Usage et conception éco-responsable et systèmes d’information 

Être plus performant pour limiter l’empreinte environnementale des TIC

DISPOSER DE MÉTRIQUES

Les organisations souhaitent disposer de bases objectives de comparaison pour juger de l’intérêt de telle ou telle démarche. En premier lieu, elles ont besoin de s’appuyer sur des métriques pour mesurer l’impact des mesures à prendre car de multiples approches sont envisageables en matière d’écoresponsabilité. Ces métriques doivent servir à mesurer le progrès. Il ne s’agit donc pas en soit de disposer de mesures absolues difficiles à élaborer, mais de pouvoir établir des bases de comparaison. Il s’agit donc d’avoir des méthodes de mesure et d’évaluation homogènes tant sur l’efficacité énergétique que sur le cycle de vie entier des équipements et des services. Il manque aujourd’hui des instruments permettant d’évaluer et d’objectiver l’empreinte des TIC : l’indicateur PUE (« Power Usage Effectiveness »), établi par le consortium « Green Grid », semble le seul à s’imposer largement aujourd’hui, mais il s’agit d’un ratio entre la dépense énergétique totale et celle propre aux équipements informatiques. Actuellement, cet indicateur ne concerne que les centres serveurs et, en conséquence, ne couvre pas l’ensemble des besoins. On doit par ailleurs considérer que la « taxation Carbone » ne constitue pas en soit un indicateur général car elle se limite aux énergies fossiles. La méthode de calcul ADEME reste par ailleurs trop générique pour s’appliquer aisément et sans ambiguïté aux TIC. Il n’y a donc pas d’indicateur, ni de méthode de calcul pour évaluer l’empreinte écologique d’un matériel TIC. L’acheteur, a forciori le consommateur, n’a aucun moyen de comparer deux produits équivalents autrement que par leur puissance maximale. Ainsi, pour ce qui est de la méthode de calcul de la consommation d’un poste de travail en mode actif, chaque constructeur a sa méthode de calcul et le comparatif est donc difficile ! On peut penser que des indicateurs portant sur la consommation en veille, la consommation en veille prolongée, le poids total de métaux précieux (ce qui suppose d’identifier la liste pertinente de ceux-ci !), le poids de métaux précieux issus du recyclage, le pourcentage de produits recyclés entrant dans la composition, les éléments permettant de préciser la robustesse, etc. seraient de nature à objectiver une stratégie d’achat et de gestion du cycle de vie des équipements dans une organisation.

Usage et conception éco-responsable et systèmes d’information 

Dans la panoplie d’indicateurs à développer, il faudrait aussi considérer un volet caractérisant le changement organisationnel bien que celui-ci s’avère nettement plus difficile à mesurer que les aspects matériels sur lesquels il y a déjà un existant, même incomplet. Cet enjeu adresse directement à la normalisation en ce sens qu’une stratégie devra évaluer s’il s’agit de définir une unique métrique, ou au contraire spécifier plusieurs métriques afin de couvrir le large spectre de besoins. La normalisation d’indicateurs peut par ailleurs s’envisager à un niveau générique, ou, au contraire, en privilégiant des approches spécifiques à chaque métier. Dans cette dernière hypothèse, il faudra préciser le rôle des instances de normalisation sectorielle et le moyen de garantir une cohérence d’ensemble bien nécessaire en termes de garantie de visibilité.

LA DURÉE DE VIE DES ÉQUIPEMENTS

Pour de nombreux équipements électroniques, l’énergie « grise » qui est dépensée pour la fabrication s’avère aussi importante que celle consommée par l’équipement pendant sa durée de vie active. Il s’agit donc là d’un poste clé où agir. A empreinte de fabrication égale, on a donc tout intérêt à augmenter la durée de vie des équipements, ce qui implique de prendre en compte des scénarios d’usage lors du calcul des cycles de vie des équipements. Le phénomène de renouvellement d’équipements avant que ceux-ci ne soient hors d’usage s’avère moins marqué que par le passé au niveau des entreprises16 pour ce qui est des équipements informatiques. On constate en effet que le cycle de renouvellement des équipements par les DSI est passé en moyenne de 3 à 5 ans ces dernières années. Il y a pour cela différentes raisons : des contraintes de plus en plus serrées sur les coûts que la crise n’améliore pas, mais aussi le constat d’une meilleure longévité des équipements avec diminution des taux de pannes. Les machines et leur système d’exploitation sont donc désormais mieux optimisés pour répondre aux besoins évolutifs des usages en entreprise. Trois outils permettraient de prolonger effectivement la durée de vie du matériel : un amortissement comptable plus long : de 3 ans (règle actuelle) à 6 ans, une meilleure standardisation des composants, des écrans et des unités centrales, opter pour un principe de consigne tel que celui qui a pu être imaginé par certains.

LE RECYCLAGE

Globalement, sur les 2 millions de tonnes de DEEE générées en 2008 en France, seulement 240 000 ont été collectées. Le recyclage des composants est en progrès au niveau du circuit professionnel pour ce qui est du B to B. En revanche, il reste très déficient en ce qui concerne la récupération des équipements des particuliers. Le fait d’avoir à payer une taxe recyclage sur les nouveaux équipements ne signifie pas qu’un circuit de récupération des matériels usagés ait été effectivement mis en place par les distributeurs auprès des particuliers. Même lorsqu’il existe, il s’avère souvent peu efficace. Ainsi, le distributeur de téléphonie mobile Phone House, qui a mis en place un politique incitative de récupération des anciens téléphones de ses clients dès 2007, constate que très peu sont rapportés17. Orange propose cependant depuis peu des mobiles d’occasion à la vente. Il faut donc considérer qu’il y a à ce jour un échec des politiques publiques en matière de recyclage alors que l’on devrait s’orienter vers une économie circulaire qui privilégie le recyclage (fonctionnement en boucle fermée).En conséquence, certains acteurs proposent plutôt de mettre l’accent sur l’allongement de la durée de vie des équipements. Ce point de vue est partagé par les contributeurs à ce rapport.

UNE SECONDE VIE POUR CERTAINS ÉQUIPEMENTS

Pour augmenter la longévité effective des équipements, il apparaît logique et indispensable de mettre en œuvre des filières pour dynamiser une seconde vie de ceux-ci. Au niveau des entreprises, on constate cependant que les efforts de redistribution des équipements informatiques usagés peuvent générer des contraintes inattendues : par exemple, les entreprises ne souhaitent pas prendre en charge la maintenance des équipements qu’elles fournissent à tel ou tel établissement scolaire à travers ces circuits de valorisation. Le marché de l’occasion demande donc à être organisé au niveau de la valorisation de cette seconde vie des équipements en fonction des usages alors que la priorité n’a pas été portée jusqu’à présent à ce niveau.

LA GESTION DES SALLES INFORMATIQUES

Les serveurs sont en soi responsables de 23% de l’énergie consommée dans le Système d’Information des entreprises. La question des bonnes pratiques au sein des entreprises est déterminante en matière de salles informatiques, bien qu’il y ait aussi des aspects techniques difficiles dans les réponses à apporter pour gagner en optimisation. L’exemple de serveurs d’applications de gestion comptable dont on se rend compte qu’ils ne sont réellement utilisés qu’une ou deux fois par an, est ainsi révélateur des progrès possibles. Or, il faut savoir qu’on peut désormais concevoir des processus permettant d’éteindre/réactiver des serveurs peu usités. Il arrive donc que des serveurs « zombies », c’est-à-dire qui ne sont plus jamais invoqués par aucune application, soient « oubliés » dans les salles des DSI. On estime que 32% des serveurs « zombies » restent allumés, démontrant ainsi une situation non maîtrisée au plan de l’éco-responsabilité. Il n’existe pas à ce jour d’outil méthodologique de référence permettant à une organisation d’initialiser une véritable démarche de traçabilité des équipements ni de bonnes pratiques de référence pour la mettre en œuvre de façon efficace.

L’OPTIMISATION DES FONCTIONS D’ADMINISTRATION DES POSTES CLIENTS

Les postes clients représentent 43%20 de l’énergie consommée par le SI. Il est désormais acquis que l’optimisation de fonctions d’administration à distance des postes clients en central présente un fort intérêt pour optimiser une gestion économe en énergie. Ainsi, des fonctions d’extinction de postes clients à une certaine heure sont déjà disponibles dans certains produits, bien que cette possibilité soit encore méconnue des équipes au sein des DSI. Comme pour les box, l’usage des technologies de gestion d’énergie développées pour les appareils sur batterie ferait gagner beaucoup sur la consommation des appareils fixes sans batterie. Le gain serait multiplié par les gains sur les climatisations et les alimentations de secours.

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