Urbanisation et problématique de l’aménagement urbain

Urbanisation et problématique de l’aménagement
urbain

Tivaouane Peulh-Niaga : un espace en forte croissance

 La croissance rapide de Dakar est fortement sou-tendue par le croît naturel et l’exode rural. Cette situation a conduit à l’épuisement des terres dans l’espace péricentral et dans la grande banlieue exposant ainsi la lointaine périphérie au front d’urbanisation. La localité de Tivaouane Peulh-Niaga qui, pendant longtemps, a abrité une population rurale ayant comme principale activité l’agriculture et l’élevage connait depuis quelques années une croissance démographique porteuse de dynamique spatiale. Quels sont les facteurs de cette croissance ? Pour répondre à cette question, il convient d’analyser les éléments concourant à la dynamique spatiodémographique dans les cinq localités de l’échantillon d’étude en nous appuyant sur les documents qui existent en la matière mais aussi en même temps mesurer par le biais du support cartographique le rythme d’évolution du bâti. En fait, la conjonction de trois facteurs explique cet état de fait : la forte croissance démographique, le processus d’urbanisation et la dynamique d’extension spatiale.

La dynamique démographique

 La poussée démographique rapide de la ville de Dakar s’est pendant longtemps effectuée dans sa partie ouest avant de s’étendre vers Pikine et en fin vers l’Est dans le Département de Rufisque. La partie orientale de la presqu’île, marquée pendant longtemps par des densités moins fortes comparées à celles en vigueur à l’ouest, connait depuis quelques années un dynamisme démographique assez important. L’augmentation rapide de la population dans la localité de Tivaouane Peulh-Niaga est assez récente. Si on se réfère aux chiffres tirés des enquêtes du PLD de la CR de Sangalkam de 2004, l’évolution du taux d’accroissement annuel en 1988 tournait autour de 3,85%. De 1999 à 2004 le taux est passé respectivement de 4,2% à 12,96%. La croissance démographique s’est accentuée à la fin des années 1990 comme le montre l’évolution du taux d’accroissement annuel de 1988 à 2004. Par ailleurs, seules trois localités de notre échantillon d’étude figuraient au recensement de 2002 et elles totalisaient 9491 habitants. En 2004 et toujours pour le même nombre de localités, la population a atteint 12181habitants soit un taux d’accroissement de 28,34% c’est-à-dire 2690 individus de plus. Cette même dynamique démographique ne s’est pas estompée, au contraire, elle s’est renforcée au fil des ans. C’est ainsi 21 RGPH 2002 il s’agissait des localités de Tivaouane Peulh (2574 hbts), Niaga Wolof (6202 hbts) et Benoba( 715 hbts). 35 que de 2009 à 2011, les cinq localités de l’échantillon voient leur population passer de 20079 à 30696 habitants en 201122(cf. diagramme d’évolution de la population de 2009 à 2011). Figure 1 : Evolution de la population de Tivaouane Peulh-Niaga de 2009 à 2011 Source : Recensement administratif de 2009-2011 1- La répartition géographique de la population : La répartition de la population à l’échelle de la communauté rurale est à l’image de notre échantillon d’étude car caractérisée par une certaine inégalité. En effet, on note une forte concentration de la population dans les deux gros villages de la CR que sont Tivaouane Peulh et Niaga. Par exemple, en 2010 et en 2011, ils représentaient respectivement 84% et 87% de l’effectif des cinq localités soit 21945 habitants en 2010 et 28501 habitants en 201123 . La densité tourne autour 409 habitants / Km². 

 La structuration de la population

A l’échelle des cinq localités, la population est largement dominée par les jeunes car la population de moins de -16ans représente 46,4% en 2010. Cependant, même si on ne connait la proportion de population jeune de plus de 16ans et de moins de 35ans de la tranche d’âge 16- 60ans, la localité a presque les mêmes caractéristiques démographiques qu’à l’échelle nationale c’est-à-dire une population largement jeune. 22 2009- rapport d’activité du CADL et 2011-Recensement administratif Sous-préfecture de Sangalkam 23 Source calculs mémoire 0 10000 20000 30000 40000 2009 2010 2011 20079 25959 32748 36 Par ailleurs, la structuration par sexe révèle une population à majorité féminine si on se réfère au même recensement administratif de 2010 même si les résultats de l’enquête montrent qu’une proportion importante des chefs de concession est de sexe masculin. En effet, d’après la figure 2 la population féminine tourne autour de 50,80% et celle masculine 49,20%. Contrairement à la figure 3 dans lequel les chefs de ménages hommes représentent plus de 77,80% contre 22,20%. Figure 2: La répartition de la population par sexe en 2010 Figure 3 : le genre des chefs de carré Source : Recensement administratif de 2010 et enquête mémoire A travers la figure 4, la structuration par âge des chefs de concession est largement dominée par les individus de 36 à 65ans qui représentent plus 73,8%24 et le reste est partagé entre les autres classes d’âge. Figure 4 : la répartition de l’âge des interrogés Source : enquête mémoire janvier 2014 La répartition ethnique comme nous l’avons sur la figure 5 est dans l’ordre composée de Poulaar(36,30%), Wolof(29,20%), Sérère(9,40%), Lébou(7,60%), Diola(4,70%) et 24 Ces trois classes d’âge ont respectivement 25,2%, 25,2% et 23,4%. 50,8% 49,2% Homme Femme 77,80 % 22,20 % Homme Femme 0,00% 5,00% 10,00% 15,00% 20,00% 25,00% 30,00% -25ans 25-35ans 36-40ans 41-55ans 56-65ans +65ans 1,80% 11,70% 25,20% 25,20% 23,40% 12,90% 37 autre(12,90%). De même la situation matrimoniale révélée par la figure 6, est marquée par une faible proportion des divorcés(0,6%) contre une forte proportion de mariés autour de 89,50% ensuite viennent les veufs(ves) à hauteur de 6,40% et en fin les célibataires(3,50%). Figure 5: la répartition ethnique des interrogés Source : enquête mémoire Figure 6: La fréquence de la situation matrimoniale des interrogés .

La dynamique de la migration 

La croissance exponentielle de la population dakaroise est corrélative de vaste mouvements migratoires internes c’est-à-dire à l’échelle de l’agglomération et externes entre Dakar et le reste du pays. L’évolution de la population de Tivaouane Peulh-Niaga est largement influencée par ces deux flux ayant des origines plus ou moins différentes. En effet, l’analyse de l’origine géographique des chefs de concession à travers la figure 7 révèle que 59,60% 25 d’entre eux sont originaires de l’intérieur du pays et même de l’étranger, mais avant de s’installer dans la zone, ils ont dû transiter selon une période plus ou moins longue dans la ville de Dakar ou dans sa banlieue. Cependant, vingt virgule cinq pour cent (20,5%) sont issus des autres quartiers de Dakar contre 19,9% autres qui sont des autochtones. Ce qui confirme, donc, que la croissance 25 En termes de chiffres les 59,6% représentent 102 des chefs de concessions enquêtés dont 5 chefs de ménages sont des Etrangers. 0,00% 20,00% 40,00% 36,30%29,20% 7,60%9,40% 4,70% 12,90% 0,00% 50,00% 100,00% 3,50% 89,50% 0,60% 6,40% 38 démographique de la capitale est largement tributaire de l’exode rural. Cette situation fait que la population autochtone est désormais minoritaire. Les natifs de la zone représentent 19,9% des interrogés. La migration peut être répartie en deux volets : celle venant directement de Dakar sou-tendue par des motifs divers et celle alimentée par l’intérieur du pays avec principale motivation la recherche d’une activité. Figure 7 : Origine géographique des interrogés Source : enquête mémoire Le premier volet ou le processus d’urbanisation concerne les populations qui ont tendance à quitter la ville de Dakar et sa banlieue pour venir s’installer dans la zone périphérique de Tivaouane Peulh-Niaga. Devenue collectivité locale, Tivaouane Peulh-Niaga « n’échappe pas au boom démographique. Non pas parce que la localité affiche un fort taux de fécondité, mais à cause de la forte ruée des familles entières vers ces sites dits d’«avenir». Par conséquent, l’enquête a révélé que les populations qui viennent, dans l’ordre, des villes de Pikine, de Dakar et de Guédiawaye représentent au total 52,60% tandis que 2,4% sont de Rufisque-Sangalkam. L’analyse de la part de la région de Dakar indique une faible proportion des ménages qui quittent Rufisque (1,8%) et de Sangalkam (0,6%) en direction de notre zone d’étude. Cela s’explique d’une part que Rufisque et Sangalkam, même s’ils connaissent une forte croissance démographique, disposent encore de superficies constructibles pouvant capter les demandes en logement. D’autre part, Rufisque a été pendant longtemps délaissé par l’important flux venant de l’intérieur du pays. Ces ruraux se sont greffés aux populations de la ville de Dakar puis de sa banlieue occasionnant de fortes densités contrairement à la partie orientale. Il s’y ajoute que Rufisque, une ville foncièrement arachidière avec l’économie de traite grâce à son port qui permettait l’acheminement de la production qui venait de l’intérieur du pays vers la métropole, a progressivement décliné devant la montée en puissance de Dakar qui a fini par l’éclipser. Ce qui 0,00% 20,00% 40,00% 60,00% 19,90%11,10%7,60%1,20%0,60%11,70% 48,00% 39 fait que le lieu privilégié est non pas le Département de Rufisque plus ou moins éloigné du centre de décision mais Dakar et ses environs proches. De même la nouvelle commune de Sangalkam a longtemps polarisé la zone rurale de Dakar et, comme la zone de Tivaouane PeulhNiaga, est restée l’une des zones réserves foncières de l’agglomération. Le faible commandement de Rufisque sur son environnement rural qu’avait soulevé A. DUBRESSON26 trouve sa signification dans le processus d’occupation de l’espace tyrkamb. Toutefois, les villes de Pikine (31,6%), de Dakar (15,8%) et de Guédiawaye (5,3%) influencent fortement la croissance de Tivaouane Peulh-Niaga. Elles polarisent les plus fortes densités de la capitale et se caractérisent par une croissance spatio-démographique très rapide entrainant du coût leur saturation et la flambée des prix fonciers. Les départements de Pikine et de Guédiwaye avec la forte croissance démographique, la saturation foncière et les inondations de ces dernières années, ont connu des mouvements démographiques importants dont l’un des sites d’accueil est la zone de Tivaouane Peulh-Niaga. Le département de Pikine par sa proximité avec la localité y déverse naturellement son surplus. Pour les chefs de ménages venus de Dakar, ils s’y installent pour la plupart par le biais de projets immobiliers qui fleurissent dans la zone et qui ont des modes d’acquisition répondant à leurs aspirations. Elles sont de catégories socio-économiques différentes réparties entre commerçants, artisans, fonctionnaires, retraités etc. Ce sont des populations qui ont comme un trait commun de séjourner pendant une période plus ou moins longue dans un milieu citadin. Le deuxième volet relève des populations qui viennent de l’intérieur du pays pour s’installer à Tivaouane Peulh-Niaga. Selon les résultats de l’enquête 25,2% des chefs de concessions sont issus des autres régions du pays. Ce sont la région de Thiès (7,0%) et de Louga (5,9%) qui ont les pourcentages les plus consistants des migrants qui viennent directement de l’intérieure du pays vers la zone. Pour Thiès, c’est la proximité avec Dakar qui favorise l’installation des populations et Louga plus éloigné mais dont les migrants sont proches du point de vue socioprofessionnel et même culturel de la population Peulh de la zone. Une bonne part est venue rejoindre leurs parents.27 Les autres localités du pays alimentent aussi la croissance de la zone à Dans la deuxième partie de son ouvrage intitulé « L’ESPACE DAKAR-RUFISQUE EN DEVENIR : de l’héritage urbain à la croissance industrielle » chapitre III. Il est à signalé que les deux villages que sont TP et Benoba sont fondé par les Peulhs venus de la zone silvo-pastorale ( Lompoul, Dara Djolof, Linguère, Kébémer etc.) et étaient essentiellement des agriculteurs et éleveurs. Arrivés sur le site, ils ont trouvés un cadre qui leur 40 hauteur de 12,3% des interrogés qui viennent un peu partout du Sénégal. Cela témoigne aussi l’attractivité grandissante de Tivaouane Peulh-Niaga à l’échelle nationale (cf. graphique 8). Toute fois, la zone est aussi marquée par l’émigration. En fait, 3,5% des interrogés stipulent que les chefs sont absents car ils sont à l’étranger. Figure 8: La localisation de la dernière demeure des interrogés avant leur arrivée sur le site Source : enquête mémoire La dynamique territoriale expansive de la zone de Tivaouane Peulh-Niaga revêt à la fois des aspects démographiques qui s’expliquent par le croît naturel propre au village. Elle se lit à travers la jeunesse de la population dans une société jadis dominée par les travaux champêtres qui appellent beaucoup de bras. La croissance naturelle de la population est attestée par la part de la classe jeune surtout celle de moins de 16ans à hauteur de 46,4% indique ce boom. Et des aspects liés à la double tendance migratoire dont l’une vient du milieu citadin de Dakar et l’autre de l’intérieure du pays. Le croît naturel associé aux deux logiques combinées dessine les contours d’un pôle urbain en émergence. Il importe donc de s’interroger sur les facteurs qui poussent les populations venues de divers horizons à s’installer dans cette zone périphérique. 

 Les facteurs de la dynamique spatio-démographique

 Les facteurs qui sou-tendent la croissance exponentielle de la zone sont multiples et divers. L’analyse des motifs d’installation, matérialisée par la question relative à la fois à ce qui a poussé les chefs de concessions à quitter leurs anciennes demeures pour choisir Tivaouane offrait de meilleures conditions pour leurs activités agricoles et d’élevages. Ces autochtones ont été rejoints au fur et à mesure par des membres de leurs familles et d’autres populations.  Peulh-Niaga, nous a permis de les élucider. Ainsi, en fonction des réponses, il s’avère que la tendance migratoire vers la zone rurale de Tivaouane Peulh-Niaga s’explique par des facteurs variés parmi lesquels il y a des facteurs économiques,psychosociologiques,politicoadministratifs et à d’autres faits spécifiques à l’agglomération de Dakar ces dernières années.

 Les facteurs économiques et financiers

La localité de Tivaouane Peulh-Niaga présente des opportunités économiques et financières à travers la disponibilité foncière, la modicité des prix des terrains et la possibilité d’exercer des activités commerciales et agricoles et même de distraction. La modicité des prix et la disponibilité des terrains dans la zone L’étalement spatial de la métropole sénégalaise vers son hinterland reste largement tributaire à ces deux facteurs. Au moment où la saturation de Dakar centre et sa banlieue s’accompagne de la flambée des coûts d’accès à la terre, les ménages à revenus moyens ou faibles se rabattent sur le foncier périphérique rural. En effet, à la suite des chefs de concessions interrogés, il apparait que 28,1% se sont installés dans la zone à cause des prix abordables et des terrains disponibles. De même que 4,7% d’autres justifient leur localisation dans la zone par un loyer moins cher (cf. figure 9). En fait, n’ayant pas la possibilité de disposer d’un habitat décent à Dakar, la réponse se trouve ainsi à la périphérie. L’examen de l’évolution des prix des terrains montre que 30,4% des chefs de concessions interrogés ont déboursé une somme comprise entre moins de 250000 à 1000000 FCFA. Par ailleurs, en 2005 lorsque les inondations ont affecté de nombreuses familles de la banlieue, on a assisté à des attributions gratuites de terrains plus précisément dans le village de Keur Balla à Benoba ce qui n’a pas manqué de provoquer la ruée. Cet appel, bien qu’étant guidé par un élan de solidarité de la part du chef de village, est aussi un moyen pour fixer les dunes blanches dont l’avancée a fini de menacer les habitions. Toutefois, dans les deux cités aménagées par des promoteurs privées et qui représentent plus 14% des interrogés soit 25 maisons, 4 terrains ont couté au tout début des années 2000 entre 1000000-1500000fCfa contre 17 concessions de plus de 1500000 et les 4 autres qui restent abritent des locataires. Selon M. Mbaye promoteur de la cité Safco le terrain nu coûte plus de 1200000fCfa et le logement entre 6 à 9 millionsfCfa. Pour Darou Salam c’est presque le même prix du terrain mais le logement varie entre 13 à 18millionsfCfa. Mais, la tendance actuelle des prix dans ces mêmes établissements humains a fortement augmenté ces dernières années à l’image des villages. Cette différence des prix fonciers à l’échelle de la zone, notamment entre les cités et l’espace villageois, tient lieu au 42 mode d’accès à la terre et même à la qualité des aménagements tout comme au type de catégories socio-économiques. Figure 9 : la fréquence des motifs d’installations dans la zone Source: enquête mémoire En réalité, le coût abordable du foncier a permis à beaucoup de familles à revenu faible, et par conséquent exclues de l’accès à la terre dans la couronne péricentrale, de disposer d’un toit décent dans la zone de Tivaouane Peulh-Niaga. Si on ne peut dire la même chose pour la majorité de la clientèle des différents promoteurs immobiliers dans la zone, ce sont les mêmes raisons qui ont favorisé l’établissement des cités dans la zone. En effet, selon M. Ousmane Mbaye dans un contexte où Dakar est marquée par la saturation foncière avec une flambée des prix il fallait jouer sur la diminution des coûts d’accès à la propriété en décentralisant les projets immobiliers. Durant cette période de fin des années 1990, cette zone suscitait peu d’intérêt et selon M. Mbaye même la banque de l’habitat du Sénégal(BHS) était retissante pour le financement d’un tel projet dans un tel milieu assimilable à l’époque par les citadins à la brousse. Mais, c’est la manifestation d’intérêt de la part des clients qui a finalement permis la matérialisation du projet. Même si le projet est antérieur à l’annonce de l’ancien Président A. Wade au début des années 2000 de vouloir construire à Keur Massar un aéroport ceci a eu comme effet de booster la vente. Et la réalisation de la cité Safco a ouvert la voie à l’implantation des autres cités comme cités UCADII, Darou Salam. Cependant, on assiste de plus en plus à une montée fulgurante des prix des terrains seulement à l’espace de quelques années. D’après le tableau 2 on constate que la flambée des prix fonciers est récente. 0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 7,60% 28,10% 24,00% 5,30%5,90% 18,10% 4,70%1,80% 14,70% 43 Tableau 2 : Le prix d’achat de la parcelle groupé entre villages et cités Localités Prix d’achat de la parcelle en FCFA Total -250000 250000/50000 0 500001/1000000 1000001/1500000 +1500000 Villages 20 15 17 8 9 69 Cités 0 0 0 4 17 21 Totaux 20 15 17 12 26 90 Source: enquête mémoire La part des parcelles achetées représentent 52,6% de l’échantillon total. Mais à travers le tableau, on note la différence des prix fonciers et même leur évolution entre les cités et les villages. Dans les deux gros villages, le prix des terrains de 150m2-300m² et même de plus 300m² soit 20% des enquêtés ont coûté jusqu’aux premières années de l’an 2000 entre -250000- 500000f Cfa. L’évolution des coûts des terrains bien qu’étant lente au début des années 2000 s’est enchainée très vite dans le flot de la spéculation. En effet, dans la seconde moitié de cette même décennie le prix de 17% des parcelles de 150-300m² a triplé passant ainsi de 500000FCFA à 1500000Fcfa. Actuellement, d’après les informations obtenues auprès des coutiers de la filière coutumière de Tivaouane Peulh, un terrain de 150m² varie entre plus 1500000f-3000000f Cfa. La pratique d’une activité L’exercice d’une activité constitue l’une des causes d’arrivée et de fixation d’un bon nombre de personnes. Selon le chef de village de Niaga les personnes qui sont venues pour gagner leur vie occupent une part non négligeable dans le grossissement du peuplement de la zone. En fait, la zone de Tivaouane Peulh-Niaga est dominée par les activités agropastorales destinées à alimenter les marchés de la banlieue et de Dakar-ville. Parmi les migrants 16% ont donné le travail comme raison de leur fixation dans la zone. Un bon nombre d’entre eux a quitté l’intérieur du pays dans les années 1980 pour trouver une occupation dans la zone. L’arboriculture et le maraichage ont capté un nombre important de ces migrants. L’élevage surtout avec l’aviculture est très développé dans la zone. Il est pratiqué aussi bien par des autochtones mais surtout par des non autochtones à travers les fermes et parfois même dans une partie de la maison et la production est surtout destinée aux autres localités de la Capitale. Dans le domaine de l’éducation et dans la santé, on note également la floraison d’écoles et de 44 cliniques privées dont les propriétaires affirment que la zone est propice pour ce genre d’activités. C’est le cas dans le domaine du transport avec le renforcement des différents moyens de déplacements notamment avec l’établissement de ligne minibus AFTU car la zone est aussi rentable en termes de transport. Les raisons sont aussi d’ordre psychosociologique. 

 Les facteurs psychosociologiques 

L’évolution spatio-démographique de la zone répond aussi à d’autres soubassements liés aux aspects psychosociologiques. L’obtention d’un titre de propriété individuelle est un des critères de respect chez tout chef de famille. Ce sentiment est largement partagé dans la société sénégalaise et est foncièrement ancré dans les mentalités. – L’obtention d’une parcelle représente non seulement un patrimoine mais aussi a une dimension symbolique. Pour beaucoup de chefs de famille au Sénégal et à Dakar en particulier, la possession d’une parcelle constitue en quelque sorte le couronnement ou le fruit d’un long processus d’abnégation et de dur travail. C’est aussi un moyen de mettre à l’aise les membres de la famille pour qu’ils soient en mesure de mieux faire face à leurs problèmes. « C’est en quelque sorte un soulagement. » dixit un chef de famille rencontré au cours de l’enquête. La propriété individuelle est ainsi l’une des causes importante de la dynamique de la zone. La proportion des chefs de famille interpelés et ayant comme motif le désir d’avoir leur propre maison s’élève à 24% des interrogés. La majeure partie d’entre eux affirment qu’ils étaient soit des locataires soit ils vivaient avec leurs parents ou hébergés par des membres de leur famille. Cette forte volonté liée à l’acquisition de parcelles pousse parfois ces derniers à se localiser dans des espaces impropres à l’occupation ou marqués par une insuffisance des équipements et des infrastructures. En quelque sorte « le désir lié à la possession d’une parcelle est si déterminant qu’il inhibe tous les facteurs relatifs au choix où on envisage de déménager. ». Par ailleurs, dans une société où la culture et les modes de vie occidentale sont devenus de plus en plus prégnants, la quête de « chez soi » est d’avantage partagée par tous. Cet esprit individualiste et cette recherche de profit traduisent le plus souvent le désir d’indépendance des locataires comme des hébergés qu’ils traduisent par l’acquisition d’un toit. En fait, les uns comme les autres éprouvent d’énormes difficultés liées à leur situation. Les premiers sont impuissants devant les hausses des prix du loyer et subissent également les humeurs des propriétaires. Par contre, pour les derniers une fois mariés la maison familiale devient étroite et à cela s’ajoute surtout à Dakar que la mariée accepte difficilement d’aller chez ses beaux parents à cause des problèmes qui peuvent survenir. C’est à ce volet qu’il faut inscrire la 45 logique des jeunes couples villageois qui tendent à quitter la maison familiale pour habiter leur propre maison. Ce cas de figure est devenu très fréquent et, par conséquent, ces autochtones se localisent rarement dans le noyau villageois. Devant une pareille situation et pour se libérer de toutes ces pesanteurs, le palliatif se trouve être l’acquisition de sa propre maison. Et tous les moyens sont mis à profit pour y parvenir pourvu que les revenus tirés de leurs activités servent à l’achat d’un titre de propriété. La zone de Niaga-Tivaouane Peulh caractérisée par la disponibilité foncière peut répondre à ce grand besoin. Toutefois, le calme et la tranquillité dans un environnement moins pollué, à l’opposé de celui du centre-ville avec toutes sortes de pollutions, représentent aussi une proportion bien que minime autour de 0,6% des interrogés. – La constitution de réserves foncières, bien qu’étant plus ancienne que les causes plus actuelles précitées, est une des raisons responsables de la dynamique spatiale du bâti. Cette zone était à l’époque organisée autour des CER de Sangalkam et de Bambylor dont faisaient parties les localités de notre espace d’étude. En effet, la partie située au nord-est du département de Rufisque n’a suscité un intérêt à usage d’habitat que récemment contrairement à l’ouest où le fort rythme d’occupation a très vite contribué au morcellement des terres. La zone de Tivaouane Peulh-Niaga a été pendant longtemps caractérisée par un peuplement modeste mais le foncier a, par contre, très tôt attiré les capitaux des citadins. Cette situation a eu comme conséquence, surtout dans les années 1970 une main mise des dakarois sur ces terres situées souvent en bord de route. C’est ce que DUBRESSON qualifie comme « une propriété foncière qui s’accroit au bénéfice de Dakar. ». La vente de terrains à des fonctionnaires ou des politiciens était surtout due à l’insuffisance de moyens des paysans pour les exploiter mais aussi à la qualité de l’acheteur (hauts fonctionnaires, député etc.). Cela s’est traduit par l’achat de vastes superficies par des fonctionnaires qui ont dans un premier temps servi à la pratique de l’arboriculture et surtout dans la période actuelle, elles font l’objet de convoitise de la part d’individus à la recherche de terrains. Du fait que la terre a une nature non fongible et qu’elle constitue une valeur refuge, la constitution de réserves est une pratique très répandue dont l’origine remonte aux années soixante et même bien avant. Selon le chef de village de Niaga beaucoup de fonctionnaires ont acheté des titres de propriétés, dans les premières décennies des indépendances, qui leur permettent d’être aujourd’hui des acteurs importants du marché foncier local. En effet, selon A. DUBRESSON « cet essor de la propriété citadine à l’Est, vigoureusement impulsé au moment du vote de la loi sur le domaine nationale a été favorisé par le moindre intérêt porté aux terres agricoles à l’ouest (…) ». A titre d’exemple l’actuel site d’accueil des sinistrés des inondations, dénommé cité Marième Faye-Sall, est une ancienne 46 propriété de Amadou Bator Diop à l’époque Ministre du développement rural sous le magistère du Président Senghor. 

Table des matières

Introduction
Première partie : la cadre logique de la recherche
Problématique
Présentation de la zone d’étude
Méthodologie
Deuxième partie, Tivaoune Peulh-Niaga un espace entre croissances et mutations
Chapitre I : Tivaouane Peulh-Niaga, un espace en croissance
Chapitre II : L’ampleur des mutations dans la zone
Troisième partie : les aspects liés à l’aménagement de la zone
Chapitre III : Les effets socio-spatiaux d’une urbanisation rapide
Chapitre IV : Les outils destinés à l’aménagement de l’espace
Conclusion générale
Bibliographie
Annexes

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