Une histoire commune marquée par des différences de développement et des divergences d’idéologie

Une histoire commune marquée par des différences de développement et des divergences d’idéologie

La naissance des communes 

Tours la royale et Saint-Pierre-des-Corps la maraîchère De la même manière que Saint-Pierre-des-Corps par la suite, Tours s’est développée avec la Loire, culturellement et économiquement. Encore aujourd’hui, il est difficile de dissocier la ville du paysage ligérien, dont la Loire est apparue au fil de l’histoire à la fois comme une contrainte, mais aussi comme un atout. A. Un développement selon la Loire Tours fut cependant longtemps plus une formulation intellectuelle qu’une réalité géographique (Lussault, 1993), contrainte à un développement réduit car située dans une zone fortement exposée à l’aléa des crues. Ce n’est qu’en 1356 qu’est créée une première enceinte, autour du premier corps de ville (Ibid). La croissance de la ville se fait tout selon un axe Est-Ouest, sur la presqu’île entre la Loire et le Cher, à partir de deux foyers d’urbanisation : la « Cité » côté Est et Chateauneuf de St-Martin à l’Ouest, qui l’emportait alors sur la cité, à la fois de par sa taille et de par sa population (Ibid). Autour de cette enceinte se développent progressivement des paroisses extra-muros, telle que celle de Saint-Pierre, dont l’église était située dans l’actuel quartier Blanqui, au Sud-Est des premiers remparts de Tours (Histoire du canal T1, 2011). L’urbanisation reste toutefois peu développée, et accolée au reste de l’ensemble urbain. Dès le Moyen-Age, la grande majorité de la surface du territoire, qui portera plus tard le nom de Saint-Pierre-des-Corps, est alors occupée par des maraîchages du fait de la présence de marécages et d’un sol sablo-limoneux très fertile. Outre ces cultures, la zone est également utilisée comme un cimetière au moyen-âge et avant, du temps des Romains. En effet, lors des grandes pandémies, les corps des tourangeaux décédés étaient emmenés après les limites Est de la ville, après l’Église vouée au culte de Saint-Pierre (Barré, 2013). Cette utilisation de l’espace vaudra son nom à la commune lors de sa création. Tours connaît un essor important au XIV° siècle grâce au développement de l’industrie de la soie. Elle devient une « ville royale » par son statut (Chevalier, 1975 et 1985). Alors que la ville se développe, la construction d’une nouvelle muraille débute peu après. Quand elle s’achève, deux siècles plus tard, au XVIIème, la ville est alors en déclin, sa population stagne, et elle a doublé sa Une histoire commune marquée par des différences de développement et des divergences PFE 2013 – Interterritorialiser 93 superficie. Les nouveaux remparts sont situés à l’emplacement des actuels boulevards Heurteloup et Béranger. Des flux importants continuent de traverser la ville d’Est en Ouest, et non du Nord au Sud comme ce sera le cas plus tard, la route d’Espagne ne passant à Tours qu’à partir du XVIIIème siècle (Lussault, 1993). 

La nouvelle orientation méridienne du XVIIIème siècle et la création des communes

Le XVIIIème siècle marque le changement d’orientation urbanistique de la ville de Tours. Les flux principaux sont alors orientés selon un axe Nord-Sud par la venue de la route d’Espagne, et non plus Est-Ouest. La restructuration de la ville à travers cet axe s’est faite par des travaux qui durèrent 40 ans, à partir de 1765, de La Tranchée jusqu’au coteau au Sud du Cher. Cette percée imposante inspira de nombreux auteurs ainsi que diverses métaphores. En effet, Arthur Young40 en parle en 1787 : « L’entrée de Tours [par la tranchée] est vraiment magnifique. C’est une rue neuve composée de grandes maisons, construites en pierre de taille avec des façades régulières. Cette belle rue (…) est tracée en ligne droite à travers toute la ville jusqu’au nouveau pont de quinze arches » (La Touraine dans Lussault, 1993). Balzac, lui, la décrit comme les « Champs-Elysées locaux ». Cette grande voie est alors devenue le centre des représentations de la ville. Michel Lussault la considère de son point de vue de géographe comme « l’élément principal de l’organisation globale de l’espace tourangeau », son « épine dorsale » (Lussault, 1993). Elle serait également l’illustration d’une nouvelle ère à l’époque du développement des pensées hygiénistes : « Elle devient emblème d’une culture tourangelle, tempérée ; équilibrée » (Ibid.). A propos de ces pensées hygiénistes, le magazine La Touraine écrira : « Tout jusque-là nous annonce l’une des plus belles villes de France ; mais il ne faut pas pénétrer à l’intérieur, si l’on ne veut pas voir l’une des plus vilaines. Peu de contrastes sont aussi frappants. Autant la rue neuve est large, élégante et gaie, autant les autres sont étroites, vieilles et tristes ». Ce point témoigne d’une volonté pour Tours de d’améliorer son image en se concentrant sur des zones bien spécifiques dans un premier temps, presque en négligeant « l’intérieur » moins exploré. Ce siècle marque également la création officielle des communes françaises suite à la révolution. Dans ce cadre, le découpage communal de 1792 attribue à Saint-Pierre-des-Corps les terres de l’ancienne paroisse de Saint-Pierre, soit l’actuel quartier Blanqui, ainsi que les terres situées à l’Est entre la Loire et le Cher, soit le territoire rectangulaire actuel de la commune. Les limites communales de Saint-Pierre-des-Corps sont restées à peu près les mêmes jusqu’à aujourd’hui, exceptées quelques modifications sur lesquelles nous reviendront plus tard, notamment celles qui la séparent de Tours. Au lendemain de la révolution, Saint-Pierre-des-Corps est peuplée de 700 habitants41 et occupée à 75% par des maraîchages, dont les légumes étaient vendus aux marchés de Tours, alors peuplée quant à elle de 21 000 habitants (Barré, 2013). 

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