Vers l’analyse des espaces de transferts

Vers l’analyse des espaces de transferts

L’espace initial de la lecture – l’émission Star Academ y – s’organise selon un format, des temporalités et un processus de médiatisation des anonymes qui lui sont spécifiques. Si la connaissance approfondie de la structure et du déroulement du programme est nécessaire pour en comprendre les enjeux commerciaux et les effets sociétaux, la connaissance des lectures associées à l’organisation structurelle des supports médiatiques dans lesquelles circulent les images est quant à elle indispensable pour appréhender les enjeux sémiotiques et cognitifs des transferts. Nous employons dans notre propos le terme de « lecteur » qui nous semble plus adapté que celui de « téléspectateur », de « récepteur » ou de « public » pour décrire un individu qui s’approprie les informations perçues, quand bien même il s’agit d’informations télévisuelles. Nous postulons donc que, dans une approche sémio-pragmatique s’intéressant aux images perçues et utilisées dans différents supports et différents contextes, il est tout à fait légitime de parler de « lecture » à la télévision comme sur Internet. Chacune des lectures porte en effet le sceau de l’individualité. Dans une communication au congrès de la SFSIC [LES1 06], nous avons défini la lecture de la façon suivante : « La notion de lecture est définie dans son acception la plus générale à savoir en tant que « réception de signes dans un espace orienté considérée comme un acte central dans la communication non verbale en général. A fortiori, elle est donc centrale dans l’activité de réception et d’appropriation de contenus médiatiques iconiques. Nous avons donc posé la notion de « lecture » comme une notion qui, dans son sens le plus général, concerne la lecture de tous les signes sur tous types de support, et pas uniquement l’écriture alphabétique.  Notre problématique de recherche s’intéresse aux trois « espaces » de lectures que sont l’écran de télévision, l’écran de l’ordinateur et le magazine. Il nous semble pertinent d’employer le terme d’ « espace » (qui désigne le lieu où s’organisent et se structurent les signes) de manière contigüe au terme de « support » (qui désigne la matérialité « palpable » du document).

Des supports , des temporalités médiatiques , des lectures

Le temps télévisuel se caractérise par un flux continu d’images. Jacques Aumont [AUM 00] parle à ce sujet d’une « image temporalisée », par opposition à l’image fixe qui est dite « non temporalisée ». Seuls la capture vidéo (enregistrement par le magnétoscope ou l’enregistreur numérique) et le zapping permettent l’interruption et le contrôle du flux. Nous avons précédemment défini différentes temporalités inhérentes à l’émission Star Academ y et au format qui la constitue. Nous avons vu que le temps télévisuel peut être défini comme un temps instrumentalisé par les réalisateurs et les producteurs des programmes. La lecture des images de télévision est donc soumise à la temporalité que ces derniers ont mise en place. La lecture des images de télévision dans le flux de la diffusion met donc les téléspectateurs en situation de synchronie : un même contenu visuel est reçu simultanément et instantanément par la partie de la population branchée sur la même chaîne. Cette simultanéité est ce qui a nourri de nombreuses critiques, formulées notamment sous les termes d’un alignement ou d’une normalisation des références culturelles ; Bernard Stiegler parle d’une « synchronisation (…) des consciences Star Academ y conjugue ces trois temps de plusieurs manières dans les deux formats proposés.

Les images présentées aux téléspectateurs ont des origines temporelles diverses et non clairement référencées dans les différents montages. Que ce soit dans « la quotidienne » ou « le prime », la présentation des séquences de montages par le présentateur se déroule systématiquement dans le temps du direct, de même les prestations artistiques des candidats sur le plateau du « prime ». Quant aux séquences de montages, certaines nous montrent des situations en temps réel, où le flux est continu (bien que différé) et l’action située chronologiquement par des informations textuelles en bas d’écran ; d’autres nous placent dans le temps de la fiction par des montages thématiques à la chronologie anarchique et sans référencement temporel. La compréhension de ces images est donc soumise à une interprétation prévue par leur référencement textuel.

 

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