VARIABILITE CLIMATIQUE AU SENEGAL ET EVOLUTION DES RESSOURCES EN EAU

VARIABILITE CLIMATIQUE AU SENEGAL ET EVOLUTION DES RESSOURCES EN EAU

IMPACT DE L’EVOLUTION PLUVIOMETRIQUE SUR LES RESSOURCES EN EAU 

Les écoulements de surface 

Dans la majorité des cas, le terme entrant du bilan hydrique au niveau du bassin versant hydrologique se résument aux seules précipitations sous forme de pluie. La baisse dans les apports de cette composante a sérieusement affecté les ressources en eau de surface. Plusieurs auteurs ont étudié et mis en évidence cet impact négatif de la baisse pluviométrique, qui a débuté aux années 60 -70 en Afrique sub-saharienne, sur le régime d’écoulement des bassins fluviaux (Olivry, 1987 ; Ardoin-Bardin, 2004 ; Mahé, 2006 ; Laraque et Olivry, 1996) Le réseau hydrographique du Sénégal est tributaire d’une part, de la géologie et de la géomorphologie, et d’autre part, de la pluviométrie sous-régionale. En effet, la plupart des cours d’eau qui traversent le Sénégal prennent leur source hors du pays. Le réseau hydrographique sénégalais comporte principalement quatre cours d’eau, qui sont du Nord au Sud : le fleuve Sénégal, le cours moyen de la Gambie et le fleuve Casamance qui débouchent sur une côte basse et sablonneuse. A ces axes principaux, s’ajoutent des rivières relativement importantes comme l’Anambé et la Kayanga en Casamance, qui jouent un rôle de premier plan dans l’agriculture irriguée. Les marigots de Bignona et de Guidel, sur lesquels des barrages anti-sel ont été édifiés, permettent la pratique de la riziculture dans les bas fonds qu’ils protègent contre l’invasion marine. Hormis ces principaux axes hydrauliques, la plupart des vallées se sont asséchées, ne fonctionnant que pour le drainage du ruissellement. L’écoulement fluvial est en général directement influencé par le régime saisonnier des précipitations. En effet, tout le bassin est caractérisé par une répartition saisonnière tranchée (saison des pluies ; saison sèche). Dans le Fouta Djalon la saison sèche, plus ou moins longue, dure de novembre à avril, tandis que vers le nord, elle s’allonge, avec une diminution des totaux annuels. Par ailleurs, l’irrégularité interannuelle des précipitations s’accroît du Sud au Nord (Diop, 1990). D’autres ressources en eau de surface existent au Sénégal, notamment le Lac de Guiers qui est la seule réserve en eau de surface du pays, les mares et autres dépressions se remplissant d’eau durant la saison des pluies ne sont que temporaires. D’anciennes vallées naguère humides, se sont asséchées et sont devenues des vallées fossiles. Il s’agit des vallées fossiles du Ferlo, du Sine et du Saloum. 68 Dans ce qui suit, nous allons présenter sommairement les principaux cours d’eau du réseau hydrographique sénégalais. Cependant, l’analyse de l’impact de la péjoration climatique sur les eaux de surface se fera avec les données de la station de Bakel sur le fleuve Sénégal. Du Sud vers le Nord, on distingue 

 La Casamance 

Située au Sud du pays, elle coule d’Est en Ouest sur un parcours d’environ 350 km de long, dont les 260 km sont pérennes. Elle est issue de la réunion de plusieurs petits marigots situés près de Saré Baïdo au Mali et forme dans sa partie avale une zone estuarienne occupée par les eaux marines jusqu’à 152 km de l’embouchure. Ces petits affluents sont souvent à sec pendant la saison sèche, l’écoulement n’est pérenne qu’en aval de Fafakourou grâce à des résurgences. Son bassin versant est de l’ordre de 21 050 km2 et se trouve entièrement dans le territoire sénégalais. Elle est caractérisée par un relief peu accentué, dont le point culminant, constitué par les formations du Continental Terminal très perméable, se situe à 60 m d’altitude environ. La Casamance reçoit plusieurs affluents le long de son parcours vers la mer, dont le plus important est la Soungrougrou. En aval de Ziguinchor, les affluents connus sous le nom de Bolons entaillent profondément le plateau gréseux du Continental Terminal. Il s’agit des marigots de Bignona, de Diouloulou et de Baïla qui en sont les plus importants. Malgré la faiblesse de la pente, l’écoulement est, en général, suffisant pour réalimenter les réserves hydrologiques qui soutiennent les débits fluviaux jusqu’en saison sèche. Pendant l’étiage, les eaux marines envahissent son cours jusqu’à plus de 200 km de l’embouchure. Depuis les années 70, la Casamance fait face à une décroissance importante des débits avec des étiages absolus à partir des années 1980 (Malou et al, 1999). Le déficit pluviométrique a réduit l’écoulement de la Casamance de plus de la moitié (Diop, 1990) ; si bien que du fait de l’importance de la variabilité inter-annuelle de la pluviométrie, l’écoulement du fleuve Casamance connaît des fluctuations considérables d’une année et d’une saison à l’autre. 

 La Gambie 

Le fleuve Gambie est long de 1 150 km, dont 477 km se trouvent dans le territoire sénégalais. Il traverse ainsi quatre pays dont la guinée où il prend sa source dans le Fouta Djalon central, une petite partie de la Guinée Bissau, le Sénégal dont il draine la partie orientale et la Gambie. Il couvre un bassin versant de 77 000 km2 , orienté SE-NW dans sa partie amont. Il prend une orientation E-W peu avant son entrée en Gambie. Sa pente est très forte dans son cours supérieur et elle est abondamment alimentée par les pluies qui tombent sur son haut bassin (Michel, 1973). Cet écoulement important dans le haut bassin chute en aval de Gouloumbo du fait d’apports quasi nuls ; en fait les petites rivières dans cette zone ont des écoulements très faibles. Durant l’étiage la zone d’influence de la marée peut aller jusqu’à 500 km de l’embouchure, à la station de Gouloumbo. La pénétration très profonde de la mer est une des caractéristiques du fleuve Gambie et la position de l’interface eau douce /eau salée varie avec les débits du fleuve associés à la dynamique de la marée (Ardoin-Bardin, 2004). Le déficit pluviométrique a eu des répercussions sévères sur son régime puisque son volume d’eau annuel est passé de 8,7 milliards de m3 à Gouloumbo en 1974-75 à 2,5 Milliards de m3 en 1983-84.

 Le Sine et le Saloum 

L’estuaire du Saloum est constitué de trois bras de mer : le Saloum au Nord et NordEst, le Diombos au centre et le Bandiala au Sud, qui délimitent de nombreuses îles. La seule rivière pérenne de la zone est la Néma qui, en dépit des débits moyens mensuels faibles (0 ,7 m3 s -1 en saison des pluies), se maintient à une côte de quelques centimètres à la station de Néma Ba durant toute l’année (Diop, 1990, Ngom, 2000). Quant au Sine, il prend sa source en amont de Foundiougne, mais sa partie avale est occupée par des vallées asséchées où s’accumulent les eaux de ruissellement issues des pluies. 

Le fleuve Sénégal

Contexte hydrologique 

C’est de loin le fleuve le plus important de la région, il est formé par la confluence du Bafing et du Bakoye, qui prennent leur source en république guinéenne. Le Bafing, long de 760 km, prend sa source dans le massif du Fouta-Djalon à une altitude de 800m. Il amène environ la moitié du débit du fleuve Sénégal avec une moyenne annuelle de 403m3 s -1 . Quant au Bakoye, il prend sa source à proximité de la limite méridionale du plateau Mandingue, à 703m d’altitude. D’une longueur de 560 km, il a un débit moyen annuel de l’ordre de 170 m3 s -1 (Seck, 2003). Ces deux rivières se dirigent vers le Nord le long d’un parcours caractérisé par la présence de nombreuses chutes et se rencontrent à Bafoulabé à environ 1083km de l’océan Atlantique. Le principal affluent en rive gauche est la Falémé qui prend aussi sa source dans le Fouta- Djalon à 800 m d’altitude, parcourt 650 km avant de rejoindre le fleuve Sénégal à 30 km en amont de Bakel où son débit moyen annuel est de l’ordre de 200 m3 s -1 . Le fleuve Sénégal traverse ainsi, quatre pays de l’Afrique occidentale, la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal, et draine un bassin versant de 337 000 Km2 (fig.23 a). La station de Bakel contrôle l’ensemble des débits transitant dans la vallée, car, à l’aval, le fleuve ne reçoit plus (en rive droite) que quelques affluents de moindre importance voire insignifiants tels que la Kolimbiné le Karakoro, le Ghorfa et le Gorgol qui en est le plus important. En aval de cette station, la pente très faible du fleuve, en moyenne 1,4 cm/km entre Saint Louis et Bakel, donne lieu à des phénomènes de dégradation hydrographique avec la présence de défluents de plaine d’inondation, de lacs etc… Le fleuve coule dans une grande vallée alluviale qui se dirige d’abord vers le NordOuest en constituant la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie ; ensuite, il décrit une grande boucle pour se diriger vers l’Ouest aux environs de 15° de longitude Ouest. En aval de Dagana, le Sénégal alimente deux grandes dépressions : le lac Rkiz en rive droite et le lac de Guiers se prolongeant par la vallée du Ferlo en rive gauche. A 80 km de la mer, le fleuve entre dans une région basse deltaïque à hydrographie très anastomosée. Dans cette zone il s’infléchit vers le Sud-Ouest, pour ensuite prendre une direction nord-sud, avant de se jeter dans l’océan Atlantique au Sud de Saint Louis. Le bassin versant du fleuve Sénégal, est subdivisé en deux parties : – le haut bassin allant du Fouta-Djallon à Bakel, caractérisé par un relief accidenté avec la présence de hauts plateaux pouvant atteindre plus de 1000m d’altitude (plateau de Dalaba 1425 71 m et Mont Loura 1515m). C’est la zone climatique guinéenne à sud-soudanienne avec une pluviométrie moyenne annuelle située entre 800 et 1200 mm ; – le bassin inférieur de Bakel à l’embouchure est une vaste plaine alluviale à faible pente, à relief plat interrompu par la présence de hautes levées fluvio-deltaïques correspondant aux dépôts du Quaternaire. C’est la zone climatique allant du domaine nord soudanien au domaine nord sahélien où la pluviométrie moyenne annuelle est de l’ordre de 700 à 200 mm. Le bassin inférieur est à son tour subdivisé en : – haute vallée en amont de Bakel – moyenne vallée de Bakel à Dagana – basse vallée entre Dagana et Richard Toll – delta de Richard Toll à l’embouchure. (figure 23 b)

Table des matières

Table des figures
INTRODUCTION
CHAPITRE I : LE CONTEXTE GEOLOGIQUE ET HYDROGEOLOGIQUE
I-1 Le cadre géologique
I-1-1- Le socle
I-1-2 Le bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien
I-1-2-1 La tectonique
I-1-2-2 La Litho-stratigraphie
I-2 Le contexte hydrogéologique
I-2-1 La nappe campano-maastrichtienne
I-2-2 Le complexe intermédiaire
I-2-2-1 La nappe Paléocène
I-2-2-2 La nappe Eocène
I-2-3 Les aquifères superficiels
I-2-3-1 Les nappes de la Formation du Saloum
I-2-3-2 Les aquifères quaternaires
CHAPITRE II : LE CONTEXTE CLIMATIQUE
II-1 Les mécanismes généraux du climat
II-2 Le régime des vents
II-3-1 Le domaine soudanien
II-3-1-1 le domaine sud-soudanien
II-3-1-2 Le domaine nord soudanien
II-3-2 Le domaine sahélien
II-3-2-1 Le domaine sud sahélien
II-3-2-2 Le domaine nord sahélien
II-4 Conclusion
CHAPITRE III : EVOLUTION DE LA PLUVIOMETRIE ANNUELLE
III-1 Variabilité spatio-temporelle de la pluviométrie
III-1-1 Les données de l’étude
III-1-2 Analyse de la pluviométrie
III-1-2-1 Le domaine sud-soudanien
III-1-2-2 Le domaine nord soudanien
III-1-2-3 Le domaine sud-sahélien
III-1-2-4 Le domaine nord-sahélien
III-2 Tendances pluviométriques dans les différents domaines climatiques
III-2-1 Présentation des méthodes
III-2-1-1 Le test de Pettitt
III-2-1-2 Le test U de Buishand
III-2-1-3 La méthode bayésienne de Lee et Héghinian
III-2-1-4 La segmentation de Hubert
III-2-2 Application des méthodes de détection de rupture
III-2-2-1 Le domaine sud soudanien
III-2-2-2 Le domaine nord soudanien
III-2-2-3 Le domaine sud sahélien
III-2-2-4 Le domaine nord sahélien
III-2-3 Interprétation des résultats
III-2-4 Conclusion
CHAPITRE IV : IMPACT DE L’EVOLUTION PLUVIOMETRIQUE SUR LES RESSOURCES EN EAU
IV-1 Les écoulements de surface
IV-1-1 La Casamance
IV-1-2 La Gambie
IV-1-3 Le Sine et le Saloum
IV-1-4 Le fleuve Sénégal
IV-1-4-1 Contexte hydrologique
IV-1-4-2 Evolution du régime du fleuve Sénégal à Bakel
IV-1-5 Conclusion
IV-2 Les nappes superficielles
IV-2-1 Evolution de la recharge dans la zone soudanienne
IV-2-1-1 Evolution de la nappe phréatique dans le bassin de Baïla
IV-2-1-2 Evolution de la nappe dans le bassin de la Néma
IV-2-2 Evolution de la nappe dans la zone sahélienne
IV-3 Conclusion
CHAPITRE V : LE CADRE DE L’ETUDE
V-1 Le contexte socio-économique 9
V-2 Le cadre physique
V-2-1 Les paramètres hydro- climatologiques
V-2-1-1 Les vents
V-2-1-2 Les températures
V-2-1-3 L’Insolation
V-2-1-4 L’humidité relative
V-2-1-5 L’évaporation et l’évapotranspiration
V-2-2 Le réseau hydrographique
V-3 Le contexte paléo-hydrologique
V-3-1 Le Quaternaire ancien et moyen
V-3-2 Le Quaternaire récent
V-4 Géologie, géomorphologie et hydrogéologique
V-4-1 La géologie
V-4-2 La géomorphologie
V-4-3 L’hydrogéologie
IV-3-1 Le réservoir profond
IV-3-2 Le réservoir intermédiaire
V-4-3-2 Le réservoir superficiel
V-5 Sols et végétation
V-5-1 Les sols
V-5-2 La végétation
V-6 Conclusion
CHAPITRE VI : IMPACTS DES ACTIONS ANTHROPIQUES SUR LES RESSOURCES
EN EAU
VI-1 Evolution des ressources en eau de surface
VI-1-1 Evolution de la côte du fleuve à Dagana
VI-1-2 L’évolution du plan d’eau en amont du barrage de Diama
VI-1-3 Evolution de la cote sur quelques axes hydrauliques dans le delta
VI-1-4 Conclusion
VI-2 Evolution des aménagements agricoles
VI-2-1 Les données et les outils de l’étude
VI-2-1-1 Sources de données
VI-2-1-2 Les outils
VI-2-2 Cartographie de l’évolution des surfaces aménagées
VI-2-2-1 Etat des périmètres cultivés en
VI-2-2-2 Etat des périmètres en octobre
VI-2-2-3 Etat des périmètres en
VI-2-2-4 Etat des périmètres en
VI-2-2-5- Conclusion
VI-2-3 Evolution des sols sous intensification agricole
VI-2-3-1 Le protocole expérimental
VI-2-3-2 Résultats et discussions
VI-2-3-3 Conclusion
VI-3 Impact de l’évolution hydrologique sur la nappe alluviale
VI-3-1 Suivi des piézomètres
VI-3-2 Evolution de la nappe de l’Inchirien
VI-3-3 Evolution de la nappe du Nouakchottien
VI-3-4 Relation eau de surface/eau souterraine
VI-3-4-1 Les relations cours d’eau/nappe
VI-3-4-2 Relation irrigation-fluctuations du niveau piézométrique
VI-3-5 Fluctuations piézométriques journalières et relations entre nappes
VI-3-6 Conclusion
VI-4 Hydrogéochimie
VI-4-1 Critique de données
VI-4-2 Les paramètres physico-chimiques
VI-4-2-1 La conductivité
VI-4-2-2 Le pH
VI-4-2-3 Le Sodium Adsorption Ratio (SAR)
VI-4-2-4 Statistique des ions majeurs
VI-4-3 Identification des faciès chimiques
VI-4-3-1 Les eaux de surface
VI-4-3-2 Les eaux souterraines
VI-4-4 Analyse en composante principale
VI-4-5 Origine de la minéralisation
VI-4-6 Conclusion
CONCLUSION

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