Accès physique et fréquentation des commerces alimentaires dans le Grand Montpellier

Accès physique et fréquentation des commerces alimentaires dans le Grand Montpellier

changer les comportements alimentaires pour tendre vers une alimentation plus saine, qui soit moins dommageable pour l’environnement et accessible à tous, est aujourd’hui un enjeu sociétal majeur. Ces dernières années, il a été question d’informer, de sensibiliser et d’éduquer les indi- vidus pour les aider à adopter de meilleurs choix alimen- taires pour leur santé et pour l’environnement. Cependant, les comportements alimentaires ne sont pas déterminés par les seules caractéristiques socio-économiques, les connaissances et les intentions des individus. Ils sont aussi condi-tionnés par leur paysage alimentaire (Vonthron et al., 2020). Celui-ci est défini ici comme l’en-semble des commerces, marchés et autres points de vente alimentaires à proximité du domicile et, plus généralement, dans les espaces de vie quoti-dienne, incluant les espaces autour du domicile, autour des principaux lieux d’activités profes-sionnelles et non professionnelles, et les trajets empruntés entre ces différents lieux.La littérature internationale marque un intérêt croissant pour les relations entre les paysages alimentaires, les com- portements alimentaires et la santé (Sacks et al., 2019). En France, peu d’études ont été menées sur les liens entre le paysage alimentaire et les comportements alimentaires ou le statut pondéral (Casey et al., 2012 ; Drewnowski et al., 2014 ; Caillavet et al., 2015). De plus, ces études ne s’intéressent qu’à une partie du paysage alimentaire et des points d’ap- provisionnement qui le composent : les supermarchés, les épiceries et les boulangeries. Elles n’étudient pas d’autres types de lieux d’appro- visionnement tels que les primeurs, les autres commerces spécialisés, les marchés de plein vent, le e-commerce et les circuits courts, malgré leur fréquentation croissante par les consommateurs.

Enfin, le paysage alimentaire n’est étudié qu’au- tour du domicile, alors qu’il s’étend bien au-delà. Quelles sont les caractéristiques des paysages ali- mentaires dans lesquels vivent les individus ? Quelles sont leurs pratiques d’achats alimentaires  ? Ont- ils facilement accès à des commerces alimentaires dans leurs espaces de vie quotidienne ? Quels lieux d’achats alimentaires fréquentent-ils et comment les combinent-ils ?Pour répondre à ces différentes questions, l’étude Mont’Panier analyse les liens entre les paysages ali- mentaires du Grand Montpellier et les comporte- ments d’approvisionnement alimentaire de ses habi- tants. Dans un premier temps, cette étude caractérise le paysage alimentaire et les pratiques d’approvision- nement alimentaire avant d’analyser, dans un deu- xième temps, les relations entre les deux. L’étude s’intéresse à différents commerces alimentaires  : les hypermarchés et supermarchés, les épiceries et supérettes, les marchés, les boulangeries, les pri- meurs et les autres magasins spécialisés (bouche- ries, poissonneries, crèmeries). L’accès physique à ces Que ce soit sur la base de la cartographie du pay- sage alimentaire ou de la perception qu’en ont les habitants, les résultats suggèrent que la plupart des ménages n’ont pas de problème d’accès physique majeur aux différents types de commerces alimen- taires. Environ la moitié des ménages enquêtés habite à moins de 500  mètres à pied d’une supérette, épi- cerie et autres commerces spécialisés, les deux-tiers d’une boulangerie et un tiers d’un primeur. Si on prend aussi en compte les principaux lieux d’activi- tés des ménages et les trajets qu’ils effectuent entre ces lieux, une large majorité a accès dans cet espace de vie quotidienne à un hypermarché, un super- marché, une supérette, une épicerie, un primeur, une boulangerie ou un autre commerce spécialisé. Ainsi, les déplacements quotidiens effectués par les ménages peuvent compenser l’absence de commerces à proximité de leur domicile en leur donnant accès à des lieux d’achats alimentaires assez diversifiés. L’ac- cès à un marché reste plus contraint par rapport aux activité principale et 100 ou 300 m autour du trajet entre ces lieux (100 m pour les trajets eectués à pied ou à vélo, 300 m pour les trajets en voiture).

Mont’Panier est une étude du projet Surfood-Foodscapes. Son objectif est d’évaluer les relations entre les paysages alimentaires et les comportements alimentaires dans le Grand Montpellier. Une enquête en ligne a été conduite entre 2018 et 2019 auprès de 710 ménages volontaires sur leurs pratiques d’approvisionnement alimentaire et la perception de leur paysage alimentaire. Parmi ces enquêtés, 408 ménages ont également collecté leurs tickets de caisse d’achats alimentaires et rempli un carnet recensant les approvisionnements alimentaires réels de leur foyer pendant un mois (aliments achetés, dons et récoltes, dépenses, lieux d’achat, trajets et modes de transport utilisés). Pour participer, il fallait être majeur, habiter Montpellier ou une des 42 communes avoisinantes et s’occuper, au moins en partie, des approvisionnements alimentaires du foyer. L’enquête est basée sur des quotas sociodémographiques : les enquêtés ont été recrutés pour refléter au mieux la composition de la population locale en matière de tranches d’âge (47 % ont plus de 50 ans, après redressement pour que l’échantillon soit représentatif), de structure du foyer (44 % de ménages avec un adulte sans enfant) et de revenus (23 % ont un revenu individuel inférieur à 1 110 euros par mois). La part des dépenses moyennes des ménages (n = 408) est de 30 % pour les fruits, légumes, légumineuses et oléagineux, de 21 % pour les viandes, œufs, poissons et assimilés, de 14 % pour les produits céréaliers, de 13 % pour les produits laitiers et assimilés, de 12 % pour l’eau et autres boissons et de 5 % pour les produits sucrés. En parallèle des données d’approvisionnement, tous les commerces alimentaires se trouvant dans le périmètre d’étude ont été cartographiés afin de connaître le paysage alimentaire réel. Autrement dit, celui auquel les enquêtés sont exposés dans leurs mobilités quotidiennes et qui inclut le nombre et le type de commerces alimentaires, leur localisation et leur distance par rapport au domicile et aux lieux d’activité des enquêtés.

 

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