Analyse du déclin industriel et de La croissance des Services

Analyse du déclin industriel et de La croissance des Services

La croissance de la production industrielle fut à la base de la forte croissance économique de la période appelée « les Trente glorieuses » par Jean Fourastié. Depuis la crise, au contraire, la croissance industrielle se ralentit et le secteur secondaire perd des emplois. De ce fait, on considère parfois que les pays capitalistes développes connaissent un déclin La mondialisation et la montée en puissance de pays émergents aux coûts salariaux très inférieurs à ceux des pays développés entretiennent dans ces derniers la crainte de la désindustrialisation. Si le nombre d’emplois diminue en effet régulièrement dans l’industrie depuis la fin des années 1990, la valeur ajoutée produite par ce secteur continue de croître à un rythme proche de celui de l’économie dans son ensemble. S’appuyant sur des travaux réalisés dans le cadre de l’OFCE, Jean-Luc Gaffard montre que l’industrie est davantage marquée par la montée des activités à moyenne et haute technologie et par l’internationalisation et la fragmentation des processus de production que par un déclin général. Le déclin de l’industrie ou désindustrialisation redevient une crainte majeure des pays développés au moment où la crise économique fait peser le risque de son accélération.

Dans le cas de la France comme de la plupart des pays industrialisés, le phénomène de désindustrialisation est patent en matière d’emploi : le déclin s’est fait au rythme moyen de 1,3 % par an et correspond à une perte de 450 000 postes environ pendant les dix années qui précèdent la crise actuelle. Encore faut-il prendre en considération l’importance des externalisations et le développement des services à l’industrie, c’est-à-dire d’activités sorties de la catégorie statistique de l’industrie manufacturière et créatrices d’emplois. En outre, le déclin de la part des emplois industriels dans l’emploi total est un phénomène général qui touche aussi Une grande partie de la baisse du nombre d’emplois industriels s’explique par les gains de productivité importants réalisés par le secteur depuis vingt ans. Rien qu’au cours de la décennie 1991-2001, la productivité horaire du travail a souvent progressé de plus de 4 % par an, alors que celle de l’ensemble de l’économie oscillait entre 1,5 % et 2,5 %. 1’automatisation croissante et les progrès techniques ont permis à l’industrie d’avoir besoin de moins en moins de main-d’œuvre, à quantité produite égale. Ce sont ces forts gains de productivité qui ont permis une baisse des prix des produits industriels, lesquels ont ainsi pu défendre leurs parts de marché à l’international.

Ces gains de productivité ont accompagné une transformation profonde des procédés de production et des modes d’organisation industrielle. La diffusion des automatismes industriels s’est traduite par une diminution massive du nombre d’ouvriers non qualifiés, tandis que le développement des fonctions d’études, de recherches et d’industrialisation portait une montée continue des emplois de cadres, y compris dans les secteurs où les effectifs ont fortement diminué. Ainsi, le nombre d’ouvriers employés par l’ensemble du secteur de la métallurgie est puisé de 1,5 million à 986 000 entre 1981 à 2001, soit une diminution d’un tiers. De même, celui des employés, techniciens et agents de maîtrise a régressé de 733 000 à 503 600. A l’inverse, le nombre de cadres et d’ingénieurs a progressé de plus de 50 % sur lu même période, Le constat déjà contrasté suivant que l’on considère l’emploi ou la valeur ajoutée se complexifie quand on entre dans le détail des secteurs au sein de l’industrie manufacturière. On prendra ici pour base de référence, sur une période de dix ans entre 1996 et 2006, les activités classées en fonction de leur intensité technologique en distinguant quatre groupes d’industries : les industries de basse technologie (BT), de moyenne basse technologie (MET), de moyenne haute technologie (MHT), et de haute technologie (HT).Les taux de croissance annuels moyens de l’emploi sont négatifs dans toutes ces catégories, mais la perte est deux fois plus prononcée dans les industries BT. Les taux de croissance de la valeur ajoutée sont partout positifs, mais très faibles dans les industries BT et MBT, légèrement au-dessus de la moyenne de l’industrie manufacturière et de l’économie dans son ensemble dans les MHT (2,5 %) et très forts dans les HT (8,4 %) (Tableau n°2).La diminution de l’emploi agricole signifiait davantage une modernisation qu’une crise de ce secteur ; de la même façon, la baisse relative de l’industrie ne signifie pas une désindustrialisation mais plutôt une reconversion industrielle.La production industrielle croît toujours ; elle représente encore une part importante de la production nationale (de 35 à 50 % dans tous les grands pays industriels).Le propre d’une « société hyper-industrielle », selon C. Stoffaës. est de voir baisser la part de la production industrielle.

 

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