questions urgentes qui s’imposent aux dirigeants politiques à la fin 1979. Face aux piètres résultats du deuxième plan quinquennal (1976 – 1980), toute initiative audacieuse, voire peu respectueuse des principes socialistes, est envisagée. Dans l’histoire de la construction du socialisme dans le nord, des exemples de ce type existaient, mais ils n’avaient jamais été considérés. Ces initiatives du terrain pour remédier aux dysfonctionnements du système et couvertes par les échelons locaux sont qualifiées par les auteurs anglo-saxons de fence-breaking (en vietnamien phá rào L’existence d’une économie parallèle et libre date depuis bien longtemps avant 1975 dans le nord et dans le sud. Mais comme nous l’avons signalé précédemment, le secteur privé est plus développé dans le sud que dans le nord. La politique de la construction du socialisme lancée par le parti communiste est synonyme de disparition du secteur privé. Pourtant, l’activité économique privée n’est pas totalement interdite par les textes officiels. Ce flou laisse une marge de manœuvre au niveau local. L’exemple de la ville Hồ Chí Minh en est une illustration. Le petit commerce continue à exister dans les secteurs de la restauration ou du travail manuel et artisanal, mais sous forme d’activité économique familiale sans statut légal. La recherche d’une résolution de la crise économique en 1979 enclenche des débats politiques au sein du parti communiste vietnamien qui se scinde en deux clans : d’un côté, les conservateurs soutenant l’orthodoxie et voulant maintenir la suprématie du secteur d’État dans l’économie ; de l’autre les partisans d’un relâchement du contrôle de l’État sur la production et le commerce, en vertu des « lois économiques objectives ».

Des ajustements systémiques

Les analystes s’accordent, aujourd’hui, pour faire remonter les débuts des réflexions vietnamiennes sur le modèle d’économie centralisée et planifiée à l’année 1979, qui a vu le PCV, pour la première fois, remettre en question le modèle socio-économique en œuvre depuis 1954 au nord du pays et, après 1975, dans l’ensemble du pays (Lê Van et Mazier, 1998). En 1979, des initiatives réformatrices sont envisagées en vue de libérer la production des entraves d’une centralisation à outrance, mais elles manquent de cohérence et de suite. Ce sont des tentatives pour trouver des solutions à la situation de dysfonctionnement, sans toutefois remettre en cause le modèle lui-même. C’est pourquoi Paquet (2004) les a qualifiées d’ »ajustements systémiques »90 . On assiste en 1979 à un renversement de la procédure habituelle de décision au Viêt-nam où, selon la Constitution, il incombe aux organes directeurs du parti communiste de prendre des décisions de fond, le gouvernement ne faisait que formuler ces choix et les exécuter par le biais des résolutions. En août 1979, le conseil des ministres prend en effet trois mesures visant à alléger les contraintes qui étouffent le développement de la production et supprimer les barrières à la circulation des marchandises entre les régions – lesquelles visaient à entraver le développement du circuit de distribution privée et à promouvoir la distribution planifiée – (Paquet, 2004).  » − La première, le 2 août 1979, se décompose en sept points : [1. Les unités de production étatiques, collectivisées et privées peuvent produire des biens non planifiés ou n’utilisant pas les matières premières fournies par l’État. Elles doivent favoriser les exportations et améliorer le niveau de vie. Elles sont autorisées à passer des accords directement entre elles. 2. Il doit être fait une utilisation maximale des matières premières « gaspillées » et des rebus. 3. Le gouvernement confirme son attachement à l’établissement d’un système commercial étatique étendu, qui permette en particulier l’approvisionnement en produits manufacturés de consommation.

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