Une organisation itérative de la recherche

Une organisation itérative de la recherche

Nous situons notre recherche dans une démarche empirico-inductive et qualitative. La théorisation ancrée (Paillé, 1994 ; Lejeune, 2014). La méthode d’analyse par théorisation ancrée est reprise par Paillé (1994), à partir d’adaptation de la « grounded theory » proposée par Glaser et Strauss en 1967. Le principe de théorisation est entendu comme une compréhension d’un phénomène. Cette méthode s’inscrit dans les aspects singuliers du terrain. La méthode d’analyse par théorisation ancrée, se distingue de la « grounded theory », par l’ambition de sa démarche de théorisation. Paillé et Mucchielli (2012) écrivent à ce propos : « En fait, théoriser, ce n’est pas, à strictement parler, faire cela, c’est d’abord aller vers cela; la théorisation est, de façon essentielle, beaucoup plus un processus qu’un résultat » (2012, p. 149).  La méthode d’analyse par théorisation ancrée se caractérise par le fait qu’elle porte sur une méthode de recueil qualitative des données d’une part, et par la simultanéité de l’analyse des données, d’autre part.

Elle vise à produire de façon inductive, une compréhension d’un phénomène, qui passe par une conceptualisation progressive, des données empiriques (Paillé, 1996). Issue de la sociologie, cette méthode s’applique à toute recherche qui ambitionne d’apporter une compréhension des acteurs. Pour construire notre méthode de recherche et plus particulièrement notre méthode d’analyse, nous utilisons le manuel proposé par Lejeune (2014), qui se positionne comme une suite à la formalisation proposée dans le cadre de la méthode par théorisation ancrée. Cette méthode s’inscrit dans une démarche itérative pour parvenir à une conceptualisation d’un phénomène qui soit ancrée dans le terrain. Ainsi, la méthode d’analyse par théorisation ancrée soulève deux points importants. Premièrement, la règle de l’ancrage entend que le processus de théorisation soit ancré dans le terrain, ce qui signifie qu’il rend compte des vécus subjectifs des acteurs. En effet, cette méthode vise une compréhension d’un phénomène dans une compréhension de ce que les acteurs vivent de la situation. La collecte du matériau ne s’effectue pas en une seule fois, mais elle suit également une logique itérative et progressive du processus de questionnement.

La collecte d’un nouvel élément empirique donne immédiatement lieu à son analyse. Chaque recueil est immédiatement transcrit puis analysé afin de guider le recueil suivant. L’analyse confrontée à la littérature scientifique, soulève de nouvelles questions qui seront à nouveau explorées empiriquement. Cette méthode s’inscrit alors dans un processus de questionnement qui évolue dans une démarche itérative dans une évolution constante de l’analyse. Nous explicitons la démarche d’analyse dans la partie « Méthode d’analyse du matériau empirique ». Nous comprenons l’inclusion scolaire à travers la présence sensorielle d’un étudiant, réalisée dans un contexte d’enseignement dit ordinaire. La présence relève d’une expérience subjective, qui est médiatisée lors de l’utilisation d’un robot de téléprésence. Cette expérience est contextualisée et opérée dans un environnement, au sein duquel l’utilisateur interagit avec ces différents éléments environnementaux qui constituent un système. Ainsi, cette expérience de présence médiatisée, est envisagée d’un point de vue global et systémique, signifiant que ce vécu est fondamentalement subjectif et singulier.

Pour collecter nos données et construire une compréhension de cette expérience sensorielle dans une visée d’inclusion scolaire, nous avons accompagné et observé des lycéens et des étudiants, qui ont utilisé le robot entre l’année 2014 et l’année 2018. Ces personnes ont utilisé le robot pour participer à leurs enseignements, soit pour des raisons de santé, soit à cause d’une hospitalisation ou parce que la situation de handicap rendait difficile la présence physique en cours. La présence relève d’une dimension intrasubjective, mais elle s’inscrit dans l’intersubjectivité. C’est pourquoi, nos observations se sont portées sur les acteurs directement impliqués dans la présence des étudiants utilisateurs du robot. Pour ce travail, nous avons également collecté des données auprès d’enseignants dont un étudiant a utilisé le robot. Les méthodes de collecte de données auprès de ces acteurs, varient selon notre posture professionnelle sur ce terrain. Nous présentons ci-dessous les conditions d’accès aux acteurs grâce auxquels nous avons pu mener notre recherche. Notre fonction d’accompagnement aux transformations technologiques dans le cadre du projet « Robot Lycéen », a favorisé une démarche ethnographique d’observations participantes dans les lycées où ont été déployés des robots de téléprésence. Les acteurs que nous avons observés sont les personnes impliquées dans l’utilisation du robot par un lycéen, c’est-à-dire : les lycéens utilisateurs, les élèves-référents, les enseignants, les parents des utilisateurs, les personnels de la Vie Scolaire et les personnels de la Direction.

 

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