A l’aube du nouveau boom “bananier” (1930-1948)

A l’aube du nouveau boom “bananier” (1930-1948)

Une succession de cycles secondaires ou les difficultés de l’exportation

Au cours de cette période de crise qui toucha l’exportation de cacao survint la grande crise économique de 1929 – 1930, qui toucha un pays appauvri par la diminution de ses exportations et sans industrialisation25 (à l’exception de quelques usines à Quito et à Guayaquil) et sans marché intérieur les tentatives de transformation industrielle furent considérablement limitées . Une série de dévaluations successives tentèrent en vain de changer la situation, la stagnation des exportations se maintint durant toute la période de 1930 à 1940. En effet, les modalités d’échange se détériorèrent pour arriver à leur point le plus bas en 1935. A ce stade l’Equateur pouvait acheter à l’extérieur seulement 55% de ce qu’il obtenait en 1928 avec le même volume de production exportée, en prenant en compte qu’il est très difficile de diminuer les exportations et de ce que cela signifie26 (Acosta, 2004). Cette situation de forte dépendance envers le marché mondial provoqua un effort de diversification des productions équatoriennes pour atténuer les effets de la crise cacaoyère. Le café, qui était un produit marginal (1925), connut une forte expansion entre 1930 et 1934, remplaçant le cacao. Ce fut provoqué par l’apparition assez rapide de petites plantations caféières, un peu partout, mais malgré cela il n’eut pas de remplacement systématique des cacaoyers par des caféiers dans les provinces de Los Rios et Guayas (Collin-Delavaud, 1979). 

La survie économique au cours de la seconde guerre mondiale 

des cycles courts conjoncturels Les efforts du pays pour réajuster son économie après la chute du cacao, apportèrent des changements et une diversification qui profita du début d’une demande exceptionnelle des pays en guerre. Cela provoqua une série de courtes fièvres de certaines productions en raison des circonstances et transformations mondiales. Le niveau des exportations au cours des cinq années de guerre est équivalent à celui des années 1928 – 1929, mais 1948 marque la fin de ces cycles fugaces et le début d’une nouvelle période qui s’ouvre dans l’économie équatorienne (Acosta, 2004). 

Une tentative de relancer le cacao

 Les années qui suivirent la seconde guerre mondiale furent marquées par la reprise des exportations de cacao, grâce à une forte hausse des prix sur le marché international, produite un peu avant 1940, ce qui amena un changement de producteurs. Les anciens cacaoyers furent objets de soins, d’attention et de préoccupation de la part des propriétaires, ce qui entraina une hausse des rendements, une augmentation de la production nationale et une augmentation des exportations. 26 La diminution des entrées de devises alors que le marché intérieur était faible limite les possibilités d’importer, d’investir et donc la production nationale elle-même. 83 L’achèvement partiel d’enquêtes27 sur le cacao complète cette stimulation produite par la demande et un prix fort. En effet, en Equateur on crée des stations expérimentales pour accélérer les processus de multiplication et de mis en place de nouvelles variétés qui résistent aux maladies importées de Trinidad28 (Collin – Delavaud, 1979). Pour faciliter ce transfert de plantes aux producteurs, l’Etat met en place un système de crédit spécial qui assure à la fois la continuité des activités des haciendas, à travers le paiement d’une indemnité pour l’arrachage des vieilles plantations et la possibilité de rembourser les prêts avec une partie des récoltes obtenues à partir des nouvelles plantations. Cependant, l’intention de remettre à flot le cacao arriva très tard et l’action menée par certains propriétaires ne fut pas suivie en raison de la concurrence naissante d’une nouvelle production agricole, la banane. 

L’Exportation de chapeaux de panama 

Les chapeaux faits en paille « toquilla », qui furent à une époque les seuls articles manufacturés à être exportés, connurent une très forte hausse à cette période (années 40). Ils représentèrent jusqu’à 20% de la valeur des exportations en 1946. Cette activité pratiquée à la fois sur la côte et dans les Andes était très importante en raison du nombre de personnes qu’elle employait. (on estime à environ 20 000 personnes à temps plein) (Collin-Delavaud, 1979). Pour cette activité le rôle des exportateurs était très important dans la promotion et la diffusion des chapeaux, fixant des prix dérisoires dans les villes d’origine où se rassemblaient la production de plusieurs ateliers pour être exportée à Panama et à partir de là réexportée dans le reste du monde. Malgré leur énorme succès en Europe et aux Etats-Unis, ce chapeau va disparaitre à cause de la concurrence de chapeaux bon marché vendus aux Etats-Unis et provenant du Japon, de la Chine, des Philippines ou d’Italie, des pays qui n’exportaient par avant la guerre. 27 L’Equateur suivit de près les recherches menées à Trinidad sur des nouvelles variétés résistantes aux maladies et leurs mécanismes de multiplication. 28 Les plantes importées par l’Equateur sont connues sous le nom de cacaos trinitarios. 84 En 1950, suite à la diminution des quantités et des prix, on obtient une surproduction des ouvriers textiles (dans ce cas les producteurs de chapeaux) qui se voient obligés de travailler dans des conditions désavantageuses afin d’obtenir la même valeur à cause de la chute drastique des prix, ce qui crée une véritable catastrophe dans les régions productrices (surtout les provinces du Cañar et de l’Azuay) rendant nécessaire la recherche de nouvelles opportunités pour les villages et beaucoup de villageois émigrent vers la Côte où la nouvelle production avait besoin de main d’œuvre, puisque ce qu’on appelait « l’or vert » commençait son plein essor (Collin – Delavaud, 1979). 

La production croissante de canne à sucre

 Dans le cadre des productions en plein progrès sur la Côte durant la période 1940- 1945, les superficies de canne à sucre augmentent considérablement au point de voir la production doubler et de pouvoir exporter une fois satisfaite la demande locale. Ce processus est appuyé par l’Etat grâce à des crédits et à des prix sûrs pour les producteurs, ainsi que par l’interdiction d’importer du sucre et l’accord d’exonération de taxes à l’importation pour les équipements industriels. 4.3 La grande époque du riz L’exportation de riz eut une énorme hausse durant cette période, avec un taux de croissance de 217% entre 1930 et 1950, malgré une évolution irrégulière. Jusqu’en 1940 le commerce du riz était réduit à quelques ventes dans les pays voisins, après de bonnes récoltes, mais à partir de 1940 le commerce international fit passer les exportations de riz de 18 000 tonnes (1940) à 64 000 tonnes (1947) (Collin-Delavaud, 1979). Rapide et spectaculaire, le cycle du riz joue un rôle prépondérant sur l’économie de la Côte pour l’alimentation et les exportations. En effet, avec la fermeture des sources traditionnelles d’approvisionnement de riz en raison de l’extension du conflit mondial en extrême orient, les pays acheteurs s’intéressent aux petits producteurs rizicoles qui jusqu’alors étaient limités par les volumes de la concurrence asiatique. L’augmentation du prix (97% entre 1935 et 1947) assure aux producteurs de riz une rentabilité qu’on ne peut comparer qu’avec celle du cacao, du café ou de la banane. La hausse continue incite à produire avec certains avantages, mais à la fin de la guerre les prix tombent immédiatement, les exportations et la production diminuent brutalement, à tel point que les exportations disparaissent en 1951. 85 Mais la culture du riz avait attiré l’attention de nombreux petits paysans sans terre qui pratiquaient cette culture avec une machette, quelques graines et surtout beaucoup de travail. Ils commencent alors à cultiver dans des zones jusqu’alors désolées ou abandonnées. D’un autre côté les propriétaires voient dans le riz la manière de valoriser certains secteurs qui ne sont pas cultivés dans leurs propriétés. Cette opportunité de valoriser sans investir facilite la location de petites parcelles à des agriculteurs. La Côte possédait de vastes superficies planes, traversées par de grands fleuves qui chaque année débordaient de leurs lits pour inonder et fertiliser avec leur limon les zones proches des rives. L’irrigation était peu développée à cause de la brièveté de la période, mais aussi de la prédominance de petits paysans sans ressources. Il exista une politique de crédit et ensuite, lors des changements, une politique de protection douanière. Depuis la fin des années 30 les banques financèrent la production de riz en pensant à l’exportation, accordant à de petits producteurs l’argent nécessaire pour la culture contre un remboursement après la récolte, en argent ou en nature Les crédits furent surtout distribués par l’intermédiaire des coopératives organisées par les banques. La première fut Banco Hipotecario, remplacée par la suite par Banco nacional de fomento et ensuite par les banques provinciales de la Côte qui allaient continuer cette initiative. Les entreprises qui pilaient le riz et qui recevaient les récoltes furent autorisées pour payer les paysans et à leur donner des « reçus » (une sorte de document de crédit). Les banques et les commerçants accepteraient de vendre et d’acheter ces reçus et assuraient aux paysans des ressources comme si la récolte avait été payée en argent comptant. Cependant, les usuriers allaient jouer un rôle très important au début du cycle en permettant à tous ces petits producteurs sans terre et sans garanties de se lancer immédiatement dans la production.

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